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 [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège

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L'orgueil teinté d'inquiétude du lion
glissait sur la surface glacée
du lac du héron.


    Guerre de Kalmar – 1611

Mais ton triomphateur expiera ta défaite.
L’homme déjà se trouble, et, vainqueur éperdu,
Il se sent ruiné par sa propre conquête
En te dépossédant nous avons tout perdu.
Nous restons sans espoir, sans recours, sans asile,
Tandis qu’obstinément le Désir qu’on exile
Revient errer autour du gouffre défendu.

Louis Ackermann, extrait « Le positivisme »

Un grand salon. Avec de grandes fenêtres, dont les carreaux laissent deviner la nuit tombante. Le soleil se prépare à laisser sa place à la lune, lui prépare son lit en étendant son grand drap bleu sombre. Mais qu'il compte tout de même méchamment trouer, des trous d'argents pour être exact. Le soleil est vaniteux, il n'aime pas qu'on prenne sa place. Comme une autre personne qui arrivera bientôt. Toujours est-il que le ciel nocturne est aussi bleu que le sont les canapés en face de la grande cheminée et sur le beau tapis. Riche mobilier, cela va s'en dire. Il y a aussi une grande table de bois massif, des chaises autour, qui font toutefois pâle figure. Après, il y a aussi toutes les fioritures qu'on trouve dans les nobles salons. Bref, dans ce salon, il y a un beau mobilier. Et Danemark. Qui se laisse tomber comme un sac sur une des chaises entourant la grande table. Et qui abat sans ménagement ses pieds sur ladite table. On est en 1611. on sort tout juste du Moyen-âge, époque barbare, donc manières barbares. L'attention qu'on porte aux bonnes manières commence juste à se développer. Remarquez, de toute façon, le Danemark se fiche des bonnes manières, et surtout, il s'en fichait à cet instant comme de son premier casque viking. Les pensées danoises étaient toutes occupées par des choses un tantinet plus graves que le possible effarouchement de je ne sais qu'elle dame de cours face au manque visible de manière de Niels.

Le danois leva les yeux au plafond, laissant sa nuque reposer sur le dossier de la chaise. Les cristaux transparents du lustre qu'il fixait se mirent à jouer les miroirs et il se refit toute la rétrospective de la discussion qu'il avait eu avec son roi. Il avait passé trois longues heures (à moins que ce ne soit plus ? Il l'ignorait, il avait fini par perdre la notion du temps) dans le bureau de Christian IV, à l'écouter s'égosiller sur les prétentions ridicules de son collègue Charles IX. La Suède envisageait en effet de détourner ses routes commerciales et éviter ainsi les taxes danoises. Bien sûr, le Danemark n'était pas resté de marbre. Il s'était aussitôt enflammé à l'idée de guerroyer et de faire de nouveau joujou avec sa hallebarde. Et surtout contre Suède. Éternel refrain qu'était la rivalité dano-suédoise ! Ils passaient certainement plus de temps à se faire la guerre qu'à s'occuper d'une quelconque autre chose. De plus Niels avait toujours dans la gorge la fin de Kalmar. Il ne l'acceptait toujours pas. Il ne comprenait toujours pas comment la Suède avait pu lui faire l'affront de quitter l'union. Pourquoi Berwald avait-il disparut si prestement ? Tout le monde connaissait la réponse que Danemark, lui, s'obstinait à ne pas voir. N'importe quelle personne sensée aurait deviné qu'on impose pas son pouvoir sur une personne, sinon plus forte que soi, de même force que soi. Sauf que le danois n'était et ne sera sans doute jamais une personne sensée. C'était là son moindre défaut. Alors, comme toute personne insensée, il était emballé par l'idée de s'en aller gaiement croiser le fer avec son ennemi favoris. Peu importe les blessures qu'il récolterait. A vrai dire, il ne pensait même pas à l'issue du combat. Pire encore, il pensait sans penser qu'il gagnerait. Explications ? En fait, il ne se disait même pas qu'il allait gagner, puisqu'intimement persuadé, la chose lui paraissait trop évidente pour s'en préoccuper. Sûr de lui le Danois. Sauf qu'on ne le répètera jamais assez, les opérations militaires ne se déroulent souvent, sinon jamais, comme prévu. Mais tout habillé de son impétuosité et de son impulsivité, Niels ne s'en souciait pas. Pareil à un enfant qui traverse une rivière sur un tronc d'arbre, insouciant et confiant, il se pense assez fort jusqu'à ce qu'il perde l'équilibre et finisse dans l'eau. C'est soit la réussite, soit l'échec. Il n'y a pas de milieu. Pas chez le Danemark. C'est tout ou rien.

