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 [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)

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MessageSujet: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeMar 26 Jan - 1:36

Citation :
La suite logique du chat! XD


La lumière filtrant des stores à demi fermés réveilla Pierre. Il ouvrit les yeux et fixa le plafond un moment. Le plafond de sa chambre chez Matthew. Il referma les yeux. Il avait une migraine à tout casser.

« Criss. »

Il s’assit dans le lit et se prit la tête entre les mains, sans même jeter un coup d’œil à l’autre occupant du lit. Il avait bu le soir d’avant, mais pas assez pour oublier ce qui s’était passé par la suite, malgré tout ce qu’il pourrait en dire. Il n’oubliait jamais.

Il ne voulait pas rester pour découvrir ce qu’Ontario lui dirait à son réveil (parce qu’il était Ontario maintenant. Plus Jake. Le Jake qu’il avait aimé connu n’existait plus).

Il entreprit donc de retrouver ses vêtements dans la chambre. En se penchant pour ramasser son gilet, il vit son anneau de mariage sur son doigt. Une foule de souvenirs de la soirée d’avant lui revint en force.

Il n’avait pas fait attention, et Ontario l’avait vu jouer distraitement avec la chaîne qu’il portait autour du cou, sous son gilet. La chaîne à laquelle était accrochée deux choses : son anneau de mariage, et un pendentif à l’effigie du drapeau du Québec, qu’un de ses boss antérieur lui avait donné après un référendum raté en lui disant « ne t’en fait pas, tu seras un pays un jour. » Il était ironique qu’il porte les deux côte à côte. Chaque jour, il se regardait dans le miroir et il savait qu’il n’obtiendrait jamais une majorité claire si l’un des deux items ne prenait pas le bord. Il ne pouvait juste pas s’y réduire.

Et la soirée d’avant Ontario avait entrevu son pendentif sous son gilet et s’était imaginé que Québec le portait encore à cause d’un amour inavoué. Pouah! S’il avait permis à l’autre homme de lui remettre l’anneau au doigt et de l’embrasser, c’était seulement parce qu’il avait bu. Il avait bien averti l’autre que tous ce qui s’ensuivrait ne voudraient rien dire. Ontario en avait été déçu, mais Québec était convaincu que c’était pour le mieux.

Ils se connaissaient depuis très longtemps, et s’étaient mariés et divorcés un nombre incalculable de fois. Parfois s’était l’occasion de grandes unions politiques qui affectaient tous leurs citoyens, et parfois ce n’était qu’entre eux. Au fils du temps, Pierre avait appris à ne rien attendre de ces unions.

Si seulement il pouvait dire qu’ils n’étaient pas faits d’un pour l’autre. Mais Pierre et Jakes auraient très bien pus vivre ensemble, malgré toutes leurs différences. Mais pas Québec et Ontario, et c’était là le drame.

Québec existait depuis bien longtemps. Il était « né » avec les premiers établissements français en nouvelle-France. Canada était là depuis beaucoup plus longtemps, évidemment. Matthew, c’était la terre du Nord du continent et ceux qui y vivaient, autant les habitants natifs que les nouveaux venus. Même s’il n’avait pas l’air beaucoup plus vieux que lui, Matthew existait longtemps, longtemps avant lui.

Avec l’arrivée des anglais, qu’ils avaient si férocement tenté de repousser, était apparu Jakes. Il était donc son cadet! Mais pourtant celui-ci avait aussitôt tenté de le dominer. Ah, ces satanés anglais avec leur langage et leur argent! Les canadiens anglais étaient les contremaîtres, les boss, les dirigeants de la colonie, et la Tête Carrée les représentait bien, dans toute sa glorieuse arrogance.

Ils s’étaient détestés depuis le tout début. Et pourtant, Jakes l’admirait pour sa ténacité, son audace, et sa tendance à lui tenir tête, alors que lui… respectait, même s’il ne l’aurait jamais avoué, son efficacité, son sens de la justice et son calme à toute épreuve. Et avant qu’ils ne le sachent, l’Angleterre proposait de réunir le haut-canada et le bas-canada... Leur mariage. Premier d’une longue (et désastreuse) série.

Il remit son anneau autour de son cou et le cacha bien comme il le faut sous son gilet. Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la porte, il entendit un bruit derrière lui. Un froissement de tissus suivit d’un léger soupir.

« … Tabarnak. »
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeMar 26 Jan - 7:47

Tout comme au jour de leurs mariage, Jake lui avait passé l'anneau autour du doigt et l'avait embrassé. Il avait redis ces mots sacrés. Oui, je le veux... Une tendre promesse d'éternité, d'amour que malgré leurs ruptures, il tenait toujours.

Les baisers s'étaient succédés, de même que les jurons, les insultes, la discussion avait repris son court mais pourtant, ils étaient de moins en moins capable de se passer ce ces échanges parfois légers, d'autre fois plus passionnés. Pierre l'avait également embrassé par plus d'une fois, puis il avait succombé totalement. Avait-il senti le réel sentiment de fierté que Jake éprouvait quand il prononçait son nom, même pour l'écraser? Ou bien avait-il retrouvé ce qu'il aimait dans l'ontarien? Tête de cochon comme il était, il n'en avait rien dit à son homme, même quand ils avaient parlés de séparation et des priorités du québécois. Pierre avait avancé les faits sans plus, même si au fond ils savaient tout les deux quels sentiments l'habitaient réellement.

