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| Sujet: Le bloc note. Jeu 9 Déc - 20:54 | |
| Oui, je ne viens qu'avec un petit texte, misérable petit texte, et qui n'a rien à voir avec l'univers d'Hetalia. Mais ça me fait juste plaisir. Les Légos- Spoiler:
Les Légos ne sont pas seulement vides d’émotions ou de sentiments mais sont des pales copies que l’on donne à l’enfant qui y exerce son pouvoir empirique. On y emboîte des formes, des boîtes, une par une, pour former une protection face à une prochaine attaque qui détruira sur son passage toute la labeur acharnée de ces petites mains, mais malgré cela jamais le sourire ne le quitte, le Légo. Leurs bouches figées dans un éternel sentiment de bonheur hypocrite car si leurs lèvres s’étirent ce n’est pas le cas des yeux qui, immobiles et froids, semblent animés d’une haine et d’une rancœur qui ne laisse présager rien de rassurant. Est-ce par une certaine vengeance que ces pauvres êtres se retrouvent décapités, découpés de toutes leurs pièces ? Détruits, massacrés, échangés, sans aucune identité propre, tous différents mais au final les mêmes, sans pouvoir garder intact leur physique, leur mental, au bon vouloir d’un plus grand qui les manipulent en gazouillant. Puis, lorsqu’estropiés d’avoir étés trop utilisés, victimes de mutilations et de pertes au nom d’un Enfant. Après avoir tout perdu, tout détruit, tout vécu, alors qu’ils ont vieillis, ils sont rangés… un… à un… morceaux par morceaux dans cette Boîte. Sans qu’un dernier coup d’œil nostalgique ne leur soit adressé lorsque la Boîte est à jamais refermée. … oubliée.
Critiques acceptées avec plus que de la joie.
Dernière édition par Mieg Schmitt / Elsass le Jeu 9 Déc - 21:20, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le bloc note. Jeu 9 Déc - 21:19 | |
| Mes critiques, je te les ai déjà donné donc je ne vais absolument rien t'apprendre.
Un texte court, bien écrit et efficace. Je le dis en toute sincérité, tu peux être fière de toi pour ce coup là et non, tu n'as pas à avoir honte de le poster.
Merci de me l'avoir fait lire, en tout cas :) |
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| Sujet: Re: Le bloc note. Sam 18 Déc - 12:57 | |
| ça faisait un moment que je voulais le dire, mais Mayday likes it a lot :) Ca m'a toujours impressionnée de voir comment tu pouvais décrire les enfants (et leur univers en général), de manière assez froide et je trouve ça génial. Et puis, ce texte en particulier est court, mais très efficace, sans superflu. Comme la plupart de tes RP (mêmes s'ils ne sont pas forcément courts, il sont percutants, comme dirait mon prof de droit 8D) |
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| Sujet: Re: Le bloc note. Sam 15 Jan - 20:04 | |
| <3 Merci à vous deux pour votre commentaire. Ça me fait énormément plaisir ! Nouveau petit texte, sans prétention.. toujours pas de lien avec un quelconque fandom, juste envie d'écrire quelque chose. Ça m'est venu en relisant Rondels de Tristan Corbière. - Spoiler:
Il était pâle, il était triste... Non, il aurait dû l’être, mais il était comme ankylosé par cette sensation au creux de ses trippes, cette douleur qui lui faisait pisser du sang imaginaire par toutes les plaies qu’il se serait infligées s’il avait senti ses doigts. Il n’y avait rien à dire, il ne sentait rien. Il aurait pu se retourner, rire et courir après les autres comme il l’aurait fait à son habitude. Donner un coup de pied au bizut, une grande claque dans le dos du chef et frotter les cheveux du dernier, mais rien, rien. Il n’avait pas envie. Il n’avait devant lui qu’une vaste étendue que le vent s’amusait à fouetter avec une rage qui ne lui ressemblait pas. Il ne connaissait pas le vent, ni les étoiles ou les courants marins. Il était un enfant qui avait oublié toutes les bases de la Nature. Il était celui qui avait oublié. Il ne ressentait pas cette mélancolie amère qui était devenu cougar, non, il n’avait jamais senti son étreinte douce, son baiser teinté d’amertume et de larmes. Il n’avait jamais vu que l’horizon et le lointain, mais cela également il l’avait oublié.