Niels s'étira longuement, laissant échapper un bâillement sonore. Un petit sourire satisfait s'esquissa sur son visage. Décidément, il avait hâte d'aller frapper à la porte du suédois. Ou plutôt, de lui défoncer sa porte et de bien se taper l'incruste chez lui tout en le battant à plate couture. A ces pensées, les yeux danois pétillaient, les faisant ressembler à deux petites boules de feu, feu qu'il s'apprêtait à répandre gaiement sur le territoire danois. Cela en était presque effrayant, d'ailleurs.

Toutefois, le Danemark semblait oublier un léger, tout petit, minuscule, infime, détail. Ou personne, plutôt. Le danois semblait oublier qu'il était, en ce moment, pas seulement le Royaume de Danemark, mais celui du Danemark et de Norvège. Et que ce dernier avait aussi son mot à dire et son rôle à jouer. Mais apparemment, cela importait peu à Niels. Il se projetait lui. Et tout seul. Comme ayant momentanément oublié son camarade, il se figurait que lui seul pouvait décider de ce qu'il devrait être fait. Car il se croit plus fort, car il est égoïste et tout ce qu'on veut. Il aimait jouer les petits chefs qui décident de tout seuls et son demander conseil à personne d'autre, à imposer leur décision, et ne supportait pas la moindre critique. Il se croyait plus fin que les autres, et essuyait les défaites en rejetant la faute sur la première personne qui lui venait à l'esprit et s'élaborait des excuses plus ou moins stupides. Quand il gagne, c'est toujours grâce à lui ; quand il perd, c'est toujours la faute des autres. À croire que se fourvoyer lui plait vraiment. En fait, c'est sans doute parce que le Danemark a sa petite fierté (et un égo démesuré aussi) et qu'il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Jamais il ne l'abandonnerait facilement. Ja-mais.

Bref, le Danemark vit dans son petit monde et semble refuser catégoriquement de tomber dans celui des autres. C'est d'ailleurs le problème de beaucoup de gens. Et c'est parce que tant de personne restent enfermées dans leur monde et refuse celui des autres qu'il y a des guerres. Mais là n'est pas la question de faire une critique de l'égoïsme et une apologie de l'intégrité...

Ah ! Il semblerait que l'image norvégienne venait subitement de refaire surface dans l'esprit danois. Enfin il se souvenait qu'il n'était pas tout seul, mais qu'ils étaient deux ! Enfin, n'espérez pas que dans un éclair de lucidité le Danemark se soit décidé à prendre en tenir entièrement compte de l'avis norvégien. Faut pas rêver. Il était seulement en train de se dire qu'il serait peut-être bien de mettre la Norvège au courant de sa discussion avec Christian. Peut-être, en effet, cela serait une bonne idée. Mais en même temps, comme si la Norvège n'était pas au courant qu'il se tramait quelque chose...
enfin, toujours est-il que Niels hurla -ou beugla, ce qui serait plus exact- le doux nom de la Norvège. Car oui, monsieur était un peu trop feignant pour prendre la peine de remuer son auguste fessier et d'aller chercher la Norvège lui-même. Non, il fallait que ce soit lui qui vienne au Danois, alors que ce dernier venait d'ébranler tout le château de son hurlement inutile.
Le Danemark se mit à patienter -impatiemment, avouons le- jusqu'à l'arrivée de Norvège, tout en espérant que celui-ci l'avait bien entendu. En même, temps, il était difficile de ne pas entendre un tel beuglement.
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MessageSujet: Re: [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège   [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège Icon_minitimeVen 24 Fév - 15:08

C'est le cri d'un essouflé. Celui qui plane qui plane avant d'échouer. C'est le chant où tout est permis, s'esquinter à tout prix, s'embrasser, temps que la nuit s'installe. Et choisir choisir, son étoile.


