( Malte ; de nos jours ) Le Carnaval

Invité Invité

Carnaval

Février était un mois que normalement, un tunisien n’aimerait pas trop. Le temps est changeant, entre des pluies torrentielles et une chaleur estivale et il y a de fortes chances qu’en sortant en t-shirt, croyant que le temps sera doux, vous attrapiez un rhume suite à un changement météorologique peu subtil et dont personne ne vous a informé.
Malgré ça, il y avait une raison très spéciale pour laquelle Alexander – quoique très tunisien – soit plein de compassion et de sympathie envers cette saison. Et cette mystérieuse raison se trouvait non loin de lui, en pleine méditerranée. Alors, non, il ne s’agit pas de poissons ou d’un quelconque sport aquatique mais bel et bien d’une Nation et de l’une de ses multiples « traditions » : Malte et son carnaval. Pour quelqu’un ayant autant la passion de l’exotisme qu’un vieux milliardaire aigri, cette fête fort extravagante avait de quoi lui mettre bien des étoiles dans les yeux.

Ce n’était pas la première fois qu’il faisait une visite à la jeune fille. Depuis le début de la signature de leurs nombreux traités (essentiellement commerciaux, hein !), il le faisait même assez régulièrement. Malte était une demoiselle très fraiche et très amusante. Certes, ça dépendait du point de vue mais habituellement, elle avait une bonne humeur méditerranéenne qu’il appréciait à sa juste valeur. Surtout qu’il n’était ni Francis ni Arthur et qu’elle n’avait aucune raison de lui trouver un trait en commun avec ces deux garnements-là. Même s’il portait une rancune superficielle envers eux. Il n’y avait donc rien à craindre et au pire, elle devait le considérer comme un bon voisin. (Oui parce que l’idée de l’attaquer ou d’arrêter leurs échanges n’était jamais venue à l’esprit du tunisien ! )

Ainsi, la veille, en voyant que sa visite avait bel et bien été prise en compte – on ne sait jamais avec les affaires politiques, une autre Nation peut à tout moment demander un dialogue immédiat, ce qui lui causerait beaucoup d’ennui – Alexander s’était endormi serein et la tête remplie d’espérances. Il imaginait déjà la musique dansante, les costumes sublimes, l’atmosphère festive et exotique… comme s’il allait atterrir dans une contrée lointaine et jusque là inexplorée. Malheureusement, l’exploration du Nouveau Monde n’avait jamais fait partie des exploits tunisiens et à ce train-là, il n’allait même jamais arriver à découvrir une nouvelle étoile…

Pour la première fois depuis des lustres, il choisit lui-même le cadeau à offrir à Maddalena. Des pâtisseries de première qualité, des feuilles de thé vert – boisson favorite de l’ancienne génération du pays, les jeunes préférant cette affreuse~~ment bonne~~ substance noire nommée Coca Cola, énième invention d’Alfred – et plusieurs habits traditionnels tunisiens. Mais pour ces derniers, ils étaient tellement lourds qu’il doutait que la frêle demoiselle puisse vraiment les porter. Enfin… c’est le geste qui compte.

Laissons de côté l’avion, l’aéroport, l’hôtel – très joli, d’ailleurs – et retrouvons la Nation en plein milieu de la plage. Pourquoi la plage alors qu’il devait aller dans les rues pour apercevoir les premiers rayons d’un éblouissant soleil nommé ‘Carnaval’ ? Eh bien… Alexander, toujours aussi digne de lui-même, était passé par la mauvaise porte. Au lieu d’aller vers celle qui menait au portail, donc à la sortie, donc aux rues, il était parti vers le côté inverse et c’était retrouvé les pieds dans le sable. Pire encore, en plein mois de Février, il ne pouvait même pas se consoler en voyant quelques jolies créatures se baignant ou bronzant en tenue d’Eve, ou presque. Le damoiseau, assez embarrassé par ses propres pensées, secoua brutalement la tête, faillit lâcher ses cadeaux et repartit vers les rues. Au pire, il trouverait un moment pour nettoyer ses pauvres chaussures sur lesquelles s’étaient collés plusieurs grains de sable. Satanés créations du ciel !

