Hongrie : époque indéterminée

C'était par trois coups timides à la porte de la hongroise que Lili manifestait sa présence. La tête pleine de questions, elle avait accepté de passer quelques heures en compagnie de la femme qui avait été un peu comme une mère pour tous. Cependant, loin d'une simple réunion entre anciennes voisines, Liechtenstein voulait en apprendre plus sur ses deux voisins, au risque d'agacer son frère qui jouait à l'autruche sur ce sujet.


Suisse : Quelques heures plus tôt.

Alors que la jeune demoiselle se préparait tranquillement dans la chambre que son frère lui avait réservée, s'occupant d'affaires diverses et variées, Liechtenstein entendit un cri provenant de l'étage inférieur. La demeure du banquier du monde n'était peut-être pas aussi grandiose que celle d'Amérique, pas aussi majestueuse que le manoir d'Arthur, mais elle était sans aucun doute d'une certaine taille. Le seul fait que l'adolescente puisse entendre les vociférations depuis sa chambre privée, relevait de la part du crieur d'intéressantes facultés vocales. Lili ne broncha pas, reconnaissant la douce et mélodieuse voix de son frère tant aimé, le fameux Vache Vash, producteur d'arme du monde et hôte du moment. Bien des personnes n'oseraient pas l'approcher en de tels moment et Lili n'appartenait pas de ceux là. Ce n'était pas vraiment du courage. Non pas vraiment. C'était surtout que Lili, contrairement à bien des nations, n'appartenait pas à la liste noire du fou de la gâchette, et au contraire portait humblement le statut de 'sœur adorée'.

Ne voyant pas le mal dans la plupart des gens, elle ne comprenait pas pourquoi tant de nations avaient l'étrange facilité à provoquer les terribles crises de son frère suisse. France, par exemple, ne pouvait rarement le voir sans se retrouver sous la menace d'une mutation en gruyère, alors que personnellement, la petite n'avait rien contre lui. Il lui avait même permis de gagner son indépendance.
Quand elle le lui avait demandé, penchant la tête innocemment comme elle savait si bien le faire, le blond avait rougi, retenant à grand peine une poussée de jurons plus colorés les uns que les autres pour juste lui ordonner de ne pas rester seule avec lui. Francis n'était pas le seul à subir cette hostilité. Par exemple, l'autre jour encore, Vash avait rencontré Monsieur Autriche au marché, et bien vite, la situation s'était refroidi si bien que Lili avait du se tenir en arrière. Non seulement parce que la conduite d'une demoiselle l'exigeait, mais aussi parce qu'elle trouvait bien plus de chaleur au rayon des tartiflettes surgelées. Pourtant, Hongrie-nee n'avait pas l'air touchée par la freude qui liait les deux voisins. Elle avait l'air de sous-entendre que les choses n'avaient pas toujours été ainsi. Et cela intriguait énormément la fillette.
En effet, si elle trouvait Monsieur Autriche assez effrayant sous sa carapace aussi austère que rigide, elle se doutait que le problème ne venait pas de là. Après tout, l'homme avait un bon fond, c'était un voisin agréable même s'il n'était pas des plus loquaces. Elle savait bien que Hongrie ne pourrait vivre avec un homme méprisable.

Alors que tout cela l'intriguait, la jeune fille secoua la tête. Ce n'était pas ses affaires... Son grand-frère lui en parlerait quand il le jugera nécessaire...

Inspirant une grande bouffée d'air, elle commença à rejoindre le salon où tempêtait toujours l'objet de ses pensées. Sa résolution de ne pas se mêler à ces affaires se brisa quand elle comprit que justement, Vash en avait après son voisin autrichien. Lili rougit violemment, autant par conscience de l'extrême incivilité qu'elle commettait que par la diversité des mots d'amours qu'employait son aîné.
Habituellement, ce dernier n'élevait jamais la voix en sa présence ni dans sa maison. Toutefois, il semblait que le jeune homme, furieux, avait oublié où il se trouvait.
Ne voulant pas le déstabiliser en annonçant sa présence. Elle se souvint juste à temps qu'elle avait mentionné la veille de rendre visite à la cavalière.

Assez honteuse, elle laissa donc un message et se rendit à l'aéroport.

C’était un jour comme un autre pour Elizaveta. Levée aux aurores pour faire un peu de ménage, profiter des premiers rayons de soleil, préparer le petit déjeuner et contempler Roderich dormir. Ensuite, pendant que monsieur dormait toujours, elle allait réparer les dégâts éventuels dans la cuisine suite au dernier passage de l’Autrichien en ce lieu, elle allait nourrir ses chiens à elle, puis s’occuper de ses chevaux qu’elle affectionnait tant.
S’il faisait beau, peut-être qu’ensemble, avec Roderich, pourraient-ils faire une balade ?

Revenant des écuries, elle eut la surprise d’apercevoir sur le perron une jeune fille blonde, petite et menue, vêtue d’une grande robe rose foncée. Elle d’une souris tellement elle était frêle devant l’imposante porte d’entrée du manoir. Elle se tenait devant l’entrée, attendant patiemment et en silence que quelqu’un veuille bien lui ouvrir. Elizaveta ne tarda pas à rejoindre la jeune fille, qu’elle avait reconnu : c’était Lili, la petite sœur de Vash.

Que faisait-elle seule, comme ça et sans son frère ? Dans un accès de mauvaise humeur, le Suisse aurait-il fichu la petite à la porte ? Impossible. Lili était la seule personne qui était tolérée et même aimée du jeune blondinet. Bien qu’il fut un temps, certes très reculé mais il a existé, c’était Roderich la personne chérie par Vash…

Inquiète néanmoins, Elizaveta accourut vers la jeune fille, espérant qu’elle n’ait pas attendu trop longtemps. En effet, si elle désirait voir Roderich, celui-ci ne se levait que très rarement avant midi.

- Lili ! Je suis là, j’arrive ! Excuse-moi, je sens un peu le cheval mais dis-moi… Rien de grave ? Je ne vois pas ton frère…

Mais, Vash là ou pas, elle n’allait pas laisser la jeune fille poireauter dehors. Elizaveta ouvrit la lourde porte de chêne du manoir et fit signe à la petite blonde de la suivre. La Hongroise la guida jusque dans le petit salon, l’invita à s’asseoir dans un des bons fauteuils tapissés de velours pendant qu’elle allait chercher de quoi restaurer Lili. Un bon chocolat chaud et de l’Apfelstrudel lui feraient le plus grand bien, car dehors il faisait frisquet, elle avait dû faire un long voyage et toute seule apparemment, et cela permettra aussi de la faire patienter le temps d’une rapide douche et d’un changement de vêtements afin d’être plus présentable…

- Pardonne-moi, je reviens dans une minute ! Régale-toi !

La Hongroise servit une petite collation à la jeune fille avant de s’éclipser et revenir peu après, fraîche, dispose, et avec une jolie odeur de fleurs plutôt que l’odeur animale du cheval. La brune s’assit en face de le jeune blonde, se servit elle-aussi en chocolat et en gâteau à la pomme tout en regardant les joues roses de la fillette. Elle était adorable. Elle se demandait pourquoi elle avait un air aussi gêné, peut-être était-ce simplement parce qu’elle n’avait pas l’habitude de l’absence de son frère ?

