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Nous voici arrivés en Prusse-Orientale. Ah ! La fraîcheur de l'Europe de l'Est ! Même si nous n'étions qu'en mai encore ! Mais ça n'était rien comparé à la chaleur du désert perse. D'ailleurs, la nation du même nom risquait de prendre un rhume. Et a cette époque, peu en survivaient.

Perse était vêtu d'un turban très "tape-à-l'oeil". Le rouge qui s'en dégageait était assez vif pour faire disparaître toute attention sur les vêtements satins de nobles français. Après, les vêtements jouaient aussi leur rôle : quel européen se baladerait avec des mocassins, des manches longues et espacées ou même des ceintures de tissu d'une couleur éclatante à la taille ? Perse aimait les motifs assez voyants. France lui a même fait plusieurs compliments pour ses goûts. Après tout, il était plus civilisé que Turquie, n'est ce pas ? Mais c'était bien parce qu'il ne pouvait plus faire la guerre à n'importe qui. Surtout lorsqu'on est l'objet du chantage du Royaume-Uni. Il s'est aperçu que devenir roi des sept mers était bien plus qu'une lubie... Il a planté des villas un peu partout : en Inde, sur la côte est-africaine... Et même en Perse. Cependant, sans son expérience, la Perse serait probablement passée sous le joug ottoman. Le perse ignorait d'où venait cette nouvelle technologie. Il savait juste qu'il était désavantagé par rapport à Turquie, qui l'a très certainement déniché de l'Europe. Angleterre, voyant en Perse un allié contre l'Empire Ottoman a accepté de l'aider à évoluer un peu. Cependant, il a commencé à fourrer son nez dans sa politique. Lorsqu'il s'agissaitd e nouvelles découvertes, Perse en devenait tellement simplet que perdre indirectement son indépendance ne le gênait pas vraiment. A vrai dire, il se trouvait dans une position assez désavantagée, ayant passé trois siècles sous la barbarie mongole. Toute l'Asie était désavantagée à ce niveau : Inde a connu des troubles intérieurs. Ce n'était pas mieux du côté de Chine. Les trois anciennes nations du continent asiatiques se sentaient arriérées. Dire qu'autrefois, ils faisaient pâlir les européens...

C'était une occasion rêvée pour s'allier avec le pire ennemi de son fournisseur d'armes actuel : France. Perse voulait se débarrasser d'Angleterre pour une bonne raison : Il voulait envahir l'Inde et le faire sien. Comme pour ce qui s'est passé à l'époque Ashfaride où il avait retrouvée son âme de conquérant. A cette époque, il avait pris les bijoux indiens, aujourd'hui fraîchement conservés. Et dire que ce petit Inde n'a même pas cherché à l'envahir pour venir les lui récupérer ! Cette invasions se passerait non seulement avec France, mais avec son petit frère : Afghanistan. Outre sa malchance, sa détermination et sa position géographique seront d'enjeu. Après tout, France n'ets pas le genre d'homme a refuser le frère de son allié dans la partie.

Puis il y avait Russie aussi. Oh oui... La nation qui avait osé lui tenir tête sur deux reprises... Qu'il a remporté haut la main. Cet enfoiré de russe voulait s'avancer au sud. Toujours plus au sud. Et pour forcer la maison de Perse qui se trouvait au sud, justement, il lui fallait passer par le Caucase. On aurait dit que rien ne lui faisait peur. Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie étaient en danger. Il fallait se débarrasser de l'ennemi russe en priorité. Et ce n'était pas l'envie qui manquait à Perse. Avec France, ils joueront à deux contre un. Cela sentait la victoire pleinement assurée. L'envie de voir les rêves du russe brisés en mille morceaux ravit de plaisir le coeur de Perse.

Entré dans le château de Finckenstein, le perse tenta de trouver son chemin vers la salle de conférence. C'était curieux qu'il n'y avait pas de français pour l'accompagner. Il était à l'heure, pourtant. Mais pour les gens "normaux", il avait plus d'une heure et demie de retard. Ne comprenant pas pourquoi, Perse fit les cent pas dans le couloir en se demandant pourquoi le château semblait vide.