Fatigué, épuisé, affamé (ces trois mots étant un prétexte parfait pour s’asseoir à la terrasse d’un café, bien qu’aucun tunisien n’ait véritablement besoin d’un prétexte pour faire ça…), il s’arrêta donc à la terrasse d’un joli café (bon, les serveuses étaient jolies, aussi exotiques que pouvaient l’être des blondes pour un arabe) et commanda un café noir. Pour redorer l’image de ce jeune homme dont la réputation vient de prendre un sacré coup (ce n’est pas tous les jours qu’il est traité de ~~Francis~~ paresseux coureur de jupons), disons qu’il avait déjà dit à Malte qu’elle le retrouvait ici, si jamais l’idée de passer dire bonjour et souhaiter la bienvenue à un voisin l’intéressait brusquement. En d’autres mots, en sirotant le liquide noirâtre et rempli de sucre, Alexander était sûr et certain que la jolie demoiselle pointerait son nez.

Invité Invité

Car-na-val. Trois petites syllabes qui arrivaient à mettre Malte en transe. La musique, les couleurs, les odeurs…Tout tournait autour de l’évènement. Le cœur de Maddalena battait toujours en rythme avec celui de sa terre mais ce jour-là, elle ne s’était jamais sentit aussi bien et pleine d’énergie. La musique jaillissait de toute part et montait jusqu’aux fenêtres de sa « maison » ; la maltaise ne pouvait s’empêcher de se lever et de tournoyer alors même qu’elle était en pleine réunion administrative. Les ministres, qui avaient l’habitude de ce comportement fantasque le jour du carnaval, l’excusaient avec ce sourire un peu pincé qu’ont les hauts dignitaires. Un chauve grassouillet s’approcha d’elle alors qu’elle hurlait presque de joie en apercevant les premiers costumes. Il lui tapota l’épaule d’un air compassé.

- Très chère, je pense que vous avez besoin d’une pause. De plus, n’aviez-vous pas rendez-vous avec monsieur Alexander ? Je pense, tout comme la plupart de nos estimés collaborateurs ici présents, (petit sourire de politicien) que sortir vous fera le plus grand bien. De plus, je pense que cette réunion peut tout à fait être reportée à plus tard. Qu’en dites-vous ?

Maddalena n’appréciait pas outre mesure son premier ministre, dont les « De plus, de plus, je pense, je pense... » et autres tics de langages l’ennuyait. Mais, elle n’avait pas le temps de s’offusquer qu’il la pousse dehors de cette manière. Le carnaval et le tunisien l’attendait. Elle offrit un joli sourire à son ministre et se précipita hors de la pièce.
Elle descendit les marches quatre à quatre et se propulsa littéralement dans la rue. Elle marchait rapidement, de cette manière sautillante qui caractérise les enfants heureux, quand elle tomba en arrêt devant une boutique. De costume. Non, ce n’était pas rendre justice à la réalité : devant une minuscule boutique tellement coloré qu’on ne savait où porter le regard. Des déguisements s’empilaient dans un joyeux fouillis ; de toutes les sortes et les époques, certains étaient suffisamment usés pour avoir appartenu à Rome (si on admet le fait que Rome pouvait porter un costume d’ours d’une étrange teinte rose...). Malte se jeta dans la boutique (c’était d’ailleurs curieux ce talent qu’avait la maltaise pour « se jeter » sur les choses et les gens). Des cris d’admiration, de joie et de dépit retentirent alors. Une idée se posa soudain dans la tête de Maddalena. Puisqu’Alexander était là, autant lui offrir un joli costume pour le carnaval. Non ?

Malte ou quand l’instinct féminin prend le dessus sur la nation.

Elle repartit aussitôt à l’assaut des piles de vêtements. Après plusieurs minutes de recherches intensives, elle trouva la tenue idéale (étrangement, elle avait découvert une magnifique toilette pour sa pomme). Elle chercha le vendeur avant de se rendre compte qu’il était lui aussi enfoui sous des monceaux d’habits… Elle paya son dû et, ployant sous les paquets, elle sautilla jusqu’à la sortie. Elle passa environ une centaines de secondes à fouiller sa mémoire pour se souvenir du lieu où Alexander l’attendait.

Malte ou quand mémoire de poisson rouge est plus qu’une expression.