- Dis-moi, Lili, que me vaut le plaisir de ta visite ?

C'était une Hongrie légèrement échevelée qui lui ouvrit la porte. Certaines nations aurait pu y voir un prétexte pour taquiner la hongroise si une odeur de canassons n'avait pas accompagné cette entrée. Sur le coup, Lili se rendit compte que la jeune femme n'attendait pas sa visite et s'empourpra de plus belle. Elle aurait du appeler, au moins la prévenir. Elle avait peut-être chambouler sa journée. Elle failli baisser les yeux quand elle se souvint de la raison de sa visite. Elle offrit un sourire légèrement maladroit, serrant contre elle un petit paquet qu'elle avait apporté pour se dédommager de la gêne que sa visite occasionnait.

«  - Lili ! Je suis là, j’arrive ! Excuse-moi, je sens un peu le cheval mais dis-moi… Rien de grave ? Je ne vois pas ton frère… »

Lili, encore gênée secoua légèrement la tête et ouvrit la bouche. Même si ce n'était pas la première fois qu'elle rendait visite à la magyar, comme cette dernière l'avait souligné, elle était généralement accompagnée de son grand frère. Elle ouvrit la bouche pour s'excuser et s'expliquer :

« Euh non, tout va bien.. Vash est rester à la maison... Je voulais te rendre visite. Désolée si j'ai bouleversé ton planning, je pourrais repasser un autre jour si je te dérange... »

Sa main gauche triturait une de ses manches tandis que Lili ne savait pas quoi ajouter. Aussitôt qu'elle eut pris conscience de son geste, elle stoppa. Elle avait beau être discrète, elle devait cesser d'être timorée. Hongrie ne méritait pas qu'on la traita ainsi, comme une personne effrayante au possible. Bien entendu, Lili n'avait jamais assisté à une de ses réputée crise de poèlage sur ses collègues masculin. Généralement, son frère (encore lui xD), faisait en sorte que sa sœur ne soit pas brusquée par le double psychotique de la gente dame.
Reprenant son courage à deux mains, elle se laissa entraînée dans le salon où Elizaveta lui servit un chocolat et un gâteau aux pommes qu'elle appréciait beaucoup. Cependant, même si son hôte lui offrit de commencer sans elle, l'adolescente l'attendit sagement, comme elle avait appris depuis toute petite. (Ce qui remonte déjà à pas mal d'années xD) Elle devait se l'avouer, elle se sentait tellement inconfortable que le temps lui paru bien long. Inspirant et expirant doucement, elle se tint immobile, tachant avec application de ne rien montrer de tout cela. Son attente fut vite récompensée et la jeune femme revint assez rapidement, bien plus présentable pour une visite de courtoisie. Non pas que Lili eut été gênée par l'apparence plus négligée de la cavalière, mais si cette dernière préférait la recevoir dans de meilleures conditions...

Dis-moi, Lili, que me vaut le plaisir de ta visite ?

La jeune fille, portant toujours son petit paquet contre sa poitrine, sursauta. Elle avait presque oublié les politesses élémentaires.

« Je voulais discuter un peu avec toi. Ça ne te dérange pas? Je t'ai apporté ça... »

Elle lui tendit alors le cadeau, un sourire collé sur ses lèvres rosées. Elle était restée simple et lui avait apporté un paquet de chocolat suisse qu'elle savait délicieux.

Assise sur son siège, elle agita légèrement ses pieds dans le vide avant d'aborder le sujet.
Ce n'était pas qu'elle n'avait pas confiance en sa franchise et en sa discrétion, sinon, jamais elle ne serait venu. C'était juste que ça lui faisait bizarre de parler dans le dos de son frère.

« Hongrie-nee... Tu connaissais bien mon frère avant? Je me demandais... Enfin, je voudrais savoir si tu sais pourquoi il est toujours un peu bizarre quand Monsieur Autriche est là. Tu avais l'air de dire qu'ils s'entendaient bien alors... Si ça ne te dérange pas... »

Elle ponctua sa demande en penchant légèrement sa tête sur le coté. Son frère avait tellement nier que même elle savait que quelque chose se tramait. Elle avait besoin de savoir. Peut-être pourrait-elle l'aider, lui en parler après. Elle voulait non seulement lui être utile, mais également se rassurer. Elle voulait avoir l'assurance de bien connaître celui qui s'était toujours occupé d'elle.

- Je voulais discuter un peu avec toi. Ça ne te dérange pas? Je t'ai apporté ça...

Evidemment que non, ça ne la dérangeait pas ! Elizaveta adorait papoter, et la petite Lili avait l’intelligence vive, du peu qu’elle avait pu s’entretenir avec, quand Vash était plus occuper à regarder Roderich d’un sale œil que de faire attention à sa petite sœur.

Et puis, elle avait apporté des bons chocolats suisses. L’ingrédient parfait pour une matinée papotage entre femmes. La petite avait l’air tellement gênée qu’elle n’avait pas encore osé toucher ce que la Hongroise lui avait apporté. Elizaveta lui montra l’exemple en mangeant et du regard, l’incitant à en faire de même. On n’allait pas laisser se gâcher un superbe Apfelstrudel fait par Roderich, tout de même.

Mais Elizaveta sembla remarquer que la gêne de la blondinette était due à autre chose, la voyant agiter nerveusement ses jambes et rosissant. Elizaveta lui fit un grand sourire afin de la mettre en confiance. Ah, Vash avait bien de la chance d’avoir une petite sœur si adorable !

- Hongrie-nee... Tu connaissais bien mon frère avant? Je me demandais... Enfin, je voudrais savoir si tu sais pourquoi il est toujours un peu bizarre quand Monsieur Autriche est là. Tu avais l'air de dire qu'ils s'entendaient bien alors... Si ça ne te dérange pas...

Ah, et la petite blondinette pencha doucement la tête sur le côté, faisant danser dans l’air son ruban bleu avec ses courtes mèches blondes, ses yeux verts émeraude immense semblant avide de savoir ce qui avait pu dégénérer entre Roderich et son frère adoré.
Elizaveta ne pouvait s’empêcher de trouver la petite complètement craquante, totalement à l’opposé de ce qu’elle, elle était à son âge : une androgyne à cheval, jurant comme un charretier, déchirée entre Sadiq et Roderich, et extrêmement violente à ses heures.

- Bien, je ne sais pas. Mais je le connaissais. C’était mon ennemi. Enfin, c’était l’allié fidèle de Roderich qui lui, à cette époque était mon ennemi. Nous étions tous petits. Comment t’expliquer ? Ton frère passait son temps à soigner Roderich des blessures que je lui causais avec Gilbert. Plus de cinquante fois, Roderich est venu prendre sa raclée, et tout autant de fois, Vash le ramenait sur son dos, le sermonnait gentiment avant de le soigner.

