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 1804 - Schwanengesang [Gilbert]

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Roderich / Autriche


Roderich / Autriche



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MessageSujet: 1804 - Schwanengesang [Gilbert]   1804 - Schwanengesang [Gilbert] Icon_minitimeMer 19 Mai - 23:35

[Vienne – 1804]

Sous ses yeux s’offrait l’horizon d’une ville incendiée. Il en était toujours ainsi alors que les lumières déclinantes du soleil disparaissaient pour laisser place à la nuit. Heure entre chiens et loups où tout se forme et se déforme, la chaleur glacée d’un monde fini venait mourir pour renaître finalement au bout de quelques heures.
Passer d’un univers à un autre comme l’on tourne les pages d’une partition… Roderich leva une main pour effleurer les carreaux de la fenêtre du bout des doigts. Les rayons du soleil ne pouvaient s’attraper ainsi, sinon il en aurait déjà fait une parure pour Elizaveta, une parure de soleil couchant pour lui rappeler l’horizon sauvage des plaines de son enfance, celle où elle cavalait au triple galop sur le dos de son cheval. A présent, la jeune femme était enfermée dans la grande demeure des Habsbourg, ne sortant que pour les batailles, la mort et le sang. Roderich ne regrettait pas de lui infliger ce traitement, l’homme se faisait un devoir de ne jamais avoir de remords.

1804, drôle d’année en perspective… Dans une France agitée, Napoléon venait de se faire proclamer Empereur et se réclamait autant de la couronne d’Autriche que de la possession du Saint Empire Romain Germanique. Chose qu’évidemment, ni Ludwig, ni Roderich n’étaient prêts à lui concéder. Les Corses étaient de toute évidence, de bien drôles de personnages. Cela ne ferait cependant qu’un Français de plus à détester, il n’était plus à cela près. Ce siècle encore bien jeune allait lui aussi comporter son lot de guerre et de violence, personne ne pouvait faire semblant de l’ignorer, à présent.

Napoléon avait voulut faire un….un geste envers lui. Un os lancé à un chien pour l’amadouer, l’apprivoiser. Et eux, eux ils allaient accepter. Pourquoi ? « Parce que cela concerne Dieu, et que nous aurons fort besoin de lui dans les années à venir… ». Tels avaient été les mots de Charles. Il avait sourit en disant cela, du sourire des rêveurs jetés dans le champs de batailles…

Mon jeune commandant, mon jeune capitaine… tu le connais, n’est-ce pas, ce Napoléon ? Deux ans vous séparent simplement mais c’est une gloire semblable qui vous auréolent tous deux. Pauvre Charles malade, que les victoires que le ciel t’accorde, soient nombreuses, et que passe donc cette maladie que tu as….

Charles-Louis avait le regard rieur d’une jeunesse éclairée, son uniforme s’était déjà retrouvé tâché de sang de nombreuses fois, il savait la vie et connaissait la mort. Une sagesse toute guerrière habitait ce corps malade et Roderich avait pour lui l’affection violente et redoutable que l’on n’accorde qu’à un frère. Charles n’était pas son archiduc, Charles n’était que le frère de celui-ci, mais pour Roderich, il était un confident et le plus fidèle des amis.
La nation le savait, des hommes comme lui n’apparaissaient pas tous les siècles, alors il ne le chérissait qu’encore plus, lui qui osait affronter Napoléon sans peur et savait faire la guerre sans tomber amoureux des batailles…

Et ce guerrier, enfant prodige des Habsbourg Lorraine, allait être nommé Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques par Napoléon. Pourquoi ? L’Autriche ne le savait guère, mais ce titre honorifique ne serait pas volé par le soldat, toutes personnes jusqu’au Corse lui-même, reconnaissaient sa grandeur. La foi qu’il plaçait en Dieu ne le déméritait pas dans ce rôle, là où les Prussiens eux-mêmes avaient choisi d’abandonner leur crédo.

