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 [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-

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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeDim 27 Sep - 20:35

[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1256556494352
« C' e s t l a g u e r r e , c a m a r a d e »

« Oh, you're lovin' me to death
You're killin' me with kindness
What's behind this sudden tenderness »



1 9 4 8, Russie

    Aussi froide que la glace, la demeure d'Ivan ne laissait rien transparaitre de son désarroi actuel. Oh, rien de politique, pourtant, rien de sentimental, rien de vraiment grave.
    Il avait refusé ce plan hypocrite que lui tendait Alfred. Il n'en avait pas besoin, il avait confiance en ses dirigeants et pouvait se débrouiller seul, aucun besoin de ce gamin pour se relever.

    Alfred avait pourtant insisté, pas réellement en tant que Nation cette fois, mais en temps qu'humain "humaniste et respectable", comme il disait si bien.
    Ce gamin avait de l'avenir, et si il avait été un humain, la carrière politique l'aurait embrassée au berceau. Il savait parler et trahir.

    Ivan avait tout de même accepté de discuter un peu. Ils avaient été alliés, amis, même, dans le passé, et ce n'est pas un simple...changement de doctrine qui pourrait atténuer ça. Enfin, il y aurait cru, s'il n'avait pas déjà tant vécu.
    Il sourit doucement en pensant à Alfred. Il était si jeune, encore, il devait penser que le héros qu'il était allait le "sauver du communisme, yeah !".

    Ah ah.
    Il avait presque hâte qu'il arrive, tiens. Déambulant dans son bureau, il regardait la neige tomber avec mépris. Ces flocons, il les haïssaient comme le choléra. En espérant qu'ils ne lui portent pas malheur dans son entretien.


Spoiler:


Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:44, édité 3 fois
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMar 29 Sep - 15:24

Le monde était séparé en deux : les deux superpuissances et les autres. États-Unis et URSS s'étaient engagés dans un face à face glacial qui ressemblait fort à une roulette russe. Haha. On aurait dit deux félins, nobles et racés, qui se jaugeraient, subtils, avec entre eux, une souris recroquevillée : l'Europe. Restait à voir qui s'en emparerait en premier...

De son côté, Alfred était sincèrement persuadé que c'était son opinion qui était la meilleure et qui devait primer, alors qu'Ivan devait penser la même chose de son côté. Mais pour l'Américain, le communisme était diabolique : il fallait à tout prix l'éradiquer et empêcher que son fléau se répande ailleurs. Cuba, cet imbécile, avait déjà succombé aux charmes du slave. La jeune nation émit un reniflement dédaigneux dans la voiture, bien escortée, qui devait le mener jusque chez son ancien allié. Par fierté sans doute, le Russe avait refusé le plan Marshall, cette précieusement aide financière qu'il avait accordé à l'Europe, et même au Japon, pourtant ancien membre de l'Axe. Mais bon... Le plus intelligent était celui qui pardonnait le premier, n'est-ce pas ?

Or, Ivan ne semblait pas avoir assimilé cet état de fait. Il s'entêtait bêtement à le rejeter et à garder ses oeillères communistes sur les yeux. L'idiot. Alfred était sincèrement désolé pour lui. Dépassant son statut de nation, il lui avait même demandé de coopérer et d'accepter son aide, en tant qu'homme cette fois, mais il s'était de nouveau heurté au mur soviétique. Alors cette fois, il irait le voir en personne, dans son palais de glace. L'Amérique se demandait parfois si leur coeur de l'homme du nord était à l'image de son pays : immaculé, blanc et froid. Il réprima un frisson en s'imaginant la chose. Tout de même... La vie devait être rude au milieu de la steppe et de la toundra.

Lorsqu'Alfred descendit de la voiture, il serra les pans de son manteau autour de son corps, frileux. Il avait beau s'être équipé de tout ce qu'il fallait pour faire face au froid sibérien, la température l'avait saisi. Impatient de revenir au chaud, Etats-Unis se dirigea à grands pas vers le palais du Russe. La poudreuse recouvrait le paysage d'une opaque chape blanche qui étouffait tous les sons et collait à ses semelles. Etrange... Il avait l'impression d'être plongé sous l'eau, comme si tous ses sens avaient été anesthésiés... L'effet soviétique ? Alfred hâta le pas.

La jeune nation pénétra dans le hall et on le débarrassa de ses affaires mouchetées de neige légère et collante. Il passa une main dans ses cheveux blonds pour en retirer les quelques flocons qui s'y étaient accrochés et se recoiffa sommairement avant de monter, une fois ses chaussures séchées. On le guida à travers le dédale de couloirs jusqu'au bureau d'Ivan. Plus il avançait, plus il se sentait oppressé par l'esprit russe et communiste des lieux. Brr ! Heureusement qu'à cette époque, les Brigades du Tigre et les Promesses de l'Ombre n'étaient pas sorties au cinéma, ou bien Alfred aurait sans doute détallé. Deux films sur les moyens... Ehm... peu courtois qu'ont les Russes pour... Euh... persuader leur entourage, n'est-ce pas... Brref, ça fait peurr.

Un domestique l'annonça et Amérique entra dans la pièce. Ivan l'y attendait. Visiblement, il faisait les cent pas. On referma la porte derrière eux. Voilà. Il était désormais seul avec la deuxième superpuissance de cette histoire. Alfred pris une inspiration puis, diplomate, força un sourire plus vrai que nature pour aller lui serrer la main chaleureusement. Alors qu'ils échangeaient leur poignée de main, la jeune nation lança :

« Good morning, Ivan. Cela fait un certain temps qu'on ne s'est pas parler de visu, toi et moi. »

Lui tenir ce discours le mis plus à l'aise et son sourire se fit plus sincère et détendu. Malgré les quelques accrochages et divergences d'opinion qu'il avait avant Ivan en ce moment, ils restaient d'anciens alliés, non ? Quel naïf.

« Je t'ai ramené quelques bouteilles de bourbon pour l'occasion, tu m'en diras des nouvelles... »

Sur ces mots, un domestique entra et donna un paquet contenant ledit alcool à Alfred. Ce dernier le posa sur le bureau de Russie avant de s'éclaircir la gorge et de demander, mondain :

« M'offrirais-tu un peu de ces petits oeufs de poissons succulents... du caviar, avec un peu de vodka ? Depuis que tu m'as fait goûter ça, je dois avouer qu'il m'arrive d'en rêver la nuit ! Penses-tu qu'on pourrait en faire des glaces ou des hamburgers ? »

Touche du bois, Alfred, touche du bois ! Mais attention quand même : il ne faut pas vendre la peau de l'ours... *ombre d'Ivan-bear* non, il ne faut pas !


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MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMar 29 Sep - 19:05

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    Alors que la neige continuait de tomber passivement, Ivan fut brutalement arraché à sa rêverie. Un domestique venait de faire entrer son invité sans qu'il ne lui ait demandé l'autorisation préalable. Ce jeunot allait payer son crrrime assez rapidement, mais l'histoire de ses souffrances futures n'intéresse personne.

    Alfred se tenait là, devant lui, un charmant sourire ornant son visage. Peut être que dans un cadre plus agréable, Ivan aurait pu lui retourner son sourire, seulement voilà, ils se trouvaient l'un en face de l'autre, arch ennemi face à arch ennemi, et la situation était tout sauf "détendue et sympathique".
    Il se tenait face à lui et osait afficher son délicieux sourire hypocrite. Un culot pareil était une marque de fabrique: il n'était pas venu là innocemment, il n'arrivait pas tête baisée, et son regard avait conservée cette étincelle enfantine. Il se cachait derrière, pensant sans doute tromper son monde, pauvre imbécile !

    « Good morning, Ivan. Cela fait un certain temps qu'on ne s'est pas parlé de visu, toi et moi. »


    Un certain temps. En effet, il avait raison.
    Ivan se repellait douloureusement du temps où ils s'accordaient une confiance mutuelle. Cela lui semblait remonter à des années. Les embrassades, son regard naïf de colonie, ses demandes incessantes, ses questions et interrogations permanentes, ses sollicitations, et puis cette fascination qu'il avait déjà tout jeune pour le pouvoir. Ivan aurait dû s'en méfier, il le savait pertinnement, et il se demander encore comment la force de cet enfant n'avait pas pu lui sauter aux yeux.
    Aujourd'hui, il se disait que peut-être, cet affrontement représentait tout ce qu'il avait toujours souhaité... un ennemi à sa taille. Ou pour être plus juste, un ennemi qui tienne exactement les mêmes raisonnements que lui...à l'envers.
    Le nombre de leur points communs était tout simplement halluciants, presque égal à celui de leur différences.

    « Je t'ai ramené quelques bouteilles de bourbon pour l'occasion, tu m'en diras des nouvelles... »


    Du bourbon, mhhh. Rien ne valait la vodka. Mais il ne disait pas non contre un verre, il ressentait une terrible envie de détente, d'un seul coup. Enfin, au sens propre bien sûr, il n'était pas question de ressortir perdant de cette entrevue. Il était de son devoir de convaincre Amérique que le communisme renfermait autant de petites choses agréables qu'un Kinder Surprise.

    « M'offrirais-tu un peu de ces petits oeufs de poissons succulents... du caviar, avec un peu de vodka ? Depuis que tu m'as fait goûter ça, je dois avouer qu'il m'arrive d'en rêver la nuit ! Penses-tu qu'on pourrait en faire des glaces ou des hamburgers ? »

    Ivan retint un rire. Il était partagé entre l'hilarité et la consternation. Alfred était encore jeune, et la confiance qu'il avait en lui était touchante. L'idée des glaces au caviar n'était pas si mauvaise, cependant, Ivan songea un instant à lui voler cette alléchante idée. Il abandonna en songeant au mot "glace". Le froid le rendait malade.

    Il invita Alfred à s'assoir sans lui offrir de meilleure réponse qu'un sourire ironique puis prit place sur un fauteuil, juste en face de son hôte.

    « Tu t'en doutes, Alfrred, je ne t'ai pas invité pour jouer aux dominos. »

    Il fixa son invité, plongeant ses iris violets dans les siens.
    La motivation lui manquait. La guerre était encore proche, il se sentait anéanti, épuisé, seul son idéal le guidait encore. Alfred était un aveugle qui refusait volontairement de voir le soleil. Il ne voulait pas admettre que ses idées étaient meilleures que les siennes, admettre sa défaite, admettre ses erreurs, sans aucun doute enivré de l'ivresse de ses victoires successives.

    Un jour, tu apprendras, Alfred, qu'il ne faut jamais se réjouir trop vite

    « Tu es jeune, Alfred, baisse les bras, il est inutile que tu te battes contre moi. »


    Ivan avait prononcé tout ses mots, dans cet ordre, lentement, les uns après les autres, comme un automate, si bien que leur sens lui échappait.
    Au fond de lui, il espérait que la jeune Nation se batte, se batte, et refuse sa domination. Pourquoi ? Ce n'était pas dans son intêret, son avantage était nul, après tout, ne valait-il pas mieux qu'il laisse Alfred nager dans ses opinions houleuses jusqu'a, enfin, il se proterne, et s'excuse à genoux ?
    Non, il avait beau se forcer, il ne voulait pas que ça arrive.

    Il préférait rester face à lui, pour toujours.


Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:43, édité 1 fois
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeJeu 1 Oct - 17:07

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Ivan avait raison. Que ce soit plus ou moins inconscient ou pas, Alfred restait de demeurerait toujours un impitoyable calculateur. Il avait cette particularité d'être à la fois d'une franchise désarmante et d'une hypocrisie sans limite. Comme Ivan. Il était avide de pouvoir et de puissance, cherchant sans cesse à montrer qu'il était le meilleur. Comme Ivan. Ses réactions étaient extrémistes et bipolaires. Comme Ivan. Il avait la rage de vivre et de vaincre, quelqu'en soit le prix à sacrifier. Comme Ivan. Dans un sens, il faisait peur et ses méthodes laissent parfois à désirer. Comme Ivan. Il avait rompu avec sa famille tout en la gardant près de lui. Comme Ivan.

Russie et lui étaient comme un corps et son image dans le miroir. D'exact opposés, pourtant si proches. Terriblement, désespérément, affreusement, monstrueusement proches... Alfred avait parfois l'impression d'être au bord d'une étendue d'eau calme et stagnante, bien que clair, vers laquelle il se serait penché. Et dans l'onde, au lieu de se voir lui, il aurait vu Ivan. Cette image lui donnait de l'urticaire tout en provoquant de vives montées d'adrénalines. Il était à la fois fier et dégoûté de ressembler au Russe : car c'était ce qu'il ressentait pour son ancien allié ; de l'admiration et du mépris, de l'attirance et de la répulsion, de l'amitié et de la rivalité,... De l'amour et de la haine ?

Son statut de jeune nation encore impudente et orgueilleuse lui conférait un culot et une audace rares. Rien qu'à le voir se pavaner, sourire et discussion mondaine suspendus aux lèvres, on voyait bien qu'être ainsi en face de la Grande Russie ne le faisait se sentir nullement inférieur. D'ailleurs, Alfred le considérait comme son égal du moment. Avant, il s'agissait d'Arthur, mais depuis, il était passé outre son complexe d'Oedipe, malgré l'immense affection qu'il portait toujours au Britannique. Mais avec Ivan, c'était autre chose qui s'était tissé entre eux depuis qu'ils se connaissaient. Quelque chose de bien plus morbide, entre alliance courtoise et jeu malsain. « Suis-moi, je te fuis, suis-moi, je te fuis ». Ils se cherchaient, se regardaient, se fuyaient, se dérobaient, tergiversaient, mais ne se trouvaient jamais, ou bien rarement. Jusqu'à quand cette poursuite placide allait-elle durer ? Quand se confronteront-ils enfin vraiment l'un à l'autre ? Et surtout : de quelle manière ? Ils tenaient le monde entre leurs mains acérées et ne comptaient pas se le céder : l'issu de leur rencontre pouvait alors s'avérer fatale.

Et ce jour, Alfred avait le pressentiment qu'il était arrivé. Aujourd'hui même.

Amérique détailla son ancien allié et nouveau rival des yeux. Le regarder lui faisait l'effet de fixer l'astre solaire : c'était fascinant mais il s'y brûlait la rétine. Cette carrure imposante, ces cheveux blonds platines, ces yeux myosotis tirant sur le violet, cet air faussement innocent,... Tout ça lui rappelait sa propre apparence, certes quelque peu modifiée. Mais le principal était là. Même physiquement ils restaient globalement semblables.

Lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, Alfred se rappelait traîner dans les pattes des Grands du monde de son époque. Il y avait bien sûr Arthur et Francis, mais également Ivan. Il admirait alors l'opiniâtreté et l'indépendance du Britannique, s'émerveillait du charisme et de l'idéalisme du Français, s'extasiait devant la discipline et la fourberie du Russe. Alors il voguait de l'un à l'autre pour s'instruire, avide de savoir, inondant les grandes nations de questions, s'abreuvant de leurs enseignements. Petit déjà, Alfred s'était embarqué dans les rouages du pouvoir, absolument fasciné par toute cette complexe articulation diplomatique. D'ailleurs, l'Amérique n'était-elle pas un melting-pot ? Tant de peuples, tant de diversité, tant de force dans un seul pays... N'était-ce pas un délicieux et puissant mélange ? Or, seul le Soviet se dressait encore sur son chemin, inébranlable et insolent, le couvant d'un regard cynique et amusé, comme s'il jubilait de le voir ainsi gagner en puissance, comme s'il le provoquait pour qu'il l'attaque. Seulement, Alfred adorait les défis, surtout lorsqu'il les gagnait.

La jeune et impudente nation s'assit sur le fauteuil que lui désigna Ivan, sans se départir de son charmant sourire, réponse au frémissement ironique que lui renvoyait Russie.

« Tu t'en doutes, Alfrred, je ne t'ai pas invité pour jouer aux dominos. »

Le susnommé soutint le regard pénétrant du Soviétique. Ces confrontations visuelles, il avait appris – à ses dépens parfois – à les dominer et les maîtriser. Ses iris bleus céruléens de se détachèrent pas un instant des améthystes de son vis-à-vis. Outre cela, Amérique avait toujours été – bien malgré lui – charmé par l'accent voluptueusement rude d'Ivan, tout comme il appréciait les intonations nobles et délicates d'Arthur. Mais contrairement à la façon de parler de l'Anglais, celle du Russe avait quelque chose de délicieusement exotique et inconnu. Se fixer sur un simple accent... Fallait-il qu'il perde la tête ? Alfred retira tranquillement ses gants de cuir et les posa sur son accoudoir, soigneux. Ce faisant, il déclara d'un ton enjoué :

« En effet. Pourtant, le concept des dominos est très intéressant : rapprocher des pièces gravées selon leurs points communs, c'est assez divertissant, non ? »

Métaphores, métaphores... Il leva ses grands yeux enfantins vers son rival et lui offrit un nouveau sourire irradiant la sympathie finement brodée d'insolence. Oui, ses multiples victoires sur tout et tout le monde l'avaient rendu orgueilleux et sûr de lui. Rien ni personne ne pouvait l'atteindre sur son trône... Sauf peut-être Russie, fière et résistante.

« Tu es jeune, Alfrred, baisse les brras, il est inutile que tu te battes contrre moi. »

Ainsi, c'était bien là qu'Ivan voulait en venir. Amérique se permis un sourire en coin en se redressant dans son fauteuil. Le Russe avait insufflé tant de vice et de puissance dans sa phrase qu'Alfred fut parcourut de frissons... de plaisir. Ah ! Les bonnes vieilles méthodes soviétiques ! La jeune nation se leva lestement et émit un bref, mais séduisant, éclat de rire qui tinta comme une cuillère d'argent contre un verre de cristal. Il gagna le bureau, déballa son cadeau et déboucha une bouteille de bourbon. États-Unis en versa dans deux verres appropriés puis revint vers la Grande Russie. Il lui tendit l'alcool avec un sourire modeste et attendit qu'il le prenne pour regagner son fauteuil. Amérique prit son temps et expliqua avant d'entrer dans le vif du sujet :

« Je ne consentirai à boire de la vodka que lorsque l'on m'apportera du caviar. Tes lacs en regorgent, de ces fabuleux poissons, ça ne devrait pas poser de problème. Je trouve que le croquant de ces œufs gras et salés s’accorde à merveille avec la sécheresse et la force de ton alcool local... Quoiqu'il fût élaboré à base de vulgaires pommes de terre – un tubercule importé des Amériques, si je ne m'abuse ? –, je dois dire que le résultat est détonant. Ça aussi c'est un mirracle du communisme, ou bien... ? »

Tant d'impudence voilée de candeur dans ces quelques phrases. Il avait même pris la liberté d'imiter son accent slave sur ses derniers mots. Alfred porta le verre à ses lèvres et fixa Ivan par dessus ce dernier, les yeux rieurs. Il but une gorgée de liqueur ambrée, fit claquer sa langue de délice et poursuivit tout naturellement :

« Ivan. Il est peut-être le temps de passer la main, tu ne crois pas ? Tu commences à te faire vieux et je sens que cette horrible guerre t'a épuisé. Pour ma part, ma jeunesse fait ma force, je suis encore vaillant et puissant. Alors tout serait tellement plus simple et profitable pour nous deux que tu acceptes mon aide et te ranges à mes arguments, hmm ? Tu as eu la preuve durant la guerre que j'avais les épaules assez larges pour assumer ce genre de responsabilités. Mener une autre guerre serait une perte de temps et d'argent – surtout pour toi. »

Il fit une pause pour boire une deuxième gorgée de bourbon avant d'ajouter, le plus sérieusement du monde :

« Les calculs concernant le bilan économique de la guerre est formel : mon PNB a augmenté de quatre-vingt pourcents entre 1938 et 1945. Le tiens a baissé de vingt-cinq pourcent durant la même période. Je possède soixante pourcents du stock d'or mondial et le dollar est devenue LA monnaie référence. Ne serait-ce que d'un point vu financier, il me semble évident que tu vas perdre. Tu as trop perdu durant cette guerre, Ivan, alors que moi, j'ai tout gagné. Tu as subi bon nombre de bombardements quand moi je n'en ai subi aucun. Sois raisonnable : accepte mon offre et ne t'entête pas sur la mauvaise voie sur laquelle tu t'es engagé. Si c'est un problème de fierté, ne t'inquiète pas, personne ne se moquera de toi si tu reviens vers moi. Je t'aiderai à te relever et à reprendre des forces. Soyons alliés, comme avant. C'est bien comme ça, Ivan ? »

Alfred lui tendit une main amicale et salvatrice. Il espérait que le Russe allait la serrer, mais dans un sens, ce serait tellement plus pimenté s'il refusait son offre... Après tout, c'était bien dans le tempérament du Russe de le renvoyer balader une nouvelle fois. Mais qu'il sache que ce serait sa toute dernière proposition. Cette entrevue allait sceller leur deux destins, et peut-être même celui du monde.

Ils seraient alors les deux superpuissances, seules, dans un face à face qui, au fond, ne serait qu'un jeu.

Un jeu d'adultes.
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeJeu 1 Oct - 19:54

    Ivan était loin d'être un simple imbécile au sourire candide. Les plans, les manigances d'Alfred, il les connaissaient par coeur, son passé, ses rêves, ses souvenirs les plus douloureux, il les avaient vécus avec lui.
    En revanche, un mystère persistait: ses pensées. Lire en lui relevait de l'impossible, voire de la science fiction. De temps à autre, il tentait de s'y adonner, essayait de le déstabiliser en le fixant longuement, en lui parlant de choses et d'autres, la voix douce, l'esprit collé au sien. Mais il n'y arrivait pas. Oh, parfois, ses tentatives avaient donné quelques résultats, rien de très convaincant, cependant.
    Il ne pouvait lire en Alfred, il ignorait néanmoins si ce concept était réciproque. Il frissonnait de peur à l'idée que ce si dangereux enfant puisse s'immiscer dans son esprit, à la façon du serpent qu'il était. Il en frissonnait, l'idée lui était insupportable.
    Cela était d'ailleurs la raison pour laquelle il tentait vainement de le faire boire. Il fallait qu'il perde quelques uns de ses atouts. Ivan avait décidé de débuter par sa barrière de protection préférée: l'hypocrisie. La vodka rend honnête.

    « En effet. Pourtant, le concept des dominos est très intéressant : rapprocher des pièces gravées selon leurs points communs, c'est assez divertissant, non ? »

    Sa réponse n'avait absolument rien d'inquiétant, alors pourquoi la mettait-il mal à l'aise ? Des pièces gravées selon leurs points communs...et que font les dominos, lorsqu'ils sont debout, alignés, les uns à côté des autres, et qu'un tiers donne ne serais-ce qu'une minuscule pichenette à l'un ? L'autre tombe.

    « Tu es jeune, Alfrred, baisse les brras, il est inutile que tu te battes contrre moi. »


    Sa déclaration résonnait encore dans sa tête, par battements réguliers. Elle était si douloureuse cette phrase ! Elle était si cruelle ! Elle lui donnait la nausée.
    Refuse, refuse, refuse, refuse...

    « Je ne consentirai à boire de la vodka que lorsque l'on m'apportera du caviar. Tes lacs en regorgent, de ces fabuleux poissons, ça ne devrait pas poser de problème. Je trouve que le croquant de ces œufs gras et salés s’accorde à merveille avec la sécheresse et la force de ton alcool local... Quoiqu'il fût élaboré à base de vulgaires pommes de terre – un tubercule importé des Amériques, si je ne m'abuse ? –, je dois dire que le résultat est détonant. Ça aussi c'est un mirracle du communisme, ou bien... ? »


    Ivan s'accorda un sourire. Cet enfant était si amusant lorsqu'il jouait l'adulte ! Pour la première fois depuis le début de leur entrevue, le russe se sentait fier. Les paroles de l'américain lui donnaient, paradoxalement, le couteau qui serviraient à les déchirer. Elles lui donnaient la force de les écraser et la volonté de relever la tête, après tant d'années passées à voûter les épaules.
    Il s'accorda un sourire gentil. Peut-être le dernier de la soirée. Puis, conciliant, il but une gorgée de bourbon. Il se savait supérieur à Alfred sur au moins un point: il supportait bien mieux l'alcool.

    « Ivan. Il est peut-être le temps de passer la main, tu ne crois pas ? Tu commences à te faire vieux et je sens que cette horrible guerre t'a épuisé. Pour ma part, ma jeunesse fait ma force, je suis encore vaillant et puissant. Alors tout serait tellement plus simple et profitable pour nous deux que tu acceptes mon aide et te ranges à mes arguments, hmm ? Tu as eu la preuve durant la guerre que j'avais les épaules assez larges pour assumer ce genre de responsabilités. Mener une autre guerre serait une perte de temps et d'argent – surtout pour toi. »


    Te passer la main ? Et puis quoi encore ! Plutôt mourir.
    Ivan se réveillait lentement, mais pour mieux se relever. Il sortait d'une torpeur positive, il était réveillé par un discours abominablement délicieux, par des paroles dangereusement persuasives qui trompaient les plus faibles.
    Et ça lui donnait la force dont il avait besoin. La volonté dont il rêvait.

    Je commence à me faire vieux ? Nous semblons avoir le même âge, Alfred.

    Il ne dit rien et laissa l'américain reprendre. Il était évident qu'il ne s'arrêterait pas avant d'avoir terminé son discours.

    Ton joli visage et ton effrayant charisme n'ont aucun effet sur moi, je le jure.

    « Les calculs concernant le bilan économique de la guerre est formel : mon PNB a augmenté de quatre-vingt pourcents entre 1938 et 1945. Le tiens a baissé de vingt-cinq pourcent durant la même période. Je possède soixante pourcents du stock d'or mondial et le dollar est devenue LA monnaie référence. Ne serait-ce que d'un point vu financier, il me semble évident que tu vas perdre. Tu as trop perdu durant cette guerre, Ivan, alors que moi, j'ai tout gagné. Tu as subi bon nombre de bombardements quand moi je n'en ai subi aucun. Sois raisonnable : accepte mon offre et ne t'entête pas sur la mauvaise voie sur laquelle tu t'es engagé. Si c'est un problème de fierté, ne t'inquiète pas, personne ne se moquera de toi si tu reviens vers moi. Je t'aiderai à te relever et à reprendre des forces. Soyons alliés, comme avant. C'est bien comme ça, Ivan ? »

    Alfred semblait si sûr de lui ! Il semblait si certain de son pouvoir, persuadé que le monde n'était qu'un jouet entre ses mains. Ivan l'admirait et le détestait. Cet enfant avait toujours été beaucoup trop imprudent, et abominablement insolent.
    Qu'il rêvait de le voir à ses pieds, le suppliant de l'aider ! Cette histoire de PNB avait terminé de décider Ivan: Alfred serait tout à lui, avant ce soir.

    Le slave posa son verre machinalement, sourit d'une façon fort inquiétante, retint un ricanement moqueur, par simple respect pour celui qui était son plus cher adversaire et dit, posément:

    « Alfred. Ton immaturité est touchante. Tu penses que notre âge a une quelconque importance sur notre pouvoir ? Tu te trompes, et c'est compréhensible, car tu es jeune.»


    Il marqua une pause et regarda, une fois encore, la jeune nation dans le blanc des yeux.

    « Quand bien même j'aurais le même âge que toi, tu voudrais que je sois à ta botte. Alors tu vois, ce n'est pas une question d'ancienneté. A présent, tu vas m'écouter: jamais je ne plierai devant tes arguments, jamais je serais à tes pieds, et surtout, ne l'oublie pas, je ne serais jamais à toi. »

    Ses yeux brillaient et avaient endossé une teinte inquiétante, presque irréelle. Le russe souffla discrètement, conservant sa contenance et se resservit un verre de bourbon. Il était rare qu'il perde son calme si facilement.
    Oh, et il était rare qu'il parle en russe sans s'en rendre compte. Il soupira de soulagement en se souvenant qu'Alfred comprenait sa langue. Un pincement au coeur le surprit alors qu'il repensait à l'époque où la petite colonie qu'il était le suppliait de lui enseigner. Ah, ces souvenirs sont encombrants...

    Il claqua des mains rapidement et commanda du caviar à son domestique. Tu vas voir ce que tu vas voir, Alfred, la vodka t'achèvera.


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Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:43, édité 1 fois
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeLun 12 Oct - 8:12

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Ce palais, Alfred y été venu quelques fois lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, avec Arthur. Des souvenirs qu'il en avait, Amérique se rappelait nettement qu'à cette époque, il avait beaucoup aimé se rouler dans la neige, au mépris de la température qui frisait l'absurde. Oh, il avait été malade à en frôler la mort cette fois-là, mais il s'était bien amusé. Pris d'une fièvre de cheval, tout tremblant et tout palpitant dans son lit, délirant, Amérique avait quand même été plutôt content d'avoir été le centre des attentions d'Arthur qui, fou d'inquiétude, le fâchait et le dorlotait alternativement, vissé à son chevet. Oui, il avait été si imprudent... Mais il s'était amusé. Etats-Unis se rappelait aussi de la présence occasionnelle d'Ivan qui, délaissé par son hôte, était bien obligé de le rejoindre dans la chambre de temps à autres. Alfred se souvenait encore de son regard violet et impénétrable, indescriptible... L'enfant qu'il était ne savait pas bien si c'était du dédain, de l'intérêt, de l'inquiétude ou de l'indifférence qui régnait dans les orbes améthystes du Russe. Il n'avait pas pu le décrypter... Seulement, délire ou réalité ?, il lui semblait bien qu'à un moment, le grand homme du nord lui avait accordé une caresse sur le front... A moins qu'il n'ait rêvé ? A moins qu'il n'ait superposé son image sur celle d'Arthur ? Amérique n'aurait probablement jamais la réponse...

