Impulsif | Arrogant | Rigoureux | Loyal

A première vue, Gilbert apparaît comme un personnage brutal, téméraire, fonceur. Le doute ? Il ne le connait pas, ou l'ignore. Réfléchir ? Il en prend le temps, mais après ! Homme d'action, il a prit l'habitude de suivre ses impulsions dans bien des situations. Ce n'est pas qu'il ne réfléchit pas du tout, non, plutôt que sur le moment, foncer lui semble toujours la meilleure chose à faire. Guidé par ses envies, il se soucie rarement des conséquences de ses actes. Il lui arrive ainsi souvent de dire (ou de hurler) la première chose qui lui passe par la tête. Ou bien de se retrouver ivre mort dans un coin de la taverne. Ou encore étalé par terre avec une formidable bosse sur le crâne, suite à un combat avec un adversaire lambda... armé d'une poêle à frire, par exemple (au hasard, hein). Bref, sur le moment, c'est assurément une bonne idée ! Par le passé, c'est ce comportements qui lui a valu la plupart des cicatrices qu'il porte encore aujourd'hui sur son corps. Mais que voulez vous, l'action, on l'aime ou on ne l'aime pas. Lui, il l'adore !

Vous l'aurez aussi constaté, Gilbert s'aime. C'est ainsi, pas autrement. Et il aime le faire savoir ! Sans doute pour palier au manque de reconnaissance et d'attention duquel il fut victime la majeure partie de sa jeunesse, Gilbert est décidé à se faire entendre auprès de ses pairs. Il y parvient d'ailleurs très bien ! Aussi, son arrogance le pousse très régulièrement à entrer en conflit, notamment contre l'Autriche. L'Autriche, à la fois son ennemi de cœur, et beaucoup plus rarement son allié. Mais aussi son frère de sang et par dessus tout sa victime favorite (quoi de mieux que de taquiner un autrichien jouant du piano ? Dirait-t-il, au mépris des menaces hongroises). Enfin, qu'à cela ne tienne, la bagarre, il en raffole. Et il la cherche ! Quand on est aussi sensationnel on ne recule pas devant un petit combat de rien du tout ! Car oui, c'est un homme sûr de lui et de sa supériorité. Un échec ? « Peuh ! Après tant de victoires ce n'est pas bien grave, il faut bien équilibrer la balance hahaha ! Ce n'est qu'une bataille, face aux précédentes réussites elle ne fait pas le poids ! » Ceci est probablement l'excuse que trouverait le Prussien face à ses adversaires, dans le cas (improbable voyons !) où il essuierait une défaite : La vantardise auprès de tout public potentiel constitue une de ses occupations favorites. Après les beuveries avec West, cela va sans dire !

Être Prusse, c'est aussi être organisé ! Avant l'heure, c'est pas l'heure. Après l'heure, ça ne l'est plus ! Et oui, il a beau être grande gueule, exubérant, il n'en garde pas moins les réflexes de soldat qu'il a acquit dans sa jeunesse. Une journée ordinaire sera donc minutieusement planifiée : La ponctualité c'est important ! Tout est ensuite relaté rigoureusement dans son journal de bord. Tout : même les détails les plus infimes, lui octroyant par la même occasion une quantité impressionnante d'informations, parfois (souvent !) compromettantes sur ses semblables... et sur lui même. Il prend toujours plaisir à s'asseoir dans un gros fauteuil bien confortable pour relire ses journaux les plus anciens et ainsi se remémorer sa gloire passée. Cette rigueur fait de Gilbert un personnage impatient, presque maniaque, qui n'accepte pas ou difficilement les retards et qu'on le fasse attendre. Et comme il le dit lui même, l'Awesomeness n'attend pas !

Pour finir, Prusse est un personnage loyal. Loyal à ses Rois, parmi lesquels le Vieux Fritz comme il aime à le surnommer. Et oui, même aujourd'hui, sa dévotion envers lui reste intact. En bon croyant, il pense toujours que le grand monarque continue de veiller sur lui. Il est également loyal envers son frère Ludwig, qu'il surnomme affectueusement West, et avec qui il partage ce goût singulier de la bonne bière et de la charcuterie. Son frère bien aimé dont il a déjà été séparé à plusieurs reprises, et qu'il ne compte plus abandonner de si tôt, chez qui il vit désormais. Plus généralement, il n'arrivera jamais à la Prusse de trahir un engagement envers qui que ce soit. Qu'importe le serment, s'il le dit, il le tient. C'est un homme de foi qui n'a qu'une parole. Et oui, car sous ces airs de fanfarons se trouve aussi le Gilbert droit et parfois (qui sait ?) digne de confiance que seuls quelques rares individus ont su découvrir, dissimulé sous une carapace d'orgueil et d'égocentrisme caractérisant si bien le Prussien, du moins au premier abord...

Particularité :
- Bien qu'il ne le remarque que très rarement, Gilbert est toujours accompagné d'un oisillon jaune, habituellement posé sur sa tête. Quand bien même il finisse par s'en rendre compte, cela ne le dérange pas outre mesure : il apprécie la douceur de l'animal.
- Il porte toujours la croix de fer, accrochée à son nœud de cravate. Identique à celle que porte Ludwig, elle est en quelque sorte le symbole de leur fraternité.

- Réunification -

Un frisson d'excitation secoua ses frêles épaules. Pour une fois, en ouvrant sa porte, ce n'était pas la morosité glaciale habituelle, ni l'ombre gigantesque du soviétique qui l'accueillait, mais une chaleureuse agitation telle qu'il n'en avait pas connue depuis ce qui lui semblait une éternité.