Depuis longtemps déjà, les chevaliers teutoniques s’éaient établis en Autriche, ainsi que dans quelques territoires allemands, abandonnés par Gilbert, leur préférant la religion protestante. A présent, ils allaient officiellement passer dans les mains de la nouvelle dynastie des Habsbourg, celle créée par l’éclatante Marie Thérèse qui n’eut de cesse de combattre le roi de Prusse. Un roi digne et sage revendiquant la sagesse monastique et guerrière des teutoniques, mais un roi protestant malgré tout.

J’espère que vous voyez cela de votre coin de Ciel ou bien d’Enfer, Frédérick. Et ne prenez cela que comme une revanche, une simple revanche… Ne dit-on pas que les affaires sont les affaires ? Il ne reste désormais que peu de choses, de l’esprit prussien… A vrai dire, il n’y a désormais que votre souvenir, qui laisse une âme à Gilbert… Adversaire redoutable jusqu’après la mort, je ne vous hais guère mais vous méprise. Soyez humilié, du fond de votre tombe, soyez humilié…

Des bruits de pas… Roderich se retourna, parce que bientôt, quelqu’un allait entrer et briser cela, la solitude du grand salon l’écrasa violemment. L’homme remonta ses lunettes sur son nez, il avait demandé à ne pas être dérangé lorsque cet homme viendrait. Il lui avait écrit, lui qui pourtant n’avait rien à faire ici. Lèvres closes et cœur fermé, de cette confidence il ne s’était même pas ouvert à Elizaveta.

Il est toujours honteux d’accueillir un ennemi

Il est toujours honteux d’accueillir un frère

Comment faire face à l’albinos, comment faire face à l’homme qui avait porté pendant des années le manteau à croix noire ? Ses premières défaites furent sous les coups de Gilbert, l’enfant soldat frappant l’enfant chrétien. Et Roderich en avait été jaloux, jaloux comme seuls le sont les enfants, lui qui croyait si fort en Dieu, de ne pas également avoir un bel uniforme et des raisons pour se battre.

L’Autrichien pouvait sentir le poids de la croix à son cou, cette croix qu’il avait toujours porté. La Vierge, dans son infini bonté, daignerait-elle tourner les yeux vers lui, ou bien continuerait-elle malgré tout à protéger son enfant terrible qui ne croyait en rien d’autre qu’en elle et en lui-même ?

Etrangetés de la vie, les deux germaniques aimaient chacun Ludwig d’une même affection, mais pourtant ne semblaient ne pouvoir être qu’ennemis sur le champs de bataille.

Pas cette fois…

Le vent des conquêtes soufflait à nouveau sur l’Europe, l’Autriche voulait savoir si la Prusse accepterait de tirer l’épée à ses côtés et non contre lui. Le serment à un même ordre les relierait désormais, même si Gilbert l’avait renié il y a bien des années. Un enfant prodigue ne puvait-il pas revenir du péché, après tout ?

Napoléon serait un ennemi, nul ne se voilait la face à ce sujet.

Alors que Roderich et Gilbert, pour une fois, combattent comme deux frères. Non?
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MessageSujet: Re: 1804 - Schwanengesang [Gilbert]   1804 - Schwanengesang [Gilbert] Icon_minitimeDim 22 Aoû - 20:19

Spoiler:

Il avait voulu croire à une mauvaise blague, tandis que ses yeux achevaient de parcourir les quelques lignes tracées dans un style élégant sur la lettre qu’il tenait entre ses mains. Mais bien vite, il s’était rendu à l’évidence : il n’était dans l’intérêt d’absolument personne de lui faire ça. L’invitation en provenance du manoir des Habsbourg était on ne peut plus véridique, et lui ne comptait en aucun cas s’y défiler. Il ne fuyait pas devant ses problèmes. Or, l’Autriche était un problème. Un ennemi.
Et une partie de sa famille, envers et malgré tout.

Le soleil était déjà bas dans le ciel lorsqu’il quitta sa demeure, et ses derniers rayons avaient enflammé les lourds nuages qui se profilaient à l’horizon en une promesse d’un lendemain incertain et orageux.
Rouge. Comme le sang, comme la guerre. Comme ces sentiments en lui qu’il n’arrivait pas à démêler les uns des autres alors que ses pas le menaient à la rencontre de son éternel rival.