En fait, il n'avait du venir que deux ou trois fois en Russie durant sa vie avec Arthur. Peut-être deux fois enfant et une fois adolescent... Il ne savait pas bien. Mais la jeune nation se rappelait que durant son enfance, il avait harcelé Ivan avec ses questions, traînant dans ses jambes comme un petit chien. Il passait entre ses jambes, s'y accrochait, prenait vivement sa main, la lâchait aussitôt, souriait, fronçait les sourcils, parlait fort puis très doucement, le bousculait, s'éloignait en courant, revenait tout aussi vite, l'étreignait, se dérobait,... Si Nabokov avait vécut à cette époque, on aurait presque pu dire qu'il s'était inspiré d'eux comme base pour son Humbert Humbert et sa Dolores – Lolita – Haze*. En mouvement perpétuel, le protégé d'Arthur ne laissait pas une minute de répit au Slave. Quand tout le monde avait peur de ce dernier, Alfred ne ressentait pas la moindre répulsion ou effroi envers lui, très attiré et fasciné, au contraire. Aussi collant qu'un morceau de scotch dont on ne pouvait fatalement se débarrasser, la petite colonie batifolait autour d'Ivan en gazouillant : « Et pourquoi chez toi il neige tout le temps ? », « Tu aimes la neige ? », « Alors pourquoi tu vis ici ? », « Pourquoi tu ne viens pas vivre avec Arthur et moi ? Quand Arthur n'est pas là, je suis tout seul ! », « Pourquoi tu ne veux pas ? », « Pourquoi il faut que tu restes ? C'est triste si tu n'aimes pas la neige... », « Pourquoi trouves-tu la vie triste ? Si tu veux, tu n'as qu'à jouer avec moi ! », « Pourquoi tu ne veux pas ? », « Pourquoi les adultes ne jouent pas ? Arthur joue avec moi parfois. », « Pourquoi toi tu ne peux pas ? », « Pourquoi ? », « Ne change pas de sujet... Pourquoi tu fuis ? », « Si, tu fuis. Pourquoi tu mens ? », « Pourquoi c'est nécessaire dans la vie ? », « Pourquoi est-ce que tu dis des choses si cruelles alors que tes yeux espèrent le contraire ? ». Ivan n'avait jamais répondu à cette question, peut-être troublé par sa clairvoyance impudique propre à l'enfance.

Et dire que maintenant, ils se retrouvaient de nouveau face à face, alors qu'Alfred avait gagné le statut de nation à part entière, qu'ils étaient les deux super puissances... Mais Amérique avait toujours des questions pour Ivan, des questions qui lui brûlaient les lèvres pour certaines mais que sa réserve d'adulte l'empêchait de poser. Parfois, il aurait bien aimé pouvoir retomber en enfance afin de se pouvoir se permettre toutes les indiscrétions... Mais, qui sait ?, il pouvait s'en permettre quelques unes et, de fil en aiguille, tout savoir ? L'alcool révélait les caractères et déliait les langues disait-on...

Dans un sens, Alfred espérait qu'Ivan se range à ses arguments, mais dans un autre il espérait – et plus ardemment encore, paradoxalement – que ce dernier le repousse et continue à s'entêter dans sa bêtise et sa fierté. Russie était son seul amusement, la seule nation qui était parvenue à le captiver et à l'occuper depuis que Japon s'était rendu. Arthur lui avait cédé en lui donnant son indépendance, Francis avait perdu de sa puissance, Ludwig avait courbé l'échine, Kiku s'était écroulé sous ses assauts,... Restait Ivan, toujours debout face à lui quand tout le monde s'était couché. On avait beau dire, qu'est-ce qu'il était ennuyeux d'être au sommet ! La seule distraction venait de l'adversité. Surtout lorsqu'elle était de belle taille...

Ivan avait tant de charisme, tant de charme, tant de stature, tant de classe, tant de force, tant de ténacité, tant d'insolence,... Il était le compagnon de jeu idéal ! Mais maintenant qu'il était jeune adulte, Alfred n'avait plus les mêmes idées de divertissement que lorsqu'il était enfant... Au placard les parties de cache-cache, les batailles de boule de neige et les jeux de ballons, Amérique aspirait à des distractions plus... matures... profondes... complexes... Des jeux d'adultes. L'enjeu n'était plus un gage ou une récompense... Il pouvait s'avérer mortel en cas de défaite, et purement jouissif en cas de victoire. Restait à déterminer les règles, le but et ce qu'il y avait à y gagner ou à y perdre.

Après avoir fini son verre de bourbon, le Slave le reposa. Inconsciemment, Amérique se pencha légèrement en avant, le sien presque vide dans la main. Le jeu était sur le point de se dessiner, il le sentait. Ivan esquissa un inquiétant sourire qui hérissa l'échine d'Alfred. Crainte ou excitation ? Difficile à dire... D'une voix posée, son bien-aimé et précieux adversaire répondit à ses provocations :

« Alfred. Ton immaturité est touchante. Tu penses que notre âge a une quelconque importance sur notre pouvoir ? Tu te trompes, et c'est compréhensible, car tu es jeune. »

Ah... Amérique, quoiqu'il ne le montrât pas, fut un peu déçu par sa réponse. Il s'attendait à quelque chose de plus intense, de moins formel et conventionnel... Certes, il était jeune et cette idée était récurrente dans la bouche du Russe semblait-il, mais il savait tout comme lui que sa jeunesse ne le rendait pas moins intéressant, non ? Refroidi, Alfred se recala dans son fauteuil quand le Soviet repris, le regardant dans les yeux :

« Quand bien même j'aurais le même âge que toi, tu voudrais que je sois à ta botte. Alors tu vois, ce n'est pas une question d'ancienneté. A présent, tu vas m'écouter : jamais je ne plierai devant tes arguments, jamais je serais à tes pieds, et surtout, ne l'oublie pas, je ne serais jamais à toi. »

Ah ? Voilà qui était plus intéressant ! Le regard à la fois inquiétant et irréelle d'Ivan le saisit à la gorge pour son plus grand bonheur. Enfin il réagissait ! Enfin il s'investissait ! Cette déclaration de guerre à peine voilée le fit frémir d'excitation. Les yeux brillants d'intérêt et d'avidité, Alfred se repencha un peu vers Russie, absolument ravi de le voir se rebeller ainsi en toute impudence face à lui, ferme et résolu. Cet enchaînement de négation était divin. Quel mot était plus beau que « Jamais » en cet instant ?

Oh, et il lui semblait bien qu'Ivan ait un peu perdu son sang-froid... Son ton indiquait qu'il avait quelque peu perdu son calme, mais ce brusque passage à sa langue natale dépassait ses espérances les plus folles. Lui, Alfred F. Jones, faisait perdre son calme au grand Ivan Braginski, redouté de tous, mais pas de lui. Par contre, il avait beaucoup d'estime pour le Slave à défaut d'en avoir peur. Oh... Il se rappelait encore du jour où, enfant, il l'avait poursuivit pour qu'il lui apprenne cette langue exotique à la fois agressive et mélodieuse qu'est le Russe. Attiré par l'étrange alphabet, Alfred avait insisté pour apprendre à le parler, le lire et l'écrire. « Oh ! S'il te plaît Ivan ! Je t'en prie, apprends-moi ! Je veux parler Russe moi aussi ! S'il te plaît ! Enseigne-le moi ! ». Et il l'avait harcelé toute une journée comme ça jusqu'à ce qu'Ivan cède, usé. C'était le bon vieux temps... Son évocation était à la fois agréable et ennuyeuse.

L'air matois, satisfait, Amérique répliqua d'un air faussement navré :

« Je t'assure que si tu avais été plus jeune et plus fort, j'aurais reconsidéré la chose... » Mensonge à peine voilé. « Et ton acte de résistance est bien vain et bien décevant... » Mensonge. « J'attendais davantage de maturité de ta part, Ivan... Je suis bien déçu de te voir réagir ainsi. C'est toi, l'enfant immature. Je crois que nous devrions étudier la question plus sérieusement, veux-tu ? Il serait dommage de s'engager dans une guerre indésirable, non ? »

Alfred avait répondu en Anglais, signe qu'il ne se soumettait pas à Ivan. Au contraire, il lui imposait sa propre langue, à lui. Si sa réponse était un concentré de mensonges, il était vrai qu'il ne désirât pas forcément aller jusqu'à déclarer la guerre. Ou bien ce serait une Guerre Froide, sans victime... Mais une guerre psychologique où le but était d'impressionner l'autre, l'air de rien.

Visiblement décidé à faire avancer le débat, le Russe commanda le caviar et la vodka. Ah ! Une bonne nouvelle ! Amérique n'était pas mauvais buveur et tenait plutôt bien l'alcool. Il le supportait mieux qu'Arthur – qui se soûlait fort vite et qui finissait par raconter des choses qui faisaient peur à Alfred –, mais malheureusement moins bien qu'Ivan. Mais ça, il ne le savait pas encore, persuadé d'être un crac. Il serait bien vite déçu... Seulement, s'en apercevrait-il à temps ? Se rendrait-il compte assez tôt qu'il ne pouvait battre le Soviet sur ce terrain-là ? Si oui, le jeu serait peut-être moins drôle, mais si non... la partie promettait d'être très pimentée. Qui sait ce que pouvait faire un Amérique ivre entre les mains d'un Russie trop lucide – ou pas assez ?

Le service était efficace et l'on apporta rapidement ces mets demandés. l'Américain posa un regard bleu pétillant sur le récipient en argent de la taille d'un bol qui contenait une petite motte de caviar. Comme il y en avait ! Il contempla avec gourmandise l'empilement de petites billes noires et collantes agglutinées les unes aux autres, l'air succulent. Ces oeufs devaient être de la plus haute qualité ! La vodka avait l'air d'être des plus nobles également à la vue de la bouteille... Frétillant, Alfred prit un couteau et préleva une quantité raisonnable de caviar au sommet de la luxueuse pyramide noire. Il fit langoureusement glisser la lame entre ses lèvres roses, presque sensuel. Mmh... Etats-Unis se délecta des petits grains, les laissant glisser sur sa langue chaude pour en savourer la texture, admiratif devant la faible résistance élastique de la membrane des oeufs de poissons, parfaite... Et ce petit goût salé qui relevait le tout... Puis, avide, la jeune nation pressa sa langue contre son palais pour prendre les oeufs en étau et les faire éclater : ils répandirent délicatement leur goût suave à la fois sauvage et raffiné – comme Ivan – sur ses papilles, divinement gras et riches. Perdu dans son paradis gustatif, Alfred se servit machinalement de la vodka dans un nouveau verre et en but une gorgée. La sécheresse piquante de l'alcool contrasta merveilleusement avec la douceur adipeuse du caviar pour son plus grand plaisir. Ah ! S'il y avait bien une chose dont il raffolait en Russie, c'était bien ça ! En dehors d'Ivan bien sûr...

Amérique avala presque à regret et souligna en reprenant ce ton mondain qu'il avait encore précédemment, un peu rêveur :

« Ce mariage de saveur est tout simplement remarquable... Je regrette vraiment qu'il n'y ait pas ça chez moi. Je pense que que vais importer des esturgeons pour en faire l'élevage en Amérique, qu'en dis-tu ? Je possède aussi des grands lacs dans le nord de mon pays ont ils se plairont, non ? Tu m'en donnerais ? »

Accro, Alfred en reprit mais l'étala cette fois sur un petit toast qu'il dégusta avec la même lascivité, le même extase... Etrangement, manger du caviar avec de la vodka lui donnait l'impression de savourer l'essence même d'Ivan : la grace, la délicatesse, le sel, la volupté, le raffinement, le luxe, le craquant, la richesse, le paradoxe, la froideur, la chaleur, le piquant, l'agressivité, la douceur, le contraste, le mystère,... et surtout, cette même addiction qu'il ressentait pour les deux.

A ce rythme-là, il serait vite complètement soûl ! Mais lequel des deux lui ferait atteindre l'ivresse en premier ? La vodka-caviar ou Ivan ?


* Si, si, c’est vrai… *fan de ce livre car folle et glauque*
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MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMer 14 Oct - 16:26

Spoiler:

    Les États-Unis sont un puissant pays. La phrase est grammaticalement incorrecte, elle sonne mal, elle remet presque en cause toutes les lois de la logique. "Sont" associé à "un", voilà qui a de quoi donner la migraine. Et pourtant, Amérique l'osait. Cette simple constatation reflétait un mécanisme particulier de la personnalité de ce dernier: il ne faisait absolument rien comme les autres. Pire encore, il fallait qu'il bouleverse la face du monde de ses originalités. S'il la grande puissance avait eût 5 ans, Ivan eût pu comprendre ce besoin de se faire remarquer, mais à 233 ans passées, il en devenait maladif.

    Alfred avait toujours été un enfant pénible, de toutes façons, et il le resterait toujours. Peut-être était-il même pire aujourd'hui. Il ne bombardait plus ses ennemis de boules de neige, mais avec de vraies bombes, et ses ridicules petites farces s'étaient changées en guerres sanglantes. Pourtant, au fond, il n'avait pas beaucoup changé. Le paradoxe Alfred était si profond qu'Ivan avait parfois l'impression de s'y perdre. Celui qui régnait sur le monde n'était autre que l'adorable enfant à qui il avait appris les mystères du russe. Amusant et ironique. Il en aurait rit, en temps normal, mais à au moment précis où Alfred commença à parler en anglais, son cœur se serra.

    Chacun s'était réfugié dans les retranchements de son propre langage, la guerre était donc déclarée.

    « Je t'assure que si tu avais été plus jeune et plus fort, j'aurais reconsidéré la chose... »


    Alfred avait un don incroyable pour raconter de belles histoires, déformer la vérité, l'embellir, l'orner de toutes sortes de jolis détails, pour mentir, en vérité.
    Il était un menteur né, un génie de la belle parole, le maitre chanteur parfait, pas un de ces fabulateurs de comptoir, et ça, Ivan le savait mieux que n'importe qui d'autre. Jamais il ne s'était noyé dans ses mensonges, jamais il ne les avaient gobé la bouche ouverte ou fait semblant de ne pas les voir comme Arthur. Et Alfred connaissait bien cette petite particularité russe, ce qui ne l'empêchait pas de débiter ses fables à cent à l'heure, dans l'espoir que le slave se laisse avoir, au moins une fois, et de pouvoir s'écrier, alors, victorieux et fier: "J'ai gagné, Ivan, j'ai gagné !"

    « Et ton acte de résistance est bien vain et bien décevant... »

    Ivan sourit légèrement. Ses yeux azur étaient magnifiques, surtout lorsqu'il mentait. Les iris d'un véritable maitre de la rhétorique ne le trahissent pas, ceux d'Alfred ne faisaient pas exception: ils avaient l'air sincères. Brillants, superbes, délicieusement envoûtants, Ivan frissonnait presque en s'apercevant que lui même manquait, à chaque joli mot prononcé par l'américain, de se laisser charmer. Si lui, nation aguerrie et force de la nature manquait de tomber dans le piège, combien y avaient chuté avant lui ? Une dizaine ? Oh, peut être même plus.

