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 (1945, Pologne) Cendres [Toris]

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(1945, Pologne) Cendres [Toris] Vide
MessageSujet: (1945, Pologne) Cendres [Toris]   (1945, Pologne) Cendres [Toris] Icon_minitimeMar 29 Déc - 18:07

Spoiler:

Le balai frottait les planches avec une régularité rapide et précise, faisant danser la poussière. Elle s’élevait en volutes grises, comme les fumerolles d’un champ de bataille. Ses pas, tournoyant, légers comme l’air ; comme s’il dansait sur un air de polka qui était encore là, quelque part dans un coin de sa tête. Une bribe de musique, encore assez proche pour le faire sourire. Une mélodie espiègle, enfantine, endiablée...si différente de la musique majestueuse et terrible qui s’était fait entendre ici. (Quelques notes de Wagner résonnaient encore dans sa tête, comme un coup de poing.) Et pourquoi ne danserait-il pas ? Un sourire naissait sur ses lèvres, faible comme un rayon de soleil dans un ciel d’orage, se manifestant seulement pendant quelques instants de répit avant que les nuages ne l’engloutissent de nouveau. Oui…pourquoi ? Après tout…

1945. La guerre était finie.

Ses pas, de plus en plus rapides, jusqu’à l’étourdissement, jusqu’à ce qu’il jette par terre le manche dans un geste frivole ; le morceau de bois tomba à terre. Il aurait aimé que sa chute provoque un fracas étourdissant mais…non, juste un petit bruit d’impact étouffé. La poussière retombait d’où elle était partie ; retomba sur un sol dont il avait déjà oublié en partie la couleur. Mais avait-il réellement une couleur ? Est-ce que les couleurs comptaient réellement, quand tout avait déjà été réduit à l’état de cendres ? La couleur de la défaite ; de la sombre défaite, d’une étreinte glaciale…Il se sentit frissonner, alors que quelques flocons de neige tombaient sur son visage – sa peau les rivalisaient à peine en pâleur. Visage si pâle, que pas même un soupçon de rose aux joues ne pourraient lui donner un teint "délicat". Ses cheveux pendaient, sans vie, sans lueur dorée, sans brise pour les ranimer. Allons bon (lèvres trop pâles esquissant un sourire empli de dureté) ils ne lui avaient même pas laissé un bout de toit. Qu’est-ce qu’elle leur avait fait, sa maison ? Sa petite maison de Pologne ?

Du côté des Alliés.

Il toucha doucement les murs, laissant sa main glisser, la retire, inspectant avec intérêt sa paume entièrement noire (l'essuyant avec prudence, instinctivement: il ne fallait pas tâcher son uniforme). Frôlant des doigts les meubles glacés, et tombant avec hésitation dans son fauteuil préféré, s’attendant à ce qu’il l’accueille avec un craquement sinistre.

Du moins, jusqu’à ce que ce ne soit plus nécessaire…
Ils n’avaient plus besoin de lui.
Ils avaient besoin d’apaiser l’USSR.
L’USSR avait besoin de lui.


Cherchez l’erreur.

Des gens allaient et venaient. Des gens qu’il regardait sans voir ; ne se souvenait pas de leurs visages. Ce n’était pas très grave, parce qu’ils évitaient constamment son regard. Ses nouveaux « chefs » ; enfin, la nature de ses « chefs » était devenu confuse ces dernières années. Il y avait eu ses « chefs » chez Kirkland pendant la guerre. Des « chefs » ici, chez lui. Les armées s'étaient succédées. une partie de lui luttant, au loin, du côté des Alliés. Résistant, serrant des dents pour ne pas être annihilé... Occupation allemande.

En vain ? Tout ça, en vain ?

1944. Occupation soviétique.

Le polonais prit les papiers qu’on lui avait laissé sans un mot, sachant ce qu’ils contenaient. Son avenir de nation. Des mots comme « alliance », « protection », « sécurité », « démocratie populaire ». Des mots qui berçaient, qui anesthésiaient doucement, sans bruit. Il y en avait beaucoup. Beaucoup trop. Ils étaient aux antipodes de la seule chose qu’il désirait.

Trois coups à la porte ; sa main lâchant la feuille, qui glissa docilement jusqu’au sol.

Un seul mot. "Liberté."

Il allait jusqu’à la porte, comme dans un rêve ; se revoyant ouvrir la porte à l’Allemagne. La Russie juste derrière. 1939. Un frisson le parcourut ; un élan fiévreux le poussait à tourner la poignée, dans un élan de courage. Mais il eut honte de ce courage ; honte de la pensée qui s’insinuait comme un poison dans sa tête, quoi qu’il fasse pour lutter contre elle. Une pensée qui ne semblait pas faire partie de lui.

Ivan ne laissera rien m’arriver.

"Liet… ?"

Devant la porte ouverte, le mot échappa de ses lèvres, tel un souvenir revenant malgré lui, irrépressible...(combien de temps depuis qu'il l'avait prononcé?) Et puis, un grand soupir, d’épuisement, de rassurement…sans prévenir, le rouge emplissant ses joues violemment, comme une poussée de fièvre. Le sentiment de se noyer doucement et de soudainement revenir à la surface et sentir la brûlure de l’oxygène dans sa gorge…

C’était juste Lituanie.

Alors pourquoi avait-il l'impression que le sol allait se dérober sous ses pieds?
Pourquoi son regard ne pouvait-il se fixer sur le sien?
Pourquoi...?

"Genre...Quel imbécile..."

Pourquoi? Il n'y avait plus rien ici...
Même lui...il n'était pas sûr qu'il reste grand chose de lui-même.
Lui, Feliks Łukasiewicz.
Pologne.
Polska Rzeczpospolita Ludowa. Comme on l'appelait, ces jours-ci.

Mouvement en arrière, regard sur le côté, froncement de sourcils. Une main instable sur la porte; pendant un moment, on aurait pu croire qu'il voulait lui claquer dans le figure. Pologne lui-même n'en était pas sûr. Voix boudeuse, essayant de ne pas trembler. Trembler de honte, de colère, d'orgueil, de...joie?

"Entre, alors...tu...laisses entrer le froid."

Spoiler:
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(1945, Pologne) Cendres [Toris]

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