« À Nous l'Ivresse, l'Ivresse de la Vitesse ! »


l’Inconscient & l'Autorité Précaire
« DIS ? C’EST QUAND QUE TU M’APPRENDRAS LES LOOPINGS ? »

Fin 1939. La guerre est déclarée.

Une autre jolie et sanglante guerre européenne qui allait sans aucun doute se transformer en une chose d’une tout autre ampleur. Un monstre. Une autre guerre mondiale. Connaissant les autres nations, Australie en était certain. Connaissant le caractère d’Amérique, c’était sûr. Il en aurait donné sa main à couper. C’était d’ailleurs dans ce contexte qu’il était entré en guerre.

Oui parce qu’Arthur avait eu la bonne idée de soutenir Francis contre l’Allemagne. Parce qu’ Arthur l’obligeait à engager des hommes et donc Evan dans la Royal Air Force. Parce que l’Australie devait encore soutien à la « mère patrie », à la Reine d’Angleterre. Parce qu’il n’avait pas vraiment le choix. C’était toujours comme ça avec le britannique. Il ne te prévenait jamais du pourquoi du comment, il voulait que tu exécutes les ordres sans vraiment savoir où ce que cela allait te mener. Comment ne pas avoir envie de faire un peu de résistance face à cette autorité éphémère qu’avait l’anglais face à l’australien ?

Australien qui d’ailleurs, ne possédait que des hommes de terrain, de terre, de mer mais pas de l’air. Il ne connaissait qu’à peine les bases de l’aviation militaire que déjà on voulait l’envoyer sur le front en Europe. Quelle irresponsabilité, vraiment. Cet anglais voulait sa mort, c’était sûr ! C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait créé l’Empire Air Training Scheme, l’EATS. Ce programme, c’était un moyen de renflouer les effectifs de la RAF pour permettre aux populations masculines et assez âgées pour se battre de servir l’empire britannique et son Commonwealth.

La fermeture éclair de son treillis remontait lentement dans un son métallique.
Evan le savait. Il savait que son apprentissage au Canada n’allait en aucun cas lui permettre de défendre ses propres terres, ses terres qu’il aimait tant. Le Royaume-Uni, c’était assez d’influence pour faire muter tous les hommes dans la RAF et non dans les unités aériennes des pays dont ils étaient issus.

Soit, il allait faire cette formation… pour lui. Pour lui et lui seul. Pour protéger son pays d’une éventuelle invasion japonaise, membre de l’Axe depuis sa création. Ce n’était pas qu’il craignait Kiku, mais il valait mieux prévenir que guérir.
Il était prêt. Prêt pour sa première leçon d’aviation.

Cela faisait maintenant une semaine, peut-être deux, qu’il était sur le sol canadien. Il avait déjà vu Canada. Peut-être une fois ou deux lors de quelques réunions entre anciennes colonies britanniques. L’australien l’avait trouvé très… discret, pas très assuré voire même sans réelle autorité quelconque sur n’importe qui ou n’importe quoi. On aurait pu clairement le définir comme une nation-fantôme. Presque transparent, sans réel poids sur les affaires mondiales.

Et pourtant. Pourtant c’était lui qui allait lui enseigner des trucs. Oui c’était difficile à croire comme cela mais c’était bien ce qui allait se faire pour les quelques mois à venir.

Marchant d’un pas décidé dans les couloirs de la base sur laquelle il avait été affecté, Evan ne se rendait même pas compte à quel point il pouvait être en retard. Premier cours, premier retard. Il n’imageait même pas la tête de Matthew. Bah, pas grave, il ferait bien la passe sur ceci après tout. L’australien allait peut-être pouvoir profiter de l’autorité faiblarde du canadien pour l’embêter ? Oui, sans doute, enfin il verrait bien. La porte de la salle où il devait se rendre se profilait au fur et à mesure de ses pas. Il ne prit pas le soin de taper à la porte. Matthew devait sans doute déjà être là pour lui faire le topo de la situation.

Il poussa violement la poignée de la porte, entrant non sans fracas dans la pièce.

« Hey ! J’espère que j’suis pas en r’tard hein ? »

Et il s’installa au premier rang, affalé sur sa chaise comme un bad boy pourrait le faire. Attendant avec impatience le début des festivités.

La guerre, les armes, les responsabilités… tant de sujets banals en temps de guerre que le jeune homme n’avait que faire. Lui ce qu’il voulait c’était apprendre à piloter… et à faire des cabrioles à l’occasion.

Spoiler:

Vraiment. Le jour où il reverrait la tête de ce satané britannique, il ne donnait pas cher de sa peau.

