[-525] La conquête de l'Egypte {Kemet}

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Egypte.

La première nation que cette Terre n'ait jamais porté. Une nation qui a prospéré à l'aide du Nil et de ses crues. Une nation qui a accumulés les richesses. Une nation qui en est déjà à sa XXVIe Dynastie. Un des beaux avantages de l'Egypte est que l'on autorise le mariage entre parents, frères et soeurs. Voilà pourquoi les Dynasties perdurent. Mais les jours qui suiveront verront des changements. La plus vieille des nations a été mise en difficulté par Assyrie et Babylone. Sans l'aide de son amie Grèce, elle n'aurait pas pu les repousser ainsi. Ses deux ennemis la voulaient. Elle et sa fortune. Mais ils étaient désormais vaincus. Par une nation plus jeune, plus puissante, plus organisée et dont -presque- aucun obstacle ne l'intimidait. Son nom : Perse Achéménide.

Il avait un frère plus âgé qui a commencé la conquête de ses futures terres... Jusqu'à ce que le cadet ne prenne le dessus avec Cyrus Ier. Un homme admirable : le tout premier fondateur de l'Etat fédéral, le créateur des droits de l'homme, le libérateur des juifs ainsi que celui qui a interdit l'esclavagisme dans son empire. Sa nation, Perse, à peine âgé de dix-huit ans en âge humain, se prosternait à ses pieds. On le comprenait très facilement. Tout le monde rêvait d'avoir un boss comme lui. Un conquérant pacifique, on ne pourra jamais en retrouver un deuxième du même nom. En tant que fondateur de la toute première dynastie de Perse, il a déjà tracé la voie de ce dernier. Il fallait montrer que les geôliers pacifiques existaient. En faisant régner la paix dans toute une maison, la famille devient efficace, non ? Le perse voulait se faire connaître comme le "Nii-chan" du Proche et Moyen-Orient. Meilleur que son frère actuel. Il a commencé à faire la guerre aux peuples voisins. Et le désir de devenir un puissant empire efficace s'avérait beaucoup plus qu'une lubie. Certains ennemis comme Lydie tombaient comme des mouches. Certains ennemis comme Babylone donnaient du fil à retordre. Babylone détenait les juifs. Ah, ce pauvre Israël ! Perse l'avait retrouvé en piteux état chez lui, amaigri et battu. Évidemment, cette libération de son peuple par son nouveau maître restera à tout jamais gravé dans sa mémoire. On oublie jamais les actes de grâce, de pitié, de gentillesse. Israël se sentait de nouveau comme chez lui, même dans la maison d'un autre.

Maintenant, sa nouvelle cible se portait sur l'Occident, où cette femme, qui faisait régner l'égalité, prospérait autour du Nil. Elle vivait en paix avec son fleuve, donc elle devait être riche. Logiquement. Perse avait entendu parler d'elle via des troupes arabes. La sagesse respectable d'Ahura Mazda avait conseillé à la jeune nation de s'y rendre là-bas. Et ce n'était pas la première fois que ce dernier voulait faire la plus ancienne nation sienne. Il avait entendu dire qu'Israël s'était enfui de chez elle, aussi. Mais le plus important restait son déclin : même si elle a tenu bon face aux Assyriens et Babyloniens, elle n'a pas résisté à leur influence. Mais tout cela était fini, non ? Ils étaient maintenant tenus sous la garde de "brātar", à présent. mais libres de circuler dans la maison comme il se doit.

-525 avant Jésus-Christ. Cambyse II avait déjà passé le Mont Sinaï. Quelles belles montagnes. Et dire que c'était là où Israël avait reçu les Dix Commandements de Moïse. Quel merveilleux conte, la religion juive ! Quoi de mieux avant d'aller dormir que de s'imaginer camper au beau milieu du récit de l'Exode lors du coucher du soleil ? En revanche, les montagnes étaient assez escarpées. On avait du mal à distinguer la Mer Rouge d'un côté tandis que de l'autre, c'était le Golfe Persique qu'on avait perdu du regard.