"C'est vraiment curieux... Pas de France..."

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France n'aimait pas les signatures. La simple idée de signer un traité lui donnait des frissons. Il en avait déjà trop fait, des alliances, trop brisées et trop respectées. Parfois, son inconscient lui dictait de rester seul et de se débrouiller sans aucune aide extérieure, à l'image de son golden caterpillar, Angleterre. Mais il savait qu'il en était incapable et que vivre seul l'effrayait plus que la trahison, encore. Alors il signait à tout bout de champ et imaginait qu'il avait de véritables amis. Parfois, la vie d'humain lui faisait envie. Avant qu'il ne se le s remémore, vieillissants et malades. Là, soudainement, son esprit soupirait d'aise à l'idée de ne jamais connaitre la mort.

Arrivé en Prusse Orientale, il avait hésité à aller saluer ce pauvre Gilbert, en permanence empêtré dans ses guerres. Mais il s'était ravisé: ce dernier devait sans doute avoir besoin de repos, ou alors il était occupé à trancher des têtes sur un quelconque champ de bataille.
France s'ennuyait donc profondément, cloitré dans un château qu'il ne connaissait guère, entouré de servants et de hauts dignitaires dont il n'avait strictement rien à faire. Il se laissa mollement tombé dans un fauteuil et commença à songer à son invité.

Il ne connaissait pas très bien Perse. En réalité, il n'y avait guère fait attention, personnellement. Non pas par dédain ou par haine, loin de lui ces idées idiotes...mais les nations asiatiques avaient sombré dans le déclin, du moins, aux yeux des européens, qui, à force de progrès et de découvertes, avaient fini par les prendre pour de vieux arrièrés. Bref, il ne l'avait pas souvent vu et ne s'en souvenait pas. Ses soucis actuels l'avaient forcé à proposer ce fichu traité et ses préoccupations ne l'intéressaient guère. Qu'il soit fâché avec Ivan l'indifférait autant que ses propres conflits l'attristaient. Il vouait encore une grande affection au Russe, avec qui il s'alliait et se battait à la fois, au fil des années. Sa culture rayonnante et ses attitudes perturbantes n'avaient fait qu'attiser la curiosité du français qui s'était surpris à lui accorder une grande importance. Il pensa aussi à Angleterre...mais lui, c'était habituel. Ils s'étaient toujours plus ou moins fait la guerre, rien d'exceptionnel à ce qu'ils soient encore fâchés. Ca ne durerait pas.

Il croisa les jambes et lança un regard vague autour de lui. Encore quelques minutes. Enfin, il ne comptait pas sur la ponctualité de la Perse, les signatures de traités avaient tendance à ennuyer tout le monde, de toute façon. Les français présent au château commencèrent à s'impatienter. France s'enquit de l'heure et constata avec surprise que l'asiatique avait déjà une heure et demi de retard. Lui-même ne se rendait même plus compte du temps qui passait.
Il descendit lentement l'escalier et, jetant un coup d'oeil aux belles décorations, se demanda si l'étranger n'en avait pas profité pour faire un peu de tourisme. Il ne pouvait pas lui en vouloir, l'Europe était leur grande fièrté à tous.

" Il y a quelqu'un ? " demanda France, un peu ragaillardi à la pensée d'avoir affaire à un intellectuel.

Il s'avança dans le corridor et aperçut une silhouette qui ne pouvait qu'être celle de la Perse tant recherchée. Celui ci portait un turban et d'autres habits amples qui n'avaient rien à voir avec les riches apparats du français. Ce dernier s'approcha de lui et le salua poliment.

" Vous êtes Perse, n'est-ce pas ? " s'enquit-il tout aussi poliment.

Il attendit sa réponse avec diplomatie. Il était tout de même plus âgé que lui, et son instinct lui dictait le respect.