La nation était d’humeur particulièrement maussade, en ce début de soirée ; nul besoin d’être devin pour comprendre que ce XIXe qui s’annonçait serait loin d’être de tout repos du côté des européens. La France avait Napoléon, génie militaire, homme avide et insatiable qui n’aurait de cesse de se frotter aux nations germaniques tant qu’il n’aurait pas eu ce qu’il désirait. Et lui… Lui, il n’avait plus Fritz. Les deux rois qui s’étaient succédés sur le trône à la suite de Frédéric II n’avaient de commun avec lui que le titre royal et un morceau de leur nom. Ils restaient dans l’ombre de leur prédécesseur, n’avaient pas ne serait-ce que le tiers du quart de sa prestance, de sa grandeur passée.

Frédéric-Guillaume III était un homme timide et prudent, qui préférait prôner une politique de neutralité plutôt que de s’engager clairement dans les conflits à venir. Un bien pour un mal, car il y avait tout de même certains avantages non négligeables dans tout cela. Mais la Prusse était faite pour combattre et avancer, non pas pour stagner indéfiniment sur ses acquis tout en défendant tant bien que mal cette si précieuse neutralité. Et puis on aurait beau dire, et lui pourrait bien se targuer de sa puissance autant qu’il le voulait mais seul, il n’était rien. Il ne pourrait pas éternellement camper sur ses positions s’il n’était pas au préalable assuré de l’appui d’autres nations, dont il semblait de plus en plus évident que la France n’en ferait pas partie. Autrement dit, il lui faudrait remettre en question cette si vieille rivalité qui le séparait de l’autrichien depuis trop longtemps déjà. Ensemble contre le français. On déciderait de cela tout à l’heure. Mais ils l’avaient déjà fait après tout, même si le résultat n’avait pas été celui attendu et espéré, et avait une fois encore prouvé leur flagrante incapacité à s’entendre.



[…] Il arriva alors que la nuit achevait de tomber, recouvrant d’un voile obscur toute chose l’entourant. Il se fit annoncer, était attendu, et on lui indiqua où trouver la personne qui avait exprimé le souhait de le voir ici ce soir. Pas besoin de le guider, il connaissait les lieux.

Et tout était silence, tandis qu’il traversait un long couloir semblant interminable. Et tout était vide, le laissant à sa solitude et aux seuls bruits de ses pas qui meublaient le silence en claquant sur le sol. A chaque embrasure de porte qu’il dépassait, il ne pouvait s’empêcher de guetter la silhouette facilement reconnaissable entre toutes de la hongroise tout en ne sachant trop s’il espérait ou redoutait sa vue. Elle avait la poêle facile et son crâne n’était pas fait d’adamantium, après tout.

Enfin quoi qu’il en soit et quelles que furent ses espérances à son égard, elles restèrent vaines ; il ne croisa âme qui vive sinon quelques rares personnes auxquelles il ne prêta guère attention puisqu’elles n’étaient de toute façon pas dignes de son intérêt. Et puis il finit par s’arrêter devant une porte close, et sa main sembla momentanément s’attarder à mi-chemin de la poignée. Quoi, une hésitation ? Ça ne se pouvait, ce n’était pas son genre.
Non, décidément, on aurait tout vu.
Il s’accorda un instant afin faire le vide dans son esprit, et ouvrit résolument les battants de la porte en grand.
Pour se retrouver instantanément face à face avec lui, qui avait dû l’entendre arriver.
Il fit quelques pas en avant, laissa la porte se refermer dans son dos mais ses lèvres restèrent obstinément closes alors que son regard écarlate rencontrait celui de son vis-à-vis. Il se refusait à prendre la parole en premier pour déchirer ce lourd silence qui pesait entre eux deux, et tant pis si cela manquait de politesse. On ne lui avait jamais reconnu cette dernière comme étant quelque chose de prédominant chez lui après tout. Qui plus est, il voulait que l’autrichien expose les raisons pour lesquelles il l’avait sollicité dans sa demeure, quand bien même il les connaissait déjà.