Comme toute jeune fille qui se respecte elle aurait dû ensuite flâner et faire poireauter le tunisien, mais elle était trop pressée de le voir. Pour la simple et bonne raison que c’était un être courtois qui aimait sa culture et qui la complimentait avec gentillesse. Qu’ils signaient de jolis traités commerciaux et qu’il n’avait ni boucle blonde ni barbiche ridicule. Et surtout aucunes envies de l’écraser. Bref, elle l’appréciait complètement. Maddy l’aperçu à la terrasse du café le plus réputé de sa capitale… (réputé du moins pour les jolies serveuses blondes aux larges…larges poumons). Un sourire s’étalant sur toute la largeur de son visage, la maltaise s’approcha de lui, toujours sautillante, et lui adressa un signe de la main. Une fanfare retentit dans le lointain. Malte sentit une bouffée de bonheur serrer son petit cœur…Ce jour miraculeux était enfin là…Sans trop de façon, elle s’assit à la table d’Alexander.

- Bonjour ! Je suis vraiment heureuse que vous soyez venu aujourd’hui ! Je ne sais pas si vous êtes friand de carnaval, mais celui de cette année promet d’être remarquable ! Au fait, comment allez-vous ?

Un serveur s’approcha de la table, sûrement pour prendre sa commande, mais elle ne s’en aperçu même pas, toute à sa joie de parler du festival…

Malte ou quand monomaniaque est plus qu’un mot.

Invité Invité

La passion d’Alexander pour le Carnaval était telle qu’il ne cessait de regarder la rue pour apercevoir les premiers débuts des festivités. A tel point que la serveuse dut répéter deux fois sa question pour que le tunisien daigne s’intéresser à son opulente poitrine elle. D’ailleurs, à chaque fois qu’il apercevait l’une de ces serveuses, il croyait voir la même et se demandait presque si Maddalena n’avait pas accepté le clonage humain chez elle. Il était étonnant de voir à quel point ces demoiselles se ressemblaient. Même bonnet, même tailles, même chevelure, même voix. Voix d’ailleurs extrêmement aigue et niaise mais qui devait faire partie du… charme ? Elles n’avaient rien à voir avec les « cheveux de blé… peau rose d’enfant… voix cristalline… » dont se vantaient Balzac et cie et qui étaient censées représenter la beauté occidentale. Bah. Il se consola en se disant que c’était là les clones féminins de Francis et que cela prouvait parfaitement que ce dernier se détériorait.

Il était de plus en plus plongé dans ses pensées – chose qui arrivait fort souvent bien que rien d’utile n’en résultait – lorsqu’il la vit arriver. Maddalena n’avait pas changé. Le contraire l’aurait véritablement surpris mais la fraicheur et la bonne humeur apparente de la demoiselle avaient de quoi le rendre encore plus impatient d’admirer le Carnaval en si charmante compagnie. Bizarrement, il avait rarement affaire à des Nations féminines. Tous ses voisins et camarades arabes faisaient partie d’une gent masculine rustre – enfin… oui… d’un certain point de vue – et digne de l’atmosphère électrique d’un bon vieux lycée de garçons. Il y avait bien quelques rares exceptions mais il préférait ne pas trop y penser.

Elle le salua et il se souvint que même Francis n’avait pas les mêmes coutumes pour les salutations*. C’était bien dommage…

- Bonjour ! Je suis vraiment heureuse que vous soyez venu aujourd’hui ! Je ne sais pas si vous êtes friand de carnaval, mais celui de cette année promet d’être remarquable ! Au fait, comment allez-vous ?

Mais quelle adorable Nation !
Il était tout à fait normal que ce soit elle qui possède le carnaval dans le répertoire de ses fêtes traditionnelles. Si tous ces garnements – que ce soient ses voisins ou le reste du monde – pouvaient se vanter de la même délicatesse, sa vie serait plus facile. Quelle dommage qu’une telle perle soit entichée d’un pessimiste aux gros sourcils. D’ailleurs, en parlant de lui, il ne faut pas croire que le tunisien lui voue aussi une haine profonde. Bien au contraire. C’est en l’entendant parler en français qu’Alexander trouvait de quoi se consoler vu l’accent déplorable de la majorité de sa peuplade. Même leur roulement des « r » était loin du pseudo charme russe. Bref, il ne détestait pas Arthur. Mais on s’éloigne du sujet.
Il lui adressa un sourire moins commercial que d’habitude – ce qui était le résultat d’une addition très simple : blondes + café + carnaval + bonus. (Le bonus étant Malte en personne.)