Il leva les yeux au ciel, poussa un soupir discret. Depuis quand n’avait-il pas pris le temps de s’arrêter de courir pour se poser et regarder la nature qui bordait le domaine ? Il ne savait plus. Depuis quand avait-il arrêté de réfléchir par lui-même. Oh, depuis plusieurs siècles. Quoique, cela avait empiré depuis quelques temps. Empiré depuis que le danois avait décidé, tout à son honneur, de se proclamer Roi de leur Union, prônant ce qu’un souverain français énoncera plus tard : l’Etat, c’est moi.

L’Etat c’était le Danemark. Et Svein s’en contentait. Loin d’être ignorant des affaires du royaume, il avait laissé Niels prendre les décisions. Comme s’il avait eu le choix après tout. La guerre avec la Suède était imminente, la perte de quelques parts de son pays comme on perdrait une parcelle de terre insignifiante à l’échelle de ce qu’était la Norvège à cette époque, aussi. Mais que pouvait-il faire ? Courir vers lui pour le supplier de ne pas engager le combat ? Usurper son trône et rendre obsolète leur royaume qui tenait par on ne sait quel miracle, encore debout ? Non. Il n’y avait rien à faire. La Norvège ne pouvait être que le triste spectateur des défaites à venir, sans autorisation d’intervention. Tout ce qu’il avait à faire, c’était absorber les dommages collatéraux.

Un autre soupir s’échappa de sa bouche. Le soleil commençait à mourir, se teintant du rouge sang des batailles à venir.

Svein bassa le regard, observant la silhouette du danois rentrant de son entrevue avec le Roi. Et à en juger par le visage contrarié de celui-ci, cela ne pouvait qu’annoncer rien de bon. Il l’entendit rentrer. Svein se remit à sa lessive. S’agenouillant devant la bassine pleine d’eau, il s’entachait de faire son travail de bonne (si on pouvait appeler ça comme ça), laissant le danois se calmer tout seul ou ruminer ce que leur Roi avait bien pu lui dire. C’était toujours ainsi. Et cela continuerait à être ainsi.

Il n’eut assez de temps que pour laver entièrement une chemise d’entrainement pleine de poussière et de transpiration du danois qu’il entendit le principal intéresser beugler son nom dans toute l’habitation. Les sourcils norvégiens se froncèrent. Il y avait de ces jours où fracasser le crâne danois contre la cheminée, puis lui faire avaler sa langue, étaient le genre d’activité que le norvégien aimerait bien pratiquer. Conservant son masque d’impassibilité, il lâcha le savon qu’il tenait, s’essuya les mains et se dirigea vers le salon avec la vitesse d’un escargot tétraplégique.

La résistance passive était de ce genre de chose qui faisait enrager le Danemark. Mais Svein s’en foutait royalement.

Lorsqu’il arriva dans le salon, il le retrouva avachit, pied sur la table, tel un seigneur du Moyen-Âge encore trop entêté pour apprendre les bonnes manières. Ce genre de comportement avait le don de l’agacer. Fortement.

- Je suis celui avec qui tu habites Tosk. Pas une vache. Alors modère ta façon de m’appeler et bouge tes fesses la prochaine fois que tu veux que je descende.

Svein n’avait absolument pas peur du Danemark, il ne le connaissait que trop bien. La moindre de ses réactions pouvaient être décryptées par le norvégien qui savait trouver les mots soit pour le calmer, soit pour le remotiver. C’était comme ça quand on vivait avec une même nation depuis maintenant trois siècles complets. Ca a des bons et des mauvais côtés. Ses yeux fixaient encore les bottes sales du danois, posées sur la table. Non, décidément, il ne pouvait supporter ceci. Il s’approcha doucement du danois, soupirant une nouvelle fois et attrapa ses pieds un à un :

- Et assied-toi bien. On est plus au Moyen-Âge. – Il le fixa dans les yeux, l’air toujours aussi impassible – Quand vas-tu enfin apprendre à te tenir correctement. Ce n’est pas difficile, enfin…

Quelque peu maternel sur quelques bords, il ne pouvait s’empêcher de venir rajuster son col, lui préparer le repas ou encore l’éduquer. A croire qu’il avait régressé depuis la disparition de Scandinavie. Quelque peu décourageant selon lui.