"Ah ! Ces montages n'étaient pas faciles à franchir. Mais au moins..."

Cette plainte laissée par le Perse démontrait que passer le Mont Sinaï n'était pas chose aisée. Mais au moins, il avait la Méditerranée sous sa vue. Son horizon, si lointain, s'étendait sur plusieurs kilomètres. Et dire que Grèce se trouvait tout au bout de cet horizon ! Maintenant que ce vaste océan eut sa dose de regards, il était temps de porter les yeux sur quelque chose de beaucoup plus... Intéressant.

"... Nous sommes arrivés !"

Péluse, la porte d'Egypte. Purement exotique ! La maison de cette femme devait regorger de richesses, de culture, d'arts en tout genre ! Oh oui ! L'excitation du perse l'avait rendu en extase : il n'était plus aussi ambitieux qu'avant lorsqu'il était encore chez lui. Non... L'idée de posséder Egypte qui avait retenti dans sa tête au début était aujourd'hui multipliée par cent... Pas à pas, vers le seuil de sa porte, sa respiration et son coeur s'accéléraient. L'attente était insoutenable. Posséder Egypte reviendrait à faire fleurir la maison, à épargner des taxes, à faire baisser le prix des provisions au marché pendant un bon moment... Le perse se demandait si l'égyptienne avait déjà été conquise par quelqu'un d'autre. Pourvu que non... Faites que non... Perse devrait, doit être le premier à s'approprier ses régions vitales et personne d'autre. La joie faisait bouillir son corps. On se demandait pourquoi il se retenait de pousser un grand rire espéré ou de chantonner la victoire avant le résultat. On savait juste qu'il n'a pas pu tuer le sourire ahuri de jeune homme plein de vie sur ses lèvres. SOn boss lui aussi devait mourir de bonheur. Mais c'est vrai qu'il était à moitié fou. Il faudra le surveiller au cas où.

"Bonjour à toi ! Ô, princesse du Nil !"

Les armées égyptiennes devaient être déjà en place. Perse savait que même affaiblis, il ne fallait en aucun cas les sous-estimer. Il avait revêtu sa tenue de mélophore exclusivement pour cela. Il adorait porter des vêtements aux couleurs vives, ornés de motifs plus ou moins particuliers -Notez que c'est un peu comme les vêtements assez... démodés, aujourd'hui-. En cas d'attaque, lance en main, arc dans l'autre et carquois dans le dos, l'armée Achéménide se tenait prête à frapper. Prépare-toi, Péluse !

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Noir, tout était noir autour d’elle, Iset se sentait comme enveloppée d’un cocon chaud et protecteur. En profiter, oui, il fallait en profiter encore un peu, juste un instant… Tout oublier en se contentant de se laisser flotter. Mais déjà, une voix retentit, l’appelant par son nom. L’Egyptienne n’eut alors pour seule sensation que celle de nager dans un fleuve de larmes, les larmes à venir. Alors elle se rouvrit enfin au monde, redressant sa tête à l’air libre. Ses cheveux dégoulinants d’eau lui cachaient à moitié le visage, elle les remit en arrière d’un geste sec, frissonnant de ne plus sentir la chaleur de l’eau du Nil sur sa peau.
Le Nil, le plus sacré des fleuves, il suffisait de se noyer dedans pour que toutes nos fautes, même les plus graves et les plus horribles, nous soient pardonnées. Fleuve primordial, fleuve nourricier, il était le sang dans ses veines qui lui apportait vie et force.
Ô, comme elle allait en avoir besoin…
Enfin, Iset émergea complètement du fleuve. Un groupe d’enfants l’attendaient sur la berge, l’un d’entre eux lui présenta un tissu pour se sécher, la jeune femme pensa à la barque solaire, si haute dans le ciel… Ne valait-il mieux pas se laisser tomber en arrière et couler, tout simplement couler ?
Elle en avait connu des dynasties, des victoires, des défaites, et là un fort mauvais pressentiment lui écrasait la gorge. Devenir une région, une simple région sous la domination de quelqu’un d’autre ? Jamais, Kemet se savait bien trop fière et orgueilleuse pour cela. Bien sûr, elle avait déjà eu à subir le joug d’un étranger… Hyksos, Hittites… Des noms forts déplaisants à son oreille. Mais ce que l’Egyptienne oubliait, c’était le respect dont ses conquérants avaient presque toujours fait preuve à son égard, voulant devenir comme elle, assimilant ses coutumes, son mode de vie…
Seulement, la jeune femme était fière et orgueilleuse, toujours elle les avait rejeté, malgré ce qu’ils avaient pu apporter à son pays, toujours elle avait terminé par se révolter et regagner son indépendance…
Que voulait donc le Perse qui bientôt, serait aux portes de la ville ? La question ne se posait pas, Kemet était riche et fertile, voilà ce qui intéressait les Achéménides. Logique, évidemment, alors qu’au fond il était tout aussi facile d’établir des accords marchands à l’amiable pour échanger des matières premières, eux, préféraient la conquête.
Elle, elle avait réussi à se construire autour de ce Nil parfait et vital, de se sffir à elle-même et de devenir une grande puissance, cela ne lui serait pas retirée aussi facilement que le sable du désert efface les traces de nos pas, n’est-ce pas ?