Ils avaient filé à l'anglaise peu de temps après et avaient laissé leur amour prendre le dessus sur les apparences et leurs nombreuses différences. Dans un endroit où plus rien ne comptait, leurs coeurs battirent à l'unisson avec leurs désirs de se retrouver. Quand il vit que le plus jeune avait engraissé à cause des timbits, Pierre avait rit sans réelle méchanceté, bien fort comme toujours. L'anglophone avait rit aussi et lui avait saisi les mains pour lui faire payer sa leçon alors que le francophone se tortillait pour lui échapper et le tout avait fini dans une étreinte passionnée comme rarement ils en avaient partagés. Ce fut cette fois-ci Jake qui le pris, accompagnant chacun de ses mouvement d'une touche d'éternité. Et Pierre dû prendre sa revanche, naturellement, ce qui en résulta d'une nuit non sans lendemain car elles ne l'étaient jamais. Ils s'endormirent avec le chant des oiseaux tout juste avant que le jour ne s'installe, totalement épuisés mais heureux dans les bras l'un de l'autre.

Plusieurs heures plus tard....

Le sommeil de Jake fut troublé par un mouvement assez soudain et très caractéristique de quelqu'un qui se lève.

"...Tabarnack."

Son premier réflexe fut de soupirer, même avant d'ouvrir les yeux. Il savait ce que ça voulait dire. La tempête arrivait petit à petit.

Il s'étira de tout son long comme un jeune matou, releva la tête et ouvrit finalement les yeux.

"Mornin'" dit-il de sa voix encore endormie en posant ses pauvres orbes d'émeraude mutilées par la clarté sur le dos de son homme. Mine de rien, il le caressait encore, même si ce n'était que du regard. Sa chaleur lui filait toutefois entre les doigts alors que son odeur était encore partout sur lui et sur les draps.

Ce n'est pas comme s'il n'allait jamais recoucher avec lui ou ne plus l'embrasser, mais il s'agissait toutefois pour lui d'une torture à chaque fois qu'il le sentait lui filer encore entre les doigts.

Jake ne l'admettrait probablement jamais, mais il avait peur pour lui. Il était risqué pour son homme de tenter une séparation complète, il n'en avait pas les moyens ni les effectifs...pour le moment. Après était une autre chose et même si Pierre lui avait dit vouloir se séparer affectivement de lui, ils trouveraient une solution. Si Berwald et Tino avaient une relation amoureuse alors qu'ils étaient deux pays indépendants, pourquoi ne pourraient-ils pas, eux aussi?

Pour éviter de sentir ce qui lui échappait, l'ontarien se leva et gratta le petit pneu qui s'était installé dans le bas de son ventre tout chaud du dodo et s'avança vers son blond, aucunement gêné de sa nudité.

"Well...j'imagine que tu vas faire comme d'habitude et retourner de l'autre côté de la rivière?" dit-il de son français cassé par l'anglais en citant l'une des pages de leurs amour, plus précisément ces moments où ils parlaient de la rivière des Outaouais avec poésie comme étant le seul obstacle à leur amour.

Il n'osa pas avancer plus et le regardait, attendant une réaction probablement semblable à toute celles qu'il avait eu jusqu'à présent de sa part.
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeMer 27 Jan - 6:34

"Mornin'" dit la voix encore ensommeillée de l’autre province derrière lui. Il se figea, la main sur la poignée de la porte.

Il entendit encore quelques froissements de couvertures puis le son des pieds nus de son ex amour sûrement pas amis voisin derrière lui. Il s’arrêta à quelques pas derrière Pierre.

"Well...j'imagine que tu vas faire comme d'habitude et retourner de l'autre côté de la rivière?" dit-il avec son affreux accent de canadien anglais. Il parlait de l’Outaouais, évidemment. La rivière qui les séparait était plus qu’un cours d’eau, c’était un symbole. Comme la Manche séparant la France et l’Angleterre, la rivière des Outaouais représentait le fossé infranchissable de la langue et de la culture. Et aussi d’une haine anglo-française ancestrale, pour une raison dont ont pouvait douter que même ces pays d’Europe connaissait.

"Oui, je retourne chez moi. J’ai déjà trop perdu de temps icitte" il répondit d’un ton qui mettait l’autre au défi de seulement penser tenter de l’arrêter.

Et bien sûr, il allait tenter de l’arrêter. Sinon ce ne serais pas Ontario.

Il se retourna à demi.

"Regarde, je sais pas ce qui s’est passé, et je veux pas le savoir. J’était trop saoûl."

C’était un mensonge, et il ne s’attendait pas à ce que Ontario le croit. Mais il serait damné en enfer avant d’avouer qu’il ait pu vouloir dormir avec son ex-ex-(…)-mari. De toute façon, c’était toujours comme ca. Confrontation-amour-déni, et il n’aurait pas voulu les choses autrement.

Il avait trop d’honneur, et il tenait trop à son rêve d’indépendance et de liberté, pour avouer maintenant, après tout ce chemin, qu’il pouvait s’ennuyer du bon vieux temps. Mais Ontario, le petit criss, semblait lire dans ses pensées comme dans un livre ouvert, et il prenait tout ce que Québec disait avec un haussement d’épaule et une détermination à toute épreuve.

"Je fou le camp, essaie pas de m’appeler." Où d’appeler ma secrétaire pour la convaincre de me laisser des messages entre deux mémos, c’était un coup bas, tabarnak!

Il devrait d’ailleurs avoir une conversation avec cette secrétaire. Lorsqu’il disait qu’il ne voulait pas avoir de visite des ses frères et sœurs et ex et whatever dans son bureau, ce n’était certainement pas pour entrer et y trouver lesdits frères et sœurs et surtout ex l’y attendant à son arrivée.

Surtout pas le jour du référendum. Il ne savait pas si le changement de cœur de dernière minute d’une province pouvait changer les résultats d’un vote, mais Ontario ne s’était jamais départit de sa fâcheuse manie de le séduire à la dernière minute.

"Ah et puis…" il regarda Ontario de haut en bas, longuement. "Tu devrais peut-être t’habiller"

Il sorti de la pièce et attendit dans le corridor que l’autre province finisse de s’habiller et sorte dans le corridor. Il allait retourner chez lui, peut-être, mais pas le ventre vide! Détester Ontario pouvait attendre après déjeuner. Matthew devait déjà être parti travailler à cette heure-là, et il voulait des pancakes, bon.
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeMer 27 Jan - 7:47

Il y avait d'abord la phase colère.

"Oui, je retourne chez moi. J’ai déjà trop perdu de temps icitte" il répondit d’un ton qui mettait l’autre au défi de seulement penser tenter de l’arrêter.

Bon. Pierre manquait d'originalité, ça faisait bien la troisième fois qu'il lui répétait celle là...quoique c'était déjà mieux que ses J'caliss mon camp d'icitte, tu m'fais chier, parle moé pus jamais mon enfant d'chienne. Bref, il en revenait toujours à la même chose et c'est bien ce qui l'amusait. La matinée semblait normale, quoi.

Puis arrivait le déni.

"Regarde, je sais pas ce qui s’est passé, et je veux pas le savoir. J’était trop saoûl."


Bien sûûûr. Un québécois saoul qui se dit avoir tout oublié d'un coup d'un soir avec ou sans sentiment n'était qu'une façade, une façon détournée de dire qu'il avait passé la meilleure nuit de sa vie en ta compagnie. C'était monnaie courante il lui semblait comme s'était après tout toujours la même chanson. J'men rappelle plus, j'ai pas aimé, tu m'as violé!, dit avec cet éclat dans le regard qui lui disait tout le contraire. Pierre ne pouvait PAS le nier, il avait dans les yeux cette même brillance que le jour de leurs mariage ou que pendant leurs nuit de noce. Il était si beau...

Ensuite de cela venait le rejet.

"Je fou le camp, essaie pas de m’appeler."


Un redoux dans sa voix il lui semblait et une pointe de culpabilité. Non pas dans sa voix, dans ses yeux encore une fois malgré leur éclat. L'ontarien trouvait presque qu'il faisait pitié, son coeur se tordait. La seule fois où il avait vraiment appliqué à la lettre ses avertissements, la fleur de lys était venu le rejoindre presque en larme en lui reprochant de l'avoir abandonné. Ça, il avait mis un temps fou à se le pardonner...

Finalement, il y avait le sarcasme.

"Ah et puis…"
il regarda Ontario de haut en bas, longuement. "Tu devrais peut-être t’habiller"

...

Il attendit quelques secondes à savoir si c'était vraiment nécessaire de s'habiller au complet, puis ses instincts d'ontarien remontèrent à la surface et il alla se vêtir d'un chandail à col roulé, d'un jean et de bas blancs. Avec un caleçon dessous.

Son objectif était la cuisine, bien sur. Pierre quitter un endroit sans son déjeuner de bûcheron? Pfff...

Jake alla le retrouver et lui retira des mains son mélange à pancakes. Le sirop d'érable était déjà sur la table depuis un moment comme il y en avait toujours chez Matthew.

Quand leurs mains se touchèrent, le grassouillet hésita un moment, la pris dans la sienne et y posa un baiser.

"Installe-toi, ya du café de prêt, Matthew en a laissé. Pancakes, saucisses, jambon, bacon, pain doré et oeuf j'imagine?"
dit-il avec un doux sourire à son homme.

Si chaque pas lui faisaient mal à cause de ses exercices nocturnes et qu'il savait que Pierre en avait probablement une bonne vue en ce moment, il le tolérerait le temps de lui faire à déjeuner.