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Francis était un homme galant et doux, ce qui en faisait un hôte parfait pour ces dames. Il ne se privait pas de quelques courtoisies mal placées ou d'amitié superficielle, bien sûr, mais il demeurait poli et agréable en toutes circonstances et conservait donc une popularité toute reluisante auprès des femmes.
Cependant, chez les hommes, il en était tout autre. En effet, Francis était totalement dépourvu de toutes ces caractéristiques que l'on nommait vulgairement "masculines". Il n'aimait pas les sports et le manque de réflexion des courtisans l'effrayait -il s'en souvenait encore aujourd'hui-.
Si bien que ses camarades Nations lui reprochaient souvent d'être un coureur de jupons -avec les humains- et de ne pas porter assez d'intérêt à l'art guerrier. Mais le sang et les armes l'avaient lassé, et tous s'en rendaient bien compte.

Ca, c'était avec les humains.
Car ses amants étaient tous des Nations. Il n'avait que rarement touché à un humain de sexe masculin, alors que ses salons regorgeaient toujours de femmes et de jeunes demoiselles. La raison en était inconnue, mais les seuls hommes qu'il appréciait à leur juste valeur étaient des nations, c'était un fait.
Pourtant l'homme qui se tenait face à lui avait tout d'un humain. Voici la source de son étonnement: il rougissait comme un jeune garçon -qu'il n'était pas- et se comportait tel un de ses suivants. Cette attitude étrange déconcerta Francis un instant. Il reprit néanmoins rapidement ses esprits et retrouva son calme.

"Je... Je pense que nous devrions nous asseoir dans la salle de conférence et que nous devrions mettre au point ce... Traité."

Francis acquieça sans mot dire. Il hésitait à accorder facilement sa confiance au Perse. Ses raisons étaient diverses: d'abord, il ne le connaissait pas bien. Ils ne s'étaient presque jamais vu (et si ils s'étaient déja rencontrés, il n'en avait pas le souvenir), et n'avait que peu entendu parler de ses exploits militaires, peut être à tort, mais quoi qu'il en fût, ce personnage restait à ses yeux un grand mystères.
Ensuite, leurs cultures étaient totalement opposées. Loin d'être un homme sectaire, Francis était prudent, et il avouait avec un brin de honte qu'il accordait sa confiance plus facilement à ses voisins. Une réaction tout à fait humaine, soit dit en passant, qu'il tentait de dissimuler aux yeux de ses camarades.
Enfin, son comportement étrange l'avait perturbé et son esprit vagabondait entre une sympathie amicale envers le futur allié et une méfiance prudente envers cet étranger.



Il lui fit signe de le suivre et en profita pour le laisser admirer les lieux. Cet endroit n'était pas connu de Francis non plus et il jouit lui aussi de la visite, observant les tapisseries et les tableaux avec grand intêret.
Ils arrivèrent enfin au Salon, et s'assirent sur deux grands fauteuils, à l'écart des négociations humaines. Les Nations européennes avaient pris cette habitude commune de séparer leurs négociations de celles des mortels. Par dédain pour certains, par prudence pour d'autres, peu importait à Francis qui souhaitait tout simplement discuter dans le calme. Il se souvint avec joie que l'étranger parlait le français. C'était une bonne nouvelle, et cela faciliterait grandement leurs échanges, surtout s'ils venaient à se corser.

On apporta des pâtisseries et autres gâteries qui ravirent les yeux de la Perse. Francis le devina gourmand et sourit à l'idée de partager quelque chose avec une Nation si lointaine.

" J'espère que vous vous plaisez ici.. "

Commença-t-il avec grand calme. Il se servit une pâtisserie à la crème, ne pouvant s'empêcher d'avoir une pensée pour son homologue anglais. Ils allaient encore devoir se faire la guerre. Cette simple idée lui tira un soupir. Il savait pertinemment qu'ils ne s'en tiendraient pas plus rigueur qu'a l'habitude, mais leurs conflits étaient souvent pénibles et ne donnaient jamais de résultat. Il se rassura en songeant qu'il ne s'agissait là que de l'inévitable tribut des rivaux: égaux et toujours en conflit.

" Cependant, nous devons commencer les négociations " continua-t-il en s'enfonçant dans le fauteuil moelleux. " Avez vous été mis au courant des termes de l'accord ? "

Il espéra que les discussions se passeraient sans encombre et jeta un oeil à la porte close. Chez les humains, cela risquerait de prendre un peu plus de temps...