Il s’installa en face de lui et le fixa de son regard sondant l’âme. Les bras croisés sur la table il attendit le silence avant de lancer d’une voix monocorde :

- Et que puis-je faire pour sa Majesté ? – Il ne moquait généralement ouvertement de lui en l’appelant ainsi, même s’il était sûr que d’un autre côté, cela le gonflait d’orgueil – Je suppose que ce n’est pas pour entendre mon avis sur ton entretien avec Christian qui tu m’as appelé comme un fermier. Quel est le problème cette fois ?

Il attendit patiemment la réponse danoise, certain de la vérité de ses paroles. Car ce que le danois attendait ce n’était pas que le norvégien expose son point de vue, mais qu’il s’adapte à son point de vue à lui.

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MessageSujet: Re: [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège   [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège Icon_minitimeSam 10 Mar - 19:01

Le silence avait perduré un bon moment. Si bien que le danois avait crut que le norvégien ne l'avait pas entendu. Ce silence, presque oppressant était seulement brisé chaque seconde par le tic tac lancinant de la grande horloge du salon. Il lui semblait d'ailleurs encore entendre l'éclat de sa voix -ou de son beuglement.

Il s'apprêtait donc à réitérer son appel, pensant que la Norvège ne l'avait pas entendu. La maison était si grande que sa voix, bien que puissante, pouvait très bien s'être perdue entre les étages, les couloirs ou avoir été estompée par les poutres et les murs.
Alors qu'il ouvrait la bouche, Niels entendit le bruit des pas feutrés du norvégien, avant de la voir franchir la porte du salon. Il l'observa s'approcher de lui, ignora sa remarque -comme d'habitude. Le danois n'était vraiment, mais alors vraiment, pas à cela près. Ça passait par une oreille pour sortir immédiatement par l'autre. Il lui fit quand même remarquer, pour rien arranger :

« Tu crois vraiment que je vais m'embêter à te chercher partout dans la maison ? Elle est trop grande, et tu fais autant de bruit qu'une souris. J'y passerai des jours. C'est plus rapide comme cela. Et j'ai d'ailleurs passé l'âge des parties de cache cache, je ne suis plus un enfant. »

Ça, ça restait à voir.

Il tiqua légèrement lorsque le norvégien lui fit descendre ses pieds de la table. Il maugréa quelque chose d'incompréhensible, tandis que ses pieds retrouvaient le sol qu'ils n'auraient pas dû quitter.
Ils avaient beau avoir presque le même âge, bien que le norvégien soit légèrement plus jeune, ce dernier, d'une certaine manière, maternait sans cesse le plus vieux.

C'était lui qui tenait la maison en ordre, sans quoi elle ressemblerait à un étrange mix de champ de bataille et de ferme délabrée.

C'était lui qui s'occupait des blessures du danois lorsqu'il revenait d'une « entrevue » avec la Suède ou une quelconque autre nation avec qui il avait quelques « différences ».

C'était les mains norvégiennes qui aspiraient le sang perlant sur la peau du Danemark.

C'était elles cautérisaient les sombres ouvertures qui lacéraient la peau blanche et lisse du danois.

C'était elles qui lavaient ses vêtements pleins de la boue des champs de bataille, de poussière déposée par la guerre, et de sang que l'ennemi avait fait couler. Que se soit celui de Niels ou de la nation ennemie.

Le norvégien était toujours là, comme une ombre gardienne. L'ouragan qui avait balayé Kalmar, qui avait transformé l'union en un tas de ruine, cet œil du cyclone qu'était le suédois, avait bien su absorber le finlandais mais pas Svein. Svein était resté. Et Niels ne faisait rien, ou peu, pour le remercier de ce qu'il faisait et avait fait. En avait-il seulement conscience ? Tout empêtré dans son égoïsme, renfermé dans sa seule et unique vision du monde, forcément trompeuse puisque toute auréolée par cette tare la plus profondément ancrée en lui. Il vivait reclus dans sa grande maison, malheureux tyran qui voudrait que tout le monde marche comme il voudrait, s'était fait lui-même son propre vitrier et voyait ainsi le reste du monde à travers ses fenêtres défectueuses, au verre imbibé de son égoïsme, parfait reflet de son entêtement et autoritarisme aussi. Au moins voyait-il le monde comme il le voudrait. Mais à l'instar de Bucéphale, qui lui refusait de voir son ombre par peur, le danois refusait d'enfin convertir sa vision à celle des autres, par peur aussi. Par peur que la puissance qu'il cherchait toujours à atteindre ne se délite. Peut-être.