    Russie sourit d'autant plus. Un adversaire à sa taille, voilà qui avait de quoi raviver son intérêt. Qui eût cru que la petite colonie soumise deviendrait un si terrible monstre de puissance ? Personne, même pas le principal intéressé. Pourtant, le Hasard joue des tours merveilleux, à moins que ce ne soit le Destin lui-même.

    « J'attendais davantage de maturité de ta part, Ivan... Je suis bien déçu de te voir réagir ainsi. C'est toi, l'enfant immature. Je crois que nous devrions étudier la question plus sérieusement, veux-tu ? Il serait dommage de s'engager dans une guerre indésirable, non ? »

    L'enfant immature, c'est toi. Ah, tout de même, Alfred ne manquait pas de culot. Qui était le gamin ? Le joli menteur ou le cruel conteur ? Car si Amérique mentait sans vergogne, Ivan, lui, préférait sans nul doute le terme "conte". Un conte c'est charmant, c'est mignon et doux. Un mensonge c'est dur et froid.
    Et Amérique n'était qu'un joli menteur. Un enfant. Il avait beau s'auto-octroyer le terme pompeux de "superpuissance" il restait un gamin parmi les Nations. On ne le prenait au sérieux que lorsque qu'il avait un revolver entre les mains et une grenade entre les dents, on le craignait comme un enfant armé d'une boite d'allumettes.

    Parce qu'il était imprévisible.

    Alors, Ivan commanda le caviar et la vodka, un léger sourire persistant sur son visage encore calme. Le service était extrêmement efficace, les serveurs bien formés et la nourriture excellente. Le russe se frotterait les mains si sa discrétion n'était pas plus grande. Alfred tombait dans le panneau, et consciemment en plus ! Sans doute persuadé qu'il tenait mieux l'alcool que lui, il allait sans doute finir écroulé sur la table, complètement imbibé de vodka, et alors, à ce moment là, Ivan pourrait en profiter autant qu'il le souhaiterait. Qu'est-ce qu'il allait s'amuser ! Décidément, les visites de l'américain se révélaient toujours profitables.

    Il jeta un oeil à Alfred, qui semblait se régaler du caviar que le maitre d'hôtel s'était empresser d'apporter. Les petites billes noires excercaient si bien leur pouvoir de séduction sur Alfred qu'Ivan s'en étonnait lui-même. Elles disparassaient les unes après les autres, littérallement dégustées par l'américain, aux frontières d'un autre monde. Ce petit manège dura un temps, jusqu'à que le blondinet s'empare de la bouteille de vodka et s'en serve machinalement un verre.

    « Ce mariage de saveur est tout simplement remarquable... Je regrette vraiment qu'il n'y ait pas ça chez moi. Je pense que que vais importer des esturgeons pour en faire l'élevage en Amérique, qu'en dis-tu ? Je possède aussi des grands lacs dans le nord de mon pays ont ils se plairont, non ? Tu m'en donnerais ? »


    Le rire cristallin d'Ivan retentit alors, sonnant des milliers de petites perles que l'on jeterait à terre. Ses joues avaient pris une teinte rose qui lui donnaient un air enfantin et ses yeux améthystes brillaient de malice.
    Il se calma, enfin, et après avoir dégusté quelques oeufs d'esturgeons, reporta son regard sur l'américain qui ne semblait pas comprendre l'excès d'hilarité d'Ivan.

    « Милая моя, tu n'as pas encore compris que dans la vie, on n'a pas toujours ce que l'on veut. » commença Ivan d'une voix douce.

    Il avait parlé en russe, assez lentement pour que Alfred ne manque aucune des subtilités qu'ils glissait dans ses mots. Lentement, le slave se resservit un verre de vodka puis reprit:

    « Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, je ne baisserai jamais les bras face à toi. Ce serait trop d'humiliation à la fois. Perdre face à un .... à un....»

    Il chercha ses mots pour la première fois depuis le début de l'entretien. Rapidement, son regard se posa entre les deux magnifiques yeux de son interlocuteur. Il s'en détourna rapidement, et, se sentant étrangement gêné, reprit avec difficulté, cette fois:

    « Me faire battre par un....Солнышко ! Oui, c'est ça, tu es un Солнышко. »

    Il rougit de sa soi-disante insulte. Peut-être qu'avec un peu de chance, les connaissances en russe d'Alfred se limitaient aux bases. Mais il en doutait fortement.
    Etait-ce de sa faute s'il avait de brillants cheveux blonds et de grands yeux cyan ? Il ressemblait à un ciel d'été !

Spoiler:


Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:42, édité 1 fois
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMar 27 Oct - 16:09

Enfant, Alfred avait toujours été considéré comme un gamin mignon, quoique pénible. Mais plus il grandissait, plus cette première impression s'était estompée. Alfred Jones avait bon nombre de facettes qui rendaient son personnage complexe, imprévisible et impénétrable. Mais l'américain avait toujours reconnu – bien qu'à demi-mot – qu'une autre nation était au moins aussi complexe que lui : la Russie.

États-Unis n'arrivait pas toujours à saisir les réactions de l'homme du Nord et la profondeur de son caractère gardait encore de nombreuses zones d'ombre. Est-ce que ce sourire doux était vraiment un leurre qui cachait un cœur noir et cruel, ou bien était-ce les derniers vestiges d'une nature refoulée ? Est-ce que cette silhouette imposante à l'aura ténébreuse servait à cacher la fragilité d'un géant aux pieds d'argile, ou bien était-ce réellement un bloc de marbre ? Ces grands yeux ronds à la couleur singulière, reflétaient-ils réellement l'âme du Russe ou bien n'étaient-ce que des ombres chinoises ? Trop de questions sans réponse qui enflammaient la curiosité de l'Américain. Saisirait-il jamais la nature profonde d'Ivan Braginski ? Son bien-aimé rival, son meilleur ennemi, son très cher obstacle.

Le Soviet ne parlait pas assez pour qu'Alfred puisse lui arracher quelques mots malheureux qui créeraient une faille dans son armure de glace, et il parlait trop pour être suspecté de cacher trop de choses. Mais la jeune nation était certaine que derrière sa forte stature, le Russe dissimulait de lourds, très lourds, secrets, tous enfouis sous une épaisse couche de neige. Il aimerait être celui qui briserait sa coque de glace, qui le percerait à jour, ce slave immuable. Là, il pourrait crier victoire, en réussissant là où tout le monde s'était heurté et cassé les dents, contre le fameux hiver Russe, personnifié par Ivan lui-même.

Alfred s'était toujours demandé si son vieil ennemi et allié aimait la neige. Il y vivait presque toute l'année... Était-ce par choix, par goût et par amour ? Ou bien n'avait-il pas le choix ? Faisait-il une overdose de blanc glacé ? L'Américain s'était parfois figuré le Russe, dans son palais, seul dans son bureau, à regarder la neige tomber. Que ressentait-il devant cette armada insensible de flocons ? De la joie ? De la peine ? De la colère ? Du dégoût ? De l'envie ? Personnellement, Alfred détestait l'hiver. La température, l'ombre, l'inactivité... Il ne pouvait supporter le froid, le noir et l'inaction. Toutes ces choses, il les tenait en horreur. Le froid parce qu'il pénétrait ses chairs aussi sûrement et douloureusement qu'une lame. L'ombre parce qu'elle l'aveuglait et l'immobilisait, absolue et effrayante. L'inactivité parce qu'elle était le loisir de faible et des impuissants, ce qu'il ne voulait pas être. La solitude aussi était dure, mais il avait appris à s'en accommoder.

Comme Ivan ?

Mais le Russe avait toute une fratrie, lui, non ? Alfred n'avait qu'un jumeau transparent qui le détestait presque, un grand frère et tuteur trop distant, une sorte d'oncle avec qui il entretenait des relations conflictuelles, et une myriade de frères adoptif qu'il n'avait quasiment jamais vu. Canada. Angleterre. France. Sealand. Hong Kong. Matthew. Arthur. Francis. Peter. Liam. Mais Ivan avait une grande sœur aimante, une petite sœur passionnée, trois conquêtes soumises et dévouée, ainsi qu'une autre plus extravagante. Ukraine. Biélorussie. Lituanie. Lettonie. Estonie. Pologne. Katioucha. Natalia. Toris. Raivis. Eduard. Feliks. Ivan se sentait-il entouré et aimé avec tous ces gens autour de lui ? La grande famille de l'URSS... Etats-Unis était curieux de savoir comment cela se passait chez eux, lorsqu'ils étaient entre eux... Qui faisait quoi ? Qui s'entendait avec qui ? Et surtout : qui Ivan préférait-il ? Avait-il une liaison avec l'un d'entre eux ? Désirait-il l'un d'entre eux ? Y en avait-il un qu'il n'aimait pas ? Leur faisait-il du mal ? Tant de questions sans réponse, encore.

Le rire d'Ivan retentit à l'entente de sa dernière remarque. On aurait presque dit le son que ferait une cascade de perle en tombant après qu'on ait sauvagement arraché son collier au cou de quelqu'un. Un rire à la fois violent et élégant. Subtil et brutal. Celui fit frissonner Alfred. Il ne comprenait pas pourquoi sa suggestion le faisait rire ainsi. Ivan le fixa et répondit avec une lenteur calculée :

« Милая моя, tu n'as pas encore compris que dans la vie, on n'a pas toujours ce que l'on veut. »

Милая моя... Ivan l'appelait souvent ainsi quand il était petit. Désormais, lorsqu'il utilisait ce sobriquet, ce n'était que par pure ironie, pensait-il à juste titre. Pour toute réponse, Alfred haussa les épaules : bien sûr que l'on pouvait avoir ce que l'on voulait, il suffisait de s'en donner les moyens. Le Russe se servit un verre de vodka et poursuivit dans sa langue maternelle :

« Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, je ne baisserai jamais les bras face à toi. Ce serait trop d'humiliation à la fois. Perdre face à un .... à un....»

Alfred se pencha légèrement en avant, appréhendant un peu. A un ? De quoi est-ce qu'Ivan allait bien l'insulter ? Le détestait-il assez pour être grossier avec lui ? Et puis... une humiliation. Sous-entendait-il que se faire battre par les États-Unis était une honte, comme s'il s'était fait battre par, hum... disons... Cuba ? Oui, ça c'était très honteux d'être battu par une nation si... si... Il n'y avait pas de mot pour qualifier une telle abomination. Si Alfred se faisait battre un jour par l'autre révolutionnaire de poche, il irait voir Kiku pour suivre des leçons de hara kiri. Bref...

Ivan termina sa phrase avec difficulté, buttant un peu sur les mots, visiblement embarrassé :

« Me faire battre par un....Солнышко ! Oui, c'est ça, tu es un Солнышко. »

..................... LOL.

Bien sûr qu'Alfred avait compris. Il écarquilla les yeux de surprise mais, l'étonnement passé, sa réaction ne se fit pas attendre : il éclata de rire. Hilare, il se tendit un peu sur son fauteuil, riant à gorge déployé, à la fois charmant et exaspérant, rayonnant et douloureux. Il essuya une larme au coin de son œil bleu et hoqueta, coupé par les derniers résidus de son fou rire :

« Un Солнышко ? Pourquoi un Солнышко ? T'attends-tu à ce que je t'appelle Snow-White en retour ? Non, vraiment... Qu'est-ce qu'il t'a pris de dire ça ? »

Il le fixa, l'œil rieur et un rien sarcastique. Солнышко... Était-ce une craquelure dans la carapace glacée d'Ivan ? Amusé, Alfred bu cul-sec son verre de vodka et le re-remplit aussitôt, le sourire aux lèvres en repensant aux paroles du Russe. Il dégusta un autre toast de caviar, avala une longue gorgée d'alcool et, déjà un peu réchauffé par la boisson, lança :

« Tu crois vraiment pouvoir me battre à coups de surnoms enfantins ? Est-ce tout ce que tu as en réserve ? Et ne crois pas que ton alcool de fillette me fait un quelconque effet, parce que je me porte comme un charme, vois-tu ! Rends-toi à l'évidence : tu n'es plus de taille. »

Il finit à nouveau son verre. Dieu, que cette liqueur était addictive ! Il avait un peu chaud. La vodka lui brûlait la langue, la gorge, l'œsophage, l'estomac. Alfred desserra sa cravate d'une main pour ne pas étouffer, l'air dégagé et la passa dans ses cheveux blonds pour les recoiffer machinalement. En fait, il les décoiffa plus qu'autre chose, mais ça lui donnait un petit charme, plus décontracté. Il marqua un temps, fixant la bouteille en hésitant à se resservir. Il en était déjà à son... euh... troisième ? quatrième ? verre d'affilé et il se sentait un peu comateux... Un peu. Ne nous fourf... vour... pour... fourp... fourbvoy... zut ! Alfred se comprenait. Il reprit, tâchant de conserver une allure sobre, bien que sa voix fût légèrement différente :

« Bon... Sur ces... entrefaits... faits... ? Ouais, c'est ça..., même si tu manques cruellement de euh... de répartiiie... » Pourquoi Diable avait-il allongé cette syllabe ? ! « ... je te pardonne et je propose de continuer sur un ton plus... euh... léger, histoire que tu réfléchisses aux enjeux... n'est-ce paaas ? »

Il lui sourit, l'air... joyeux. Alfred remplit son verre, trinqua d'office avec Ivan, et le sirota lentement.
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMar 27 Oct - 22:33

Spoiler:

« Il faut choisir ses ennemis avec beaucoup de précautions.
Je n'en ai pas un seul qui soit un imbécile. Ils sont tous des hommes à l'intellect puissant et, en conséquence, m'apprécient tous.
»

[Oscar Wilde]

[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1258307573732

    Alfred F Jones. Mais qu'était-ce que ce nom ? Consonance pimpante de la riche et énergique colonie ? Relents douteux de la corruption et de la pègre ? Accents charmants de la jeune nation populaire ? Fragrance angoissante du monstre sanguinaire ? Il connaissait Alfred Jones. Il le connaissait au moins quatre fois. Et il était très loin de s'en plaindre. Certains malheureux l'approchaient, l'admiraient de loin, dans l'espoir vain d'un jour, pouvoir affirmer au cours d'une discussion mondaine : "Je connais Alfred Jones.". Impossible. Impossible. On ne connait pas Alfred Jones. On connait les Alfred Jones. Psychologiquement, il était un enfant dangereux qui n'allait jamais pour le mieux. Il ne le montrait jamais, cependant, toujours caché derrière un de ses nombreux masques. Mais qui était-il réellement ? Un enfant au syndrome de Peter Pan ? Un adulte monstrueusement cruel ? Une bonne âme prête à faire le bien ? Une nation perturbée ? Une créature désœuvrée ? Personne ne le saura jamais, mais Ivan pouvait se vanter d'approcher de la Vérité.