Gilbert voulait entendre de la bouche de Roderich la possibilité d’une alliance entre eux deux. Que ce soit lui qui, le premier, en fasse la proposition.
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MessageSujet: Re: 1804 - Schwanengesang [Gilbert]   1804 - Schwanengesang [Gilbert] Icon_minitimeLun 23 Aoû - 13:07

Mesdames et messieurs, voici le monstre !

Roderich releva la tête tandis que s’ouvraient les battants de la porte. Sur le seuil, se tenait Gilbert. Il n’entra pas, immobile devant une ligne invisible qu’il ne pouvait pas encore franchir. Les deux hommes se regardèrent les yeux dans les yeux. Seul le tic-tac de l’horloge parvenait à remplir la pièce. Sinon, il n’y avait que le silence. Un long temps passa sans qu’aucun d’entre eux ne puisse amorcer un mouvement.

Et puis…

Lentement, Roderich quitta son siège. Il était debout à présent face au Prussien. Aucune différence de taille entre eux, juste les échos d’une ressemblance troublante. Le sang germanique affluait dans leurs veines et la même soif de pouvoir s’accrochait à leurs mouvements. Les deux côtés d’une même pièce, rien de plus. Le roi noir et le roi blanc, pas d’autres pièces d’échiquier entre eux, il n’y avait rien qu’eux. Les yeux de l’Autrichien se posèrent sur le visage blanc, bien trop blanc.

Wilkommen, Gilbert

Des mots sans sens, creux. Ils résonnent juste parce qu’il faut les dire. Ils résonnent sans qu’on puisse réellement les entendre. C’est étrange de parler à cet homme, de ne pas hausser la voix. Pas d’insulte, pas de mots coupants, pas de haine ? Pas encore. Le brun baissa les yeux, non les mains gantées de Gilbert étaient vides. Aucune épée. Cela en était presque effrayant, ils n’avaient toujours connu que les combats et les défis pour se rencontrer. Plus maintenant. Le silence continua quelques instants. Roderich fit un pas de plus. A présent il avait le choix : lui tendre la main pour le saluer ou bien opposer sa propre froideur face au feu dévorant du Prussien.
A nouveau il le regarda droit dans les yeux. Alors seulement, l’homme prit conscience du changement dans le visage de son vis-à-vis. Des traits marqués, un regard dur, bien plus dur. L’aigle noir avait grandit. Depuis le poing de Frédérique II de Prusse, il s’était envolé dans le bleu du ciel, survolant les batailles et les victoires avec la violence d’une étoile filante. Mais lorsque l’oiseau voulut se poser à nouveau, Frédérique n’était plus. Les années ne laissaient aucunes traces chez les nations, seuls les deuils et les amours perdus parvenaient à stigmatiser leurs yeux et leurs âmes. C’était ce qui c’était passé pour l’albinos. Roderich ne parvint pas à décider si oui ou non, l’autre avait pu surmonter son deuil. Que lui restait-il, la douleur ou bien la tristesse ?

Du bist gewachsen…

Encore un pas. A présent ils étaient tellement proches l’un de l’autre…

Kleiner Bruder…

Leur naissance à l’un et à l’autre avait été tellement proche que nul ne savait dire qui était le premier et qui était le dernier. Jumeaux, ils ne l’étaient pas. L’un était trop brun, l’autre trop pâle. L’un avait les yeux trop graves, trop bleus pour conquérir un empire encore plus vaste que le ciel. L’autre les avait trop rouges, trop passionnés et trop fous. Ce n’était pas le ciel dans son regard, c’était le sang qui l’avait construit lui, la puissance militaire. Et ces yeux là, Roderich avait du mal à les affronter, y trouvant une fougue perdue pour lui-même.

Gilbert lui ressemblait. Un peu.
L’Autrichien enleva ses lunettes et soupira. Il chercha dans ses souvenirs la dernière fois où il avait pu traiter l’autre homme en frère. Rien ne vint. Sa main de pianiste se posa sur l’épaule de guerrier. Doucement, il attira Gilbert à lui dans une embrassade fraternelle. Maladroite.