En un rien de temps tout fut dans la poêle et dégageait une odeur magnifique dans toute la maison, si bien que son imagination dévia et il se rappela d'autre fois, de tout ces jours où il se levait comme ça pour faire le petit déjeuner de son homme avant que ce dernier aille dans les bois à la recherche de castors et de trésors alors que lui ouvrait sur le développement économique de la place. C'était le bon temps. Ces jours là, Pierre revenait fourbu, Jake et lui finissaient dans un bain bien mérité et ensuite hop devant le feu de foyer à regarder la neige tomber, un chocolat chaud à la main. Ils montaient ensuite et se blottissaient l'un contre l'autre pour avoir le plus de chaleur possible. Et bonsang qu'ils savaient la trouver...

Un sourire lui était venu et il ne s'en était même pas apperçu. La cuisson avançait...
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeJeu 28 Jan - 23:50

Jake arriva à la cuisine peu après lui, habillé de haut en bas. Il s’avança vers lui et lui prit le mélange à pancakes des mains.

Leur mains se touchèrent, et après une hésitation Jake la pris dans ses mains et y déposa un baiser; Pierre se hâta de la retirer avec un grommellement.

"Installe-toi, ya du café de prêt, Matthew en a laissé. Pancakes, saucisses, jambon, bacon, pain doré et oeuf j'imagine?" lui dit l’autre avec un autre sourire.

Québec se retourna et s’«évacha» sur une chaise, les pieds sur le montant horizontal sous la table. Il regarda avec méfiance Ontario se mettre à la tâche. Il remarqua que l’autre boitait légèrement et se senti fier à l’intérieur, bien qu’il n’en laissa rien paraître.

Il nota avec un froncement de sourcils le menu de bûcheron que Jake avait choisi de préparer. Bien évidemment, il tentait de le faire se rappeler de leur jeunesse.

Et, à son grand malheur, ça marchait.

Leur jeunes années avaient été remplies de journées sans soucis, où Pierre se levait, avalait un grand déjeuné préparé par Ontario (qui, par un miracle étrange, avait réussi à apprendre à cuisiner alors que toute sa parenté anglaise avait misérablement échoué), et partait à la chasse toute la journée. Il revenait le soir, avec le sentiment du travail accompli, et Jake lui donnait des cours d’anglais avant de l’attirer dans son lit…

Mais ces temps-là avaient aussi abrités un ressentiment anonyme, qu’il ne pouvait nommer mais qu’il sentait dans ses os lorsqu’il revenait et trouvait l’autre assis à décider du futur de tous le monde, bien confortablement assis, alors que lui avait trimé toute la journée pour une maigre paie et pas un mot à dire sur le déroulement des choses. Une colère floue mais de plus en plus violente, alors qu’il voyait ses Canadiens français se faire exploiter, travailler, risquer leurs vies sur des chantiers ou à la drave pour des salaires de misères qui ne suffisaient même pas à nourrir leurs familles. Des hommes qui ne voyaient presque jamais leurs enfants et qui buvaient leur paie pour oublier leurs tourments… Et par-dessus tout ça, un mot résonnait, un mot dont la signification n’était pour lui encore qu’un concept flou mais qui déjà faisait bouillir son sang, assimilation…

Il avait vu les deux faces de son amant. Il y avait Jake, tendre et attentionné, et il y avait l’autre, le Canada anglais (c’était le seul nom qu’il avait gardé à travers les ans, son nom officiel variant au moins autant que celui de Pierre), qui traitait les francophones comme des habitants qui ne seraient respectables qu’avec l’apprentissage de la langue…

Jusqu’à quel point cette mesquinerie par rapport à ses citoyens était la faute de Jake, il ne le savait pas vraiment. Peut-être cette discrimination était-elle le fait de ses boss, peut-être qu’il en était aussi chagriné que Pierre. Mais il ne s’était jamais élevé contre l’assimilation, l’avais même encouragée à un certain point, et cela était la goutte qui avait fait déborder le vase. À chaque visite, Arthur le regardait de haut et insultait sa langue et sa culture par des remarques à peines voilées, et jamais son amour ne s’était levé pour le défendre.

Pierre n’était pas le genre de personnes qui acceptait de changer pour se faire accepter. Il était trop têtu pour ça. Parler et vivre comme un anglais, oublier ses racines, c’était une trop grosse concession à faire pour vivre avec l’autre.

Et pourtant, ils avaient passé de bons moments… Ils arrivaient parfois à passer par-dessus les différences, et leur relation s’améliorait… et puis généralement quelque chose arrivait pour troubler la paix. C’était immanquable.

Pouvait-on donc vraiment reprocher à Pierre de se demander ce qui allait arriver ensuite? Il aurait pu baisser sa garde maintenant, mais il croyait dur comme fer que s’il le faisait, ça allait lui retomber sur le nez ensuite, et qu’il le regretterait.

Il avait décidé de ne plus se faire d’illusions. L’éternité, ça n’existe pas.

Ontario devait lui aussi se rappeler le bon vieux temps, parce qu’il faisait cuire les pancakes avec un sourire absent. Bientôt tout fut prêt et il déposa les assiettes sur la table devant Pierre.

Balançant sa chaise sur deux pattes, Pierre contempla la nourriture un moment avant de lancer un regard dédaigneux à Jake.

