Une ville si grande et pourtant si petite.
La pluie avait enfin décidé à lâcher ses gratte-ciels un moment.
Une richesse inattendue, mais la redevance à son aîné. En réalité, la pluie continuait de tomber.

Elle avait aussi décidé d'intervenir lors de ce jour si spécial.

Yao disait que c'était à cause de l'émotion du retour de A-Dung à la maison. Et que le ciel n'avait fait que cacher ses larmes de joies. Après tout, n'avait-il pas lui-même commandé le dragon des éthers dans les temps antiques ?

Arthur, pourtant superstiteux, s'était persuadé qu'il ne s'agissait qu'un caprice de la météo, rien de plus. Les jours grisâtres, il connaît. Et ce petit, ou plutôt, ce jeune homme qu'il rendait à son frère, il ne semblait pas affecté ni dans un sens, ni dans un autre.

Les caméras et les micros braqués sur lui, la pluie qui continuait de tomber... Hoi Dung se contentait d'afficher son air impassible. Non, vraiment, cela ne les regardait en rien. Surtout qu'il savait pertinnement que la grande majorité des autres nations ignoraient son existence jusqu'alors.
Que savaient-ils de lui ces étrangers, bande de vautours qui attendaient qu'il commente ce fait divers qui sera oublié le lendemain ?

Finalement, Hoi Dung se réveilla de ses songes rétrospectifs. Mal dormi, cela allait de soi. Surtout que toute cette mise en scène pitoyable à ses yeux avait terminé tard dans la soirée.
Il lui semblait que la chambre dans laquelle il a passé la nuit lui était familière... En fait, c'était bien sa chambre, il y avait longtemps... Yao l'avait laissé comme elle était, comme s'il était persuadé qu'il ne pouvait que rentrer. Il y avait juste 2-3 cartons, sûrement des affaires entreposées là par manque de place dans le reste de la maison.

Hong tira la couverture rouge de côté et regarda par la fenêtre. Il était revenu quelquefois pour affaire à Beijing, mais il ne s'habituera jamais à ce mélange de vieux et de neufs, même si lui-même comportaient de tels quartiers. Ses quartiers. Est-ce que ceux-ci étaient également siens maintenant qu'il est de retour ? Non, il a beau être à nouveau chez Yao, tout ce paysage n'avait plus rien à voir avec ses souvenirs d'enfance.

Quelqu'un toqua à la porte. Une des domestiques de son frère. Comme le jeune homme ne répondait pas, la demoiselle lui fit savoir que le petit-déjeûner était prêt et qu'il fallait se lever, que M. Wang l'attendait.
« Depuis quand il se paie le luxe d'avoir des domestiques, lui ? ». Conscient de la dureté de ses propos, Hong se méprisa lui-même. « Moi aussi j'en emploie, je n'ai rien à dire là-dessus... Yao est mon grand frère après tout, il fait ce qu'il veut... »

Cette sensation de malaise, mêlé à une envie inconsciente de renouer avec sa famille ne le quittera pas de toute la journée.