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 La Cumparsita [De nos jours// Esteban] 

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MessageSujet: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeMer 24 Fév - 21:46

    Désirée se trouvait dans une situation plutôt inhabituelle.
    Premièrement, elle se trouvait bien loin de son pays natal. Certes, la jeune femme aimait bien voyager mais il était pour elle inconcevable de se retrouver dans un pays qui ne possédait pas son met favori, à savoir : le chocolat. Bien sûr, on aurait pu dire à la jeune femme qu'elle avait tort et lui faire remarquer que tous les pays du monde en mangeait, mais elle aurait rétorqué en disant que c'était celui de Côte d'Ivoire le meilleur. Simple question de fierté nationale ... Quoi qu'il en soit, la jeune femme à la peau couleur ébène se trouvait à Buenos Aires, en somme bien loin de sa très chère Afrique. Pourquoi cette ville ? Encore un des fameux coups de tête de Désirée, autant ne pas chercher à comprendre.
    Deuxième chose hors du commun, Désirée était habillée et légèrement maquillée. Elle qui était réfractaire à tout mouvement qui constituait à porter des vêtements, s'était laissée berner par une vendeuse tout à fait sympathique. Au final, la jeune femme portait une robe rouge. Mais attention pas n'importe quel robe rouge. C'était LA robe rouge : le tissus descendait jusqu'à ses chevilles, une légère fente sur le côté dévoilait sa cuisse droite, son dos était dénudé, révélant ainsi son fameux tatouage d'éléphant sur une de ses omoplates; en bref, la robe montrait juste assez de peau pour vous faire baver et en cachait juste assez pour laisser place à l'imagination. Et pour compléter le tout, les cheveux de la belle était relevés dans une grande tresse qui chatouillait son épaule.
    Désirée arpentait donc les rues de la cité inconnue, ainsi vêtue, et ce, sans même se soucier des regards qu'elle attirait sur son passage. Elle était beaucoup trop perdue dans la contemplation de l'architecture hétéroclite de la ville pour faire attention à ce genre de détails, ou même pour prêter attention à la température plus qu'élevée de l'atmosphère. Après tout, c'était bien pire en Afrique !
    Notre héroïne fut interrompue dans ses pensées lorsqu'elle entendit de la musique. Et quel air endiablé ! Elle se dirigea vers la source pour voir qu'un attroupement s'était formé à un coin de rue. Il y avait un groupe d'environ 6 musiciens mais ce ne fut pas eux qui retinrent l'attention de la jeune femme. Non, c'était le couple de jeunes danseurs.
    Elle les regarda, hypnotisée. Comment avait-elle pu oublier qu'elle était dans la ville du Tango, et ces deux-là étaient plus que doués!
    Évidemment, comme tout bon noir qui se respecte, Désirée savait parfaitement bien danser, peut-être même le Tango ... Mais la vérité c'est qu'elle n'avait jamais vraiment essayé. Lorsqu'elle dansait c'était avant tout pour elle, et pour se faire plaisir, elle ne cherchait pas à appliquer un style de danse en particulier.
    Cependant aujourd'hui, elle mourrait d'envie d'apprendre : si seulement elle avait un partenaire ...


[Et voilà ! (Bon c'est court, mais ce n'est que le début ...) ]


Dernière édition par Désirée/Côte d'Ivoire le Mer 24 Mar - 16:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeJeu 25 Fév - 15:06


    Bzz Bzz. Le téléphone qui vibre. Un message disant « toute la journée, plusieurs spectacles de tango sont organisés en plein air dans les rues de Buneos Aires ! Profitez aussi des cours gentiment donné par les chaleureux porteños ». Quel débile d’avoir accepter de recevoir les informations journalières de la ville. Tous les jours. Un fucking message qui me réveille à 14h du matin. A croire que les argentins ne savent plus faire la grasse matinée ou pire, la sieste. Le soleil est peut-être levé depuis longtemps, moi non. Tout naturellement, je m’assoie sur mon lit, avec un léger strabisme matinal. Une fois debout, j’ai beau vaciller, j’arrive à attraper la bouilloire et me sers une tasse de maté. Pour bien commencer la journée, c’est encore mieux que Ricorée. Thé englouti, j’enfile un pantalon – non, je n’en avais pas avant – et allume une cigarette. Celle du matin, elle est parfois encore mieux que celle du midi. Enfin, ça reste à voir. Direction la salle de bain, deux coups de parfum et de déodorant, puis je m’éclabousse doucement le visage, histoire de me rafraîchir. Je n’me souviens absolument pas de ce que j’ai fait cette nuit. Il n’y a pas d’inconnu(e) dans mon lit, c’est déjà ça. D’une démarche légèrement lymphatique, je m’approche près de ma fenêtre, l’entrouvre et prend énormément de plaisir à respirer l’air pollué de la capitale argentine. Demain, je déménage. J’ai déjà tenu plusieurs mois dans cet appartement lugubre, y’a une limite. Je vais aller vivre à Ushuaia. C’est bien la bas. C’est pur. Comme moi.