"Eh bien, espérons que ton gène de désastre culinaire anglais ne se soit pas manifesté cette fois-ci!"
dit-il d’un air hautain avant de commencer à manger avec appétit. Délicieux.
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeLun 1 Fév - 3:42

"Eh bien, espérons que ton gène de désastre culinaire anglais ne se soit pas manifesté cette fois-ci!" dit-il d’un air hautain avant de commencer à manger avec appétit.

Jake se mit à rire en s'assoyant avec précautions pour ne pas souffrir davantage, ignorant le regard qu'il lui avait posé avant de parler. Il se pris aussitôt une pancake bien chaude et la couvrit de sirop.

"Bien sur mon homme, c'est pour ça que tu en reprends toujours, pas vrai!"
lui dit-il avant de prendre une première bouchée de son déjeuner de bûcheron.

La matinée était belle, la nourriture était bonne et son mari était avec lui. Il avait mal aux fesses. Il avait vu Pierre sans défenses le matin même.

Tout tournait si vite dans sa tête.

Il prit une gorgée de son café Tim Hortons que Matt avait préparé plus tôt, double double, avec l'impression que malgré tout, rien n'avait changé. Ils avaient toujours eu la même relation depuis le début de leurs mariages.

Ils s'aimaient, malgré leurs différences. C'est tout ce qui comptait pour lui à présent, même s'il n'avait pas toujours penser ainsi. Que son amour parle français ou anglais, qu'il soit indépendant ou dépendant de lui, qu'il veuille être vers la droite, la gauche, qu'il pense que la meilleure chose au monde soit la poutine, qu'il fume comme une cheminée, que son nom soit laid et se prononce mieux "Peter" ou encore qu'il ponctue ses phrases avec des jurons, il en avait rien à faire. Plus maintenant du moins car ils avaient leurs identité propre. Puis Jake savait que son homme allait un jour vouloir quitter la tutelle canadienne à nouveau et que cette fois-ci, il serait assez fort.

En fait c'est tout ce qu'il attendait. Peut-être à ce moment-là sentirait-il moins le besoin de le repousser pour avoir son identité et qu'il comprendrait qu'il n'a pas besoin de le pousser pour être lui-même et être beau.

Alors qu'ils mangeaient dans un silence qu'il trouvait plutôt confortable, Jake se rapprocha de Pierre sans trop de subtilité juste pour être près de lui. Même si la dernière fois datait de la semaine passée, il sentait que cette fois-ci était différente. Ce qui régnait entre eux du moins. Il ne le toucha toutefois pas, trop occupé par son jambon qu'il dévorait avec appétit.

"Si tu as encore faim, ne te gêne pas, mon amour."
lui dit-il entre deux bouchées, tout bas, ne voulant pas troubler l'agréable paix.

S'il avait envie de lui dire toute ses pensées, il ne le ferais pas. Pas tout de suite. Le temps ne se portait pas à cela, leurs silence était trop important. C'est par lui qu'il sentait la douceur de son aimé.
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeLun 8 Fév - 3:12

Spoiler:

"Bien sur mon homme, c'est pour ça que tu en reprends toujours, pas vrai!" lui dit Jake d’un air fendant avant de lui aussi prendre place et se mettre à manger.

Pierre avait une réponse mordante pour ça, mais il était trop occupé à manger alors il laissa passer.

Il devait admettre que ces matins, où il se réveillait se maudissant d’avoir encore cédé mais pourtant pas aussi fâché qu’il aimerait le faire croire (parce qu’il est vraiment dur d’être sincèrement fâché quand on vient de passer une nuit intense et fabuleuse), où Ja – Ontario lui faisait à déjeuner et où ils faisaient enfin quelque chose (en l’occurrence, manger) dans un silence confortable, sans se chamailler comme chien et chat, étaient quand même d’assez agréables matins.

Mais il ne l’aurait jamais admis, même sous la torture. Les soirs où la pression d’être une province, d’être francophone, d’être une NATION en devenir, il se saoulait toujours avant d’aller visiter Ontario. Comme ça il avait une bonne excuse le lendemain, n’est-ce pas? Enfin, c’est ce qu’il aimait à se dire.

L’autre province approcha particulièrement subtilement sa chaise de lui (en faisant racler les pattes par terre, de surcroit). Pierre considéra s’éloigner tout aussi subtilement, mais bon. Tant que l’autre ne le touchait pas, ils pouvaient bien faire une trêve, non?

"Si tu as encore faim, ne te gêne pas, mon amour." lui dit Ja… oh bon sang, oui, il pouvait bien l’appeler Jacques dans ses pensées, non? Parce que ce matin-là, Pierre était sûr que c’était Jacques près de lui, et non cet horrible Ontario. Ontario c’était la province qu’il rencontrait durant ses heures de travail, la province qui bossait comme si le travail était son seul amour, et qui ces temps-ci ne pensait plus qu’aux JO et à l’économie. L’Ontario qui avait toujours voulu être comme Arthur. Sa personnalité en public et dans le jour, quoi.

Parce Pierre était presque certain que le vrai Jake ne se montrait pas souvent, et seulement à la famille et à lui. Tout comme Québec relâchait parfois sa garde sous la prétention d’être saoul et de vouloir une nuit sans lendemain.

