Mille couleurs pour ma rêveuse [Portugal - Novembre 2010] {Taiwan}

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É um sohno... Pra ~~mim~~ você

Réveiller tôt, à l'aube. Ou presque.
Allons bon. Il bailla, s'étira. Le sol est froid... Il observa ses orteils recroquevillés sur le plancher lisse. C'est une constatation qu'il faisait chaque matin, qu'il fait encore et refera surement. Il y avait une différence de température entre ces draps épais et ce sol nu, que le chauffage ne pouvait palier. Encore une fois, comme la veille, le Portugais vint à se demander comment Russie, Suède, Norvège ou n'importe quel autre nation confrontée au Nord pouvait sortir de son lit le matin. Lui n'arriverait pas. Déjà qu'ici, il lui fallait dix bonnes minutes avant de se décider à tenter de sortir un pied...
Il souriait. Il se faisait rire seul. Il pensait toujours la même chose, chaque jour, inlassablement, et ce, depuis quand déjà … Depuis... Si longtemps... Et il y pense toujours. Il souriait.
Finalement, le temps eut raison de lui. Il se leva, claquant des genoux, cherchant le mur pour appui, et laissant son regard voyager à travers la pièce. Là, une chaise tombée, ici un pantalon abandonné, ou encore , plus près, un rapport étalé sur une table de chevet. Tout semblait en désordre, pour quelques bavures de rangement, un vêtement, des feuilles et un meuble. Il chercha un instant à savoir s'il était l'auteur de ce chambardement... Mais étant le seul suspect, il se résolut à se déclarer coupable.
Il remballa le rapport, faisant attention à garder les fiches dans l'ordre. En bon fainéant, il se devait de raccourcir son temps de travail, en se gardant premièrement de mettre la pagaille à ses dossiers. Les classer prend plus de temps que ces quelques secondes d'attention...
Il ramassa le pantalon, pauvre jean esseulé de ses compagnons chaussettes, tee-shirts et caleç... bien, je cesse là.
Tranquillement, il le jeta sur le lit et redressa la chaise. Un coup d'œil à la fenêtre lui annonça une bonne journée... Si la crise ne lui refilait pas un sale mal de crâne. Mais tant pis, on fait avec...

Hey ~ Qu'avons-nous de prévu ? ~ Pardon, une visite ? ~ … Oups ~

Ah … Maintenant, il s'en souvenait. Il y a un mois environ – éventuellement plus, certainement moins – il avait passé la journée à se le répéter. Une invitée, une invitée... Autrement dit, une demoiselle qui venait pour une demi-journée, un après-midi, sur ses terres pour lui souhaiter le bonjour. Cela pouvait sembler totalement anodin pour certains, bien moins pour lui. Son habitude à aller chez les autres sans forcément prévenir avant fit tel qu'au final, peu venait jusqu'à sa porte.
Il le murmura de nouveau. Une invitée, une invitée... Ce mot encore semblait étrange, bien qu'ayant sa place à l'instant. Il sortit de la pièce, fit les affaires du matin avant de tomber dans le siège de sa salle. Il chuchotait toujours ce mot.
D'ordinaire, c'était lui qui l'était, l'invité. Il allait de pays en pays, pour passer le bonjour. À ses yeux, il se voyait comme poli, car il se déplaçait pour prendre des nouvelles, au lieu de bêtement se baser sur les informations que la télévision diffusait, et dans déduire l'état de la nation... Certains disaient qu'il avait simplement la flemme de réfléchir et d'autres mauvaises langues affirmaient qu'il n'était rien qu'un squatteur. Chacun à sa façon de le voir. Lui se voyait comme sympathique, s'il se trouvait que non... Tant pis, on est ce que l'on veut être, et si ce n'est qu'une illusion que l'on nourrit soi-même, vivons avec.

Du coup... Il était en retard, non ? Coup d'œil à une montre délaissée sur le bord de son large bureau. Décryptage en cours des deux aiguilles. Tentative d'oubli de la longue qui saute chaque seconde sans le moindre arrêt – oh, la latine ! - rien de bien aisé pour une personne encore au lit il y a peu.
Ouais, non, il n'était pas en retard. Quatre heures avant « l'instant » fatidique, c'était suffisant pour faire sa toilette et se vêtir décontracté. Il a même le temps de terminer ce rapport sur... sur... Sur quoi déjà ? Oh, tant pis, ses cheveux ont besoin d'un soin particulier et particulièrement long...

La cuisine, la cuisine... Un passe-temps le week-end. Mais s'il commençait tout de suite à s'en préoccuper, il finirait par ne pas sortir, et cela serait fort dommage. Une demoiselle qui vient au Portugal, elle se doit de faire le tour de Lisbonne !
Allons, un restaurant, dans une belle ruelle, près d'un « tram » - ou eléctrico -, pourquoi pas ! Il fallait tout ce que sa ville pouvait offrir... !

Il souriait encore, pour ne point changer, songeur au spectacle qu'il était en mesure d'offrir. Il fallut qu'on lui rappelle l'heure, pour qu'il laissa là ses songes.
La petite arrive, la petite arrive... Deux heures pour ses pensées, une et demi pour son apparence, les dernières minutes, à l'attendre, dans une posture des plus officielles.
Et l'heure … Bientôt, oui, bientôt. Un jeune dragon de l'Asie, connu d'il y a fort longtemps, se présenterait sous peu à Palácio Nacional de Belém... Et Tiago, fier, l'attendait devant la porte, fixant devant lui.
Impatient, une lampe éteinte.

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