    Celui qui l'avait élevé le savait-il ? Connaissait-il Alfred Jones ? Rien n'était moins sûr. Oh, il l'avait côtoyé plus que personne, pouvait se targuer de lui avoir enseigné les ficelles du métier, les petits secrets de chacun, ses connaissances prodigieuses sur la magie et l'ésotérisme, de lui avoir appris à lire, à parler, à charmer, aussi. De lui avoir présenté son maitre à penser...Ivan Braginski.
    Une rencontre fortunée, placée sous le signe du Destin, sans doutes aucun. Arthur Kirkland était un homme de principes. En autres règles, il avait décidé lui même de ne jamais instruire l'art de la rhétorique à sa colonie chérie. Il avait oublié une chose, cependant, la rhétorique, l'art de parler, et de charmer dans le même temps s'apprend seul. Est plus ou moins un don, d'ailleurs. Alfred Jones, force était de le constater, avait un charisme impressionnant pour son âge. Lorsque les deux futurs ennemis s'étaient vus, pour la première fois, à ce bal mondain et bondé, l'œuvre du Destin avait déja commencée.
    Plus tard, ils s'affronteraient, mais le fil rouge jamais ne se détruirait. Jolie prophétie.

    Alfred l'avait fait souffrir. Immensément. Et vice-versa. Ils se blessaient sans arrêts, à part les quelques trèves qui s'imposaient d'elles même, le temps rapide de soigner des cicatrices sanglantes. Et puis ça repartait, comme un manège infatigable, interminable, qui tourne, qui tourne, qui tranche, qui tranche. Il avait eut mal, mal, si mal...psychologiquement, surtout, les cicatrices étaient béantes, encore ouvertes, pour certaines. Mais il ne le montrait pas. Là n'était pas son rôle. Il était la Russie, forte, droite, franche...franche ? Avec ses ennemis, certainement. S'il fallait tuer les Etats Unis, il le lui disait. Ah, et ne le faisait pas. On ne tuait pas un si bel ennemi. Pas un ennemi qui vous attire autant, ce n'est pas humain.

    «L'amour est aveugle ? Quelle plaisanterie ! Dans un domaine où tout est regard !»
    [Philippe Sollers]


    [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1258307573663

    Il y avait quelque chose exceptionnellement beau dans le regard d'Alfred. Un de ses nombreux secrets ? Depuis ses immenses yeux de bébé lapin jusqu'a ses grands yeux oh..indéfinissables...profonds...denses...il y avait toujours eu un peu de magie dans ce ciel cyan qui trouait son visage de deux abimes fantastiques. Comme tous les yeux bleus, on voulait s'y noyer. Les siens avaient quelque chose en plus. Une étincelle de douleur. Une paillette espiègle mais aigre. Quelque chose de paradoxal. Elle reflétait toute sa personne, cette étincelle. Ceux qui la voyaient avaient compris l'essentiel d'Alfred Jones. Et elle n'était pas le fruit de son imagination, ou alors, son coeur battait trop fort pour quelque chose de chimérique...

    Cолнышко. Surnom doux, tendre, joli. Joli comme un dessin d'enfant. Ces gribouillis farfelus et résolument laids qui pourtant nous apparaissent sublimes et francs. Pareil. Un mot aux consonances flasques, à l'orthographe ordinaire...rayonnant d'une beauté exaltée par la douceur. Par la tendresse, par l'amitié, par l'amour. Un sobriquet, pourtant, aujourd'hui. Oh, un peu mignon, mais certainement moqueur. Moqueur...n'est-ce pas un peu trop gentil pour un ennemi ? La moquerie n'est-elle pas réservée aux camarades ? La moquerie n'est-elle pas une marque de sympathie, au fond ? Les moqueries sont amicales, ce sont les insultes qui sont viles et fourbes. Les ennemis ne se moquent pas...ils insultent, ils blessent. La moquerie est gentillette...la moquerie est enfantine. Mais ils sont enfants...tous les deux...ils ont refusés de grandir si jeunes. Ils en sont encore à ce stade: la moquerie.

    Mais il rit, cependant. Il éclate d'un rire franc. Franc, véritablement, Солнышко, ça le fait bien rire. Ah ah. Ivan aimerait rire avec lui, mais il n'y parvient pas. Il y serait parvenu si, cette fois ci, le doux surnom avait été un réel sobriquet. Aucunement, cependant. Il était franc...franc.. exactement comme son rire. Exactement comme son coup là, droit au coeur. Tu ris, et ça me fait mal ! Mal ! Pourquoi ? Après nous, nous sommes ennemis.. ahah.. de vrais enfants... tu viens de me lancer un ballon dans la figure, je pleure comme un bébé. Rien de méchant. Alors je ne comprend pas pourquoi mon coeur vient de manquer un battement. Ton rire me fait mal. Et tu n'y est pour rien.du.tout.

    « Un Солнышко ? Pourquoi un Солнышко ? T'attends-tu à ce que je t'appelle Snow-White en retour ? Non, vraiment... Qu'est-ce qu'il t'a pris de dire ça ? »

    Je ne sais pas. Et ton rire m'obsède. Je l'entends encore, figure toi.

    «Je- Je, Alfred, allons, c'était pour rire...

    Se persuade-t-il...Il déguste un peu de caviar, sous son nez. Ivan en reprend, et esquisse un léger sourire. Il doit se reprendre. On ne fait pas les yeux doux à un ennemi. Pas devant lui, en tout cas.

    « Tu crois vraiment pouvoir me battre à coups de surnoms enfantins ? Est-ce tout ce que tu as en réserve ? Et ne crois pas que ton alcool de fillette me fait un quelconque effet, parce que je me porte comme un charme, vois-tu ! Rends-toi à l'évidence : tu n'es plus de taille. »

    Ah. Il avait oublié sa principale alliée. Dame Vodka volait à son secours, fière, droite, un vraie russe ! Dame Vodka ! Fais le tomber à mes pieds, qu'il demande pardon, pardon, pour son affront. Il reprit un peu confiance. Son arme était i.m.p.a.r.a.b.l.e, même pour ce nouveau monstre de puissance.
    Il ne prit donc pas la peine de répondre, savourant son caviar avec une assurance nouvelle qu'il dégustait tout autant que les oeufs de poissons. Voire plus.

    « Bon... Sur ces... entrefaits... faits... ? Ouais, c'est ça..., même si tu manques cruellement de euh... de répartiiie.... je te pardonne et je propose de continuer sur un ton plus... euh... léger, histoire que tu réfléchisses aux enjeux... n'est-ce paaas ? »

    Gagné. Gagné. Gagné ! Ivan élargit son sourire et dissimula un très léger Kol Kol Kol entre sa main. J'ai gagné ! J'ai déja gagné ! Alfred Jones est à ma merci la plus cruelle. Qu'est-ce que je pourrais donc bien en faire ?
    Ivan jubilait littérallement, tellement qu'il en oublia sa propre résistance à l'alcool et se resservit trois verres à la suite sans même songer qu'il restait un semi humain. Et que, comme tous les (semi) humains, il possédait un foie, accompagné d'un système nerveux. Tant pis, je suis russe, Dame Vodka, c'est ma mère.

    Il se redressa légèrement sur le fauteuil et s'empara de la main américaine comme d'un talisman très précieux. Il la serra comme un bijou, la fixa un instant, comme envouté, charmé par de simples doigts et se reprit. Il voyait un peu flou, mais dans l'ensemble, ses pensées suivaient un cours à peu près normal.

    « Alfrred. Tu dois être épuisé, n'est-ce pas ? Tu devrais rester ici, cette nuit. Peut être veux tu que je fasses préparer ta chambre ? »

    Sans même attendre de réponse, il claqua des deux mains et demanda à un serviteur de préparer une chambre. Avec vue sur la neige. Partout, quoi.
    Ivan resta silencieux un moment, observant l'américain avec grande attention. Il hésitait. Ces méthodes basses n'étaient-elles pas réservées aux lâches ? Il se figura un instant...laisser le blond dormir paisiblement. Rien lui faire, ni le blesser ni..rien. Rien du tout. Ah, ce serait si brave. Et il laisserait passer une si belle occasion !

    Mais qui lui disait qu'Alfred était si imbibé que ça ? Jouait-il une habile comédie ?

    « Nous pourrons reprendre les négociations demain. Peut-être voudrais-tu que nous parlions de choses plus ...légères ? Tes alliés par exemple ? »

    Il était partagé entre le désir de faire parler son bel ennemi et l'avidité de le plaquer contre la porte d'entrée et de lui ...arracher les tripes. Tout simplement.

    Sa voix était irrésistible, il avait de la chance.


Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMar 3 Nov - 16:28

Spoiler:


L'ivresse. Alfred n'avait pas été soûl très souvent en ces quelques siècles d'existence. C'est en voyant les désastres de l'alcool sur la personne d'Arthur qu'il s'était juré de ne jamais être ivre. Un peu pompette, passe encore, il l'avait été, mais jamais soûl. Mais il y a une première fois à tout, et il semblait que c'était aujourd'hui...

L'alcool appelait l'alcool et il semblait que plus il buvait de verres de vodka, plus il en désirait d'autres. Quel étrange phénomène. Étrange mais tellement agréable ! C'était magique ! Amérique ne sentait presque plus ses membres : ils étaient légers, si légers ! Sa tête lui semblait gonflée à l'hélium et il avait envie de rire, de rire pour tout et rien, sans s'arrêter ! D'ailleurs, il posa son regard un peu flou sur Ivan et éclata de rire à nouveau, sans raison, hilare. C'était une rire à la fois franc et nerveux, dicté par un mécanisme étrange. Peut-être était-ce les bulles d'alcool qui éclataient dans son cerveau et qui le chatouillaient qui le mettait dans cet état ? Oh ! Quelle fantastique image mentale !

Le Russe lui prit doucement la main et la serra dans la sienne, son regard indigo baissé sur ses doigts, virils mais plutôt fins. Il semblait absorbé par leur contemplation, et cela fit glousser l'Américain.

« Alfrred. Tu dois être épuisé, n'est-ce pas ? Tu devrais rester ici, cette nuit. Peut être veux-tu que je fasse préparer ta chambre ? »

Le susnommé gloussa à nouveau. Bien sûr que non il n'était pas fatigué ! Au contraire ! Il se sentait en plein forme ! Cependant, Ivan claqua des mains pour quémander un domestique. La jeune nation n'attendit même pas que ce dernier parte pour s'approcher du Soviet, trop proche, étroitement penché sur lui, presque sur ses genoux. Alfred émit un petit rire argentin et lance joyeusement, plutôt désinhibé :

« Oooh ! Ivan ! J'aime quand tu prononces mon prénom comme ça : Alfrred ! C'est agréable, c'est drôle et... » Il gloussa. « C'est assez sexy, aussi... »

Alfred pouffa de rire et se rejeta en arrière, l'air euphorique. Il leva gaiement les bras et s'exclama :

« Je ne suis pas épuisé du tout ! Je pète la forme, même ! Mais je reste ici pour la nuit quand même ! »

Soudain, il se redressa dans son fauteuil, se pencha en avant, et fit remarquer, les yeux pétillants :

« Oh ! Tout à l'heure, tu as bégayé ! C'était mignon ! Tu as dis – et il imita fidèlement le Russe – : « Je-Je, Alfred, allons, c'était pour rire... » Waah ! Je ne savais pas que tu pouvais ainsi baf-bafou... Pfeuh ! Bref, tu m'as compris ? »

Ivan, peut-être gêné ou consterné, préféra l'ignorer car il poursuivit sur tout autre chose :

« Nous pourrons reprendre les négociations demain. Peut-être voudrais-tu que nous parlions de choses plus... légères ? Tes alliés par exemple ? »

Contre toute attente, l'Amérique se jeta presque sur son vis-à-vis et, les jambes de part et d'autre de ses cuisses, assit sur ses genoux. La jeune nation ébouriffa les cheveux du Soviétique, ce dernier visiblement déstabilisé par son comportement puéril et inhabituel. Satisfait, Alfred admira le résultat : Ivan était tout à fait charmant avec ses mèches blond pâle en bataille, avec cet air surpris collé au visage. Le jeune homme caqueta et colla son nez droit et fin contre celui du Russe, plus prononcé. Il plongea ses iris bleu céruléen – comme un ciel bleu d'été ainsi l'avait fait remarqué Ivan – dans ceux, d'un violet hypnotisant et sombre du Soviet. Alfred resta calme quelques secondes, ses lèvres toutes proches de celle de son meilleur ennemi, si bien que ce dernier pouvait sentir l'haleine chaude et alcoolisée du blondinet contre sa peau. Ses joues étaient devenues un peu roses à cause de l'alcool, et il conservait cette position indécente et indigne d'une puissance mondiale. Mais il n'en avait cure. Ses lèvres souples frémirent et il lança à mi-voix :

« Tes yeux... On dirait un ciel nocturne... avec une aurore boréale dedans... »

Son ton était innocent et enfantin, fasciné par les reflets des yeux du Russe, observant un silence respectueux devant leur beauté. Puis soudain, il plaqua ses deux mains sur les joues d'Ivan et le fixa avec une mine à la fois grave et euphorique. Il se trémoussa un peu sur les cuisses de son ancien allié et, rejetant la tête en arrière, éclata de rire. Un rire qui glacerait presque le sang, léger et sinistre en même temps, cynique. L'Américain lança alors, le cou tendu, dévoilant sa peau satinée, le visage levé vers le plafond :

« Mes alliés ? Ha ! Tu les connais, non ? Arthur, Francis, Matthew, Kiku, Ludwig,... et tant d'autres gens qui se sont rangés au plan Marshall ! Tant de gens qui cherchent désespérément ma protection et ma puissance ! Certains, comme Arthur, restent avant tout des partenaires de longue date, ceux sur qui je pourrai toujours compter... Mais toi comme moi savons que je n'ai pas d'amis. NOUS n'avons pas d'amis. Juste des alliés... parfois hypocrites ou effrayés. Mais toi et moi, nous sommes seuls, pas vrai ? Sans amis... Sans personne... Tout seul. »

Alfred gloussa doucement et, frottant doucement son nez à celui du Russe, il effleura rapidement ses lèvres. Le contact fut vif et bref, mais bel et bien réel. L'Américain défit sa cravate et la mit autour du cou du Soviet, maladroit. Soudain, il se leva et fit quelques pas chancelant dans la pièce, dos à Ivan. Lorsqu'il se retourna, la jeune nation avait la chemise déboutonnée sur son torse. Il fit remarquer, un peu rêveur :

« Il fait chaud, tu ne trouves pas ? Moi, j'ai chaud. Je brûle. »

La guerre venait de se terminer. Alfred conservait encore les muscles qu'il s'était forgé durant les batailles dans le Pacifique, contre Kiku. Le jeune homme avait toujours mis un point d'honneur à se battre avec ses hommes, évidemment, et les combats avaient fait fondre la graisse qu'il accumulait à chaque période de calme. Ainsi, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale et de ses batailles éprouvantes, la jeune nation pouvait se vanter d'être bien fait de sa personne cette fois. Ses pectoraux et ses abdominaux saillaient légèrement, finement sculptés sous sa peau glabre. Ils étaient assez marqués pour être remarquables, mais pas trop non plus, esthétiques.