Mais au fond, il n'agissait pas méchamment. Il se fourvoyait juste.

Le norvégien avait fini par s'asseoir à son tour. Le danois l'écoutait d'une oreille distraite. Comme toujours.
Son regard s'était perdu. Sa pupille noire reflétait fixement le bois sombre de la table. On y discernait même les rainures. Un voile distant était tombé sur ses yeux bleus, alors qu'il pensait, absorbé.
Au dehors, la nuit était tombée, définitivement. Le rideau était tombé, la nuit se faisait l'intermède silencieux qui précédait la prochaine scène, le prochain acte de la tragédie qu'est l'Histoire, pièce sans fin où les nations, acteurs sempiternels, heureux ou malheureux ; victorieux ou perdants, jouaient inlassablement. Et à ce moment là, en Scandinavie, le prochain levé de rideau, lorsque le jour se lèverait, ce serait certainement une de ces aubes rouges, témoignant du sang ayant coulé, qui percerait. Berwald allait trop loin, et commençait sérieusement à embêter le Danemark. Ses vues sur la Laponie énervait le danois. Mais les prétentions suèdoise sur le nord de la Norvège étaient tout simplement insupportables à Niels. La Norvège était avec lui, il la défendrait bec et ongles, comme il pourrait, tout comme son territoire à lui.

Brusquement, le regard danois se raviva. Il se pencha un peu plus sur la table, se tournant légèrement vers le norvégien. Il expliqua, les sourcils froncés :

« Christian a décidé qu'il était temps d'agir. Il souhaite mener un siège à Kalmar. Il lui reste encore à voir certaines choses, mais il est sûr d'attaquer bientôt. »

Kalmar, Kalmar... toujours Kalmar ! En ce moment, tout convergeait toujours vers Kalmar. La blessure cuisante était toujours à vif, et lorsqu'elle s'apaisait, quelque chose venait toujours la raviver.

Des ridules soucieuses craquelaient désormais le front du danois. Il lui venait une idée dont il ne savait l'origine. Il n'avait pas parlé de cela avec Christian, mais ça lui paraissait maintenant évident. D'un seul coup, comme ça. Preuve de l'impulsivité danoise. Sans doute était-ce un simple caprice dont l'envie lui prenait de temps en temps. Il décidait subitement d'une chose, aussi saugrenue soit-elle, aussi stupide soit-elle. Et généralement, il s'y accrochait au possible, dans toute la preuve de son obstination. Et bien sûr, il n'écoutait personne, ne permettait aucune objection, même si on lui disait qu'il allait droit dans le mur. Aussi reprit-il, lentement, encore un peu pensif, mais d'un ton qui n'entendait aucune protestation :

« Moi et les soldats danois, on ira à Kalmar. Toi et tes soldats, vous resterez à la frontière. Christian sera de mon avis, je pense. »

Il ignorait ce qui l'avait poussé à prendre cette décision. Et, à vrai dire, il ne cherchait pas vraiment. Cette idée avait simplement fait irruption dans son esprit et il l'avait prise sans se demander quoique ce soit. Elle lui paraissait juste évidente. Tout simplement. Il n'y avait pas grand chose à chercher.
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MessageSujet: Re: [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège   [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège Icon_minitimeSam 21 Avr - 18:28

Homesick. Every day there's a boy in the mirror asking me "What are you doing here ?", finding all my previous motives, growing increasingly unclear.


Il avait fixé le danois pendant un bon moment avec la perplexité qui le caractérise toujours aussi bien. Ce genre de tête-à-tête n’était pas vraiment synonyme de bon présage et annoncait souvent une décision prise sur le vif, sans réfléchir et encore plus lorsqu’il s’agissait d’un danois un peu trop autoritaire à son gout.

Depuis longtemps, Svein avait constaté le manque de concertation du danois. Que ce soit pour le Royaume actuel qui était bien parti, semblait-il, pour la guerre avec la Suède, l’Union de Kalmar qui avait sombrée comme le dernier herskip dans l’océan d’orgueil du danois ou encore ses début en tant que nation, il avait été l’évidence même que Niels était de ce genre de pays dont l’avis de ceux qui vivaient sous son toit (en l’occurrence Norvège en notre époque) était la dernière chose qu’il daignait écouter.

Parce que le Danemark buvait ses propres paroles.