Posant sa maigre main blanche et tremblante sur la porte, reliquat d'une forte poigne de guerrier, il s'imprégnait de cette atmosphère de folie. Les gens hurlaient, chantaient, laissaient s'exprimer une joie longtemps retenue. Les sourires qu'il voyait sur tous les visages confirmèrent ce qu'il pensait être un rêve. Une chimère qu'il avait cru entendre à la radio. Ce n'était pas possible. Il semblait trop solide, on le disait même indestructible ! Et pourtant...

Le mur était tombé.

Nous étions le 9 novembre 1989.

Sortant de son hébétude, Gilbert se jeta dans la foule dans un cri sauvage. Durant quelques instants, il se sentit comme avant, fort, libre, ivre de sa joie. A coup de bousculades et au pas de course, il rejoignit la tête de cette marée grondante. Tel un éclair blanc, l'albinos mena bientôt ce qui restait des siens, applaudissant, chantant au même rythme que la populace. Puis, à l'approche du mur, il courut jusqu'à prendre une petite avance sur le plus gros de la foule. Il voulait être le premier à le contempler. Comme s'il avait besoin d'une preuve visuelle de ce que l'on annonçait, d'une preuve que la frontière était maintenant bel et bien ouverte.

Et enfin, il le vit. L'immense barrage de béton et de barbelés tant haï. Durant quelques secondes, il hésita à aller plus loin, ne sachant ce qui allait se produire ensuite. Comment réagiraient ceux... celui qu'il avait abandonné ? L'attendait-on seulement ? Puis il entendit un brouhaha similaires à celui produit par les siens, mais de l'autre côté. Et une voix dominait ce second tumulte, à grand coup de cris et d'encouragements, tels ceux que l'ont prodiguait à une armée.

Gilbert se jeta sur le mur. Cette voix martiale, il l'aurait reconnue entre mille. Son frère l'attendait lui, alors qu'il l'avait abandonné pour s'enfermer dans une paranoïa qui avait causé sa propre perte. Maudissant de n'avoir apporté aucun outil, il frappa jusqu'à s'écorcher les mains sur l'épaisse barrière, tandis que son peuple s'élançait à son tour, et appelait.

« BRUDER !! ICH BIN HIER !! HÖRST DU MICH ? Scheiße ! » *

Il jurait devant son incapacité à détruire de lui même le mur maudit. Suite à son appel, la voix de son frère se tut, brièvement, puis les encouragements reprirent comme jamais. De nouveaux coups de pioches se firent entendre des deux côtés, dont, il le savait, ceux de Ludwig. Ramassant une pierre, l'albinos entreprit lui aussi de s'attaquer au maudit rempart qui séparait familles et amis depuis trop d'années, encourageant avec autant de forces les siens. Puis, un effritement, une secousse, et enfin une ouverture, se fit. La pointe de l'outil de l'autre côté se retira du béton pour à nouveau venir s'écraser sur ce point fragile. Gilbert de son côté retirait les débris à mains nues, dégageant au maximum le passage potentiel, jusqu'à ce qu'enfin, à bout de forces, il aperçut le visage tant attendu. Tout comme lui, Ludwig menait son peuple. Lui aussi premier arrivé et premier à entreprendre la destruction du mur. Leurs regards, presque incrédules, se croisèrent un bref instant. Et très vite, la vue fut bouchée par une marée venant de l'Est et une autre issue de l'Ouest, s'échinant à agrandir l'issue pratiquée par les deux frères jusqu'à ce qu'enfin, tous purent passer.

Gilbert, emporté par la foule, piétina presque sans s'en apercevoir les vestiges de cette partie du mur. De l'autre côté, l'effusion ! Les gens riaient, pleuraient à la fois. Les familles de nouveau réunies s'étreignaient. Les enfants, bien qu'ils ne réalisaient pas l'importance de l'événement, riaient eux aussi, tandis que les plus âgés sanglotaient, louant ce jour qu'ils pensaient ne jamais voir arriver. Partout on fêtait les retrouvailles, et de ses yeux pourpres, anormalement brillants à cette heure, Gilbert cherchait son frère. Inquiet qu'il était de le voir à nouveau disparu.

C'est alors qu'il le trouva, imposante masse blonde qui semblait le chercher de son côté, vu l'air anxieux qu'il arborait. Gilbert accourut, se frayant un passage à grands coups de coudes, jusqu'à réussir à atteindre son épaule. Et, Dieu ! Qu'elle était haute cette épaule ! Les yeux écarquillés, tête relevée, il captura le regard de son frère, étonné. Et les larmes coulèrent enfin. Lui agrippant les épaules des deux mains, il pleurait. Ah ! Qu'il devait avoir l'air malin, tout chétif qu'il était à côté de Ludwig, encore plus blanc qu'avant, maladif et pleurnichant comme un gosse ! Mais soit, il la méritait sûrement cette humiliation, et pour tout dire, à cet instant, il s'en fichait complètement. L'Ouest lui rendit son étreinte, les yeux embrumés.

« Willkommen, mein bruder... » **

Gilbert laissa échapper un pauvre petit rire rauque, la gorge en feu. Se décrispant enfin, il posa la tête contre le bras de ce pauvre petit frère qui paraissait ici être son aîné. Sa bouche pâle s'étira en un vague, mais vrai sourire. Et enfin, de sa voix enrouée, il laissa échapper ces mots.

« Wir sind Deutschland. » ***

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