Amérique sourit et se débarrassa de sa chemise blanche. Il la jeta sur Ivan et cette dernière atterrit sur sa tête. Cela fit rire Alfred de bon cœur. Il avait chaud, il se sentait léger, et il avait perdu toute pudeur... Mais dans quel monde merveilleux était-il donc ?


Spoiler:
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MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeMer 11 Nov - 20:59

Donne le doigt au Diable et il voudra toute la main.
[Proverbe Russe]


[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1257958743700


    Lorsqu'on demandait à Ivan ce qu'il détestait le plus chez ses ennemis, le russe répondait toujours "l'hypocrisie". Il était franc et toujours sincère dans ce qu'il entreprenait. Aussi, les cachotteries et les messes basses avaient tendance à l'agacer, voire à le blesser. Il répondait aussi parfois "la suffisance" car il estimait l'humilité plus que tout. Il lui arrivait d'ajouter "L'arrogance" et "L'optimisme exacerbé". Et tout allait bien comme ça. Jusqu'a ce qu'il rencontre Alfred Jones.

    Car Alfred Jones n'était rien d'autre que l'ennemi qu'il devait abhorrer le plus. Car Alfred Jones représentait tout ce qu'il haissait. Tout ce qu'il rejetait, tout ce qui le répugnait. Car Alfred Jones était une jeune Nation arrogante, hypocrite, suffisante et terriblement sûre d'elle même.

    Et pourtant, jamais Ivan Braginski ne pourrait se résoudre à anéantir cet ennemi. Jamais, contrairement à ses autres opposants, il n'avait envisagé la possibilité qu'il puisse disparaitre. Pire encore, bien loin d'être indifférent à son sort, il tremblotait comme un enfant à l'idée qu'il puisse mourir. De ces mains, de celles d'un autre...il ne savait pas quelle option l'effrayait le plus. Il se savait terriblement instable, il le savait atrocement provocateur. Il savait que les autres l'évitaient. L'équation ne pouvait donner qu'un résultat sans détour: L'un finirait par tuer l'autre. Mais quand ? Mais comment ? Mais pourquoi ? Ces questions le tiraillaient, plus encore lorsqu'ils étaient face à face, canons contre canons et lames contre lames. Il savait que cette hésitation cruelle serait sa perte. Il savait qu'il était sa propre mort. Il choisissait son tueur, inconsciemment. Pour ne pas avoir à l'éliminer.

    Tout cela ne l'empêchait pas de se battre, néanmoins. Loin de rechercher d'aussi futiles et papillonnantes choses telles la gloire ou l'estime, il ne défendait pas sa vie. Il défendait sa liberté. Car Alfred Jones ne le tuerait pas. Il l'emprisonnerait. Il l'avalerait. Il l'anéantirait. Comme un véritable ennemi. Et il aurait une mort digne d'une Nation. Indigne de la Russie. Ivan Braginski se battait encore, car la mise était immense. Il ne s'agissait plus de fierté. Il ne s'agissait plus de batailles, de sang ou de soldats.

    Ils se trouvaient face à face.

    Sur un échiquier géant.



    You'll make us wanna die
    I'd cut your name in my heart
    We'll destroy this world for you
    I know you want me to
    Feel your pain



    [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1257960073359


    Alfred avait beaucoup trop bu, et les effets s'en faisaient sentir. Il avait le teint rosé d'une jeune fille à son bal de fin d'année, ses yeux bleus lancaient des étincelles et ses gestes habituellement calculés paraissaient soudainement beaucoup plus spontanés. Ivan ressentait un mélange de satisfaction et de mélancolie. Satisfaction perverse du joueur d'échec en bonne posture. Il admirait calemement la déchéance de son ennemi, se le figurait déja à terre, le suppliant pitoyablement de l'épargner. Il l'imaginait rampant derrière lui, se tenant à ses bottes cirées, ses yeux cyans emplis de larmes désespérées. Il l'imaginait...
    Mais il n'arrivait pas à y prendre plaisir. Oh, bien sûr, cela le rendait heureux et guilleret, mais pas euphorique comme il se devrait. Voir Alfred dans cette faible posture lui rapellait le passé, ce teint rosé d'adolesçent, ses joues rouges cerise, ses gestes mal assurés, ce ton doux et innocent, ces manières déplacées...
    C'était son allié d'autrefois qu'il avait en face de lui. Et cette vision le déstabilisait. Il essaya de ne rien en faire paraitre, bien que ce ne fût pas réellement nécessaire. Alfred était bien trop imbibé pour se rendre compte de quoi que ce soit.

    « Tes yeux... On dirait un ciel nocturne... avec une aurore boréale dedans... »


    Le voilà qui s'imposait à ses genoux, à présent ! Ivan demeura coi un instant, laissant l'américain jouer à ses charmants petits jeux. Il lui ébouriffa les cheveux d'un geste presque machinal et admira le résultat. Ivan ne put s'empêcher de plonger ses iris dans ceux d'Alfred et à l'instant où le contact se fit, il sut qu'il venait de perdre un de ses pions. Il ressentait cette si simple rencontre oculaire comme une défaite cuisante et détourna le regard, légèrement rosi par la honte. L'américain, se rappelant la précédente question du russe, rejeta alors la tête en arrière et dit d'un ton qui n'exprimait qu'une amertume encore habilement dissimulée:

    « Mes alliés ? Ha ! Tu les connais, non ? Arthur, Francis, Matthew, Kiku, Ludwig,... et tant d'autres gens qui se sont rangés au plan Marshall ! Tant de gens qui cherchent désespérément ma protection et ma puissance ! Certains, comme Arthur, restent avant tout des partenaires de longue date, ceux sur qui je pourrai toujours compter... Mais toi comme moi savons que je n'ai pas d'amis. NOUS n'avons pas d'amis. Juste des alliés... parfois hypocrites ou effrayés. Mais toi et moi, nous sommes seuls, pas vrai ? Sans amis... Sans personne... Tout seul. »


    Bam. Un coup dans le coeur. Un coup de maitre Alfred, tu as dû me confisquer mon fou. Jouer avec les sentiments, ça te ressemble tellement, tellement... Même quand il ne le fait pas exprès. Ivan resta silencieux une fois de plus. Les quelques mots d'Alfred résonnaient dans son esprit comme une litanie meurtrière. Le mot "seul" était un poignard que l'on faisait danser sur sa nuque. Le mot "alliés" le transperçait lentement. Les mots "toi et moi" l'achevèrent. Il conserva son calme, remerciant une fois de plus Dame Vodka de lui offrir une couverture discrète. Il tenta vainement de ne plus y penser et se concentra sur son objectif: ce soir Alfred Jones tomberait.

    « Il fait chaud, tu ne trouves pas ? Moi, j'ai chaud. Je brûle. »


    Et il commença à se déshabiller comme si il se trouvait dans son boudoir. Oh, Alfred, si peu de gêne, si peu de pudeur, voilà où est passée la patte de Francis. Ivan ne put s'empêcher de sourire, et il conserva une expression terriblement niaise jusqu'a ce qu'il s'apercoive qu'il rougissait. Il rougissait. La situation ne pouvait pas être pire, et pourtant, elle venait de se tourner en sa compléte faveur. Ivan Braginski se reprit avec lenteur, et jetant un oeil furtif à l'américain -qui, vraisemblablement parlait tout seul- il tenta de chasser ces disgracieuses marques rouges qui ornaient ses joues froides. Sans grand succès. D'ailleurs, il fut interrompu par un voile blanc qui passa devant ses yeux. Une chemise.

    L'ôtant négligemment de son visage et la jetant dans un coin de la pièce, Ivan entreprit de reprendre la situation en main.

    " Alfrred... tu tiens peut être particulièrement à ôter tes vêtements en ma présence, mais sache que ce n'est ni l'endroit, ni le moment.. "


    Il avait parlé en anglais afin de s'assurer qu'Alfred comprenne bien chacun de ses mots. Ivan marqua une pause, adoptant un air sévère qui ne lui seyait que moyennement. Puis il reprit, et rapprochant son visage de son ennemi, opta pour un ton plus détendu:

    " A moins, que, bien sûr, tu n'ait envie de te rendre... "


    Il lui se noya dans ses pupilles tentant de faire prédominer ses propres iris améthystes.

    " Auquel cas, je t'invite à signer ici, et à te rendre dans mes appartements. "


    Il ne savait pas réellement pourquoi, mais il avait l'impression que les choses ne seraient pas aussi faciles. Il avait l'impression que les Etats Unis, peu importe l'état dans lequel ils se trouvaient, ne lui appartiendrait jamais.
    Mais il caressait, au fond de lui même, l'espoir de garder Alfred pour lui.

    Abandonne, Alfred, c'est terminé maintenant...

    Abandonne, et nous serons les plus heureuses Nations du monde.
    Il pria Dame Vodka de tenir assez longtemps.
    Abandonne, et ils nous envieront tous.
    Il pria Dame Vodka de l'endormir encore longtemps.
    Abandonne, et deviens mien.
    Il pria le Hasard.

    " ABANDONNE ! "


    Les mots avaient traversés sa gorge comme un raz de marré. Il se plaqua les mains sur les lèvres et tentant vainement de chasser l'américain de ses genoux, espéra que ce n'était qu'un rêve.

    Ne m'abandonne pas...


    You make me sick
    Because I adore you so
    I love all the dirty tricks
    And twisted games you play
    on me

Spoiler:


Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeLun 28 Déc - 15:30

Spoiler:



Alfred se rappelait avoir eu de longues conversations avec Ivan, alors qu'il n'était encore qu'une colonie adolescente et que l'ont parlait encore de Tsar en Russie. La dernière discussion qu'ils avaient eue avant longtemps en fait... De violentes manifestations faisaient déjà rage aux États-Unis, contre la Métropole Britannique et son monopole commercial, prémices de la Guerre d'Indépendance. La jeune colonie ne parlait alors guère plus à son père adoptif, le boycottant au même titre que son peuple reniait la Grande-Bretagne. Ignorant les lettres et refusant de voir Arthur, Alfred était allé trouver Francis sans rien demander à personne, et surtout pas l'autorisation de son tuteur, pour lui proposer une alliance contre l'Angleterre. Nous étions alors en 1775. Après que la France lui ait assuré son soutient pour se débarrasser du joug d'Arthur, l'Amérique avait fait un détour par la Russie, le cœur lourd de sa « trahison », presque un parricide, pour lui faire ses adieux temporaires. Sûrement qu'après la guerre, quelque soit son issu, l'adolescent ne remettrait pas les pieds en Europe avant un long moment, soit trop occupé à bâtir sa nation indépendante, soit trop sévèrement puni par Arthur... Peut-être même qu'il serait abattu après la guerre pour rébellion, mutinerie ; ou bien pendant, sur le champ de bataille.

« Arthur ne le sais pas encore, mais je vais lui déclarer la guerre... Pour mon indépendance. Francis se battra à mes côtés. Je ne suis pas venu pour te demander de participer, car ça ne te regarde pas, je ne veux pas t'embarquer dans cette sale affaire, tu es déjà assez occupé avec l'expansion de ton Empire. Francis, lui, adore se disputer avec Arthur, alors ça ne changera rien, ils seront juste un peu plus remontés l'un contre l'autre... Non, si je suis venu, c'est pour te dire au revoir. Je ne sais pas combien de temps durera la guerre, ni qui en sortira victorieux, alors je tenais à te faire mes adieux, dans le doute. Peut-être même que je ne reviendrai jamais. Arthur... va m'en vouloir énormément pour ce que je vais faire, peut-être même qu'il me détestera et me tuera. Alors... je tenais à te rendre visite avant de repartir pour l'Amérique. »

Parce que je tiens énormément à toi, Ivan. Je voulais te revoir, te parler, te toucher avant de mourir ou de disparaître.

« Ne dis rien à Arthur. »

Alfred avait alors effleuré la joue du Russe du bout des lèvres avant de partir sans se retourner, entêté et fougueux, déterminé, faisant fi de tout ce qu’il avait pu objecter. Le 4 Juillet 1776, la jeune colonie avait déclaré son indépendance et son audace avait fait éclater la guerre. Aidé de France, Amérique s'était battue de toutes ses forces contre Angleterre, comme s'il avait quelque chose à prouver. Une baïonnette pointée sur son front, celle d'Arthur, Alfred avait regardé la Mort dans les yeux. Persuadé qu'il allait mourir de la main de son tuteur, la colonie avait eu une pensée pour Ivan, loin dans son Empire de glace et de neige, sûrement inquiet pour cet adolescent rebelle et inconscient... Il s'était alors dit qu'il ne reverrait plus jamais la Grande Russie, Matthew, Francis,... et surtout son père adoptif, qu'il avait trahi, poignardé dans le dos alors que ce dernier avait tant fait pour lui... Mais Arthur s'effondra, à genoux dans la boue, et céda à Alfred avant de se retirer, blessé et meurtri par cette toute nouvelle nation : les États-Unis d'Amérique.

L'adolescent faisait ses premiers pas comme jeune adulte et se dévouait corps et âme pour son pays, le sien, qu'il avait mérité et qu'il avait obtenu dans le sang et les larmes, sacrifiant pour cela sa vie sociale, et surtout familiale. A part avec Matthew et Francis, il resta longtemps sans lien avec le reste du monde, trop occupé à faire renaître son morceau de continent. Depuis cette dernière discussion devant son palais de St Petersburg, sous la neige, Alfred n'avait pas revu Ivan... jusqu'à ce que la Première Guerre Mondiale éclate et qu'ils se retrouvent alliés, unis dans le même camp, avec Francis et – surprise – Arthur. L'ex-colonie avait déjà bien grandi depuis tout ce temps... Il avait déjà l'assurance et la suffisance d'un jeune vainqueur, le regard pétillant de malice et le sourire éclatant d'optimisme. Il avait tellement changé... Alors que la Russie était restée fidèle à elle-même, immuable.

Ils étaient maintenant si différents, si éloignés l'un de l'autre...

... Mais à la fois si proches, si semblables.

Et maintenant ils étaient là, face à face, presque ennemis mortels, pas encore tout à fait... Ils étaient ensemble, imbibés d'alcool. L'esprit d'Alfred frôlait la stratosphère, léger, tous ses problèmes de nation adulte envolés... Inconscient, un douce chaleur au creux de l'estomac, il s'effeuillait sans aucune honte, la peau légèrement luisante d'un mince voile de sueur. Il était en Russie... en plein hiver... Pourquoi avait-il si chaud ? Pourquoi est-ce que son regard se troublait par moment ? Pourquoi avait-il envie de rire, alors qu'il n'y avait rien de drôle, sinon cette agréable sensation de légèreté un peu étourdissante ? Pourquoi est-ce qu'il ne sentait plus son corps ? Pourquoi est-ce que la voix d'Ivan lui semblait-elle si lointaine ? Pourquoi ? Pourquoi avec Ivan ? Pourquoi était-il sur ses genoux ?

Ne lui voulait-il pas du mal ?

Et lui, Alfred, ne voulait-il pas l'écraser ?

Alors pourquoi faisait-il le clown devant son futur ennemi ? Son futur ennemi aux joues rouges et aux yeux luisants... comme lui. Sauf que pour les États-Unis, c'était un effet de Dame Vodka, délicieusement traître.