Parce que le Danemark aimait jouer le rôle du Roi bienveillant qui finit toujours par trancher son peuple de l’épée dont il veut le sauvegarder.

Parce que Niels n’était absolument pas conscient de l’importance vitale de prendre les décisions à deux, surtout lorsque l’on est désigné sous le nom d’un double royaume.

- Christian a décidé qu'il était temps d'agir. Il souhaite mener un siège à Kalmar. Il lui reste encore à voir certaines choses, mais il est sûr d'attaquer bientôt.

Et à l’écouter, les choses semblaient simples.

Lorsque l’on avait un tant soit peu des vues sur sa propriété, Niels attaquait. Tel un Cerbère gardien de son propre royaume, Danemark se battait pour la survie du sien, pour son peuple, et bien sûr en place première : pour sa propre gloire. Cependant Svein n’était plus de ceux belliqueux qui engageaient la guerre pour une quelconque reconnaissance. La guerre, il en était las, et il n’avait jamais autant entendu parler de combats que depuis qu’il avait décidé de s’unir au Danemark en 1397. Mais on ne pouvait pas dire de même pour Niels.

Il y avait de ceux qui, défaites ou victoires, restaient aussi modestes que le plus humble des paysans entretenant la terre du domaine. Et puis il y en avait d’autre, Roi usurpateur d’un trône égalitaire transformé en une souveraineté imbibée d’un égoïsme sans nom. Oh, il y avait largement de la place pour deux sur ce siège, mais Niels préférait s’y coucher dans toute la paresse et la puissance d’une noblesse romaine déchue qu’il n’a jamais connu, ne laissant que peu de place à la Norvège, si ce n’est celle du valet au pied des marches.

Ceci n’avait jamais plu au norvégien. Mais dans sa profonde envie de paix dans son propre royaume, il n’avait rien. Il avait compris depuis longtemps que discuter calmement n’était pas la solution à la surdité danoise. Il avait trouvé d’autres moyens pour lui faire entendre raison malgré le peu de chance de succès que cela apportait. C’était toujours mieux que de subir encore une fois les conséquences.

Et ce qui le soulageait en quelque sorte, c’était que l’Islande se trouvait beaucoup trop loin de ces terres de conflits pour que le danois y prête une quelconque attention.

- Moi et les soldats danois, on ira à Kalmar. Toi et tes soldats, vous resterez à la frontière. Christian sera de mon avis, je pense.

Les sourcils norvégiens se froncèrent sans plus attendre. Ses poings se serrèrent sur ses cuisses alors qu’il fixait le danois avec tout le mépris et la colère qu’il pouvait lui lancer à travers ses yeux.

- Je te demande pardon ?

Le ton norvégien semblait à la fois indigné et vaguement nerveux. Oui, Svein était perplexe de cette décision. Danemark semblait n’attendre aucune discussion de la part de son autre Moitié mais la Norvège ne pouvait contenir son désaccord. Certes, il connaissait Niels et il savait qu’il préférait servir de mur pour le protéger, mais l’idée même de ne pas avoir l’autorisation de prendre part au combat lui parue inconcevable. Comment bien le prendre après tout, quand on annonce presque clairement « Reste en arrière, je te protègerai. »

- Qu’es-tu en train d’insinuer Fjols ? – Il l’insultait maintenant en danois, aussi calme que l’eau d’un lac – Que je suis trop faible pour défendre mes propres terres ? Je me fiche de ce que tu penses sur la décision que Christian n’a même pas encore prise. Discute avec lui avant de m’annoncer que je dois rester à la maison à faire les tâches ménagères pendant que Monseigneur part guerroyer pour une gloire totalement stupide.

Il le fixait toujours. Il n’haussait pas le ton, se faisant aussi glacial qu’un blizzard déferlant sur le Jutland et les îles danoises alentour.

- Sache tout de même que nous sommes le royaume de Danemark ET de Norvège. Et même si ton nom apparait en premier quand on nous qualifie, cela ne fait en rien de toi le roi absolu et incontestable. On serait plus fort à deux. Je n’ai rien contre ta guerre, elle me semble justifiée. Ce que je ne cautionne pas en revanche c’est que tu ailles sur le champ de bataille, seul. – S’il avait le malheur de lui dire qu’il n’était pas seul car il avait ses soldats, Norvège allait l’étriper pendant son sommeil - Mais évidemment, ta tête pleine d’air et d’orgueil te feront toujours choisir les options les plus stupides.