- Bonjour ! Je vais bien, le contraire serait surprenant. Et vous ? A vrai dire, je me suis un peu inquiété. J’ai cru que les conséquences de la crise économique vous gêneraient. Cela aurait été véritablement dramatique. Mais je suis bien content de voir qu’il n’en est rien. Surtout que je suis venu spécialement pour y assister.

Il remarqua alors la silhouette derrière Malte. Un serveur qui attendait patiemment qu’elle prenne la peine de s’intéresser à sa présence. De là, rien d’anormal qui puisse expliquer la mine surprise du tunisien. En y regardant de plus près… le serveur était blond. Aussi blond que ses collègues féminines et pire encore ! la copie parfaite de Francis – en moins barbu et avec une chevelure plus masculine. Il fronça les sourcils. Et si c’était bel et bien le français, venu les espionner ? Non, non. L’espionnage n’était une spécialité française. Il décida tout de même de ne pas rappeler à la Maltaise la présence de l’individu. Même si... à un moment ou un autre, elle allait sans doute penser à commander.

Spoiler:

Invité Invité

-Bonjour ! Je vais bien, le contraire serait surprenant. Et vous ? A vrai dire, je me suis un peu inquiété. J’ai cru que les conséquences de la crise économique vous gêneraient. Cela aurait été véritablement dramatique. Mais je suis bien content de voir qu’il n’en est rien. Surtout que je suis venu spécialement pour y assister.

Maddalena répondit par des banalités alors qu’un sourire éblouissant éclairait son visage La crise économique l’avait évidemment touché, mais rien ni personne n’aurait pu l’empêcher de fêter le carnaval. Elle prit soudain conscience des lourds paquets qui pendaient au bout des ses bras. Quelques rubans s’en échappaient ainsi que le sommet d’un col en dentelle. Malte brandit fièrement ses trouvailles sous le nez d’Alexander. Peut être que ses finances n’étaient pas au mieux, mais elle pouvait encore se permettre de dépenser pour des costumes. Des étoiles scintillantes au fond des yeux, la maltaise prit la parole.

-Peut être n’aurais-je pas dû, mais je me suis permis de vous prendre ce costume pour le carnaval. J’espère que vous l’apprécierez ! Enfin, je veux dire, surtout ne vous sentez pas obligé de le porter, seulement il est plutôt joli alors…euh…et bien…Voilà !

Malte lui tendit le sac en tissu qu’elle portait. En rougissant un peu devant son incapacité à prononcer des phrases sans bafouiller, elle se rassit sur sa chaise et regarda distraitement autour d’elle. Elle inspira doucement, savourant l’air marin et les effluves des douceurs que l’on préparait toujours pour ce genre d’évènement. Le long de la rue des guirlandes multicolores se balançaient, accrochées pour la plupart entre les maisons et les réverbères. L’effervescence montait doucement, la foule des maltais qui se préparait à assister au carnaval augmentait sensiblement… La musique traditionnelle également. La nation esquissa un sourire qui s’éteignit aussi rapidement que si on avait soufflé une bougie. Le joli sac qu’elle avait tendu à Alexander était rose. Aussi rose que les joues de Maddalena quand elle comprit qu’elle avait donné son propre costume au tunisien. Qui avait d’ailleurs l’air passablement étonné de trouver une robe digne d’un conte de fées dans le sac. Malte bondit sur son séant, et avec des gestes si rapides qu’on ne vit qu’un léger flou, elle échangea les deux sacs.

-Oooooh…Je suis vraiment, vraiment désolé ! Quelle idiote je fais… Je… enfin je veux dire… ce n’était pas ce genre de costume que je vous avais acheté ! je suis terriblement distraite aujourd’hui… *petit rire gêné* le carnaval vous comprenez… Mais qu’est-ce que je raconte ? Je n’ai aucune excuse pour vous avoir embarrassé !

Malte piqua un fard. Pour se donner une contenance elle chercha du regard un serveur. Et elle tomba sur une réplique parfaite de Francis. Les poils en moins. La maltaise prit une grande bouffée d’air. Elle avait eu un tel choc qu’elle en avait complètement oublié de respirer. Elle baissa les yeux à toute vitesse sur le menu et commanda un thé… Prévisible de la part d’une ancienne colonie britannique. Une fois le serveur partit, elle se pencha vers Alexander et lui murmura :

-Est-ce que c’est moi ou bien le serveur ressemble quelque peu à…

Elle hésita. Le premier adjectif qui lui venait quand elle parlait du français était « répugnant batracien ». Elle ne savait pas bien si le tunisien comprendrait ce raccourci, mais de son côté, elle n’arrivait pas à prononcer son prénom. Ca lui flanquait de l’urticaire. Elle opta pour un choix raisonnable.