    C’est donc super enthousiaste que je me dis « Hey, Esteban ! Ton portable, bijou de dernière technologie, vient de te réveiller pour te dire que les bandonéons résonnent dans les rues. Va au moins voir ! ». Logiquement, je prend l’escalier qui grince, salue la concierge, prend mon courrier que je range vite fait dans une des sacoches de ma bécane et l’enfourche. Elle est flambant neuve. D’un noir profond et intense, une vraie tuerie. Tout en chrome, avec des jantes du tonnerre. Dring Dring. Oui, c’est une bicyclette. Et alors ? Elle est TERRIBLE !

    Les musiciens ne jouaient que dans les rues de San Telmo, un des quartiers les plus touristique. J’étais motivé pour aller me déhancher. Je pourrais faire comme si je prenais un cours, ou plutôt, comme si j’en donnais un. Quoi qu’il en soit, une fois sur place je mis mon radar « super-nenettes » en marche. Ce qui est bien dans ce genre de festivités, c’est d’en profiter pour faire des rencontres. Je cherchais des yeux n’importe quelle jeune fille pouvant m’intéresser, de près ou de loin. Il y en avait des tonnes. Et encore des tonnes. Je pris une grande inspiration et m’avançait vers une blonde pulpeuse.

« Vous dansez ? »
    Regard charmeur, OK. Odeur corporelle attirante, OK. Sourire chaleureux, OK. Esteban, tu respires la perfection.

« Euh… et bien je… Je n’sais pas danser le tango.
- Eh bien dans ce cas je vous apprendrais.
»
    Et me voilà lancé dans une danse passionnelle avec la belle blonde. Elle dit qu’elle ne sait danser, et elle a raison. Le rythme de ses pas est tout sauf accordé avec la musique. Elle n’a manifestement pas réussi à choper l’effet « Esteban » au vol. En regardant autour de nous, je peux voir que les femmes qui sont au bras de leurs maris vendraient pères et mères pour être à la place de ma cavalière. Mais d’un côté, personne d’autre n’attire mon attention. Je me donne tout entier à cette demoiselle en lui faisant les compliments les plus cul-culs de la terre. « Vous êtes magnifique, on dirait que vous avez attrapé les rayons du soleil dans votre si douce chevelure ». A vomir. Mais quand elle rentrera ce soir, dans son petit foyer, au bras de son mari, elle se dire « Pourquoi il ne me dis pas de mots doux lui ? JE LE DÉTESTE ! ». Briser des couples c’est ma passion. Bref. A chaque fois que je fais avec elle un pas plus difficile que le précédent, on entendrait presque quelques applaudissements. Elle, elle tremble, puis sourit. Elle a plutôt un joli sourire. Le genre qui vous fait vous demander quelle est la marque de son dentifrice. Cependant, au bout d’un certains temps – c’est-à-dire 2 minutes – elle s’arrête brusquement.

« *Essoufflements* Je suis fatiguée. Je… je peux plus. Demandez à une autre de danser avec vous. »
    Inconsciente. Tu viens de rater toute ta vie en une fraction de secondes. Tu le regretteras. Il me faut donc une autre cavalière. Ah tiens, il y a une jeune femme la bas, manifestement d’origine africaine, qui commence à moover son body – tout à fait Esteban, oui. Sa robe est… Wow. Si j’avais un pouvoir magique, là, maintenant, ce serait de pouvoir rétrécir les gens. Je l’aurais toujours dans ma poche, je serais content. Oh et puis, elle doit bien savoir danser, ELLE. Je passe ma main dans mes cheveux, comme un lover qui se respecte et vais apostropher la jolie black.

« La blonde qui danse comme un pied n’a plus de souffle. Je suis certain que vous en avez vous. Vous dansez ? »
    Pose digne d’un inverti avec main sur la hanche, OK. Un sourcil levé l’autre pas genre mauvais dragueur, OK. Sourire forcé, OK. Esteban, tu pue l’autodérision et le mauvais macho. Ça va le faire.
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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeMar 2 Mar - 18:37

    Notre héroïne était subjuguée par les deux danseurs qu'elle avait en face d'elle. Bon certes il n'y avait pas de chocolat dans ce pays, et il y avait un peu trop de touristes à son goût, (non mais sérieusement, il était impossible de voir d'autant de « peau pâles » réunis sur une aussi petite surface dans SA capitale mais chut ... les ivoiriens ne sont pas du tout racistes !), mais au moins les danseurs étaient excellents ! Enfin, excellents, le mot était faible ! Ils suintaient l'amour et la passion, tout ce que cette danse était censée exprimer.

    Malheureusement ... On ne pouvait pas en dire autant de tous les danseurs. Bon okay, la plupart des touristes étaient là pour apprendre, et okay ... Dans leur pays la danse était considérée comme démodée et complètement obsolète (non mais sérieusement ?! Comment peut pouvait-on vivre dans des pays ou de telles anneries étaient encore en vigueur ?)), et tout le monde n'avait pas la chance d'avoir le rythme dans la peau comme Désirée. Mais tout de même ... Il y avait un minimum de décence à respecter.

    Son regard se posa sur une quelconque blonde qui luttait, et ce, au véritable sens du terme, pour suivre le rythme de son partenaire. Beaucoup de gens l'ignorait, mais à la base, la danse servait à invoquer les dieux. Et Désirée se demanda intérieurement quel type de dieu répondrait à ce genre de prières ? Sûrement un dieu aveugle, vieux et sénile ... Ou alors un monstre rampant et gluant qui ne mangeait certainement pas de chocolat ... Et voilà qu'elle s'égarait encore ... (Elle obsédée par la nourriture ?! AB-SO-LU-MENT-PAS !) La blonde avait disparu de son champ de vision, au moins cela prouvait qu'il y avait un peu de justice en ce monde, notre héroïne put donc se concentrer sur la musique.
    Ses hanches s'étaient mises à bouger lui faisant silencieusement comprendre qu'elle mourrait d'envie de danser. C'était toujours le même problème, à chaque fois qu'elle se trouvait dans un endroit où il y avait de la musique, peut importe l'heure, peut importe l'endroit, peut importe qu'elle soit fatiguée ou pas : il fallait qu'elle danse ! Mais ne nous attardons pas dans diverses clichés pour décrire le rapport qui lie tous les noirs à la musique. En effet, on se dirigeait vers elle et wow ...


    Désirée en eut le souffle coupé, ce qui n'était pas du tout dans ses habitudes. Il en fallait beaucoup pour réussir à émouvoir ou à surprendre la jeune femme : elle courrait avec des lions et des guépards les dimanches après midi, et dormait six jours sur sept en pleine nature donc ... Mais arrêtons de nous égarer (ça va commencer à devenir une habitude), car un véritable spécimen se dirigeait vers elle. Et quel spécimen ... D'autres qu'elle auraient pu le qualifier de sexy, ou de magnifiquement magnifique, ou encore sublimissime, mais pour Désirée il avait l'air délicieux et semblait aussi appétissant que... que ... qu'une tablette de chocolat. Oui, c'était ça, la personnification même d'un morceau de chocolat : une peau hâlé, des yeux clairs, une démarche sensuelle soulignée par un pantalon qui retombait parfaitement sur ses hanches et ce torse ... Si Désirée n'avait pas chaud avant, c'était le cas maintenant, comme si quelqu'un s'était amusé à jouer avec le bouton température... Mais la température n'était pas le plus gros de ces soucis, non ... Elle devait surtout se rappeler de fermer la bouche, pour s'empêcher de littéralement baver cet inconnu qui n'avait pas un, ni deux, ni trois ... wow ! Six abdos absolument parfaits qui n'attendaient seulement que ses mains et .... Désirée réfreina ses envies et tenta de se concentrer sur quelque chose d'autre que le torse de cet inconnu. Et comme pour l'achever, il passa négligemment la main dans les cheveux (du moins, le geste se voulait négligé ...).

    « La blonde qui danse comme un pied n’a plus de souffle. Je suis certain que vous en avez vous. Vous dansez ? »

    En un simple et seul instant, à savoir : le moment où il avait ouvert la bouche, la magie fut rompue. Okay, il avait un physique plus qu'avantageux, (on aurait même pu qualifier son corps d'arme de séduction massive), mais, sa simple phrase venait de révéler qu'il était en fait un pure et simple macho. Désirée eut un sourire : elle était totalement immunisée contre ce type d'homme. Tout simplement parce que les hommes chez elle comptaient parmi les plus gros macho du monde : ils avaient au moins une femme pour chaque jour de la semaine, passaient leur temps devant la télévision, réclamant qu'on leur apporte à manger et à boire. Bon certes, les machos chez elles n'avaient pas des arguments aussi appétissant et ... Zut la voilà qui se remettait à s'égarer. Elle se contenta de lui adresser un des ses plus grands sourires, (celui qui réussissait à faire fondre le chocolat), avant de répondre.

    « Avec plaisir, je pense que je serais beaucoup plus compétente que votre précédente partenaire. »

    Elle vaniteuse et arrogante ? Certainement pas autant que son interlocuteur. Mais elle avait envie de de voir jusqu'où il pouvait aller.

    « Désirée. » ajouta t-elle avant de lui tendre la main.



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Dernière édition par Désirée/Côte d'Ivoire le Mer 24 Mar - 16:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeSam 13 Mar - 20:43


    Ce sourire. Radieux. A vous faire fondre aussi vite que 120g de beurre au micro-ondes. J’avais bien choisi ma proie, et puis, elle semblait plutôt heureuse elle aussi. Comment ne pas l’être d’un côté ?

    « Avec plaisir, je pense que je serais beaucoup plus compétente que votre précédente partenaire. Désirée. »

    Sa petite main hâlée, tendue vers moi… Une tuerie. Manucurée et pleine de grâce, des petits doigts, fins… Pas du genre boudinés. J’étais purement et simplement heureux. Mon numéro de dragueur devait marcher. Il ne peut que marcher de toute façon.

