Radio Monde, allô, c'est pour un lien de parenté ... [2010 - Af. du Sud - réunion quelconque]

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Ré-u-nion ~ Mon-dia-leuh ~

Ou comment se voir noyer sous un flot de parole. Autant dire que le Portugais n'aimait pas ça. Ne pas être écouté, mieux, ne pas être entendu, cela avait tendance à l'agacer. Malheureusement, il ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. Il y avait une telle cacophonie qu'aucun ne pouvait entendre sa propre voix.
Il fit tourner son stylo entre ses doigts avant de le saisir en micro.
Il n'aimait pas l'ennui. Et si personne ne l'écoutait, alors, autant y allait à fond : tout est permis ~ ! Une inspiration, et c'est parti …

« Bienvenue sur Radio Monde ! Aujourd'hui, le match est 'quel symbole pour le danger que représente les déchets nucléaires ' ! La balle est – comme toujours – entre les mains de l'Américain. Le premier coup est 'un héros qui défendra les habitants du monde des déchets ou qui les emmènera avec lui sur la lune'. Ouh la la, c'est loupé, l'Anglais reprend la balle en annonçant que 'c'est insensé et illogique' …. Bientôt doublé par l'Italien qui propose une tête de mort. Oh oh ? »

Il balança ses jambes sur la table, s'affalant dans son siège. Le regard vif, il cherchait à suivre le fil de la conversation en ignorant les discussions annexes : mine de rien, ça fait passer le temps et ça demande beaucoup de concentration.

« Oh, visiblement, le Français contre cela en évoquant la vanité du crâne. Le Polonais coupe le discours du Français et enchaine sur la tête du Russe qu'il trouve 'genre, totalement trop adapté à la mort'. Le visé semble touché, mais pas coulé ! Et c'est sa petite soeur qui riposte à coup de couteaux. Le Lituanien brandit un plateau et une spatule, et c'est parti pour le combat ! Glaciale bouchère ou prince au foyer ? Quel suspense ! »

Il fit un clin d'œil à la Biélorusse, qui lui répondit par un regard froid presque meurtrier. Pour sûr, il avait intérêt à courir en rentrant tout à l'heure …
Et la bataille slave fit rage dans ce coin de pièce, il s'intéressa donc aux quelques qui tentaient encore de faire régner l'ordre et le calme. Tiago observa un à un les blocs qui peu à peu se formaient. D'un côté, une distribution intense de petits gâteaux, que des petits têtes aux cheveux noirs et raides, bien que les uns furent calmes et les autres plus bruyants, ils n'en demeuraient pas moins identiques aux yeux du Portugais.
Plus près, cela causait de vieilles batailles, auxquelles plus personne, vraiment, ne fait attention. Ce genre de bataille dont le nom est inconnu à tous et que l'on nomme par des dates approximatives et par des résultats. Ce genre là que lui connaissait que trop. Ainsi, laissa-t-il tomber ce côté de table, avant de se mettre à repenser aux grandes guerres menées il y a des siècles déjà. On parle de futur. Pas de passé. Quoiqu'il fusse heureux de prendre part à cette discussion...
Bien. Il refit tourner le stylo entre ses doigts, visiblement, le sujet de la réunion venait déjà de disparaître. Rapide. Les déchets nucléaires, ensevelis sous les biscuits volants et les piques verbales qui fusent de part et d'autre de la pièce.
Coup de coude en avant, destiné à tirer sur sa manche pour dévoiler sa montre. Allez. 10... Cliquetis de bic. 7 … Pied d'homme contre pied de table. 4 … Raclement de gorge. 1 …

« Silence ! »
Bingo.
Comme prévu. L'Allemand claqua un dossier sur la table – le porte-document, hein, pas celui de la chaise … Quoique. Tous se turent, certains se faisant plus petits qu'ils ne le sont déjà – coup sûr que le Letton finir plus petit que ses baskets.

« Chacun votre tour, nous apportons un symbole que nous discuterons tous ensemble un par un ! … Bien. Quelqu'un a quelque chose à y redire ? »
Oui, faites taire l'Italien avant qu'il n'ait le temps de répondre 'Pastaa !'.

« Personne ? Bien ! Qui veut commencer ? Oui, toi ! »

Une nation fantôme – non, pas le Canada, mais ce genre de nation qu'on oublie tout de suite le nom, parce que bon, c'est à l'autre bout du monde et qu'avant la réunion, vous ne saviez même pas que ça existait – leva la main pour demander la parole.

« Mettons une photo de sca... Scom.... Scone ? Côté mort, tout ça, ça colle bien, non ? »
Quelques rires dans la salle, rapidement étouffés à la vue du regard réprobateur du principal concerné. L'Allemand soupira et laissa tomber le verdict :

« Mettons fin à cette réunion pour aujourd'hui. Et soyez plus sérieux pour demain ... »

Et le brouhaha revint en force, nouvelles discussions, pour cette nouvelle machine à café, pour cette nouvelle voiture écolo', pour cette veste tout neuve d'un tel … Des futilités. Tiago resta sur sa chaise, préférant attendre encore avant de quitter la salle. Là, tout de suit, il risquait de croiser quelques personnes à … Tout simplement éviter. Mauvaise idée.
La salle fut vide de moitié... Puis il ne resta qu'un tiers, un quart, un dixième … Le Portugais s'apprêtait à se lever quand quelque chose décida que non, il devait garder les fesses sur ce siège.
Parce que non ! Il ne devait pas rentrer chez lui maintenant pour retrouver son hamac et son vin, c'était trop facile ! Allez, faut un peu de difficulté !
Des difficultés venus de loin.

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