« Alfrred... tu tiens peut être particulièrement à ôter tes vêtements en ma présence, mais sache que ce n'est ni l'endroit, ni le moment... »

Le susnommé répéta mécaniquement, sans pouvoir s'empêcher de glousser comme une jeune fille, visiblement très amusé par l'accent du Russe :

« Alfrred... Ce ton sévère ne va pas avec ta tête de bébé... et ta voix de grand-frère... Alfrred... Tu roules les r, c'est amusant ! Alfrred, Alfrred, Alfrred... C'est moi, Alfrred... Et si, c'est le moment – Alfrred – parce que j'ai chaud ! Et quand j'ai chaud, je me déshabille ! Alfrred ! Et je me déshabille à l'endroit où je me trouve, c'est logique, non ? Aaaalfrreeeed ! »

Ivan se détendit et approcha doucement son visage du sien :

« A moins, que, bien sûr, tu n’aies envie de te rendre... »

Se rendre ? Se rendre où ? A qui ? Avec qui ? Pourquoi ? Comment ? Alfred plongea ses yeux stupéfaits dans ceux de la Russie, pénétrants, d'un violet ensorcelant. Se... rendre... ? Dans une conscience lointaine, Alfred savait ce que cela voulait dire, mais il ne s'en rappelait pas... Il avait juste un impression de douleur, de répulsion... Les États-Unis avaient perdu le sens de ce terme, mais ils savaient qu'il ne devait pas le faire.

« Auquel cas, je t'invite à signer ici, et à te rendre dans mes appartements. »

Signer quoi ? Signer où ? Signer pour qui ? Ses appartements ? Et pourquoi ? Pour faire quoi ? Avec qui ? La proposition lui semblait à la fois révoltante et alléchante... Qu'est-ce que Russie comptait lui faire dans ses appartements ? Était-ce bénéfique ou non ? La jeune nation ouvrit de grands yeux étonnés, essayant de réfléchir à la question. Signer... Appartements... Se rendre... Quel étrange puzzle. Alfred se sentait menacé, sans réellement savoir pourquoi, l'esprit en cavale. Soudain, un cri vif et désespéré le sortit de sa rêverie, agressif :

« ABANDONNE ! »

Alors qu'Ivan plaquait ses mains sur sa bouche, comme s'il regrettait, l'Amérique sursauta violemment et s'agrippa vivement à la veste de la Russie, comme un chat effrayé qui plantait ses griffes dans ce qu'il avait à sa portée. Les yeux écarquillés, se maintenant coûte que coûte sur les genoux d'où Ivan essayait de le chasser, Alfred se raidit. NON ! Dans un coin de son cerveau, une voix lui hurlait de refusait, de se rebeller, de se battre, comme il l'avait toujours fait. L'échine hérissée, la jeune nation s'ébroua et secoua obstinément la tête. Il planta son regard bleu ciel dans celui d'Ivan et articula :

« Non. »

Il marqua un temps et ajouta, comme pour bien se faire comprendre, toujours un peu embrumé par l'alcool :

« Non. Je ne veux pas. Je n'abandonnerai pas. »

Son regard se perdit dans le vague et la vodka reprit ses droits. Un peu enfantin, Alfred reprit :

« Parce que si j'abandonne... Le jeu sera fini... et je ne veux pas. Je veux encore jouer. Et surtout : je ne veux pas perdre. Je... Je déteste perdre. »

Surtout face à toi...

Alfred se pencha et ramassa son manteau. Il en tira son six coups, l'ouvrit et retira toutes les balles sauf une. Le blond referma le chargeur et regarda Ivan, intense. Russie avait sûrement comprit ce qu'il avait en tête. Un jeu. Un jeu dangereux. Un jeu que seul un Russe bourré pouvait avoir inventé, et que seul un Américain bourré pouvait reprendre...

« La roulette russe... »

Il avait parlé dans la langue de son ennemi cette fois, comme pour lui montrer sa bonne volonté. L'Américain fit s'emballer le chargeur et pointa le révolver contre sa tempe. Etourdi par l'alcool, il tira sans se poser la question.

Clic !

Alfred était toujours vivant. Il fit rouler le chargeur et tira à nouveau, le canon contre sa tête.

Clic !

Il recommença une dernière fois et par chance, la vie ne lui fut pas ôtée. La jeune nation sourit et rendit le six coups à Ivan. Peut-être que le Russe se servirait se l'arme pour lui tirer dessus... Peut-être qu'Ivan mourrait... C'était le jeu, il fallait s'y soumettre.

« Si tu ne meures pas... Tu pourras me demander une faveur... Une faveur qui ne met pas en jeu ma liberté. »

Alfred referma sa main sur la cravate d'Ivan et le regarda fixement dans les yeux pour qu'il puisse y lire son honnêteté. Cette fois, les États-Unis ne se déroberaient pas.



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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeVen 22 Jan - 22:48


[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1264262964799

Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis.
[F.F Coppola]


    Il était une fois, un grand Empire. Richesse, profusion, gloire, grandeur, prestige, fierté, force, abondance étaient ses compagnons; tristesse, jalousie, avidité et égoïsme ses vices; quel était le plus important ? Ces insectes insupportables qui lui tournaient autour, cette auréole de gloire l'enveloppant telle une toge de vanité ? Ces éreintants jaloux, misérables choses rampant ou agonisant à ses pieds, cette aveuglante mais tellement impressionnante confiance en lui ? Il ne savait pas. A cette époque, le moindre sourire, la moindre poignée de main lui paraissait juste et fiable. A l'époque, il faisait encore confiance, et aimait beaucoup trop. A cette époque, il aurait tout donné pour une âme à adorer.

    Car, perdu et esseulé dans les immenses plaines de Sibérie; solitaire parmi les moscovites; abandonné à St Petersbourg; partout, Ivan n'était qu'une ombre scintillante d'une gloire imaginaire, brillant d'une force chimérique. Seul en permanence, livré à ses sombres pensées, le russe avait oublié le goût si particulier du bonheur, et ne connaissait que les déceptions qu'apportait l'espérance, sa vile maitresse. Perdu et esseulé entre les Nations elles-mêmes, traites sanguinaires et brutes sans scrupules; solitaire parmi les siens; abandonné entre les humains. Ivan n'était que le résidu torturé de la brillante et crainte Russie.

    Ivan se haïssait. Il se détestait à la façon d'un coupable que le remords ronge. Incapable de se comporter dignement, telle la Nation qu'il est; incapable d'être le reflet de cette admirable Russie, Ivan s'abhorrait littéralement. Coupable de n'être pas digne d'un peuple aussi fidèle et solide, il s'efforçait avec difficulté de conserver une image fière en public. Pour mieux se haïr devant les milles et unes glaces des palais. Défait de l'intérieur, déjà à terre psychologiquement, le pitoyable Ivan avait besoin d'un réconfort, d'un confident qui soit un bel esprit, d'une aide qui soit un péché.
    Ivan avait besoin d'Alfred.

    Et, par chance, ou peut être était-ce l'œuvre hasardeuse du destin, il l'avait rencontré. Une jeune et géniale âme, pleine d'espoirs, calculatrice et terriblement attirante. Un piège à loup dans lequel l'esprit perdu et esseulé d'Ivan était tombé sans même résister. Pourtant son instinct ne le trompait jamais, et les sourires délicieusement hypocrites -quand est-ce qu'ils étaient sincères, Ivan n'avait pas réussi à le savoir- d'Alfred lui faisaient toujours comme un sursaut. Comme si une bête sauvage le guettait, sans qu'il puisse la voir cependant.
    Cette bête n'avait été engendrée que par sa propre et inutile stupidité. Il le savait, et continuait pourtant. C'est ainsi qu'il se lia rapidement d'amitié avec la plus dangereuse des Nations. Un jeune imbécile ? Oh, loin de là, contrairement à ce que pensaient certains. Un esclave à la botte de son cher mentor ? Encore faux. Avide, profiteur et menteur au dernier degré de la bassesse, Alfred était jadis un fieffé opportuniste. Et il l'est resté.

    A la différence qu'Ivan a juré de le descendre. Sans même avoir la naïveté d'y croire.

    [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1264196285678


    Aimer, c'est bien, savoir aimer, c'est tout.
    [François René de Chateaubriand]


    Quelle naïveté est-ce là sinon une admiration sans limite, inavoué, lancinante ? Quelle haine est-ce là sinon une rancune incompréhensible, un amour torturé ? Quelles blessures sont-ce ces éraflures sinon des chagrins répétés, insupportables et désespérants ? La douleur physique n'est plus rien. Maints coups de poignards, maintes désillusions, maintes blessures, maints espoirs brisés: Ivan avait tout connu. Mais le pire restait l'évanouissement et l'écrasement de ses attentes. Un peu de sang sur son bras, de la chair à découvert, il n'y faisait guère attention. Par contre, chaque mot dur, chaque insulte que lui lançait son adoré némésis le blessait. La seule chose qui le consolait était la conviction que ces blessures étaient réciproques. Et, comme exalté, cette assurance le poussait à continuer, encore et encore, le poussait à se battre, à le déchirer, à l'anéantir, pour ensuite, parfois, se demander ce qui lui prenait et d'où venait cette rage.

    Il ne le savait pas. Mais ce soir là, c'était la fascination qui le guidait. Jusqu'où irait Alfred Jones ? Qui était ce jeune homme sensible ? Où était passée sa gaité naive ? Qui était ce bel éphèbe, à moitié nu dans ses appartements ? Que se passait-il dans son si étrange esprit ? Alfred Jones, qui est-tu ? Que me veux-tu ? Que désires-tu ? Qui aimes-tu ? Qui hais-tu ? Alfred Jones, répond moi, répond moi et je te ferai la meilleure des faveurs. Alfred Jones, répond moi et je t'adorerai plus encore que maintenant. Répond moi.

    Les mots ne suffisaient plus. Et alors qu'Ivan le provoquait pour la énième fois, il vit les yeux du blondin s'assombrir, pourtant toujours sous l'effet de Dame Vodka.

    « Non. »

    Abasourdi, Ivan attendait que son esprit le secoue. Incapable de faire ne serait-ce qu'un mouvement, il resta planté là, comme une plante désechée.

    « Non. Je ne veux pas. Je n'abandonnerai pas. »

    Alfred...pourquoi ?
    Ces traits juvéniles, cette attitude désinvolte à laquelle Ivan s'était malgré toutes ses réticences habitué venaient de disparaître, et même de voler en éclats. Mais qui était-ce que ce magnifique jeune homme ? Qui était cette détermination étonnante ? Le mal personnifié, n'était-il pas sensé hurler et insulter ? Mon mal à moi.

    « Parce que si j'abandonne... Le jeu sera fini... et je ne veux pas. Je veux encore jouer. Et surtout : je ne veux pas perdre. Je... Je déteste perdre. »

    Un jeu. C'est un jeu, Ivan. Rien qu'un simple jeu, tu vois. Une petite partie avec toi, rien qu'un jeu. Une idiotie de plus. Un peu plus dangereuse que les autres, un peu d'adrénaline en plus, un peu de piment sur le chemin de mes inassouvies ambitions ! Tu es un jeu, Ivan ! Un jeu.
    Le blond s'empara alors de son revolver. Oh, Alfred, alors l'alcool te fait cet effet là ? Alors ma demoiselle Vodka réveille tous tes instincts suicidaires ? Amusant, ne savais-tu pas que la seule personne qui gagne à la roulette russe c'est moi ?
    Ne savais-tu pas que tu n'avais aucune chance ? Ne savais-tu pas que tu perdrais ?

    « La roulette russe... »

    Clic

    Respiration saccadée, silence, mouvement léger, silence pesant, respiration saccadé, mouvement brusque, arrêt soudain.
    Vivant.

    Clic

    Respiration lente, immense silence, l'éternité passe, respiration rapide, mouvement brusque, nouvel arrêt.
    Vivant.

    Clic

    Respiration saccadée, encore, encore, encore, sans arrêt. Frissons, tremblements, angoisse, angoisse sans fin et sans raison. Arrêt soudain
    Vivant.

    « Si tu ne meurs pas... Tu pourras me demander une faveur... Une faveur qui ne met pas en jeu ma liberté. »

    A ton tour.


    Ivan s'approche d'Alfred, les yeux fixés sur un point invisible. Ses iris améthystes refusent de rencontrer l'azur brillant. Il s'empare du revolver, tremblant de détermination ou de désespoir, le fixe une seconde, comme s'il eût été son nemesis lui même. Il attend, calme et placide enfin, lorsqu'il colle l'arme contre sa tempe brûlante. Il ferme les yeux, comme il le fait toujours et respire douloureusement.

    Clic. Rien que le noir. Clic. Rien que ses yeux.

    Clic. Rien que ces stupides espoirs.


    Le blanc.
    Le blanc c'est la mort.
    Le noir.
    Le noir c'est le désespoir.
    Le bleu.
    Le bleu c'est toi.

    Vivant
    Un soupir. Une larme silencieuse. Une regard haineux, ironique, presque aimant.

    " Alfrrred. Une faveur tu as dit ? Voyons, mais à quoi es-tu bon mon cherrr ami ? "


    Il s'approche de son cadet, l'aggripe brutalement par le coup, le soulève légèrement, du peu de force qui lui reste et, les yeux étonnemment brillants, semble parler avec empressement.

    " Rien qu'a me tenter, serpent. Rien qu'a me détruire, monstre à mon image. Tu ne fais rien d'autre que m'anéantirrr ! Tu es un poison, Alfred Jones, tu es la pire chose que le Monde ait porté ! Tu es l'hypocrisie et la passion ! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Alfred Jones ? "

    Il le lâche, le corps du blond retombant violemment sur la précieuse banquette. Sonné, il ne semble pourtant pas hors d'état de nuire.

    " Pourquoi me ressembles-tu autant ?! "

    Il avait hurlé mais s'en fichait.
    Pâle comme la nouvelle lune, complétement hors de son peu de raison, Ivan sortit avec lenteur son adoré couteau, en avisa un deuxième qu'il lança à Alfred.

    " Ma faveur ? Un combat. Egal contre Egal. Clône contre Clône. Monstre contre Monstre. Je te rayerai de la surface de cette immonde planète. Tu mourras comme un chien, car tu ne mérites pas mieux.

    Résiste, ne meurs pas, ne meurs pas, s'il te plait.
    Bats toi, tue le monstre qui te hait.
    J'aimerais t'aimer.
    Mais j'en suis incapable.


    Meurs.



    " ...ou je mourrai comme un chien. Je ne vaux pas mieux non plus.

    Adieu mister Jones.

    Mon ami.
    Mon très cher ami.
    Moi même.