Elizaveta avait pris un air rêveur, repartie dans le passé, où elle se croyait être un petit garçon, son amitié-rivalité avec Gilbert, et ses batailles trop faciles contre un petit Roderich qui se laissait un peu trop faire et qui revenait toujours, malgré les nombreuses corrections essuyées. Et pourtant, elle était loin d’être tendre avec l’Autrichien mais il revenait toujours vers elle, suivi de Vash qui réparait les bêtises de son ami… Ah qu’ils étaient mignons, ensembles, comme ça, à se soutenir mutuellement.

- En tout cas, ils s’entendaient bien, ils étaient toujours ensemble, unis comme les doigts de la main.

Elizaveta n’osait pas avouer à la jeune fille que même à elle, Roderich refusait de parler de ce temps où il était heureux avec Vash. Il préférait parler de ses humiliantes corrections essuyées face à la jeune Hongrie, et ainsi esquiver le sujet Vash.

Bien, je ne sais pas. Mais je le connaissais. C’était mon ennemi. Enfin, c’était l’allié fidèle de Roderich qui lui, à cette époque était mon ennemi. Nous étions tous petits. Comment t’expliquer ? Ton frère passait son temps à soigner Roderich des blessures que je lui causais avec Gilbert. Plus de cinquante fois, Roderich est venu prendre sa raclée, et tout autant de fois, Vash le ramenait sur son dos, le sermonnait gentiment avant de le soigner.

Lili, en entendant la réponse de son interlocutrice, cacha mal sa surprise. Elle savait bien que la plupart des nations avaient été versée dans d'atroce guerre, de douloureux combats jonchés de victoires et de drame, mais franchement, elle avait du mal à imaginer la douce hongroise frapper celui qui deviendrait par la suite son mari. Encore moins que le dit mari aille se faire soigner chez son frère à elle. Le fait que les deux nations ne s'adressaient plus la parole faisait sans doute exploser la jauge de surréalisme. Aussi, ce sont deux grands yeux ronds et une bouche légèrement ouverte qui accueillit les paroles de Elizaveta.
Heureusement, qu'elle même connaissait ce coté tendre du Suisse. Sinon, même elle aurait demandé à la jeune femme quel types de médicaments elle prenait. Non pas par mesquinerie, mais par inquiétude.
Cependant, Lili ne remis pas en cause ces informations. Alors qu'elle referma la bouche pour arborer une expression plus pensive, Lili se souvint que parfois, plus qu'une sensation de froid, c'était une impression de gêne que provoquaient les rencontres entre les deux germaniques. Et après tout, cette histoire datait de plusieurs siècles.
Son esprit et son attentions revenaient à peine sur terre que la jeune femme reprit, sans que Lili n'ai remarqué l'air rêveur qui s'était peint sur le visage de la hongroise et se contenta d'avaler un morceau de gâteau.

En tout cas, ils s’entendaient bien, ils étaient toujours ensemble, unis comme les doigts de la main.
La petite blonde s'immobilisa, sa cuillère toujours dans sa bouche.

A ce point? La relation entre Vash et Roderich, comme la peignait Elizaveta, ressemblait étrangement à celle qu'elle même partageait avec le Suisse. A l'exception bien sûr des campagnes contre la cavalière. Comprenant que son frère n'était pas juste une bonne connaissance de l'Autrichien, Lili ressentit une pointe au cœur. De la jalousie? Lili, dans toute sa maturité, connaissait mal ce sentiment. Elle ne savait pas trop quoi en penser. Elle avait toujours eu l'impression d'être numéro un dans le cœur de son frère, tout comme lui l'était dans le sien. Elle l'adorait, voulait être comme lui. Cependant, après les révélations d'Elizaveta, Lili avait le sentiment qu'elle devait partager cette place avec l'Autrichien... ou pire encore, que l'Autrichien n'avait plus cette place qui lui avait été réservé.
Tout cela était bien confus et elle avait du mal à mettre de l'ordre dans ses sentiments. Ce n'était pas qu'elle voulait vraiment être la seule dans le cœur du Suisse, mais elle avait peur. Peur d'être remplacée, de ne plus avoir personne. Peur aussi que Vash l'oublie du jour au lendemain. Que sa relation avec Vash, au fil des années, s'effile pour ne plus laisser entre eux que cette maladresse froide.

L'adolescente, agitée, recommença à balancer ses jambes. Elle ouvrit plusieurs fois la bouche, tentant de poser sa question... En vain... Finalement, elle laissa échapper, presque dans un murmure.

« Alors pourquoi sont-ils... ? »

Au fond d'elle même, malgré la jalousie qu'elle ressentait, elle espérait que son frère se réconcilie avec son ancien... frère? Aussi, elle releva les yeux avec détermination. Se mordillant légèrement la lèvre, elle demanda :
« Que s'est-il passé? Se sont-ils disputés? »

Spoiler:

Elizaveta avait prévu que la jeune fille serait estomaquée par son histoire. Oui, aussi invraisemblable que cela pouvait être au vu de la froideur alpine entre les deux voisins, ils avaient été un jour comme deux frères.

Elle voyait le visage de la blondinette aller de la surprise au désarroi le plus total. Comme si elle avait peur de subir le même sort que Roderich. Ses grands yeux verts la regardaient avec incrédulité et aussi un brin de peur, estima la Hongroise. Elle pouvait voir les jambes de la blondinette s’agiter, la sentir réfléchir aussi vite qu’elle pouvait, chercher si elle oserait demander le pourquoi du comment.

Elizaveta profita de l’hésitation de son invitée afin de manger un peu de gâteau. Roderich était vraiment un cordon bleu. Mais déjà, la voix hésitante et cristalline de la jeune fille s’éleva doucement dans le silence.

- Alors pourquoi sont-ils... ? Que s'est-il passé ? Se sont-ils disputés ?

La Hongroise avala lentement sa bouchée, puis but un peu de chocolat. C’est vrai, comment lui expliquer alors qu’elle, n’avait pas réellement été là au moment où tout s’est brisé entre les deux garçons. Roderich lui-même n’en parlait pas et elle se doutait très fortement que si elle osait demander à Vash, elle se retrouverait rapidement face au canon de son arme.

Tout ce qu’elle savait, c’était les autres nations qui le lui avaient appris. Roderich ne voulait pas en parler, même si parfois, son regard se perdait sur les cimes blanches avec de longs soupirs tristes.

- Eh bien… Roderich qui se laissait battre par Gilbert et moi était en réalité déjà très fort. Ses chefs s’en sont rendus compte et l’ont poussé à se battre contre ton frère afin de s’emparer de ses richesses. La force de Roderich avait surpris Vash qui le croyait plus faible que cela, à force de soigner sans cesse ses blessures. Mais une fois, Vash a dominé Roderich et… Roderich n’a pas cherché à combattre plus. Il est rentré. Depuis…

Depuis, tout le monde le savait, il y avait un froid entre les deux nations. Aussi froid que le vent glacé des Alpes. Leur amitié s’est brisée. Roderich, poussé par ses chefs, est devenu toujours plus ambitieux, dominant l’Europe, épousant Antonio puis elle-même, élevant dans son giron des nations qui étaient ses serviteurs. Il devint un fier guerrier, redouté, alors qu’il était un éternel perdant quand il était tout petit.