Ich benötige deine Hilfe

Inconsciemment, tout son corps se crispa dans l’attente de se faire repousser. Il avait déjà pu tâter des poings de l’albinos et savait qu’il manquait peut être de cervelle mais non de force.
Pour la première fois, il avait dit la vérité devant Gilbert.

Portes closes, lèvres aussi. Que pouvait-il dire de plus, qu’il s’inquiétait pour Ludwig ? Cela était vrai, mais les mots ne venaient pas.
Comment expliquer cette peur face à l’Ogre ? Il ne voulait plus parler, juste se taire, que le silence revienne, c’est tout…

Bitte…

Spoiler:
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MessageSujet: Re: 1804 - Schwanengesang [Gilbert]   1804 - Schwanengesang [Gilbert] Icon_minitimeLun 13 Sep - 5:00

Et voilà qu’ils étaient à présent face à face, immobiles, silencieux, figés. La voix de l’autrichien brisa tout ceci, tandis qu’il franchissait la distance qui les séparait en quelques enjambées peu hâtives. Il lui avait souhaité la bienvenue, mais l’homme auquel il s’était adressé n’avait guère daigné lui répondre. Simplement, il avait forcé sa nuque à s’incliner en un raide salut face à son vis-à-vis. Il attendait encore, pour prendre la parole, d’entendre certains mots… oui, ceux là mêmes pour lesquels il avait répondu à cette invitation incongrue de la part de son confrère germanique.

L’albinos avait le regard rivé sur le visage de son rival. Le mouvement de ses yeux un instant baissés vers ses mains ne lui échappa guère, pas plus que le sens qui y était accroché. Oui, pas d’épée pour cette fois, il avait consenti de laisser au placard cette lame qu’il aimait tant à manier et par laquelle bien trop de sang avait déjà coulé. Illusoire impression de paix en réalité : si querelle il devait y avoir, Gilbert était persuadé que ses poings feraient aisément l’affaire, face à un homme tel que Roderich. Celui dont les dirigeants se paraient la couronne impériale depuis tant d’années arborait une stature qui paraissait ironiquement frêle et faible comparé à quelqu’un de la trempe du prussien. L’impression de pouvoir le briser en deux à la manière d’une brindille ne l’avait jamais quitté lors de chacune de leurs rencontres, bien que jusque là il n’y avait pas encore réussi. Certaines – rares – fois pourtant, l’occasion s’était présentée… il n’avait juste pas été capable de s’en saisir, tout simplement.


Encore des paroles qui claquèrent dans le silence, toutes aussi vides et dénudées d’intérêt que celles qui avaient précédé. Gilbert rongeait son frein, en silence. L’impatience bouillait dans ses veines, comme toujours. Pourquoi ne venait-il pas droit au but ? Quelle importance de le déclarer bienvenu ici, quelle utilité d’énoncer à voix haute cette constatation sur sa taille ?
Oui, il avait grandi. Il était fort à présent, il était quelqu’un qu’il fallait craindre, un homme sur qui il faudrait compter à l’avenir.
Il l’avait toujours su, qu’il deviendrait ainsi ; il l’avait toujours prétendu. Après tout, c’était tellement évident il n’aurait pas pu être autrement n’est-ce pas ? Et malgré cette faiblesse certaine que lui conférait cette solitude, triste conséquence des alliances sans lendemain qu’il n’avait eu de cesse de forger à droite et à gauche, il continuerait encore et toujours de penser de la sorte.