-…ressemble quelque peu à Monsieur Bonnefoy ?

Spoiler:

Invité Invité

Ah ! Décidemment, Malte était une Nation délicieuse. On voyait parfaitement en elle le mariage parfait de la coquetterie européenne et de la joie de vivre méditerranéenne. Elle était semblable à une brise fraiche dans un océan de banalités. Il était véritablement heureux d’avoir pu venir et la rencontrer pendant une telle occasion ! Elle avait même pris la peine de chercher un costume pour lui, alors qu’elle n’était pas du tout obligée de le faire que ce soit par politesse ou par simple camaraderie. Et quelle modeste façon de le lui offrir.
Alexander, comme toujours avec chaque nation mignonne, souriante et joyeuse, était d’excellente humeur et prêt à accepter n’importe quoi. Ou presque.

Il lui prit le sac en tissu qu’elle lui avait tendu, tout en étant impatient de voir quel genre de costume elle avait choisi pour lui ! Certes, la couleur un peu… féminine du sac l’avait quelque peu étonné mais rien de plus. Peut-être qu’il n’y avait plus que cette couleur. Il inspira un bon coup et plongea lentement sa main jusqu’à ce qu’il touche un semblant de tissu. Tiens donc… ça ne ressemblait pas un pantalon… Non, non, c’était impossible ! Il fit doucement sortir un… Oh. UNE ROBE. L’espace d’un instant, son esprit le quitta et aller gambader loin, très loin dans la campagne… polonaise ?! Etait-ce une plaisanterie ? Oui ! C’était sans aucun doute ça. Une petite blague de rien du tout, juste pour… pour quoi ? Ca ne l’amusait pas du tout. Oh, la robe était très jolie mais elle semblait plutôt aller à Maddalena qu’à lui ! Il arbora un semblant de sourire gêné qui voulait dire : « Euh… puis-je savoir ce que cela veut dire ? »

« -Oooooh…Je suis vraiment, vraiment désolé ! Quelle idiote je fais… Je… enfin je veux dire… ce n’était pas ce genre de costume que je vous avais acheté ! je suis terriblement distraite aujourd’hui… *petit rire gêné* le carnaval vous comprenez… Mais qu’est-ce que je raconte ? Je n’ai aucune excuse pour vous avoir embarrassé ! »

Il soupira de soulagement ! Ouf ! Finalement, il était loin des montagnes polonaises. Il finit par laisser échapper un petit rire nerveux. Il faut dire que l’espace d’un instant, il avait eu peur. Très peur. Non seulement elle l’aurait pris pour un travesti mais il n’aurait pas su comment refuser ! Et il voyait déjà les sourires condescendants de ses voisins maghrébins lorsqu’ils apprendraient que leur cher ami, toujours si fier de sa virilité, s’était baladé en « tutu de ballerine », comme ils auraient appelé la robe de princesse qu’il remit dans le sac. Il rendit le présent à Maddalena, tout en étant incapable de ne pas s’inquiéter au sujet de son propre costume. Quel genre de tenue avait-elle choisi ? Il n’en savait rien et son ignorance accentuait son appréhension…

C’est ce moment-là qu’elle choisit pour remarquer l’existence… euh non... la présence du serveur. Elle commanda un thé ce qui rappela à Alexander que, contrairement à lui, elle avait eu droit à Arthur comme colonisateur. Ce dernier était-il meilleur que Francis ? D’après les dires de certains, ce n’était pas à exclure. Le flegme anglais était assez connu. Les pessimistes n’avaient jamais été la tasse de thé – oh, quel affreux jeu de mots ! – des maghrébins, plutôt joyeux dans leur genre. Mais c’était préférable aux mœurs douteuses du français !

Heureusement, l’effroyable sosie partit sans demander son reste et il put enfin respirer tranquillement.