Et Vash… Lui s’est toujours replié du monde, se cloîtrant dans sa montagne, gardant son argent, l’argent des autres, se perfectionnant dans l’armement. Sans doute des séquelles dues à la « trahison » de leur amitié. Après la chute du Saint Empire, il avait récupéré une petite fille en train de mourir de faim sous la pluie et décida de la proteger envers et contre tout, en particulier de Roderich, dont il craint toujours l’orgueil et l’ambition malgré que ses derniers diminuent toujours d’année en année.

- Enfin, c’est une vieille histoire. Je suis sûre qu’ils s’aiment encore beaucoup au fond, même s’ils sont beaucoup trop fiers pour l’admettre.

Elizaveta sourit tendrement à la jeune fille. Il ne fallait pas qu’elle se mette dans tous ses états pour une histoire de fierté masculine. La Hongroise pensait que Vash et Roderich devaient prendre exemple sur Francis et Ludwig : deux anciens ennemis, qui longtemps se sont fait la guerre mais qui maintenant avancent main dans la main, comme le plus uni des couples.

Enfin, c’est une vieille histoire. Je suis sûre qu’ils s’aiment encore beaucoup au fond, même s’ils sont beaucoup trop fiers pour l’admettre.

Lili baissa la tête. C'était donc la guerre qui les avait séparés? Elle ne savait pas trop quoi en penser.
D'un coté, elle se sentait infiniment triste pour son frère. Il doit-être atroce d'être confronté à son meilleur ami, son frère, dans une bataille sans merci dictée par les boss des un et des autres, dictée aussi par l'orgueil. Roderich, tout autant que Vash, avait du terriblement souffrir. Sincèrement, Lili avait de la peine pour ces deux nations. Elle avait l'impression que les nations ne se remettaient jamais de leurs conflits. Alors pourquoi se battre?
Comme Lili n'avait pas la réponse à sa propre question, elle se contenta de porter sa tasse à ses lèvres, sirotant doucement la boisson légèrement amer et soupira doucement. C'était délicieux même si le chocolat avait refroidi. Reposant la tasse avec délicatesse, son regard se perdit dans le vide. S'adressant à Hongrie tout autant qu'à elle-même, elle murmura :

« C'est dommage... Ils ont du vraiment souffrir... C'est un peu... »

Idiot? Sans doute mais Lili ne voulu pas achever sa phrase. Tout d'abord parce qu'elle se trouvait toujours en face de l'ex-épouse de l'Autriche et qu'il serait quand même assez impoli de médire de lui ainsi, mais également parce que, n'ayant jamais été dans une telle situation, la seule chose qu'elle pouvait apporter étaient des belles paroles sans fondement, sans expérience. Elle se rendit compte à quel point elle était expérimentée sur certain point. Elle avait beau avoir déjà fêté ses centenaires et savoir qu'elle n'était plus cette pauvre gamine abandonnée qu'elle avait été à la chute du Saint Empire Romain.
Elle se réjouissait de ne pas connaître le déchirement expérimenté par les autres nations. Non pas qu'elle ait jamais souffert de la guerre. Bien entendu, elle avait du faire face aux rationnements, à de terribles problèmes économiques qui l'invitèrent à se séparer de ses biens, mais elle n'avait jamais eu à attaquer un ami.
D'un autre coté, elle était un peu déçue par son frère qu'elle avait idéalisé, et même si elle ne pouvait s'en empêcher elle en avait honte. Perdre un ami était une chose mais le laisser filer par fierté...

Fixant son hôtesse droit dans les yeux, elle ne put s'empêcher de rougir.

« J'aurais bien aimé l'aider... mais y-a-t-il vraiment quelque chose que je puisse faire? Ce n'est pas comme si j'ai de l'expérience dans ce domaine... »

Elle admit sa faiblesse en soupirant doucement. Loin d'être agacée, elle avait juste l'impression d'être un peu inutile. Mais peut-être valait-il mieux que les deux intéressés s'occupent seuls de cette histoire...
Puis, après avoir observé minutieusement la jeune femme, une pensée commença à faire son chemin dans la tête de Lili. (C'est quoi le nom d'un habitant du Liechtenstein? xD)
Apparemment, la hongroise avait fait la paix avec son ancien ennemi. Mais encore, Lili supposa qu'il était sans doute plus facile de pardonner à un ennemi plutôt qu'à son meilleur ami. Cependant, Lili rester curieuse. Elizaveta ne lui avait jamais paru comme une nation belligérante. Elle voulait en savoir plus sur son enfance.

« Hongrie-nee.. tu étais en guerre... je me demandais Comment ça s'est passé? Avec Monsieur Autriche... C'était ton ennemi, non? Enfin si ce n'est pas indiscret. »

L'adolescente commençait à reprendre confiance en soi. Elle avait toujours peur de commettre un impaire, mais le sourire doux et maternelle de cette femme lui mettait du baume au cœur et la rassurait. Elle avait toujours admirer cette nation, bien plus grande, bien plus forte qu'elle même qui n'avait même pas d'armée.
Elle lui sourit donc doucement pour lui témoigner sa gratitude.

Spoiler:

- J'aurais bien aimé l'aider... Mais y-a-t-il vraiment quelque chose que je puisse faire? Ce n'est pas comme si j'avais de l'expérience dans ce domaine...

Elle lui avait dit ça droit dans les yeux mais avec une candeur désarmante. Que cette petite était adorable, pensa la Hongroise, un peu jalouse de Vash d’avoir une petite sœur aussi adorable. Oui, adorable. Elizaveta ne trouvait pas d’autre mot à cela.

Comment Elizaveta pouvait lui dire que c’est en restant douce et mignonne et adorable comme ça qu’elle ferait le plus grand bien aux deux hommes. Roderich aimait bien cette petite, polie et intelligente. Et Vash… Etait totalement dingue de sa petite sœur.

- Hongrie-nee… Tu étais en guerre... je me demandais Comment ça s'est passé? Avec Monsieur Autriche... C'était ton ennemi, non? Enfin si ce n'est pas indiscret.

Elizaveta ne put s’empêcher de sourire devant la curiosité si innocente de la jeune fille. Peut-être essaierait-elle de rabibocher Vash et Roderich d’après l’expérience qu’elle aura entendue des autres ? Quelle adorable enfant, capable de se plier en quatre pour son grand frère adoré. Elizaveta avait presque envie de serrer affectueusement la blondinette dans ses bras.

- Oui, nous étions ennemis. C’est vrai. A l’époque, j’étais plutôt liée à Gilbert et Roderich venait toujours essayer de me récupérer. En vain. Je l’ai frappé, je lui ai tiré dessus avec mon arc jusqu’à que mes flèches soient plantées dans ses fesses, je l’ai roué de coups mais… Il était obstiné. Il me voulait. Il revenait toujours.