    Ni en une ni en deux, mais bien en l’espace de 3 demie-secondes, j’agrippai ce bras tendu vers moi. Accompagné d’un « Esteban » qui sonnait sourd, je l’aidai à se lever. Robe rouge carmin et lèvres moyennement pulpeuse. Cette Désirée portait bien son nom, sans pour autant transpirer la femme parfaite. Juste ce qu’il faut pour faire vibrer un homme sur un air de tango. En parlant de tango, la demoiselle se débrouillait plutôt bien. Manifestement, elle savait danser depuis bien longtemps, mais jamais elle ne s’était mise au tango. Les musiciens se sont brusquement arrêté pour prendre l’air du morceau bien connu, « La Cumparista ». Rien de mieux pour apprendre le rythme, en tenant compte du fait que les bases de la danse étaient déjà acquises. Un jeu d’enfant pour moi si je voulais apprendre une chose à cette demoiselle.

    « Vous semblez débutante dans le tango, mais pas dans la danse. Laissez-moi vous montrer. »

    Main droite dans sa main gauche, mon bras opposé soulevant son coude, nous étions dans la position de base du tango. Elle, agrippée à mon cou ; moi, plutôt vers sa taille. Taille de guêpe agréable au toucher, d’ailleurs. Je lui relevai le buste, qu’elle sorte la poitrine. Non pas que je meurs d’envie de la voir, mais le tango ne se guide pas avec les bras, mais avec le buste. Je collai donc mon torse contre son buste, je respirai un bon coup et lui glissa dans l’oreille :

    « Laissez-vous simplement guider, ne pensez pas au pas. Ils viendront naturellement. Il faut juste un peu insister sur le premier et le troisième temps. Mais sans même y réfléchir, vous le ferez. Vous êtres prête, Désirée ? »

    Et nous voilà parti. Mon cerveau me disait de ne pas trop réfléchir, juste danser. Ma conscience elle, m’hurlait, mot pour mot : « Ne joue pas le côté charnel ! Tu ne la connais même pas ! ». Mais comme je n’écoutait ni l’un ni l’autre, à la première note je lui empoigna la cuisse pour la ramener vers mes hanches. En la penchant légèrement vers l’arrière, je lui souffla « N’ayez pas peur » comme n’importe quel Dom Juan qui se respecte. Elle n’avait pas l’air d’être le genre de fille qui prêtent attention aux hommes comme moi, mais je comptai bien au moins lui faire passer un moment agréable.

    Je disais donc, cuisse contre hanches – à vous d’imaginer à qui appartient quoi. Les pas se succèdent de façon innée, pour moi comme pour elle. Elle s’adapte facilement au tango. Ses bases en danse sont vraiment bonnes, très bonnes même. Je ne manque pas de le lui faire remarquer, suivi d’un clin d’œil d’argentin typique. Elle a l’air assez blasé, vraiment pas envoûté. Mais j’en viens à me demander si ça ne m’amuse alors pas plus d’en rajouter une couche. Je décide donc de tirer définitivement un trait sur mon cerveau et ma conscience, laissant mon corps, mes pas, suivre la musique. Mes mains parcourent à peu près tout son corps. Quant il s’agit de danse, et plus de drague, la jeune demoiselle devient bien plus coopérative qu’auparavant. On sent qu’une certaine complicité se lie entre nous. Quelque chose hors du temps, hors de l’espace. Quelque chose d’instinctif, qu’on ne peut pas vraiment expliquer. Nous bougeons sur cet air d’une façon si naturelle. Les regards que nous échangeons sont plus intenses qu’avant, plus vrais. Je ne tombe pas sous le charme, il m’en faut plus. Elle non plus, j’en doute. C’est autre chose. C’est différent. Presque plus fort qu’une quelconque attirance. Un sentiment bizarre, qui fait battre le cœur et sourire pour rien. Un sentiment que nous partageons au même moment, et qui nous uni – comme les liens sacrés du mariage.

    Ce que c’est ? Aucune idée.
    Un truc proche de la satisfaction, peut-être.

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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeLun 29 Mar - 16:19

    Une fois que la jeune fille avait tendu la main, il s'en était emparé d'un geste vif et précis; apparemment, il savait exactement ce qu'il voulait et ce qu'il cherchait. Ce geste soudain surprit quelque peu Désirée : encore un bon point pour lui, il était extrêmement difficilement de la surprendre. Mais ce mystérieux inconnu, non une petite seconde, il s'appelait Esteban semblait avoir tout pour lui : la beauté, la classe, le physique et ... Bon okay Désirée avait décidé de ne pas se laisser avoir mais si tous les argentins étaient comme lui, elle pouvait envisager, environ deux ou trois nano secondes voire même dix minutes, de rester ici quelques jours de plus ! (L' Afrique pouvait bien l'attendre quelques jours de plus : le lion versus l'argentin ! Et un point pour l'argentin un !)