Il resta assis un bon moment, sondant d’un regard très peu content, la réaction sans doute vive du Danemark. Il le défiait. Et il savait qu’il était sans doute la seule nation à s’autoriser ce genre de familiarité avec le danois.

- Peu importe ce que tu me diras, cela ne changera rien. Ce sont MES terres et je les défendrais un point c’est tout.

Il mit un accent sur le pronom possessif. Que ce soit pour souligner le fait que oui, il avait décidé qu’il irait au combat pour défendre les intérêts du Royaume ou pour mettre en évidence l’appartenance de la Laponie à la Norvège seule et non au Danemark, Svein n’hésitait pas à attaquer cette « petite bête » ancrée au plus profond du cœur de sa Moitié : son égoïsme.

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[1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège Vide
MessageSujet: Re: [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège   [1611] L'Orgueil teinté d'inquiétude du Lion glissait sur la surface glacée du lac du Héron. ▌Norvège Icon_minitimeDim 6 Mai - 13:24

« Je dis, que de fois j'ai dit, reste sourde, Winnie,
t'occupe pas, dors et veille, dors et veille, comme ça
te chante, ou comme ça t'arrange le mieux.
 »
Oh les beaux jours, Beckett


« Tais-toi et obéis ».

Quatre mots. Clairs, concis. Enfin, surtout quatre mots, comme le nombre de côté d'un carré, symbole de la perfection. Car justement, ce serait parfait que le norvégien en face de lui, se taise et se contente d'obéir. Ce serait parfaitement plus simple. Pour le Danemark. Mais ils sont des nations. Les nations sont compliquées. Donc tout est compliqué pour eux. Syllogisme à la logique irréfutable, pour une fois. Et au grand dam du danois, sans doute. Car non, Svein ne se contentait pas d'obéir sans rien dire. Il invectivait, avec sa langue de vipère.

Ils étaient deux, formaient un Royaume ensemble. Toutefois, le Danemark ne voyait leur union, au lieu de ne former qu'un, une addition des plus logiques, que comme le résultat d'une addition truquée, mathématiquement fausse, où l'un des un vaudrait plus que l'autre. Et celui valant le plus, c'est lui, Niels. Incroyable preuve de vanité que de pouvoir se croire ainsi supérieur, refaire la mathématique à sa façon. Et ça suinte de tout son être, et ça contamine le monde environnement. Oui, la gloriole, ça coule, ça bouillonne, ça vérole. Ça rend sourd et aveugle. Le danois voit la Norvège sans la voir, comme à travers d'un rideau opaque sur une scène, plutôt lui acteur et le norvégien spectateur, rideau rouge poupre et cordons dorés qui les séparent, l'imaginaire danois qui s'amuse dans son petit théâtre, somme toute. Il l'entend aussi, mais sans l'entendre, comme s'ils étaient plongés dans la Baltique, il comprend sans comprendre, ça ressemble à des mots, des syllabes ponctués de voyelles, de consonnes, sans que ça atteigne son esprit. Sans qu'il comprenne le sens, l'ampleur de ce que cela induit. Niels à conscience de la présence norvégienne sans vraiment l'assimiler, en quelque sorte. Ensemble et séparés, comme avec ce déterminant et cette particule séparant leur nom de nation, avec le danois sans arriver à admettre que lui et la Norvège sont un tout, pas deux membres chacun de leur côté, pas une addition faussée. Il n'y a pas de séparation des décisions normalement. Mais il faut croire qu'en danois, cette notion n'existe pas. C'est comme un drôle de schisme, pas religieux, mais ce l'est quand même.

Le danois fixa Svein. Ses yeux bleu outremer crépitant légèrement, retranscrivant un certain énervement. Le suédois avait déjà installé un état d'énervement constant chez le Danemark, ces derniers temps, plus que d'habitude. Aussi les contestations norvégiennes eurent le don de l'énerver plus que d'habitude. Mais avec Niels, c'est « J'ai dis donc ce sera. Et rien d'autre ». l'avis de Svein lui importait peu. Ou pas, même. Et le ton dénué d'énervement qu'avait le norvégien, ça l'énervait encore plus. Il préférerait qu'il s'énerve de la même façon que lui, pas avec cette colère froide.