Elizaveta pausa quelques secondes pour reprendre une cuillère du sublime gâteau que Roderich avait cuisiné. Laissant fondre les pommes dans sa bouche un peu, puis avalant avec délices la saveur sucrée. Puis elle s’essuya les lèvres avec une serviette, de peur que quelques miettes ne se soient glissées à son insu autour de sa bouche.

- Oui donc… A cette époque là, j’ai commencé à avoir des ennuis avec Sadiq Adnan, la Turquie. Enfin à cette époque, il était l’Empire Ottoman. Il m’a capturé et m’a fait subir le sort des prisonnières… Et… A ma grande surprise, Roderich vint me récupérer. Il batailla des années et des années contre le Turc pour me récupérer. Il était devenu un jeu homme fort beau aussi… Et si fort ! Adroit à l’épée, infatigable cavalier… Loin de l’enfant pleurnichard que je trainais dans la poussière…

Elizaveta prit quelques secondes un sourire rêveur alors qu’elle pensait que c’était presque un conte de fée, ce beau jeune homme qui vient l’enlever au cruel méchant tel un prince sur son cheval blanc… Alors que ce jeune homme était alors lui-même déjà marié, à un autre joli jeune homme, de surcroit. Mais il était venu la récupérer.

- Alors je devins sa servante mais… Pour la première fois, j’étais traité comme une personne, pas comme un paquet de chair. Il était toujours doux, poli, courtois, avec moi, même s’il avait des principes sévères et rigide qu’il aimait m’inculquer alors que personnellement, ils m’insupportaient. Et puis, le temps à fait son œuvre et en 1867 nous nous sommes mariés.

Elizaveta était tellement fière de ce mariage ! Tellement fière d’avoir réussi, de simple servante, à avoir pu se montrer digne de Roderich au point qu’il l’élève à son égal. Et rien que pour ça, pour lui avoir dit, montré, enseigné qu’elle pouvait être une grande nation et pas un tas de chair à canon ou à soldat, Roderich méritait sa dévotion éternelle.

Spoiler:

La jeune fille écoutait attentivement son interlocutrice. Bien vite, elle se sentit transportée par les mots de cette femme qui avait tant vécu. Un sourire mi-amusé, mi-choqué accompagna la première part des évènements. Il était peut-être inconvenant de penser à l'aristocrate d'une telle manière mais c'était tellement drôle. Et Elizaveta semblait tellement heureuse de partager ses souvenirs. Une belle époque sans doute, aussi surprenant que cela puisse paraître. Après tout, l'époque, la situation en Europe était tout de même sanglante, difficile, mais même dans ses conditions, les nations avaient connu des moments heureux. Une camaraderie peut-être, à l'origine des bon moments, ou un attachement à ces jeunes années... Elizaveta peut-être était surtout attendrie par l'attitude de son ex-époux, un garçon sans doute adorable à ce moment.

Quoique ce fusse, la Hongroise paraissait rêveuse.

Lili attendit quelques instants que sa conteuse remette ses idées en place, profitant de l'imiter en continuant l'attaque du Liechtenstein sur le gâteau autrichien avec distinction (on ne mange pas comme des porcs ><)
Rapidement, Elizaveta lui expliqua sa captivité. «Le sort des prisonnières », seuls ces deux mots contaient la souffrance qu'avait du être infligée à cette amazone éprise de liberté. Même Lili pouvait imaginer l'enfer qu'avait du vivre une nation privée de tout contrôle, de tout droit sur sa vie, sur ses terres. Lili afficha donc une moue de sympathie, renvoyant un léger sourire encourageant qui miroitait ceux offerts par la nation aînée. Mais cette dernière ne s'arrêta pas sur le sujet. Bien vite, avec plus d'hésitation, la cavalière se mit à lui parler de son tendre aimé. Lili, elle, l'écoutait des étoiles dans les yeux.
Son sourire encourageant avait été remplacé par une expression admirative. Ses yeux verts, grand ouvert, pétillaient joyeusement, ses lèvres étirées dans un sourire attendri. Bon, il était sûr qu'elle n'utiliserait pas une telle technique pour réconcilier les deux hommes, mais elle pouvait profiter tout de même de cette histoire digne d'un conte de fée. Elle avait vraiment trouvé sa paire, son partenaire idéal. Lili trouvait tout cela tellement romantique, qu'elle ne put s'empêcher d'en faire part à son interlocutrice.

« C'est une belle histoire. C'est tellement... romantique. Tu as eu de la chance de le rencontrer... »

Malgré les horreurs qu'elle avait pu vivre, la Hongrie s'était relevée aidée par son loyal amant. Lili était admirative devant une telle force morale.
Aussi, la petite fille la regarda droit dans les yeux, ses orbes vertes reflétaient tout le respect qu'elle pouvait éprouver pour elle en cet instant. Savourant une bouchée de son dessert, elle ajouta d'une voix timide et les joues rosissantes :

« Il est très bon cuisinier. Ce gâteau est... exquis. »

Quelques instants passèrent. Un silence relaxant qui fut d'un coup brisé par un grand facas dehors. La fillette sursauta, manquant de faire tomber sa fourchette. Les sourcils levés, elle tourna la tête vers le dit dérangement.

« Que... qu'est-ce que c'est? »

Spoiler:

- C'est une belle histoire. C'est tellement... romantique. Tu as eu de la chance de le rencontrer...

En même temps, ils étaient voisins depuis que son peuple était arrivé du fin fond de l’Oural… Cela faisait déjà plus d’un millénaire. Mais elle osait s’avouer que oui, en compagnie de Roderich, c’était comme si elle était une princesse de contes de fées. Et que Roderich endossait à merveille le rôle du prince. Quoiqu’en armure, elle l’avait déjà vu mais… Non, ça prêtait plus à rire qu’autre chose.

Mais toutes deux sourirent et recommencèrent à manger le gâteau. La pomme, les raisins secs, la pâte et le sucre glace qui saupoudrait très légèrement le tout… C’était délicieux. Hormis peut-être le bout de coquille d’œuf qui craqua sous sa dent mais… Roderich était connu pour avoir tendance à lâcher les choses facilement. Elizaveta espéra que la jeune fille ne se retrouve pas incommodée par un autre bris de coquille dans sa part mais apparemment, non, au vu du plaisir qui rosissait les joues de la blonde.

- Il est très bon cuisinier. Ce gâteau est... exquis.

La Hongroise acquiesça. C’était un plaisir de déguster les mille et une choses que l’Autrichien était capable de faire. Même si la cuisine, elle, s’en remettait très difficilement. Elles finirent leur part en silence, piquant du bout de la fourchette les raisins s’étant échappés de la part de strudel. Jusqu’un bruit fracassant au-dessus de leurs têtes se fassent entendre. Elle vit Lili sursauter et rattraper sa fourchette de justesse alors qu’elle, son regard se posa sur l’horloge au dessus de la tête de la blondinette.

- Que... qu'est-ce que c'est ?

- Ce n’est rien. Il est près de midi, Roderich se lève… Il a encore dû faire tomber quelque chose. Il faut l’excuser, il n’est pas très matinal.