    Cependant, notre très chère héroïne dut revenir à la réalité (mais autant vous prévenir tout de suite ... Elle s'égare souvent !) pour se concentrer sur ses pieds et, plus précisément, pour ne pas marcher sur ceux de son partenaire : évidemment marcher sur les pieds de quelqu'un qu'elle connaissait depuis environ cinq minutes (surtout avec des pieds comme les siens ! Elle chausse du quarante et u... mais chut !) n'était définitivement pas un geste sexy, mais alors pas sexy du tout. Alors que le tango en revanche était une danse, que dis-je, un art qui demandait beaucoup de passion et de sensualité ! (Attention « passion » se prononce passssion et « sensualité » sensualité.) Et, si vous demandiez à Désirée à quel point elle était pourvue de sensualité et de passion, elle vous aurait très certainement répondu qu'elle avait la sensualité d'un manche à balai ! Évidemment, elle ne se voyait pas clairement, et ne se rendait pas compte des ravages qu'elle provoquait chez la gent masculine. Mais Désirée n'était qu'une simple fille de dix huit ans qui aimait se nourrir et jouer avec des animaux comme toutes les jeunes filles de son âge (ne prenez pas cet air si dubitatif !), donc il lui restait encore une partie du monde et de la vie à découvrir.


    « Vous semblez débutante dans le tango, mais pas dans la danse. Laissez-moi vous montrer. »

    Glups ...
    Elle avala nerveusement sa salive réalisant soudainement dans quelle position ils étaient : Désirée avait les mains autour du cou d'Esteban et ce dernier lui entourait la taille. Il restait ... quoi ? Genre 5 nano-micro-millimètres d'espace libre entre eux ... Tu parles d'une résistance ! Se dit soudain la jeune fille. Les beaux jeunes hommes n'étaient pas aussi difficile à chasser que les lions, et à présent Désirée comprenait pourquoi beaucoup de ses aînées craquaient pour les machos. Un lion c'était simple, on le rattrapait, on lui assenait un coup de pied dans les ... (les points de suspensions sont là pour protéger les jeunes lecteurs et les âmes sensibles), et à la rigueur on lui tordait le coup juste pour être certain que l'animal était mort ... Mais là que faire ? Elle avait beau avoir un fort (et même très fort) caractère, elle n'était pas immunisée contre ... contre ... Contre les Estebans ! (Parce que là tout de suite, il n'y avait pas de mots cohérents qui lui venait en tête ... Mais essayez de réfléchir avec un Esteban à moins d'un millimètre de vous !)


    « Laissez-vous simplement guider, ne pensez pas au pas. Ils viendront naturellement. Il faut juste un peu insister sur le premier et le troisième temps. Mais sans même y réfléchir, vous le ferez. Vous êtres prête, Désirée ? »

    Euh ... Joker ? Pensa la dite Désirée.
    Mais elle avait la très nette impression que grâce à ses paroles, sa voix, la façon sensuelle dont il la faisait tournoyer , il avait réduit à néant toute pensée cohérente. Comme si la partie rationnelle de son cerveau avait pris la consistance d'une guimauve (hmmm ... guimauve !), et que la toute petite et infime partie qui lui restait lui disait , non lui criait
    : « Arrête de réfléchir ! Ne vois tu pas qu'il est aussi délicieux qu'une banane ! Hmmm ... Banane !. Et cette si charmante partie de son cerveau lui ordonnait encore de telles choses (esprit tordu ? Oh que oui !) lorsqu'il s'empara de sa cuisse pour la ramener vers sa cuisse. Il lui murmura alors de ne pas avoir peur.
    Wowowow ... Stop ! Elle avoir peur ? Là tout de suite ? Certainement pas. Elle était, petit un : légèrement excitée (mais qui ne le serait pas face à un Esteban, un ?), ensuite elle avait une toute petite et ridicule envie de manger (mais du genre minuscule qui ne nécessite qu'un seul éléphant) et pour finir elle avait chaud (mais n'importe quelle personne se trouvant de l'hémisphère sud se trouvait dans le même état!).
    Mais le Esteban (oui, le Esteban) avait raison sur un point : et si elle se laissait aller? Bon okay, pas totalement, histoire de ne pas l'effrayer, mais juste un tout petit peu. Ainsi donc, cette bonne résolution prise, elle lui accorda un autre de ses fameux sourires. Car Désirée ne savait peut être pas se défendre contre les Estebans, mais en danse, elle était plus douée. Et même très douée, comme quoi, la rumeur qui disait que tous les noirs avaient le rythme dans la peau n'était pas totalement fausse ...
    Un vrai lien semblait se tisser entre eux et Désirée s'amusait vraiment depuis ... Disons depuis très longtemps. Et elle éclata même de rire lorsqu'il la fit tournoyer et elle s'arrêta d'elle-même en prenant la pose (elle une frimeuse narcissique ? Absolument pas ...). Désirée avait encore le sourire aux lèvres lorsqu'il la ramena vers lui.


     « Vous êtes un excellent prof' de danse ! La preuve : je ne savais pas danser le tango il y a dix minutes et je craignais de vous marcher sur les pieds ! »

    Désirée ria encore (comme quoi, il faut toujours rire de sa propre bêtise) tandis qu'ils exécutaient encore une figure compliquée. Elle aurait été incapable de la nommer même si sa vie en dépendait mais Esteban (qui entre temps avait cessé d'être le Esteban) faisait cela avec un tel naturel et une telle grâce, elle ne pouvait que suivre (en priant pour que sa bouche reste fermée.)Finalement, Désirée se retrouva en position semi-assise sur un des genoux du brun, les mains toujours autour de son cou.