« -Est-ce que c’est moi ou bien le serveur ressemble quelque peu à… » Elle hésita « …ressemble quelque peu à Monsieur Bonnefoy ? »

Il fit une petite moue amusée. Ca faisait longtemps qu’il n’avait entendu ce nom. Pourtant, lui-même l’utilisait puisqu’il refusait obstinément d’appeler le blondinet par son prénom et pour cause ! Il fallait absolument laisser une distance de sécurité entre lui et ce… coureur de jupons qui déshonorait la gent masculine. Oh, à une certaine époque, Tunisie ne valait pas mieux. Il pouvait même s’inscrire à un fanclub des harems et de la polygamie tant son passé était rempli de ces deux mots… Mais tout de même ! Lui avait su tourner la page !

« Je ne vous le fais pas dire. D’ailleurs, je pourrais même dire que tout le personnel semble être le fruit d’une expérience sur le clonage qui aurait utilisé… Monsieur Bonnefoy » Comme il était difficile de le citer dans une discussion ! « comme cobaye. Même les serveuses lui ressemblent ! »

Et rien n’était plus vrai que ça.
Mais il se contenta de rire un peu et ajouta, plus décontracté :

« Vous avez eu plus de chance que moi. Vous avez été colonisée par Arthur, non ? Je ne le connais pas beaucoup mais il semblerait que ce soit une meilleure nation que… » Que ? Que la chèvre blonde ? Que l’hippie malpoli ? «… que Monsieur Bonnefoy. »

Et voilà. La meilleure façon de cesser de parler de ce… pays était bien de parler d’un autre et… Arthur était un excellent choix. En attendant qu’ils soient servis.

Invité Invité

« Vous avez eu plus de chance que moi. Vous avez été colonisée par Arthur, non ? Je ne le connais pas beaucoup mais il semblerait que ce soit une meilleure nation que… que Monsieur Bonnefoy. »

Haha…Alors comme ça, lui aussi avait un peu de mal avec ce…nom. Malte le comprenait tout à f…

{CLIC}
(bruit de mécanisme qui se met en route)

[Petit guide des choses à ne pas faire ni dire devant Malte, chapitre un]

ATTENTION ! Si cette phrase figure sur la première page de cet ouvrage, ce n’est pas par hasard ! Veuillez ne pas la prendre à la légère. Merci.

Surtout, ne jamais, jamais, JAMAIS, parler d’Arthur Kirkland à Maddalena au cours d’une discussion. Vous risqueriez de ne plus la regarder de la même façon après.

Vous aurez été prévenu. Ne venez pas vous plaindre. Merci.

[Petit guide des choses à ne pas faire ni dire devant Malte, chapitre un]

-Vous…voulez parler de Maître Arthur ?

On sentait la majuscule dans la voix de la maltaise. Elle baissa les yeux sur la nappe en papier. Ses mains tremblaient imperceptiblement. Elle releva les yeux. Et là, n’importe qui aurait eu un choc. Parce que ses pupilles venaient de se dilater au maximum de leur capacité, lui faisant un regard de junkie ou de lapin pris dans les phares, au choix. Bref. On aurait dit que Malte venait de se prendre une gentille petite dose. Il y eut un silence un peu embarrassant, vite rompu par un groupe de touristes de sexe masculin, portant des costumes hideux et beuglant de rire, qui longeait le café.

A Malte, l’espèce de nuisible la plus envahissante c’est décidemment le touriste. Signe particulier : porte des tongs avec des chaussettes, des fringues douteuses, et une casquette porte-bière. Ah non, excusez-moi, ça c’était juste Allemagne en vacances…

Bref.

-Maître Arthur est la nation la plus…la meilleure nation ! Il est beau, intelligent, drôle, respecté, rusé, très diplomate, franc, il a un goût exquis en matière de vêtements, il cuisine admirablement, il a une imagination sans limite, son architecture est la meilleure d’Europe, il a un talent immense pour la musique, en plus sa langue est la plus parlé au monde !

Est-ce bien la peine de préciser que Malte ressemblait à un gentil chien-chien complètement hystérique ? Parce que, bon…elle y ressemblait beaucoup. Elle se mit à rire doucement.

-oh, excusez-moi, je me suis un peu emballée…

UN PEU ? Et on osait dire que Malte était objective ? Bon, ok, personne n’a jamais dit ça. Mais ce n’est pas une raison ! Par contre, Alexander avait une bonne raison d’avoir peur : Maddalena était prête à repartir sur une tirade expliquant pourquoi Arthur était non seulement le plus beau mais aussi le plus modeste de toutes les nations, mais au moment où elle allait ouvrir la bouche, le serveur posa leurs commandes devant eux.

Spoiler:

**Contenu sponsorisé**