Oui, c’était un fait. Roderich n’était absolument pas du matin, contrairement à elle qui était levée depuis l’aube. Et surtout, au réveil, il avait parfois un peu de mal d’émerger ce qui le rendait tout maladroit au point que ça en soit attendrissant, enfin aux yeux de la Hongroise. En effet, aux yeux de Ludwig, c’était plutôt une plaie. Il lui avait raconté qu’au début, il croyait que c’était Feliciano qui brisait par maladresse les objets jusqu’à qu’il surprenne Roderich, en tenue de nuit, ramasser les débris de sa tasse qui lui avait échappé des mains, tout en lui jetant un regard noir et en lui disant « il ne s’est absolument rien passé ». Qu’elle avait ri à ce récit !

Mais, par égard pour Roderich, elle ne dit rien de cela à leur jeune voisine. Elle se contenta de lui sourire d’un air enjoué, afin qu’elle ne dramatise pas, qu’il n’y avait rien de grave. La Hongroise prit sa tasse de chocolat chaud qui avait tiédi et en but quelques gorgées, appréciant la douceur du chocolat mêlé au lait crémeux. Elle avait hésité à ajouter de la chantilly, pour en faire un chocolat viennois mais elle ne savait pas si la jeune fille aimerait et dans le doute, Elizaveta s’était abstenue.

- Sinon, comment va ton frère ? Que devient-il ? Il s’occupe toujours de ses chèvres ?

C’est vrai qu’il était pour le moins inhabituel de voir Lili sans Vash, son frère ayant l’habitude de la couver, de la surprotéger, voire de menacer quiconque s’approcherait d’elle avec son revolver. Comment cela se faisait-il qu’il l’ait laissé partir ainsi ? Commençait-il à refaire confiance à Roderich ?

Elizaveta était pensive, tout comme Lili, elle aimerait bien réconcilier les deux anciens amis. Et peut-être les revoir marcher main dans la main comme quand ils étaient enfants ? Non, ça, c’était un rêve, Elizaveta, une utopie, se martelait-elle mentalement. Mais, en tout cas, elle serait heureuse de ne plus sentir un vent glacial souffler quand les deux alpins se rencontraient, au point qu’ils ressemblaient presque à deux chats hérissant leur poil afin de dissuader l’autre de toute tentative d’approche. Alors qu’en réalité… Ils avaient tant de points communs… !

Si ce n'était que le réveil brutal d'un aristocrate trop charismatique pour que ça reste tout à fait normal, il n'y avait donc pas à s'en faire. Mais bon, il semblait assez surprenant d'associer avec l'image de ce voisin toujours propres sur lui avec celle d'un trentenaire dans ses chaussettes et la tête dans la motte de beurre. Elle resta donc interdite quelques instant avant de se reprendre. Après tout, c'était sûrement moins surprenant que de voir l'homme distingué porter un pantalon aussi rapiécé et dépareillé que le patchwork d'un gosse de huit ans. Aussi, elle ne s'en formalisa pas et se contenta acquiescer légèrement. De plus, au vu du sourire chaleureux et entendu de la jeune femme, la petite scène était un rituel. Les yeux rieurs, elle avait balayé son inquiétude.

Sinon, comment va ton frère ? Que devient-il ? Il s’occupe toujours de ses chèvres ?

Elizaveta, sans doute par respect pour son bien-aimé, n'avait pas disserté sur les petites manies de son cher et tendre et avait enchaîné vite fait sur Vash, tigre des montagnes. Lili, toujours ravie à l'idée de parler de son grand frère adoré, accepta avec joie la distraction :

« Il ne s'en séparerait pour rien au monde. Chaque jour, il s'en occupe très sérieusement. Elles sont peut-être assez vieilles, mais elles sont toujours aussi vigoureuse. Des fois, quand je l'aide à m'en occuper, je dois leur courir après partout. Et quand je reviens, je suis toujours boueuse et mon grand frère me dispute... Il a toujours du mal à le cacher lorsqu'il veut rire, alors je sais qu'il n'est pas en colère. »

Les yeux brillant et un les lèvres étirées dans un sourire franc, elle se remémorait une scène assez cocasse. Ce qu'elle avait oublié de préciser, c'était qu'une fois, son frère l'avait rejoint dans sa course. Elle ne se souvenait plus dans quelles circonstances hasardeuses ils avaient été pris dans une folle course poursuite. Tout se dont elle se souvenait étaient ces moments de joie, ces rires et de voir son frère aussi détendu, moins sérieux que d'habitude. Moins dangereux non plus.
Cependant, penser à son frère lui rappela un problème d'envergure. Elle avait... Comment le dire. Elle était parti sans rien dire, lui laissant juste un petit message sur son bureau. Quitter ainsi une nation aussi protectrice était suicidaire. Enfin suicidaire... Pas vraiment, Vash n'irait jamais la frapper. Disons plutôt que c'était extrêmement risqué pour ses hôtes.
En réalisant ceci, la jeune fille pâlit d'un coup. Elle leva une main qu'elle passa dans ses cheveux et qui saisit son ruban.
« Oups... »

Elle jeta furtivement un coup d'œil à l'horloge. Il n'était vraiment pas tard, mais quand même, son grand frère avait du se rendre compte de son absence. Elle espérait juste qu'il soit vraiment tombé sur son message. Elle ne voulait pas qu'il se mette à la chercher la fleur au fusil.
Un peu embarrassée, elle se rendit compte que Elizaveta n'était pas au courant de son problème. Aussi, la jeune fille se sentit quelque peu obligée de l'expliquer.
Le rouge au joue, elle baissa les yeux et commença à se triturer les mains :

« J'avais prévenu mon grand frère que j'irais te rendre visite... Cependant, ce matin, il était assez... En colère je dirais... Comme mon avion était de bonne heure, je... je suis partie en laissant juste un mot derrière moi. J'espère ... j'espère qu'il n'est pas trop inquiet! »

Vash, pas inquiet pour sa petite sœur? L'adolescente avait beau l'avoir prévenu, il était plus mère poule que n'importe quelle nation. Si bien que Lili avait parfois bien du mal à rencontrer de nouvelles nations. Toutefois, elle adorait franchement Vash.

Elizaveta avait bien fait de rediriger la conversation sur Vash. Cela avait éclairait le visage de la jeune fille d’un joli sourire. Et soudainement, devant ce minois encore enfantin et souriant, elle comprenait parfaitement le comportement ultra-protecteur du Suisse.

- Il ne s'en séparerait pour rien au monde. Chaque jour, il s'en occupe très sérieusement. Elles sont peut-être assez vieilles, mais elles sont toujours aussi vigoureuses. Des fois, quand je l'aide à m'en occuper, je dois leur courir après partout. Et quand je reviens, je suis toujours boueuse et mon grand frère me dispute... Il a toujours du mal à le cacher lorsqu'il veut rire, alors je sais qu'il n'est pas en colère.