Il considéra l’autre tandis que celui-ci dévorait avidement son jambon.

It would all be easier if we weren’t nations, right? Lui avait-il dit un jour, et Pierre était entièrement d’accord.

Quand est-ce qu’il lui avait dit ca, déjà?

Ah, oui. Lors du premier référendum… Il tremblait encore rien que d’y penser!

Il était dans la salle avec les autres membres du parti, attendant avec excitation le dépouillement des votes et le résultat historique… Lorsqu’un serveur lui avait tendu un verre de la part d’un admirateur. Pierre avait regardé le champagne dans sa coupe avec étonnement, puis il avait distingué dans le fond du verre…

Un anneau. Qu’il avait lui-même choisi plusieurs décennies auparavant.

Il était entré en coup de vent dans les toilettes et avait vidé le verre sur le comptoir, se câlissant bien que le liquide coule par terre sur ses pieds.

Jake, le petit criss, l’avait alors approché par derrière et lui avait chuchoté des mots doux à l’oreille, dans une dernière tentative désespérée de le garder près de lui. Et Pierre avait fermé ses yeux et détendu ses muscles alors que venait une grande huée de l’extérieur de la salle de bain.


Pierre serra soudain sa fourchette, si fort que ses jointures devinrent blanches. Par deux fois il avait échoué. Par deux fois il avait été détourné de son but. Et maintenant, ses citoyens ne discutaient plus de la souveraineté que comme le bulletin météo, comme quelque chose qu’on espère voir arriver mais pour lequel on ne peut pas vraiment faire grand-chose.

L’argent et le vote ethnique. Mon œil. J’ai un rêve… Je veux le réaliser, mais je n’essaie pas assez fort…

Jacques lui lança un regard curieux, mais ne posa pas de question. Pierre évita son regard. Où peut-être que j’ai juste un conflit d’intérêt…


-Comment je peux te faire dégager de ma vie?
Lui demanda-t-il soudainement, en fixant ses patates. Quand on va sortir d’ici on va être ennemis, encore. Je sais pas comment tu fais, mais moi chu pas capable.

Tu vois pas ce que tu me fais? Laisse-moi tranquille!
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeMer 10 Fév - 4:24

-Comment je peux te faire dégager de ma vie? Lui demanda-t-il soudainement, en fixant ses patates. Quand on va sortir d’ici on va être ennemis, encore. Je sais pas comment tu fais, mais moi chu pas capable.

Il avait senti son Pierre devenir plus nerveux et avait vu ses jointures devenir blanches alors que tout autour de lui demeurait calme. Ses pensées semblaient tourmentées et désespérées, il pouvait le voir. Quand sa mâchoire devenait plus tendues et plus sèche, il voyait sa pression augmenté en regardant son cou, que ses lèvres prenaient cette courbure la, il savait que ce n'était pas bon signe. Et comme de fait, il le lui avait exprimé.

Jake baissa les yeux au sol un moment et tenta de se reprendre. Dans sa gorge était né une pression insupportable, une boule lui remontait doucement. Lui et Peter avaient en effet le don de se faire si mal...Il décida donc de parler avec son coeur et espérait que son homme allait le sentir, même si une réponse moindrement brusque pourrait le détruire dans un cas pareille.

"Moi non plus, c'est pour ça que j'espère te voir redevenir mon mari, pour qu'on arrête de se battre. Tu sais...je suis au courant que c'est en grande partie de ma faute et je m'en veux. Je pensait être capable de vivre comme ça, mais j'ai surement fait la plus grosse bêtise de ma vie en te faisant tout ce que j'ai fait. J'essaie encore de garder la face, mais mes sentiments me rattrapent et me rappelle ou sont mes priorités. On dit souvent que c'est quand on perd quelqu'un qu'on se rend compte de combien il comptait pour nous, mais en plus de t'avoir perdu, je t'ai blessé et trainé dans la boue, mon ange. J'ai sali tes ailes..."

Sa voix était basse et expressive, sa posture ouverte. Il laissait voir à Pierre tout son être de toute les façons possibles et espérait qu'il ressentirait la sincérité de ses paroles. C'était la première fois qu'il lui parlait aussi sincèrement et ne passait pas à côté de ses responsabilités.

"Quelqu'un d'autre nous verrais en ce moment et...arf. On est juste aussi pire l'un que l'autre. On s'est fait mal, mais on s'aime encore. Et on peux plus vivre comme ça. Pierre, Peter, Pedro...- peu importe, je pourrais te sortir du Shakespeare la dessus - c'est toi qui m'a appris à aimer...tu m'as appris la langue de l'amour -et j'ai décidé que c'était pas ni le français, ni l'italien- , je te dois la vie et tu le sais. Tu me la dois aussi et je crois que notre amour autant que notre haine était fait pour exister depuis le début, que quelqu'un l'a écrit un jour avant même notre naissance. On s'est blessé, ok. Les domages sont-ils comparables? On a tout les deux nos propres moyens de défense contre la douleur, nos propres réactions, autant que contre l'ennemi. Tu es explosif, franc et fier alors que moi je suis un bureaucrate calculateur et perspicace. Nous avons combinés nos forces, tu as cru que je te marchais sur les pieds, goddamit!"