Et il restait là, oublié à son tour. Immobile, imperturbable, il continuait d’attendre, de fixer l’horizon en attendant quelque chose dont il n’avait pas conscience. Il attendait, perdu et heureux de l’être. Lui qui ne ressentait plus rien, ni la brise fraiche le long de sa nuque, ni la douleur lorsque le soleil le frappe de plein fouet, ni la pluie s’écoulant le long de ses doigts pour rincer les dernières traces de son humanité. Il avait été ourse, il avait été ondine et escroc. Il avait été celui qui donnait et celui qui recevait. Il avait été craint et respecté bien avant que les hommes faits ne comprennent qu’ils étaient. Doucement, avec ce sourire qu’on lui connaissait, ces yeux fous écarquillés dans un dernier regard lancé au loin, il se mit en branle, oublié la tristesse, il s’y était fait. Fini les jeux d’enfants mesquins, les chapardages de galette sous la fenêtre, fini le sel, fini la viande, fini les gestes de bontés et les méchancetés. Il avait oublié tout cela.
Doucement, quittant son habit noir qu’il abandonna le long du chemin. Oublié. Alors qu’il avait été le sujet de toutes les conversations, alors qu’on pensait à lui nuit et jour … jour et nuit. Peu importe l’endroit, on le voyait, son grand sourire moqueur. Dans toutes les traces, sur toutes les maisons, il avait laissé son empreinte. Les monuments, les pensées, les gens, il avait tout monopolisé. On ne vivait que par lui… que pour lui. Mais cela, encore, avait laissé un trou béant dans ses souvenirs. Alors il avança, doucement, pas à pas, comme s’il ne se souvenait plus comment marcher, comme si ses membres trop longtemps rouillés d’avoir été négligés par ses pensées pleines d’histoires et de fantaisie. Il courait, maintenant, l’enfant de tous les mots. Il courait et il disparut une dernière fois dans sa forêt chérie, pour retrouver ceux qui croiraient en lui. Ils ne l’avaient pas oublié… eux. Et pas un regard en arrière. Pas un regard, juste un dernier bruissement lorsque le vent hurla sa douleur en maltraitant ses vêtements.
Il avait même oublié son nom… le Conteur… la Légende.
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| Sujet: Re: Le bloc note. Sam 15 Jan - 21:11 | |
| Un très beau texte.... Des phrases, des mots et des écorchures...
Tu es plus que douée dans cet exercice d'écriture, c'est un réel plaisir de te lire. J'aime, j'adore. J'adore parce que c'est pas pédant, que c'est beau, que c'est simple mais compliqué aussi. J'aime et j'adore, voilà. |
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| Sujet: Re: Le bloc note. Sam 12 Fév - 21:29 | |
| Merci beaucoup Roderich. Merci. <3 Toujours pas de fandom particulier. Et comme les autres fois j'ai laissé les doigts guider et ... bah ça ressemble pas forcément à grand chose.. A rien en fait, juste quelques mots et quelques phrases oubliées ici et là assemblées pour former des paragraphes dégoulinant de je ne sais quoi de mauvais. - Spoiler:
Les guerres existent pour créer des héros parmi les minorités, pour honorer et glorifier ces héros, de simples soldats comme moi sont utilisés comme simple faire-valoir… c’est une mauvaise pensée. Aujourd’hui, je prie Dieu une fois encore. Maintenant, tout ce qu’il reste à faire est de se battre ! Que je ne devienne pas un de leur faire-valoir…
Bats-toi, homme. Prends cette épée et tranche encore une fois. Tranche jusqu’à que tu ne puisses plus sentir ton bras, tranche jusqu’à que les larmes qui coulent sur tes joues disparaissent sous le sang et sous la sueur. Tu es né homme, tu mourras soldat. C’est ce qu’ils ont dit en arrivant, c’est ce qu’ils ont dit aux enfants tremblotant. Tu dois tenir coûte que coûte, petit homme, avait dit le grand gaillard avec sa clope au bec, avec sa longue cicatrice mal refermée qui lui barrait la moitié du visage. Il l’avait dit, avec ce grand sourire désabusé, trop sûr de lui, mais ses yeux… oh ses yeux ! Ils hurlaient le contraire, ces yeux. Complètement écarquillés, arrachés, tués. Ils hurlaient, ces deux orifices d’un brun couleur terre. Ils hurlaient, à l’agonie. Derniers sursauts d’humanité qui s’envolaient. Le prochain coup d’estoc serait le dernier, pour lui comme pour celui qui serait sous sa lame.
Le chagrin n’est pas pour les morts. Le chagrin est le fardeau de ceux qui sont encore vivants.