    [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1264196285226

    I will re-write history
    And you will not exist to me
    On the day you crossed the line
    I found out love is war



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Dernière édition par Ivan Braginski / Russie le Ven 20 Aoû - 18:46, édité 1 fois
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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeDim 8 Aoû - 4:28

C’était fou comme Dame Vodka altérait sa vision des choses, au sens propre comme au sens figuré. Alfred laissait dériver son regard dans la pièce richement décorée comme au temps des tsars. Les fauteuils de velours puce semblaient miroiter, les boiseries étaient comme ravivées par une étrange teinte cuivrée et chatoyante, les dorures étaient plus éclatantes que jamais, des étoiles prisonnières dans un étrange réseau de rainures, les tapis étaient comme le dos soyeux d’un chat géant. Tout était si net et si flou à la fois… Les couleurs se mêlaient, se confondaient, éclataient en un joyeux arc-en-ciel. Son regard bleu coula par la fenêtre : la neige était brillante, blanche et légère comme un immense tapis de sucre glace. La Russie était-elle un grand gâteau ? Un gâteau dont il comptait bien obtenir une part… Et même plus.

Soûl comme il l’était, Alfred se sentait à la fois présent et absent. Une partie de lui était bel et bien dans la pièce, mais l’autre divaguait très loin, frivole et fugueuse. Il avait l’impression d’être un être double, doté de deux personnalités, de deux corps, distincts mais réunis. Comme des siamois qui pourraient se décoller à leur guise et refusionner. Ivan était-il aussi son siamois ? Il avait un jumeau déjà, alors pourquoi pas un siamois ? Après tout, Ivan était toujours plus ou moins associé à lui, de près ou de loin… Ce grand homme glacé. Et lui, grand homme éblouissant. La lune et le soleil. L’ombre et la lumière. La nuit et le jour. Le noir et le blanc. Le chaud et le froid. L’Hiver et l’Été. Deux pensées. Deux modes de vie. Deux idéaux. Deux pays. Mais un destin. Amérique voyait tout cela très clairement dans sa tête, même si son cerveau baignait dans la vodka. Mais pas encore assez pour qu’il soit hors d’état. Hors d’état de nuire… d’aimer… de détester. De céder.

Les États-Unis ne cédaient jamais.

Jamais.

« Non ». Telle fut sa réponse. Ce sont les refus qui font l’Histoire.
La roulette russe… Un défi passionnant dans lequel Ivan s’était lancé pour le suivre dans ses délires d’ivrogne. Le jeune homme ne quittait pas le soviétique des yeux, fasciné par son visage dur et froid, ses yeux clos quand il pressait la détente. Clic. Malgré son état d’ébriété, Alfred retint sa respiration, tendu. Ivan pouvait mourir. La Russie s’effondrerait alors. Et ce serait la fin du jeu. La fin de tout. Clic. Toujours pas mort. Et toujours cette tension pourtant. Restait un coup. Clic. Pas mort. Ivan était sauf. La Russie était sauve. Le jeu pouvait continuer. Son vis-à-vis soupira et une larme – de soulagement ? – brilla sur sa joue lisse. Un regard. Haineux, ironique, mais passionné.

« Alfrrred. Une faveur tu as dit ? Voyons, mais à quoi es-tu bon mon cherrr ami ? »

Mais à plein de choses, tu le sais très bien… Que veux-tu de moi en vérité, Ivan ? Dis-le. Dis-le vraiment. Sans tabou, sans honte… Sans peur.
Soudain, Ivan s’approcha de lui et le saisit par le cou, violent. Il le souleva, l’étranglant presque, et cracha, les yeux luisant d’une lueur étrange, presque malsaine :

« Rien qu'a me tenter, serpent. Rien qu'a me détruire, monstre à mon image. Tu ne fais rien d'autre que m'anéantirrr ! Tu es un poison, Alfred Jones, tu es la pire chose que le Monde ait porté ! Tu es l'hypocrisie et la passion ! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Alfred Jones ? »

Alfred resta un moment sans voix, comme choqué, heurté par les mots violents et intenses de son aîné. Monstre ? La pire chose ? Pourquoi ? Qu’avait-il fait de mal ? Perturbait-il Ivan à ce point ? Ce dernier le rejeta sur la banquette et ajouta en hurlant, hors de lui :

« Pourquoi me ressembles-tu autant ?! »

Le jeune homme le regarda, hébété, les yeux ronds. Puis ses lèvres rosées s’élargirent peu à peu en un sourire presque sardonique, avant qu’il n’éclatât de rire, nerveux et incrédule. Un ricanement, un petit rire désagréable et moqueur, comme celui d’un juge impitoyable et cruel. Il hoquetait sur la banquette, hilare. Furieux, Ivan lui lança un petit couteau qu’il rattrapa au vol, par réflexe.

« Ma faveur ? Un combat. Égal contre Égal. Clone contre Clone. Monstre contre Monstre. Je te rayerai de la surface de cette immonde planète. Tu mourras comme un chien, car tu ne mérites pas mieux. »

Le Russe avait tiré son propre couteau aussi. Il acheva après un temps :

« ...ou je mourrai comme un chien. Je ne vaux pas mieux non plus. »

Alfred regarda le couteau, puis Ivan, avant de rire à nouveau. Il lança, pouffant de rire :

« Allons, Ivan ! Tu n’es pas sérieux ! »

Il se leva, chancelant, et s’approcha de son hôte. Il était tout près. Ses lèvres effleurèrent le lobe tendre et doux de l’oreille de son vis-à-vis et il susurra, presque sensuel :

« Ce n’est pas ce que tu veux… Tu ne veux pas me tuer… Je suis tout ce que tu as au monde. Tu tuerais ta famille toute entière pour m’avoir, moi. Je suis lié à toi, tu le sais… »

Alfred posa une main sur le torse du Russe et noua les doigts de l’autre autour de sa propre cravate qu’il avait passé autour du cou d’Ivan un peu plus tôt. L’Américain était dépossédé de sa chemise, qui traînait au pied de la banquette, abandonnée. Il crispa ses doigts sur le manteau de son aîné et poursuivit, charmeur :

« Cherche ce que tu veux vraiment, Ivan… Tu me veux moi, non ? Tu ne m’auras pas dans la mort car une fois que je ne serai plus de ce monde, tu seras seul avec mon cadavre. Que feras-tu alors ? Tu le mangeras ? Aimerais-tu sentir mon sang, mes organes et mes muscles pulser dans ton corps, Ivan ? me rongeras-tu jusqu’à l’os ? »

Amérique mordilla le lobe de l’oreille d’Ivan. Soudain, il planta sa lame dans la main du Soviétique et en trancha superficiellement la paume. Il se recula, souriant étrangement. Alfred se fit alors la même blessure dans la main opposée. Il regarda le sent perler et miroiter un instant avant de saisir la main de son clone pour la serrer, fermement. Il annonça, le regard pétillant, un frisson d’excitation dans la voix :

« Un pacte de sang. Nous sommes liés… camarrrade. »

Et maintenant, Ivan ?


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[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Vide
MessageSujet: Re: [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred-   [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- Icon_minitimeVen 20 Aoû - 18:38

[1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1282329382181 [1948] C'est la Guerre, Camarade ! -PV Alfred- 1282329382657

    Ivan paraissait souvent comme un homme aux principes rigides, rigoureux, immuables, à l'esprit quelques peu manichéen. Évidemment, comme toutes les choses précédées du verbe paraître, tout cela n'était qu'apparat. La vérité était plutôt amusante. L'esprit enfantin d'Ivan n'affectait pas réellement sa vision des humains, du monde, de la justice. Il voyait en gris, Ivan, mais peut-être un peu trop. Il faisait tout en gris, et au fil du temps, il avait fini par songer qu'il n'existait ni gentil, ni méchant, ni d'hommes bons, ni d'hommes mauvais. Cette réflexion là, contrairement à tant d'autres, s'appliquait aussi aux Nations. Ainsi, il avait beau haïr Arthur, il ne le considérait pas comme une erreur à éliminer au plus vite, il avait juste tendance à oublier ses qualités. Il avait beau adorer Francis et sa culture infiniment plus raffinée que la sienne -il ne l'avouerait jamais pas la peine d'essayer-, il restait lucide et admettait qu'il n'était pas la personne la plus coureuse qu'il ait connue. La seule personne qui faisait exception à cette règle se tenait devant lui, affalée sur la banquette, à moitié ivre et ne lui inspirait présentement rien d'autre que la plus grande haine.

    Et comme vous le savez tous, la haine, c'est pas sain. La haine c'est sale, collant, gluant, impossible de s'en débarrasser. C'est comme un parasite infernal, une maladie qui n'aurait que des phases terminales. Un virus contagieux, pour qui veut bien l'attraper, car la haine ne touche que ceux qui inconsciemment la désirent. Certains humains, certaines Nations n'ont jamais connu la haine, parce qu'ils l'a méprisent, l'évitent, la craignent. Ceux qu'elle hante la rejettent violemment, comme pour la refouler, et un jour ou l'autre, elle parvient à les retrouver. A ce moment là, tout est terminé, elle ne les lâchera plus jamais. Pour ne pas être repérée, et parce qu'elle est très maline, la haine mute, elle se déguise, piochant parmi ses rares, mais magnifiques costumes. Certes, elle est masquée, mais elle ne revêt que certains déguisements que l'on connait bien; l'obsession, l'amour empoisonné, son préféré.

    Ivan connaissait bien la haine. Il ne faisait plus partie de ces gens qui la fuient en vain, ni de ceux qui la refoulent. Il avait appris à la maitriser, l'indomptable tornade. Certes, il avait un certain âge et donc, une expérience non négligeable, car on la dompte pas si facilement. Et il lui arrivait de s'oublier, exactement comme maintenant, avec ce couteau, cette roulette russe, avec Alfred, avec ce parasite qu'il ne pouvait souffrir, ce gamin qui le terrorisait, cet homme qui le fascinait.

    « Allons, Ivan ! Tu n’es pas sérieux ! »

    A une affirmation aussi spontanée, deux choses seulement effleurèrent Ivan. Alfred devait être bien imbibé pour clamer quelque chose d'aussi stupide, et il était également sacrément beau. Mignon. Beau. Mignon. Bof, peu importe.
    C'est faux.
    Complètement faux, décida le russe intérieurement.
    La seconde d'après, car les réflexions hautement personnelles d'Ivan prennent généralement pas plus de deux secondes, Alfred s'était relevé. Enfin, c'était un bien grand mot, le jeune chancelait tellement qu'il aurait pu faire concurrence à Arthur le soir de la St Patrick.

    « Ce n’est pas ce que tu veux… Tu ne veux pas me tuer… Je suis tout ce que tu as au monde. Tu tuerais ta famille toute entière pour m’avoir, moi. Je suis lié à toi, tu le sais… »

    Brrr.
    Il ne savait plus trop où se trouvait l'américain. Ce dont il était sûr c'est qu'il avait à la fois très froid et très chaud, qu'il était certain d'avoir bu alors qu'il tenait remarquablement bien l'alcool, et qu'il avait oublié, l'espace d'un instant, pourquoi est-ce que ses mains tremblaient.

    « Cherche ce que tu veux vraiment, Ivan… Tu me veux moi, non ? Tu ne m’auras pas dans la mort car une fois que je ne serai plus de ce monde, tu seras seul avec mon cadavre. Que feras-tu alors ? Tu le mangeras ? Aimerais-tu sentir mon sang, mes organes et mes muscles pulser dans ton corps, Ivan ? me rongeras-tu jusqu’à l’os ? »

    Ce fut à partir de ce moment qu'Ivan compris que la voix doucereuse qu'il entendait était celle d'Alfred. On pourrait bien se moquer, mais il faudrait savoir ce que l'on ressent lorsque l'on a un Alfred à moitié dénudé collé à soi. Ivan le savait pas vraiment. Disons qu'il aurait eu de mal à décrire ce qu'il ressentait à cet instant précis. Un mélange indicible de haine, de rage, de bonheur, de désir, de ressentiment, de haine, de haine, de beaucoup de haine, d'un peu de mépris bien caché, et d'un désir un peu plus indescriptible que le reste.

    Tellement qu'il en oublia de répondre.
    Pour plusieurs raisons toutes aussi simples les unes que les autres. Après analyse détaillée de la situation, l'esprit vif d'Ivan en avait déduit qu'il ne pourrait pas répondre sans sauter à la gorge d'Alfred. Ensuite, en réfléchissant un peu mieux encore, il s'était corrigé en songeant qu'il ne pourrait pas répondre du tout et qu'il se contentait de sauter sur Alfred. Pour lui faire il ne savait trop quoi. Quelque chose qu'ils avait déjà expérimentés probablement, mais qu'ils avaient choisi d'oublier. En mieux, mais il se passa les détails, au risque de passer à l'acte.

    Il serait fâcheux de passer à l'acte.
    Très fâcheux.
    Et comme pour toutes les choses qu'il valait mieux éviter, Alfred crevait d'envie d'essayer.

    Parce qu'il savait très bien, mieux que personne, que ce que voulait Ivan c'était pas le tuer.
    Pas à ce moment là en tout cas.

    « Un pacte de sang. Nous sommes liés… camarrrade. »

    Une douleur aigüe traversa le corps du russe. Il avait l'habitude de cette sensation extrêmement désagréable, celle que l'on ressent intensément en fixant sa blessure.
    Il frissonnait pour une tout autre raison. Il venait de comprendre ce qu'Alfred avait en tête, et le regard qu'il lui lança lorsque celui ci se fit la même blessure était une véritable menace de mort. Son hôte lui saisit la main. On aurait presque pu les confondre avec deux amoureux tout à fait normaux. Ah ah ah.

    « недоёбок ! Mais qu'est-ce qu'il te prend ! Tu as perrdu la tête Alfred ! »

    Lorsque Ivan était à bout de nerfs, il s'exprimait dans un mauvais anglais, où se mêlaient insultes et argot russe. Il se fichait bien qu'Alfred comprenne ou pas après tout, il avait une rage infinie à exprimer, et il ne comptait pas lui demander son avis.

    « Tu sais qui fait des pactes de sang ? Les amants, les âmes soeurs, les fous, les psychopathes, les dépressifs, les enfants, pour s'amuser ! Pas nous ! Tu mélanges tout Jones ! Опёздол

    Il repoussa Alfred, presque effrayé. Jamais il avait autant espéré le voir partir tout en craignant de ne plus jamais le revoir. Il aurait même préféré découvrir qu'il l'aimait ou qu'il le haïssait entièrement. Pas cet espèce de sentiment qu'il ne pouvait classer ni dans une catégorie, ni dans l'autre.

    « Je sais pas ce que t'attend de moi, mais probablement pas ce que tu essayes de me convaincrrre de faire ! »

    Il hésita à s'effondrer sur le canapé et à noyer son chagrin dans l'alcool. Il fut aussi tenté de claquer la porte et de ne plus jamais revenir. Même la fenêtre le tentait, mais il savait pertinemment qu'il ne mourrait pas. Et puis il ne voulait pas faire ça devant lui. Il ne voulait pas perdre. Il ne savait pas ce qu'il voulait exactement, mais la défaite, c'était la pire des issues.

    « Ton charme me dégoûte, Alfrred. Et si il se contentait de me dégoûter...»

    Il se resservit un verre de vodka.
    Tout n'était pas encore perdu. Il allait gagner.
    Si seulement il savait comment...

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