Jacques soupira et retira son anneau d'après son doigt.

"Mais que veux tu. Peut-être que je parle pour ne rien dire à tes oreilles. Je passe du coq à l'âne de toute façon... Je...I..."

Il avait plus l'air d'un poisson hors de l'eau que d'un homme qui tentait d'articuler, même si les choses étaient très semblable. En effet, le poisson a le visage humide, lui...

Seuls leurs respiration et les chants passionnés de Mario Pelchat qui soutenait avec ferveur qu'il n'aimait plus son amour après tout ce qu'elle lui avait fait meublaient le silence qui s'en suivit pendant lequel Jake se demanda comment il se faisait qu'il ne soit pas encore parti.

"Anyways. I guess it's over now...right?"
dit-il en lâchant à ses pieds son anneau de mariage, la tête basse et les épaules rondes en signe d'abandon. Si souvent son homme avait voulu le voir abdiquer, c'était aujourd'hui ou jamais.

S'il la voulait sa liberté, il la lui tendait sur un plateau doré en ce moment même. Il n'avait qu'à reprendre l'anneau qui les unissait et en faire ce qu'il voulait, un truc pour tenir les serviettes de table, tiens! Peu importe.

Mais reste que qui l'aurait cru...Jake et Pierre, terminé?

Les larmes montèrent aux yeux de l'orgueilleux Jake Williams pour la première fois depuis un éternité.

"Pierre...I..."
sanglota-t-il sans réellement vouloir dire quelque chose, le visage entre les mains.

Il avait si honte...
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MessageSujet: Re: [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec)   [Chez Matt] Le matin après (Ontario et Québec) Icon_minitimeJeu 11 Fév - 4:03

Un lourd silence tomba sur eux après qu’il eu posé sa question. Jake sembla débattre un moment avec lui-même avant de commencer doucement à parler.

"Moi non plus, c'est pour ça que j'espère te voir redevenir mon mari, pour qu'on arrête de se battre. Tu sais...je suis au courant que c'est en grande partie de ma faute et je m'en veux. Je pensais être capable de vivre comme ça, mais j'ai surement fait la plus grosse bêtise de ma vie en te faisant tout ce que j'ai fait. J'essaie encore de garder la face, mais mes sentiments me rattrapent et me rappellent ou sont mes priorités. On dit souvent que c'est quand on perd quelqu'un qu'on se rend compte de combien il comptait pour nous, mais en plus de t'avoir perdu, je t'ai blessé et trainé dans la boue, mon ange. J'ai sali tes ailes..."

Pierre le regarda avec stupeur. Bien sûr, Jacques avait tendance à le suivre partout en lui jetant des déclarations d’amour au visage, mais cette-fois ci donnait l’impression d’être immensément différente. Il avouait sa part de faute dans les événements qui les avaient séparés, de un, et il disait s’en vouloir…

"Quelqu'un d'autre nous verrais en ce moment et...arf. On est juste aussi pire l'un que l'autre. On s'est fait mal, mais on s'aime encore. Et on peut plus vivre comme ça. Pierre, Peter, Pedro...- peu importe, je pourrais te sortir du Shakespeare la dessus - c'est toi qui m'a appris à aimer...tu m'as appris la langue de l'amour -et j'ai décidé que ce n’était pas ni le français, ni l'italien-, je te dois la vie et tu le sais. Tu me la dois aussi et je crois que notre amour autant que notre haine était fait pour exister depuis le début, que quelqu'un l'a écrit un jour avant même notre naissance. On s'est blessé, ok. Les dommages sont-ils comparables? On à tout les deux nos propres moyens de défense contre la douleur, nos propres réactions, autant que contre l'ennemi. Tu es explosif, franc et fier alors que moi je suis un bureaucrate calculateur et perspicace. Nous avons combinés nos forces, tu as cru que je te marchais sur les pieds, goddamit!"


Il se mordit la lèvre et tenta de croiser son regard, mais l’autre fixait résolument le plancher en parlant, sa voix devenant de plus en plus passionnée. Jake avait l’air de vraiment mettre ses trippes sur la table, et Pierre s’en voulu un peu d’avoir déclenché tout ça avec son commentaire. Mais d’un autre côté… il était plus que temps qu’ils aient cette conversation. Et même si un sentiment désagréable avec lequel Pierre ne voulait rien avoir à faire montait en lui à ce moment, il savait que le temps d’y faire face était venu.

Il dut admettre qu’il fut surpris lorsque son ex lui dit avoir été blessé lui aussi. Cela le fit détourner les yeux et il se sentit un tout petit peu honteux de n’avoir jamais considéré que ses propres blessures. Peut-être ai-je vraiment blessé ma « famille » en poursuivant mon rêve… NON! Je dois devenir indépendant. C’est ma destinée. J’ai laissé des supplications m’arrêter par le passé, mais pas cette fois, je refuse de me laisser attendrir... On n’est pas fait pour être ensemble…

"Mais que veux tu. Peut-être que je parle pour ne rien dire à tes oreilles. Je passe du coq à l'âne de toute façon... Je...I..."