Kleiner bruder…

Les mots, dans la bouche de Roderich, paraissaient étranges. Frères ? Oh, ils l’étaient certes, en quelque sorte. Mais il ne l’avait jamais qualifié comme tel auparavant, ne lui avait jamais donné l’impression qu’il le considérait ainsi. Et en un sens ce n’était pas plus mal, Gilbert aussi avait de toute façon toujours volontairement omis de songer à ces liens de paternités qui les unissaient bon gré mal gré. L’appellation était donc inédite, la resterait sans doute et ne serait pas retournée. Tout juste s’il avait haussé les sourcils en s’entendant appeler frère, tout juste si ses yeux s’étaient élargis l’espace d’un instant sous l’effet de la surprise.
Et l’autrichien était là maintenant, si proche de lui. Sa main sur son épaule, puis son corps contre le sien. L’étreinte fut perdue, le prussien resta complètement figé dans les bras de l’autre et ne la lui rendit guère, ne faisant pas un geste susceptible de combler cette maladresse qu’on devait à l’inhabitude. Au contraire même, sa froideur face à ça ne l’en accentua que davantage, et ne pas avouer que c’était volontaire eût été un tord.

Puis les paroles tant attendues arrivèrent enfin, elles tombèrent dans ce silence qui n’avait de cesse que de prendre ces aises, opposant une continuelle barrière entre les deux hommes. Et Gilbert de se reculer d’un pas, rompant cette embrassade à laquelle il n’avait de toute façon pas répondu pour considérer le visage de celui qui venait de lui réclamer son aide.
Oh, inutile de le nier, il les savourait ces mots, il y prenait goût. Et ce sourire de prédateur qui étira alors ses lèvres décharnées en étaient la preuve bien visible. S’il te plaît ? Oui, ça lui plaisait de le contempler ainsi, tout juste bon à demander un service à une personne contre qui il s’était si souvent battu.

« Mon aide ? Elle n’est pas gratuite. » C’était à son tour de prendre la parole, enfin. Maintenant qu’il avait eu ce qu’il attendait, il n’avait plus de raison de continuer dans son mutisme. « Que me donneras-tu en échange ? »
Bien sûr, il n’était pas stupide au point de penser que combattre séparément un ennemi commun serait efficace. Il savait pertinemment qu’à court terme, une alliance avec l’Autriche devenait inévitable. Il ne pouvait tout simplement pas l’accepter aussi facilement, se résigner si rapidement à combattre avec lui sous une même bannière sans avoir auparavant essayé de lui extorquer quelque chose. Et ça aurait été de même avec n’importe qui d’autre, l’albinos ne voulant tirer qu’avantages et profits des accords qu’il pouvait envisager de passer avec les autres nations. Mais avec Roderich c’était pire, au nom de cette rivalité qui les séparait toujours.

Elle était faite ainsi, la Prusse. Elle voulait toujours plus.
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Roderich / Autriche


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MessageSujet: Re: 1804 - Schwanengesang [Gilbert]   1804 - Schwanengesang [Gilbert] Icon_minitimeMar 21 Sep - 21:55

Qu’est-ce qu’il avait espéré, de l’amitié ? Non, évidemment. Roderich recula, quelque chose dans son regard s’éteignit, une flamme sans importance qu’il avait déjà oublié. L’homme désigna un fauteuil à Gilbert, prenant place dans celui vis-à-vis. Il pouvait les sentir, les yeux inquisiteurs de l’albinos. Roderich devait certainement échouer au test qu’il lui faisait passer. Roderich échouait toujours.
Pourquoi l’avait-il fait venir, déjà ? Quoi qu’il en soit, l’Autrichien le regrettait. Il détourna le regard, préférant à nouveau se concentrer sur la fenêtre et les lumières agonisantes du soleil. Par delà les jours et les nuits, par delà les terres et les pays, Gilbert était venu. Un cavalier de l’apocalypse l’écoutant appeler à l’aide sans rien faire d’autre.
Pas besoin d’être un géni pour comprendre que ce frère était simplement venu pour l’entendre prononcer des mots bien précis.
Un mur de glace s’éleva entre eux, ils se regardaient sans se voir et bientôt, se parleraient sans s’écouter. Et l’Autrichien n’arrivait pas à le regarder droit dans les yeux. Pas envie. Des traces de cernes s’étaient incrustées dans sa peau, il ne traînait pas la misère, il ne traînait pas le poids du monde, non. Juste une fatigue qui n’avait de cesse de le dévorer depuis ses plus jeunes années.