Sans un mot, Iset termina de s’habiller. Habituée à la chaleur de son pays, il n’était pas rare qu’elle porte une robe simple laissant sa poitrine découverte, même si depuis que Rome venait parfois la voir, cette habitude se calmait, seulement aujourd’hui elle allait devoir se battre et résister. Il n’était pas question de flâner le long des murs de la ville, espérant s’allonger ensuite quelques instants à l’ombre d’un palmier.
Ce Perse, connaissait-ils ces petits bonheurs simples de la vie ? Rendre grâce aux dieux, protéger sa terre, la sentir croître de plus en plus, prendre le temps de jouer contre quelques vieillards au jeu du Senet, perdre à plate couture, danser pour les déesses, jouer avec un chat de passage…

Non, Ardashir ne devait pas connaître, pas comprendre, il ne profitait pas de ce bonheur simple, bien trop simple, peut-être n’avait-il pas assez vécu pour cela ? Du pouvoir, encore et toujours la même chose, du pouvoir…

Qu’importe, son armée l’attendait. Iset n’avait pas peur des batailles, les coupss, oui elle s’en prendrait, mais il y aurait toujours moyens de les rendre. Toujours. Ne pas se formaliser d’une défaite, la vengeance n’est rien qu’une question de temps après tout, il ne fallait pas l’oublier. Un homme l’attendait sur son char pour la conduire. Le char…une technologie emprunté à cet homme dont jamais elle n’avait voulu prononcer le véritable nom, Hyksos, un vieux souvenir qu’elle ne voulait qu’oublier et déjà, les traits du guerrier, du traître, s’effaçaient de sa mémoire.

Tout s’efface mais se reconstruit ensuite…

Elle la voyait, l’armée ennemie. Ses yeux s’attardèrent à peine sur le visage du dirigeant Perse, parce qu’il n’y avait rien à y voir, la jeune femme ne discernait rien en lui d’un conquérant éclatant, d’un ennemi intéressant, rien.

Pauvre fou…

Sa nation se tenait à ses côtés, un jeune homme, oui, un tout jeune homme. Ainsi, c’était cet adolescent presque encore imberbe qui osait le défier ? Elle ricana.

Petit con…

Si cet adolescent lui tombait entre les mains, elle le châtrerait comme un bœuf. Ainsi, lui qui avait recherché en elle sa fertilité deviendrait lui-même aussi stérile que le désert.

Osiris, que ne puis-je être comme toi, toi le dieu mort et vivant…. Que ne puis-je donc pas mourir en apportant la vie, renaître encore plus puissante, être tel le Nil en crue…

Le Chaos, c’était le chaos devant elle, ces…barbares, ces…étrangers avec leurs lances, leurs peaux sales et leur langue horrible. Elle les haïssait, elle les haïssait déjà, elle les tuerait.