Exactement! Pensa Pierre tout en continuant de fixer tout sauf celui qui lui parlait. Arrête tout de suite! Je ne veux pas en entendre plus! Si tu continue je… Il ferma les yeux et serra les poings. Ces mots lui brisaient le cœur car ils provenaient d’un cœur brisé. Il s’en voulait mais ne voyait pas comment faire autrement.

"Anyways. I guess it's over now...right?" Son cœur manqua un battement. Était-ce… la fin de ce qu’il avait commencé mais n’avais jamais pu finir? Mais pourquoi maintenant, pourquoi comme ça? Il se retourna à temps pour voir Jake laisser tomber son anneau sur le sol de la cuisine, et ce mouvement acheva de le pétrifier de stupeur.

Ses yeux allèrent de son ex-mari, la tête basse et le dos vouté comme s’il portait le poids de toutes ces années passées plus ou moins ensemble, à l’anneau qui roulait sur le sol.

Sa liberté… il la lui rendait? Vraiment?

Comme dans un film au ralentit, l’anneau roula sur le sol en un grand demi-arc avant de s’immobiliser. Pierre se leva sans même s’en rendre compte, continuant de fixer l’anneau sur le sol carrelé. Combien de fois avait-il rêvé lancer ces deux anneaux de malheur dans l’évier et les voir disparaître dans le drain? Combiens de fois avait-il presque jeté le sien avant de retenir son bras au dernier moment pour relire l’inscription à l’intérieur? Ut incepit fidelis sic permanet – un serment de fidélité mainte fois répété par celui qui le lui avait passé au doigt, si longtemps auparavant et de si nombreuses fois.

Il se pencha et ramassa la petite chose. C’était un très bel anneau, qu’il avait choisi lui-même. Il le fit tourner entre ses doigts pensivement. Il était toujours sous le choc. Jake… renonçait-il vraiment? Après toutes ces années…

"Pierre...I..." sanglota-t-il derrière-lui. Pierre se retourna et vit que son ancien amour avait maintenant la tête entre les mains. Et il… pleurait? Il ne l’avait jamais vu pleurer et cela acheva de le retourner. L’avait-il vraiment blessé à ce point?

« Tu vois? Tout ce que j’ai jamais réussi à faire c’est de te faire mal. » dit-il avec un petit sourire triste. « Tu mérite tellement mieux… Tu aurais dû me laisser partir avant. »

Il considéra de nouveau l’anneau. C’est vrai… j’ai jamais compris pourquoi tu voulais à tout prix t’accrocher à moi… Ça aurait tellement été plus facile sans toutes ces émotions comme des chaînes pour nous retenir… Il tenta de visualiser sa vie sans Jacques constamment autour pour l’embêter, pour l’encourager, pour le faire chier, pour lui dire des mots doux…

… et il réalisa soudain que sans lui, ce serait si vide… Au moins il avait quelque chose sur quoi compter. Quelqu’un à haïr, mais aussi à aller voir pour du confort – à condition d’être saoul mort -, quelque chose de fixe et de réconfortant, quoi. Et puis… qu’il l’aime ou qu’il le déteste, il devait avouer que c’était quand même pour Jake qu’il ressentait le plus. D’une manière ou d’une autre il avait toujours occupé ses pensées. Et… la raison pour laquelle il le détestait tant, c’était parce que – paradoxalement - il l’aimait. Il eu alors le vertige. Il avait toujours tenté de se débarrasser de tout sentiment résiduel pour lui, mais il n’avait jamais vraiment envisagé qu’ils pourraient avoir une fin… une fin finale…

Même si c’était lui qui l’avait demandé, il se sentit soudainement comme si c’était lui qui était trahi, abandonné.

« Tu sais… avec les olympiques et tout ça, les querelles avec Canada peuvent être mises de côté pour un temps… » commença-t-il, mal à l’aise. « Ce que je veux dire c’est que je VAIS m’en aller, mais pas maintenant. Mais si je reste je vais avoir besoin de continuer à défendre ma culture… »

Il s’approcha et mis une main sur l’épaule toujours courbée de Jacques.

« J’imagine… la raison pour laquelle j’ai pu conserver ma culture, et devenir aussi fort… c’est parce que j’avais justement quelqu’un à haïr et à qui me prouver… Donc je devrais te remercier… Ah Tabarnak chu pas bon pour ces choses-là! Normalement c’est toi qui manie bien les mots. » Il s’agenouilla devant son ex-mari et lui prit la main en fronçant les sourcils. « Regarde, j’ai encore besoin d’un antagoniste pour un petit bout. Puis c’est toi qui me faut. Je sais, c’est égoïste de ma part, puis ça va nous retomber sur le nez à tous les deux si on continue de se fréquenter. Mais on est habitué. Faque ça me dérange pas qu’on soit encore ennemis pour quelques matins… »

Il se releva et lui mis l’anneau dans le creux de la main. « J’ai dis que je voulais que tu dégage. J’ai jamais dis quand. Faque garde ça. De toute façon un cadeau cé un cadeau, on rend pas ça. Puis on ne le met pas dans un verre de champagne non plus… »
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