    « Est-ce qu'ils sont tous aussi doués que vous ou alors c'est moi qui ... »

    Notre héroïne ne put finir sa phrase, car déjà, la musique repartait de plus belle, et elle se retrouva sur ses deux pieds avant d'avoir eu le temps de penser « chocolat ». (Hmmm ... Chocolat !) Elle tourna encore et lorsqu'elle put de nouveau parler, Désirée tournait le dos à Esteban. Cependant, elle pouvait sentir son souffle dans son cou.

    « Suis très chanceuse ? » finit-elle.


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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeVen 23 Avr - 16:19


    Ha Hahahaa, hahahahaaa !

    Rien que l’onomatopée de son rire en dit long. Imaginez un peu cet éclat, intense, fort et incontrôlable, poussé par la jolie black qui fond dans mes bras. Elle tournoyait pendant qu’elle riait, un bonheur. Rien qu’à la voir, on est heureux. Elle n’est pas affective, mais on arrive facilement à deviner ce à quoi elle pense, ce qu’elle ressent. Et cette pose… Une déesse. Apollon au féminin (oui, elle s’appelle Vénus, je sais). J’eu un léger haussement de sourcil, je ne m’attendais pas à avoir une partenaire qui use de ses charmes, surtout qu’elle n’avait absolument pas l’air subjugué par les miens, ce qui est inhabituel.


« Vous êtes un excellent prof' de danse ! La preuve : je ne savais pas danser le tango il y a dix minutes et je craignais de vous marcher sur les pieds !

- Je suis peut-être un bon professeur, mais vous êtes également une très bonne élève…
»

    Je laissais sous-entendre un nombre de choses incalculables, notamment en insistant sur ce « bonne » (/BIM/). Alors que je commençais à m’essouffler, j’essayais de garder une voix langoureuse, un poil envoûtante. Un vrai défi pour quiconque, un détail pour un Esteban en bonne forme. J’avais presque l’impression qu’elle succombait. Il fallait que j’essaye d’en jouer, absolument. Après tout, cette jeune femme était vraiment très attirante, et c’est de ses ancêtres que me vient cette passion, ainsi que cette capacité, pour la danse. Il faudrait la remercier comme il se doit. Je décide donc de bannir définitivement ma conscience de tout jugement et de jouer d’avantage sur la passion du tango. J’ai l’impression que ses cuisses sont en train de fondre sous mes mains. J’en profite certes un peu, d’avoir des mains baladeuses sans être jugé d’horrible pervers, mais qui ne le ferait pas ?
    Figures après figures, nos regards ne se détachaient pas. L’union de nos deux corps restait la même et la façon dont ses mains s’agrippaient à mon coup me laisse rêver sur le fait qu’elle n’est peut-être pas si insensible aux argentins.


« Est-ce qu'ils sont tous aussi doués que vous ou alors c'est moi qui ... »

*Un compliment, je ne suis pas fou. Ca engendre bien un compliment ce début de phrase ?
*

    Je rougissais. Elle ne devait pas voir ça, donc je la fis une fois de plus virevolter, pour qu’elle se retrouve dos à moi. Un dos fort sympathique, ceci dit. Cette nouvelle position n’est vraiment pas déplaisante. Elle a fini sa phrase bel et bien sur un compliment. Et à ce moment, je ne rougissais même plus. Ironie du sort. Quoi qu’il en soit, je sentais son petit cœur battre la chamade. J’avais raison ? J’aime le croire. Donc je joue, encore et toujours sur le côté dragueur que la nature m’a donné. Je n’ai pas grand chose d’autre aussi, pas ma faute.


« Les argentins sont doués pour la danse, surtout le tango. Mais peut-être que votre chance joue aussi un rôle. Vous ne pensez pas non plus que cela peut-être le destin ? Quelque chose qui lie deux personnes… »

    Bien sûr, moi j’n’y crois pas une seconde, mais peut-être qu’elle, si. Je pense juste que c’est comme ça, et qu’il ne faut pas se demander pourquoi. Dans tous les cas, elle est dos à mon torse, la tête tournée légèrement vers moi et elle danse au rythme de la Cumparista. Il n’y a pas de questions à se poser, juste profiter. Le temps qui suivit cette annonce assez saugrenue était un temps long. C’est-à-dire que les notes duraient légèrement, j’avais un peu de répit et elle aussi. Nous n’étions pas obligés de tournoyer ou de faire une figure impressionnante. Je pris donc ses deux mains en croisant mes bras, lorsque que j’ai décroisé tout ça, l’effet fut qu’elle se retourna, face à moi. Je tira alors une de ces mains en l’air et dans ma direction. Son visage était à moins de dix centimètres du mien, un étranger passant par-là penserait que nous sommes un couple près à se galocher sans vergogne.


« Inexorablement… »

    Baratineur. Je suis doué quand même.

    Fin de la musique. La dernière note vient de retentir.
    Et maintenant ?



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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeSam 8 Mai - 14:20

    Un compliment, Désirée venait bel et bien de lui en faire un. Désirée était de ce genre de personne qui n'accordait que très rarement des compliments, mais qui se révélaient toujours être sincères. C'était un de ses plus gros problèmes : elle ne savait tout simplement pas mentir. Et les seuls rares fois où elle avait effectué quelques tentatives, elles s'étaient toutes révéler infructueuses. (On disait que ses narines tremblaient lorsqu'elle mentait et honnêtement qui, mais qui, désir avoir les narines qui tremblent ?)