Niels se redressa sur sa chaise, tendu. Il comptait bien faire accepter sa décision au norvégien, qu'il le veuille ou non. Il le fixa donc, les yeux luisant d'orgueil et d'autoritarisme.

« Pourquoi crois-tu que mon nom apparaisse en premier ? Tu penses que c'est le hasard des choses ? Il y a bien une raison, et elle fait que mon avis sous le plus lourd. Qui nous a unifié, en 1397 ? Marguerite. Marguerite DE Danemark -et il insista sur ces deux derniers mots. Ce sont des personnes de mon peuple qui ont construit cette union. Il n'y a rien de plus normal au fait que j'ai plus de pouvoir. »

Il avait lancé cela sur un ton implacable, comme la vérité la plus absolue, qu'il acceptait totalement puisqu'elle l'avantageait, selon lui. C'était lui, l'origine de la naissance de leur union. Donc lui le décisionnaire premier, le roi qui dit, qui exige, et qui obtient.

« Tu te cantonnera à la frontière. Je me débrouillerai tout seul. Inutile de risquer la vie de trop de soldats pour rien. »

Argument dont il était fier. Ses troupes suffiraient, il en avait l'intime conviction. Mais surtout, il avait envie d'avoir le plaisir, rien qu'à lui, de vaincre la Suède, seul, seul vainqueur, tout le mérite pour lui. Oui, il lui arracherait Kalmar et Älvsborg, ils les prendrait pour les marquées de l'empreinte danoise. Et Svein resterait en arrière. Le danois s'en éloignait, faisait son jeu à part sur l'échiquier. Il était le roi, pour la gloriole, pour la fierté du titre. Et il était la reine, pour la possibilité des coups, la force, l'hégémonie. Il ne considérait tout de même pas le norvégien comme un vulgaire pion. Plutôt comme son cavalier, aussi bien dans le sens premier que plus élargit du terme. L'élargissement tenant au fait quand sur la piste de danse où évolue le danois, dans son royaume, il n'y a plus que Svein à danser avec lui, bon gré, mal gré, ça dépend des époques sans doute. Mais il est l'unique cavalier lui restant maintenant. Le seul auquel il écrase encore les pieds par négligence, sans pour autant le faire trop exprès, le seul aussi qu'il lui arrive de lâcher parce-qu'il est certain qu'il se relèvera toujours et restera avec lui.
Ou alors, il est le fou. Le fou du roi, celui qui reste fidèle, qui amuse le roi et que le roi affectionne sans le traiter comme son égal. Ou tout simplement fou de rester avec ce roi qui se prend pour le vrai maître et décisionnaire solitaire, sourd à toutes les voix sauf la sienne qui résonne dans sa tête engluée d'égocentrisme.

Et tout serait tellement plus simple s'il le traitait comme son égal, s'il arrivait à comprendre qu'il a autant de pouvoir que lui... Mais le Danemark est bien loin de penser qu'il devrait faire des efforts pour cela. Il reste empétré dans son joli petit monde de tyran.

Et plus il pensait aux paroles de Svein, plus il pensait à ce ton froid et glacial, plus cela l'énervait. Il lui jetait désormais un regard torve, de ses yeux crépitant d'agacement. Ses sourcils étaient froncés, sa mâchoire sensiblement crispée. C'était presque physiquement douloureux pour lui, qu'on emette des objections a ses décisions qui pensait sans appel. L'évidence même des choses, enfin celle qui lui paraissait être l'évidence, n'était pas celle des autres. Ce qu'il abhorrait totalement.

Et de toute manière, il n'aimait pas discuter de cela.

« Fais donc ce que je dis. C'est la meilleure solution. Sauf si tu tiens au gaspillage de tes soldats. »

Il avait dit cela, implacable bien sûr, avec ce ton ne permettant pas d'objection, grondant. Et un brin culpabilisateur, il l'esperait. C'était pas très mature, mais ça lui plaisait, ce genre d'argumentum ad metum. Restait à savoir si ça marchait sur le norvégien.

« TES terres ? Et tu me rappelles après que nous sommes un seul royaume ? Dans ce cas, quel est donc le problème pour que je les défende seul ? »

Il ne lâcherait pas son affaire de toute façon, tout dans l'optique qu'il n'avait pas besoin du norvégien. Il ferait ce qu'il voudrait, quoiqu'il arrive de toute façon.
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