Que croyais-tu, que j’allais déverser des sacs d’or à tes pieds ? Je n’ai pas de moyens concrets pour te payer. Je peux te proposer des corps d’armes, des pièces d’artilleries, des régions… mais je ne le ferai pas

L’homme se redressa légèrement sur son siège et regarda un point au dessus de la Prusse. L’un comme l’autre, ils refusaient de se faire face. Depuis le début les dés étaient pipés, pas la peine d’espérer grand-chose

Non, je n’ai rien à te donner en échange… En revanche je te conseille de jeter un œil sur cette lettre là, posée sur le plateau. Elle peut t’intéresser… Je l’ai reçu il y a quelques jours, de France. Napoléon souhaite me faire un bien curieux cadeau…

A vrai dire, Roderich ne savait pas si cet argument allait toucher Gilbert. Il n’avait aucune connaissance des valeurs sentimentales que l’albinos pouvait porter aux choses.

Bien sûr, je sais que tu es devenu Protestant…

L’ordre des chevaliers teutoniques appartiendrait désormais à l’Autriche, tels étaient les mots de la lettre. Ironique n’est-ce pas ? Les premières blessures du brun s’étaient faites à l’épée sacrée de ces chevaliers. La haine qu’ils se vouaient à l’époque était aussi démesurée qu’enfantine. Cela n’avait pas changé…
Prendre cet ordre, c’était voler Gilbert d’une partie de son enfance. Celle sauvage et heureuse qu’il partageait avec Elizaveta.
Maintenant, la Prusse avait changé de religion, maintenant la Prusse avait changé tout court.

Ce que veut le Corse, c’est nous contrôler tous autant que nous sommes … Alors il lâche ses cadeaux empoisonnés avant de nous imposer des monarques fantoches. Je ne sais pas si une guerre ouverte contre lui marcherait… A vrai dire je ne suis plus sûr de rien. Tu ne te battras pas avec moi, tu me détestes trop. Pas la peine de faire semblant

Cette dernière phrase, il la prononça à mi voix. Elle n’était pas pour Gilbert. Elle était pour lui : Roderich Edelstein. Qu’il cesse de faire semblant de croire à des alliances improbables, les contes de fées n’étaient plus de son âge. Des chevaliers ennemis ne pouvaient se battre sous la même bannière, pas lorsque la haine les étouffait avec une telle force.
S’il avait une arme, il aurait tout fait pour blesser Gilbert. Ou pire.
L’Autrichien se leva de son siège pour aller jusqu’au piano. Regarder l’instrument ne lui apportait rien, ce qui comptait était le son et non la vu. Mais il ne voulait pas se tourner vers son frère. Jamais.

Si jamais je ne dois pas revenir d’une bataille…prends Elizaveta avec toi.

Une nation c’est comme un père, ça meurt. La nausée menaçait de lui serrer la gorge, de l’étouffer. C’était si difficile de s’expliquer ? L’homme ne voulait plus parler, il en avait assez. Assez de savoir son ennemi dans la même pièce que lui, assez de savoir qu’ils devraient se supporter pour avancer…

Je vais accepter l’offre et prendre l’ordre teutonique… Puis je trahirais Napoléon dès que possible, c’est aussi simple que ça

Sournois, méchant, hypocrite…. Il les détestait, ces mots là. Si Gilbert les prononçait, alors Roderich le frapperait. Tout ce qu’il voulait, c’était se battre avec des armes qu’il maîtrisait… Le Prussien ne ferait aucun commentaire sur son « plan ». Il se contenterait juste de lancer ses mots méchants. A raison.

Non, ils n’avaient aucun soutien à espérer l’un de l’autre.

Juste des coups de haine, de quoi avancer un peu plus… Ils se battaient, ils se blessaient et…et Dieu, qu’ils les chérissaient, ces blessures fraternelles !
Plus qu’aucune autre, c’est pourquoi personne d’autre n’avait à lever la main sur le frère honni. Personne d’autre que lui.
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MessageSujet: Re: 1804 - Schwanengesang [Gilbert]   1804 - Schwanengesang [Gilbert] Icon_minitime

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