    Bref, la jeune femme était tout ce qu'il y a de plus sincère et, elle aurait bien pouvoir jaugé la réaction d'Esteban, mais il s'était arrangé pour se retrouver dans son dos. Simple manœuvre chorégraphie ou geste d'un tout autre motif ? Elle ne le savait. Mais très franchement, Désirée doutait d'avoir un quelconque effet sur lui. Pourquoi ? Non mais est-ce que vous l'aviez vu ? Tout son être invitait à la luxure et on devait très certainement se demander dans la foule ce qu'un garçon comme lui, faisait avec une fille comme elle. Oui, notre héroïne n'avait pas une très grande confiance en elle-même mais rassurez vous ... Elle avait appris à le cacher et à toujours paraître fier ... Même si ce n'était pas toujours le cas !


    « Les argentins sont doués pour la danse, surtout le tango. Mais peut-être que votre chance joue aussi un rôle. Vous ne pensez pas non plus que cela peut-être le destin ? Quelque chose qui lie deux personnes… »

    Le destin ? La jeune femme eut une moue plus que dubitative. Elle croyait en beaucoup de choses : que le chocolat était la huitième merveille du monde, que l'Afrique était le berceau de l'humanité, que la France devait être tout simplement éliminée et rayer de toutes cartes et de tout planisphère ...Bref, en beaucoup de choses. Cependant, même si une trop grande partie de sa population était religieuse, elle ne croyait pas dans des concepts aussi hauts et compliqués que le destin. Le sien avait été beaucoup trop cruel avec elle, alors comment imaginer que quelqu'un, quelque chose ait voulu qu'il lui arrive sciemment toute ses choses. Non ... Esteban allait devoir trouver autre chose pour la convaincre.

    Et, comme si par une quelconque force (le destin peut être ? Ha ha ha ...) il pouvait lire ses pensées, il l'attira contre lui, son visage à moins de quelques centimètres ... Que dis-je ?! Quelques nanomètres de celui de notre héroïne. Elle crut presque sentir son cœur loupé un battement, tandis qu'elle rougissait. C'était dans ce genre d'instant qu'elle bénissait sa peau noire : peut importe son émotion, elle restait indéchiffrable ...


    « Inexorablement… »

    Euh .... Vert ? Fut tentée de répondre Désirée. Esteban venait encore de faire ce truc. Comment ça quel truc ?! Cette technique de drague infaillible, de baratineur qui consistait à lui faire prendre la consistance d'une simple guimauve (Aaaah ... Guimauve ... On se concentre s'il vous plaît !) et de tout simplement réduire à néant toute partie motrice de son cerveau. Comment faisait-il cela ? Elle ne savait pas et elle ne voulait très certainement pas le savoir. Non, ce que Désirée ne comprenait pas c'était ses propres réactions. Elle n'avait jamais prêté attention à un homme de cette manière là, la seule fois où elle s'était risquée à le faire, elle s'était faite avoir. Mais, à cette époque Désirée était beaucoup plus jeune et beaucoup moins ... expérimentée, dirons nous, qu'aujourd'hui.

    Heureusement, à cet instant précis, la chanson s'acheva et elle put s'écarter d'Esteban et respirer un grand coup. Elle vraiment l'impression que sa présence était tout bonnement et simplement dangereuse, pas le genre de danger qu'elle encourrait auprès d'un éléphant ou d'un lion, mais d'une tout autre sorte ... Et le pire dans tout ça, c'était qu'elle restait inexorablement attirée vers lui. C'était ... Paradoxal. Le mot était là.

    Il la regardait, ses deux clairs posés sur elle semblaient silencieusement dire « et maintenant ? ». Et maintenant ? Désirée ne sentait plus ses pieds, elle avait désespérément besoin d'un verre d'eau fraîche et surtout, mais néanmoins le plus important, elle avait faim. C'était comme si elle avait mis toute sa simple énergie dans les quelques minutes qui venaient de s'écouler, elle était complètement vidée. Il était décidément un bien meilleur danseur qu'elle, la preuve, il ne semblait en rien affecté par leur échange. (La vie était vraiment injuste parfois ...)


    « Vous savez quoi ? Je crois que je vais avoir besoin d'une ou deux leçons de plus ... Histoire d'être un peu plus endurante ! »

    Son estomac choisit ce moment précis pour se manifester, le bruit qu'il produisit fut un gargouillement sonore et pas vraiment discret (ni très sexy d'ailleurs !). Désirée ne put s'empêcher d'éclater de rire, les mains posées sur son ventre. Comme quoi, on ne changeait pas une équipe qui gagne : elle avait beau être à des milliers de kilomètres de son chez soi, habillée avec une robe qui n'était pas tout à fait elle (oui, elle préférait de loin l'absence de vêtements, mais chut !) et en compagnie d'un jeune homme tout à fait charmant (non, rectifications, délicieux), son ventre était toujours là pour lui rappeler l'heure du repas. Et, c'est toujours avec un sourire aux lèvres qu'elle se tourna vers Esteban.