Elizaveta essaya un instant d’imaginer Vash rire ou tout du moins… Sourire. Elle fouilla longuement dans sa mémoire à la recherche d’un fragment de souvenir où Vash aurait l’air heureux et où il exprimerait sa joie… En vain. Vash qui souriait était inimaginable, pour la Hongroise. Peut-être que Roderich, lui avait la possibilité de voir le garçonnet sourire, lorsque tous deux étaient enfants…

- Oups...

Par ce petit murmure, Elizaveta sortit de ses souvenirs. En face d’elle, Lili semblait fort anxieuse, rougissant, les eux fixées sur l’horloge. Y avait-il quelque chose de grave ? Elizaveta s’inquiéta soudainement pour la jeune fille.

- Qu’y a-t-il, Lili ? Quelque chose de grave ?

La Hongroise vit la jeune fille baisser les yeux en rougissant, jouer avec ses doigts qui tremblaient légèrement, comme une petite fille prise en faute. C’était adorable, certes, mais cela ne présageait rien de bon…

- J'avais prévenu mon grand frère que j'irais te rendre visite... Cependant, ce matin, il était assez... En colère je dirais... Comme mon avion était de bonne heure, je... je suis partie en laissant juste un mot derrière moi. J'espère ... j'espère qu'il n'est pas trop inquiet !

Ah… Cela signifiait que d’un moment à l’autre un Suisse enragé pouvait arriver avec un lance-roquette sur l’épaule prêt à tuer la première personne à proximité de sa chère sœurette. Cela pouvait vite être… Comment dire ? Dangereux ?

Elizaveta fit un petit signe à Lili de patienter quelques instants. Elizaveta courut dans l’entrée vérifier que toutefois, le Suisse n’avait rien cassé. Roderich aurait hurlé si un tableau ou un bibelot de valeur n’aurait été qu’éraflé. La Hongroise alla chercher son arme fétiche –une poêle en fonte testée et approuvée sur euh par Gilbert-.

Ensuite seulement elle revint vers la jeune blondinette, s’excusant de l’avoir faite patienter, mais fine prête à défendre sa vie, au cas où qu’un blond enragé à la coupe carrée vienne lui pointer son 9mm entre ses deux yeux.

- Mais tiens, tant que j’y pense… S’il vient te chercher, tu crois qu’on pourrait tenter de le rabibocher avec Roderich ? J’avoue, ça risque d’être difficile, voire impossible, mais on pourrait tenter… Je suis sûre que même adultes, ils doivent être mignons ensemble…

Spoiler:

Manifestement, la hongroise avait bien pris au sérieux la menace d'un Suisse assoiffé de sang et de vengeance, les yeux jaunes brillant dans la nuit et un arsenal à la main. Si les deux filles ne manœuvraient pas avec finesse et habilité, elles risquaient de déclencher la troisième guerre mondiale. L'an 2012 n'était déjà pas loin, mais avec une guerre entre Vash et une hongroise féroce armée du poêle, il semblait plus proche que jamais.
Cependant, Lili, peu aux faits de la légende de la poêle tueuse (qui circulait depuis plusieurs siècles parmi les nations masculines) ne comprit pas pourquoi la jeune femme s'était tout de suite levée pour aller chercher un ustensile de cuisine des plus communs. Surtout que l'ustensile en question ne semblait pas de toute première jeunesse...
La réaction d'Elizaveta semblait vraiment trop étrange pour que Lili reste de marbre. Aussi, d'une voix fluette, elle regarda timidement la chose (aussi communément appelée Pan of the Doom) et s'enquit :

« Dis... Hongrie-nee. Qu'est-ce que tu vas faire avec cette poêle? Elle est toute déformée... »
Regardant son interlocutrice, elle marqua une pause, exprimant vraiment le sujet de ses interrogations :
« Comment ça se fait d'ailleurs qu'elle soit pleine de bosse? »

Elizaveta, de son coté, semblait perdue dans ses pensées. Aussi, Lili ne poussa pas trop le sujet. Elle se demanda alors si la jeune femme ne cherchait pas sa sauvegarde. Ce serait tout à fait logique et légitime dans une situation aussi délicate.

Mais tiens, tant que j’y pense… S’il vient te chercher, tu crois qu’on pourrait tenter de le rabibocher avec Roderich ? J’avoue, ça risque d’être difficile, voire impossible, mais on pourrait tenter… Je suis sûre que même adultes, ils doivent être mignons ensemble…

Ah non... Se pourrait-il que les hongroises aient instinct de survie d'un troupeau de Lemmings (désolée j'ai regardé la Flanders récemment T-T) ? Cependant, il fallait croire qu'un tel instinct était contagieux puisque bien vite l'idée avait été formulée que la demoiselle se sentit conquise. Si elle gardait malgré tout quelques réserves quand à la réussite d'un tel plan, son espoir de voir ses deux voisins cohabiter en harmonie était bien plus fort. Elle pourrait même aller au marché sans devoir se cacher au rayon surgelé dès qu'une mèche brune se pointait *_*. Aussi, Lili se mit à rire doucement, cachant son visage légèrement derrière sa main.
Elle n'avait pas non plus l'habitude de rire ouvertement avec des collègues étrangers. Oubliez ça, elle n'avait pas l'habitude de parler, de regarder des étrangers.
Un sourire lui mangeait le visage jusqu'aux oreilles quand elle répondit à son hotesse :

« J'aimerais bien mais il faudrait s'assurer que Grand frère n'arrive pas la fleur au fusil. Je t'aime bien Hongrie-nee, je n'aimerais pas que Grand-frère t'attaque juste comme ça... Tu le connais, il est parfois un peu... excessif. Cependant, si les forcer à se voir pouvait les rapprocher, je suis pour.
Nous pouvons, peut-être également essayer de les convaincre à se voir..; »

Lili était peut-être d'une timidité parfois presque maladive ainsi que d'une politesse handicapante, mais si elle était bien une chose c'était déterminée... Et aussi un peu trop franche parfois. Ajoutez ces qualités à une naïveté désarmante, et vous obtenez un démon au pouvoir effrayant qui peut soudoyer n'importe qui.
N'oubliez pas qui a vaincu le plus grand marchant d'arme au monde en lui imposant le port du pyjama fleurie! Avec juste une moue et un sourire en prime d'ailleurs!

Spoiler:

La Hongroise avait conquis la blondinette avec son projet. Mais elle se méfiait quand même : si elle pouvait se débrouiller sans trop de peine avec son Autrichien à elle, convaincre le Suisse serait une autre affaire. Et pour cela, elle aurait absolument besoin de la petite.

- J'aimerais bien mais il faudrait s'assurer que Grand frère n'arrive pas la fleur au fusil. Je t'aime bien Hongrie-nee, je n'aimerais pas que Grand-frère t'attaque juste comme ça... Tu le connais, il est parfois un peu... excessif. Cependant, si les forcer à se voir pouvait les rapprocher, je suis pour. Nous pouvons, peut-être, également essayer de les convaincre à se voir…

Elizaveta lui sourit d’un air malicieux, lui montrant sa poêle. Mais la petite n’avait pas l’air de comprendre. Apparemment son très cher frère n’avait pas jugé utile de lui apprendre le fait qu’Elizaveta, poêle en main, peut abattre une nation sans peine.