Lui, il était le seul, lui il n’était pas le dernier. Allez, gamin. Bouge. Allez, gamin, danse. Danse autant que tu peux. Danse autour des lames, des flèches, des lances, des cris et des agonisants. Cette dernière danse, non pas celle meurtrière de tes camarades, mais celle du dernier espoir, du dernier morceau de vie qui s’échappe d’entre tes lèvres gercées par le froid et la douleur. Il a tout oublié, le gamin. Le nom de ses amis, de ses ennemis. La raison de sa présence ici. Il sait juste qu’il fait froid et que son flanc lui fait un mal de chien. Il ne connait pas les noms, les cris qu’on hurle sur un champ de bataille, on ne lui a pas appris. Il est né avec cette connaissance innée de la survie humaine, et il disparaîtra avec elle, le danseur. Lui qui était fait pour tenir un pinceau, une plume, il est mort le fusil à la main, la balle au cœur.
Toutes les femmes prient Dieu pour que leur homme revienne sain et sauf à la maison. Mais Dieu ne peut pas répondre à toutes leurs prières. Certains doivent mourir à la guerre.
Il a oublié son sourire, à elle. De l’inconnue qu’il serre dans ses bras sur cette photo en noir et blanc. Il a oublié que c’était lui sur cette photo. Alors il court, le gamin, l’homme. Le soldat. Il court, il court tout ce qu’il peut, car il sait que c’est sa dernière chance. Celle de fuir et de mourir une flèche dans le dos, de crever comme un rat sur un champ de bataille, avec un heaume trop lourd pour sa tête délicate, avec ses larmes qui n’émouvront aucun ennemi autre que lui-même. Il pouvait trébucher que ce serait fini. Il ne fit pas comme on se serait attendu. Il n’éclata pas de rire, il ne cessa pas de pleurer. Il était soldat, et il n’était qu’un de ces milliers de noms qu’on sacrifiait sans même les connaître.
Le métier de soldat est l'art du lâche ; c'est l'art d'attaquer sans merci quand on est fort, et de se tenir loin du danger quand on est faible.
Ils se sont tous promis de se revoir après la guerre s’ils survivent, s’ils savent. Mais ils ne chercheront jamais à se revoir, car… parce que. Il y’a des choses qui ne s’expliquent pas, comme le sang qu’on retrouvera chez eux. En haut de son piédestal, l’officier. En bas dans la boue, le petit fusilier. Grand par son grade, petit par son cœur. Grand par sa force, petit par ses pleurs. Ils se seraient bien pelotonnés l’un contre l’autre. Mais, on ne fait pas comme dans les films, hein, monsieur. On ne pactise pas avec celui là haut, hein, mon gars. Y’a des choses qu’on oublie pas.
Le mort ni le prisonnier n'a plus ni ami ni parent.
Il souriait doucement alors qu'on lui demandait de prendre la pose dans son bel uniforme, avec son beau tissu et ses cheveux bien coiffés pour l'occasion. Il l'offrira à la petite femme qui l'attendra sagement en attendant qu'il rentre du front, c'est l'affaire de quelques temps qu'il lui dit. Il le sait, ce sont les officiers, les journaux et les autres qu'ils l'ont dit. Il serait de retour pour les moissons, pour voir le petit faire ses premiers pas et voir une dernière fois la Marguerite. Il le sait, on le lui a dit. Il fait confiance, lui, il n'a jamais rien demandé à personne. Il ne sait pas lire, il ne sait pas écrire, mais il n'en a pas besoin là où il va et là où il vit. Y'a bien le môme qui apprendra pour lui. Il s'inquiète pas, il la reverra la petite femme. Il s'inquiète toujours pas deux ans plus tard. Elle l'a pas oublié, il le sait. Il a pas pu lui écrire à la femme, mais il sait que le môme va bien, il le sent au plus profond de ses tripes... ou alors c'est la faim ? Il ne sait pas, mais il sait. Paradoxe ? Non. Pas du tout. La première fois qu'il ne sait pas, c'est quand il ne voit plus sa ferme, c'est quand il a oublié le goût du lait, le goût du pain blanc. Là, il ne sait plus. Il est perdu. Alors là, il ne sourit plus. Et la photo non plus. Car la photo, elle, elle sait. Ce moment de savoir. Ce moment de souvenir. Oublié dans un musée, voilà ce qu'il est. Pas retrouvé, qu'ils disaient. Juste mort oublieux... et oublié.
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| Sujet: Re: Le bloc note. | |
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