J'ai fait le bon choix...
Elle n'en revenait pas. Elle qui avait voté deux fois contre Cuba, avait décidé de changer d'avis... Et ce changement les avait sauvé. Elle, et Joaquin. Mais quel était le prix à payer pour tuer tous les possédés? Ils étaient une quinzaine. Ils n'étaient plus que deux. Ils avaient tous souffert, survivant vainement alors qu'autour d'eux, leurs amis, leurs proches se faisaient froidement assassiner. Et maintenant... Le dernier possédé s'était lui-même donné la mort, donnant la victoire aux innocents.
Mais quelle victoire...
Et quels innocents.
Tous. Tous les élèves étaient innocents. Levant les yeux vers un coin de la salle de classe, Lý vit la caméra de surveillance, si petite et si discrète, qui brillait de son unique oeil rouge.
- Ludwig...Il savait tout depuis le début, mais il n'avait pas pu les aider, coincé dans la salle des surveillants. Et maintenant, il fallait tout oublier. Et vivre. Mais comment? Elle avait perdu sa famille, ses meilleurs amis, celui qu'elle aimait...
Elle se tourna vers Joaquin et s'avança vers lui.
- Je... Je suis désolée d'avoir douté.A quoi bon? Il n'y avait plus qu'eux deux. S'excuser ne servirait à rien. Ils étaient tous morts. Puis Lý sentit un courant d'air dans sa nuque.
- Vous...Ils étaient là. Tous là. Translucides comme des fantômes, presqu'invisibles tant le soleil brillait aujourd'hui. Elle avait longtemps caché son secret, qu'elle aussi voyait les esprits. Arthur, Alfred, Elizaveta, Yao tout le monde...
Et un timide sourire naquit sur son visage, alors que Joaquin passait un bras autour de ses épaules pour la consoler.
- Allez viens...***
Lorsqu'elle quitta l'école, ses valises faites, la jeune fille n'oublia pas de laisser un mot sur le tableau. Tellement niais, tellement banal, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher.
Merci. Reposez-en paix.
C'est ainsi que se termina l'histoire. Cris et pleurs ne trouvèrent plus leur place dans cette école désormais abandonnée et seuls les souvenirs, encore vifs dans les coeurs des deux derniers survivants, témoignaient de ce terrible conte.
Tout ce qu'on sait, c'est que Lý revint l'année suivante, entrant par effraction dans la salle de classe, pour y allumer quelques bâtons d'encens.
Les esprits apprécieraient sûrement.
Lorsqu'elle passa devant la salle des surveillants, elle constata que la serrure avait sauté.