    « Mon corps n'a pas choisi la manière la subtile pour s'exprimer mais ... Est-ce que vous sauriez où est-ce que je peux trouver à manger ? »
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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitimeJeu 8 Juil - 21:52


    Houugh fuh, houugh fuh. *bruit d’essoufflement*
    Elle était littéralement exténuée. Ses yeux exorbités et ses mains moites montraient à quel point elle avait du souffrir en silence. Quelle classe. Mais maintenant, elle devait moins rire. Sa robe rouge était néanmoins impeccable, et elle sentait la même odeur qu’à la première seconde : un mélange d’arôme chocolaté et de cannelle. Sucré – et terriblement aphrodisiaque. Elle avait l’habitude de danser, c’est sûr, mais peut-être pas une danse aussi intense que le tango. Les danses africaines ont un tempo bien plus rapide, cette Désirée ne manque donc pas de vivacité, elle manque de profondeur. On a beau s’être inspiré de la communauté noire pour créer le tango, la passion qui née entre les deux danseurs vient bel et bien des Porteños. Et cette passion, cette ivresse qui coule dans nos veines, si on n’y est pas habitué, elle fatigue.


« Vous savez quoi ? Je crois que je vais avoir besoin d'une ou deux leçons de plus ... Histoire d'être un peu plus endurante !

- Ça pourrait être une très bonne idée, mais vous savez, l’endurance ne fait pas le tango. Il n’y a que l’argentin qui le fasse vraiment…
»

    Je suis un demi-dieu. Je me donnerais presque envie de vomir, mais de vomir comme un dieu. Comment mon cerveau peut sortir des âneries pareilles ? La pauvre, si elle n’a pas déjà succombé à mon charme, c’est qu’elle me prend pour un abruti. Mais quel superbe abruti…
    Oh et puis c’est vrai après tout. L’endurance ne fait pas le tango. Il faut l’avoir dans le sang, le vivre. Sinon c’est normal que ça fatigue. ENFIN. Je lui tenais les mains, avec mon regard hors-pair de séducteur et en y réfléchissant, elle n’avait pas l’air de vouloir fuir. Ce qui en soi était une bonne chose, j’aimais plutôt bien garder ses jambes nues et sa robe carmin à portée de doigts. La musique avait repris, un autre tango bien entendu, mais je doute que nous dansions encore une fois. La pauvre, je la faisais s’essouffler, comme il se doit. En un clignement d’œil, plus coupable que n’importe quels mots doux, je sortis une Gitane de mon habituel paquet bleu. Une fois entre mes lèvres, je pris dans ma poche arrière mon zippo et BIM. Voilà que je faisais rosir autre chose que les joues de notre désirée complice – remarquez le jeu de mot énorme sur le prénom et l’adjectif /PAN/.

    Au moment de ma première bouffée, le petit crépitement de la cigarette fut caché par l’énorme gargouillement de la douce jeune femme. Yeux étonnés par tant de remue-ménage venant d’un si petit appareil, je me tourne naturellement vers Désirée et ne peux retenir un rire nerveux. Je ne me moque pas, non. J’apprécie.


« Mon corps n'a pas choisi la manière la subtile pour s'exprimer mais ... Est-ce que vous sauriez où est-ce que je peux trouver à manger ?

- Au contraire, je trouve ça terriblement sexy, une femme qui sait se montrer naturelle.
Sourire charmeur, deuxième latte sur la Gitane. Je me prendrais bien une tasse de maté, si ça ne vous dérange pas que je vous accompagne. Il y a un endroit sympathique, en continuant par là-bas. Nous pourrions nous asseoir et discuter de nos deux vies exemplaires ? Suivez-moi. Bras tendu vers la jeune fille, buste tournée vers la route du café, si elle agrippe ma main, je ne la lâche plus. »

    Toujours le mot pour séduire. Mais elle me plaisait. Peut-être pas pour toute une vie, mais j’avais envie de la découvrir, petit à petit. Elle était vraiment délicieuse, toute dénudée par ses besoins primaires. A croquer. Je n’attendais plus que son approbation pour aller nous asseoir dans ce café, parler de choses et d’autres. Observer les passants, lui prouver qu’ils sont bien moins intéressants que moi, se regarder dans le blanc des yeux, la complimenter sur ses courbes, finir par se lever pour lui payer un Arabica, continuer à se découvrir pour finalement se plaire. Ensuite viendrait le moment où on ne verrait pas le temps passer, puis elle me supplierait pour qu’elle vienne passer la soirée chez moi, j’accepterais et nous partirions main dans la main pour nous retrouver au pied de l’escalier, à discuter avec la concierge. Nous passerions la nuit ensemble, je ne m’attarderais pas sur celle-ci, elle serait bien entendue conquise et 6 mois plus tard nous officialiserions notre union par des vœux scripturaux.

    Quoi de mieux ?…
    Ah bah oui, c’est vrai, la liberté.


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MessageSujet: Re: La Cumparsita [De nos jours// Esteban]    La Cumparsita [De nos jours// Esteban]  Icon_minitime

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