- Ne t’inquiète pas pour moi. J’ai l’arme absolue avec moi. Personne n’y a jamais résisté. Et si ton frère me fait des misères, je le… Disons… Rappellerai à l’ordre.

Et en faisant quelques gestes d’une main assurée et experte, elle démontra qu’une poêle pouvait être une arme dangereuse. Mais bon, si elle pouvait lui montrer en vrai, sur une victi-euh un témoin consentant, ce serait bien mieux. Rien de mieux que la pratique, en toutes choses, selon la Hongroise.

En même temps, elle réfléchissait à un plan. Elle pouvait assommer Vash, le ligoter et le porter tout empaqueté comme ça à Roderich, mais son sang risquerait de tâcher le tapis, et Elizaveta ne voulait absolument pas faire de la peine à Roderich en tâchant le beau tapis qui était déjà plus que centenaire. Elle pouvait simplement le menacer de le frapper à mort, vu que le Suisse connaissait la réputation de la brune, cela pouvait simplement suffire ? Mais avant, il fallait le désarmer. Parce que le chef banquier rapiat grippe-sou blond qui fait du chocolat au lait, fort délicieux au passage, avait toujours une ou deux armes à feu sur lui, à croire qu’il était fétichiste des armes à feu…

- Lili… Tu saurais pas comment convaincre ton frère sans faire de dégâts ? Roderich, j’en fais mon affaire sans problèmes, mais pour ce qui est de Vash… Je risque de l’abîmer un peu… Enfin un peu beaucoup… En fait je risque de carrément l’envoyer ad patres alors…

Elizaveta se gratta la tête avec un petit air gêné. Parce que si elle blessait trop fort Vash, il mettrait du sang partout, elle se mettrait la Suisse et le Liechtenstein à dos, et elle ne pourrait pas caser-euh réconcilier Roderich et Vash. Et ça, ce serait problématique. Pas que le reste n’y soit pas, non… Mais le reste n’apporterait pas jolies photos. C’était tout.

- Ton frère aurait-il un point faible à exploiter ? Un peu comme Roderich son piano ?

La Hongroise cherchait des solutions, inspectant machinalement les aspérités de sa bonne vieille et fidèle arme. Tiens, il restait un peu de sang séché dans un petit creux… Gilbert laissait toujours des traces partout, c’était incroyable… !

Réfléchissant profondément, Elizaveta se leva et commença à faire les cent pas dans le petit salon. C’était une mission diplomatique d’importance capitale et l’échec n’était pas toléré. Enfin, Elizaveta ne tolérerait pas que son casage-euh sa réconciliation forcé-euh tout à fait amicale n’ait pas lieu.

Spoiler:

- Lili… Tu saurais pas comment convaincre ton frère sans faire de dégâts ? Roderich, j’en fais mon affaire sans problèmes, mais pour ce qui est de Vash… Je risque de l’abîmer un peu… Enfin un peu beaucoup… En fait je risque de carrément l’envoyer ad patres alors…

Enfin elle ne voulait pas que son hôtesse soit blessée, mais ce n'était pas pour autant qu'elle voulait que son seul frère, la seule personne à l'avoir sauvée des ruines de l'Empire romain chrétien, s'en prenne plein la figure. Maintenant qu'elle savait d'où venaient les traces et les bosses de la poêle en fonte, la jeune fille se mit plus à craindre pour la vie du suisse que pour celle de la hongroise. Non, parce qu'elle avait déjà vu Monsieur Prusse dans toute sa splendeur... Bon à vrai dire, elle se souvenait plus de son cris de guerre 'Nyonyonyo' que d'autres choses, mais bon, il avait l'air résistant. Non, franchement, elle préférait que tout se passe sans anicroche, quitte à jouer sur la fibre sensible de son frère chéri.

«  Euh... Hongrie, j'aimerais en effet éviter tout conflit. Je ne sais pas ce que vaut un combat entre une poêle et un lance-missile, mais je préfèrerais ne pas le savoir... »

Elle avait terminé sa phrase dans un murmure peu assuré... Oui, elle allait devoir user de toute sa diplomatie pour arriver à un consensus avec Vash. Non pas que ce dernier lui refusât beaucoup de choses. Il avait une légère tendance à gâter sa soeur, non pas par l'argent et les cadeaux, mais par une gentillesse à toute épreuve et une légère tendance à lui laisser passer une grande part de ses 'caprices'. Caprice d'une jeune fille mature et économe, cela va sans dire.

« Convaincre mon frère? Oui... Je pense que ça pourrait être possible... Pour cela, il faudrait mieux lister les avantages... Mon grand frère est quelqu'un de pratique, il m'écoutera... Enfin, la plupart du temps, il écoute ce que je lui dis... »

L'idéal bien entendu, serait de parvenir à lui arracher un oui avant même de préciser que la personne en question n'était qu'un vieil ami, Roderich. Plus facile à dire qu'à faire, mais Lili pouvait toujours essayer non? Ce n'était pas comme si Vash allait vraiment se mettre en colère contre elle... N'est-ce pas? Vash ne lui en voudrait sûrement pas... Ce n'était pas comme si elle le trahissait en prévoyant une telle affaire dans son dos... Comme le disait Hongrie, c'était pour leur bien.
Non elle n'avait vraiment rien à se reprocher...

Lili tentait tant bien que mal de taire les quelques reproches que lui faisait son inconscient (qui avait étrangement le même timbre de voix que son frère adoptif.) Puis, elle reprit, se décidant enfin à délivrer les faiblesses de son frère à cette charmante jeune femme.
Toutefois, pour se rassurer un peu quant à ses intentions, l'adolescente choisit bien ses mots, se contentant de rappeler à l'ancienne amazone des faiblesses bien connu du banquier européen.

« Et bien... Mon grand-frère est plutôt économe, il opposera un refus sans appel si cette opération lui coûte ne serait-ce qu'un Schweizer Franken. Ensuite... Il est très attaché à ses chèvres et à ses armes. Toutefois, je doute que l'un ou l'autre pourrait nous être d'aucune utilité. Je ne m'imagine pas menacer l'un ou l'autre pour cette affaire. »

Lili reposa sa tasse en soupirant légèrement. Tout le monde connaissait l'amour de son frère pour ces trois choses. Aussi, elle n'avait rien révélé qu'elle puisse regretter. Consultant à nouveau l'horloge et constatant la fuite du temps, Lili baissa alors les yeux piteusement, sentant qu'elle devait bientôt prendre congé de sa charmante ainée. Elle fit ainsi donc remarquer d'un ton détaché à Elizaveta, presque à contre cœur.

« Je pense que... Grand frère serait aussi plus... enclin à m'entendre si je ne l'inquiète pas trop. Si je rentre tard, il risque de s'inquiéter et j'ai peur qu'il refuse toute rencontre avec Monsieur Autriche... Mieux vaut-il peut-être que.. je rentre... »

Tandis qu'elle finissait ces quelques mots à voix basse, Lili rougit et se mordit doucement la lèvre, ne souhaitant pas paraitre impolie.

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