L’obliger à participer à cette guerre déjà il n’en comprenait pas vraiment l’utilité. Bon d’accord, Ludwig avait fait fort à laisser son pays à la dérive tout ça pour se sortir de la crise économique. Mais il n’était pas le seul à avoir subi cette crise. Alors pourquoi le service militaire rétabli et le renouveau de l’industrie métallurgique ? Sans doute pensait-il que la solution au chômage avait été de faire travailler tout le monde pour cautionner la guerre... et bien il avait brillamment réussi. Il avait déjà rayé Pologne de la carte, on ne savait pas vraiment ce qu’il était devenu d’ailleurs, et n’attendait que d’attaquer Francis, bien caché derrière sa ligne Maginot.

Enfin tout ça.. c’était loin. Loin de l’Australie, ce pays à l’autre bout de la planète et qui n’avait eu que pour seule préoccupation des liens avec les Etats-Unis, ou avec la Nouvelle-Zélande avec qui il partageait une histoire bien particulière. Evan ne se sentait pas vraiment concerné par cette guerre européenne. Il ne faisait pas partie de la vieille mère. Non. C’était Arthur qui était là-bas. Pas lui.

Le aussie se pinça nerveusement la lèvre.

Quelle idée il avait eu de garder des liens étroits avec l’Angleterre, vraiment. Devoir participer à ce programme était la dernière chose à laquelle il aurait aimé accorder de son temps. Mais c’était comme ça. Les ordres d’Arthur étaient indiscutables parait-il. Enfin, au moins une chose le consolait un peu. Il allait avoir le Canada comme instructeur, et ça… cela promettait du spectacle.

« Je suis sincèrement désolé, je me suis levé en retard à cause de l’entrainement de sauts en parachutes nocturne ! Je n’ai pas vu l’heure passer et… ! »

Whow. Alors ça… ça c’était de l’entrée en matière.

La tête de l’australien bascula en arrière pour admirer qui venait de faire irruption dans son moment de solitude et de pensées hargneuses. Le voir à l’envers n’était pas terrible, et le sang qui passait à une allure impressionnante dans ses veines lui monta rapidement au cerveau. Il se retourna tranquillement, perpendiculaire à sa chaise. Seul un « hum » s’échappa de sa gorge alors que le canadien rejoignait l’avant de la salle. Comme toujours, il était accompagné de son éternel ourson. Kuji…. Quelque chose. Evan ne se rappelait pas de son nom. Enfin ce n’était pas grave. Lui avait Wahan* en attendant.

Tiens d’ailleurs. Où était-il celui-là ?

Il regardait à droit et à gauche, n’entendant même pas la question de Matthew alors qu’une petite tête grise faisait surface derrière l’épaule de l’aventurier en herbe. Aaah le voilà. Non content de retrouver son animal de compagnie, son « ami » pourrait-on le qualifier, qu’il le sorti de derrière son épaule, l’animal poussait un petit couinement d’être ainsi porté, et le posa derrière sa tête, afin qu’il ait la meilleure place pour admirer le professeur. Wahan jaugeait l’ours aussi bien qu’Evan jaugeait son maître.

« J’imagine que tu es ici parce qu’Arthur te l’as demandé ? »

Les sourcils de l’anglais se froncèrent. Première paroles échangées et il mentionnait déjà Arthur. Bon dieu, il n’avait jamais la paix. Un soupire s’échappait de sa bouche alors qu’il croisait les bras sur son torse, se balançant sur sa chaise :

« Demandé ? Ou obligé ? Là est toute la nuance. »

Oui, on pouvait deviner un peu de mépris dans ses propos. Canada avait été en partie élevé par Francis, il ne savait pas ce qu’Evan avait subi avec l’Angleterre. Il lui avait envoyé par bateaux des orphelinats, des couvents, des maisons closes entières pour peupler la terre australienne et ça… bien que cela avait contribué au développement du pays, le brun ne le digérait toujours pas. Cette arrivée massive de population européenne avait pratiquement entrainé l’hécatombe des populations autochtones et ce, sans le moindre remord. Non vraiment, Arthur et Evan ce n’était pas la vie de couple dont tout le monde rêverait.

Son regard se plongeant dans les yeux canadiens. Il était tout de même impatient de pouvoir voir s’il pouvait dépasser acquérir assez d’expérience en matière d’aviation de combat pour que les gloires de la RAF ne revienne qu’aux pilotes australiens et non aux britanniques… beaucoup trop « coincés » au goût de l’ancienne colonie.

« Bon, trêve de bavardage, on commence quand ? »

Spoiler: