Un chalet confortable, chaud, depuis lequel on pouvait voir le froid extérieur se casser les dents sur les fenêtres. De la lumière, beaucoup de lumière provenant de la cheminée ronronnante, et des lampes disposées un peu partout dans le salon. Une ambiance chaleureuse portée par l’odeur de fondue qui flottait dans l’air, et enfermée dans la pièce par de beaux murs de bois clair et de pierres. Une jolie petite fille en robe rouge.

C’était ça, Halloween, chez Vash. Il avait, attendri par les demandes de sa sœur, invité une poignée de nations à partager un délicieux repas préparés par ses soins et ceux de sa sœur (un beau moment de complicité, d’ailleurs, mais chut~); mais pour lui, pas question de céder aux coutumes que l’américain avait réussi à faire adopter à une bonne partie du monde occidental. On était quand même en Suisse, non mais. Alors pas de potiron, pas de fausses toiles d’araignée, pas de sorcières en plastiques ou de déguisements. Juste une petite réunion. Ca changeait assez du quotidien comme cela.

Vash accueillit les nations invitées, toutes en retard (on n’avait pas idée de les inviter dans un chalet aussi paumé, aussi!), avec courtoisie, pendant que Lili se chargeait de les accueillir avec gentillesse. Peut-être était-elles surprises de ne point trouver ici d’attirail pseudo-effrayant, aussi le niveau sonore resta bas un moment; mais ripaille aidant, les conversations, auxquelles Vash se forçait à prendre part, se firent plus actives et bruyantes.
A la fin du repas, la nuit était tombée.

L’heure de la promenade digestive était venue. Comme au bon vieux temps où l’on s’invitait pour une chasse à la coure, le maître des lieux avait cette fois ci invité ces étrangers à une chasse un peu spéciale… Le peu d’alcool qu’il avait pu voir ayant arrondi son esprit un peu trop droit et réchauffé ses entrailles, il se leva et attira l’attention des invités à coup de cuillères sur son verre.

 « S’il vous plait… Je remercie tout le monde d’être venu… » commença-t-il, réussissant presque à feindre l’honnêteté. « Maintenant que vous avez bien gasp… » Un regard implorant de Lili l’empêcha de continuer sur cette pente glissante. Il prit son air faussement indifférent, le nez en l’air, et se reprit.  « que vous avez bien mangé, je voudrais vous inviter à chasser le Dahu. »

Silence. Vash se doutait que quelques uns de ses invités ne devaient pas connaître cette bête. Et une partie de chasse alors qu’il faisait nuit noire… C’était plutôt étrange. Même Lili avait fait une drôle de tête. Alors il s’expliqua, rapidement mais efficacement.

« Le Dahu est un animal qui ne vit que dans la montagne, et pour cause, il s’y est tellement adapté que pour courir facilement dans la montagne, ses pattes ne sont pas de la même taille des deux côtés, ce qui lui permet d’être toujours à l’horizontale sans se fatiguer. Il sort plus souvent la nuit, et donne un lait et une viande… dont je vous laisserait juger de la qualité.
- Mais Vash, enfin… » l’interrompit timidement Lili. « Nous sommes le 31... Et si jamais le Dahu-garou…
- Le Dahu-Garou n’existe pas, enfin, Lili. »

Et pourtant les doutes de Liechtenstein faisaient les doutes des invités.

Ca marchait tellement bien que Vash en aurait presque ri.

Il emmena donc ses invité plus ou moins enthousiastes dehors, dans le froid. Il leur expliqua la technique de la chasse au Dahu: il fallait l’appeler par son nom pour le faire se retourner, et que déséquilibré il chute ainsi dans la vallée, où on n’avait plus qu’à aller le chercher.
Il fallait croire que pousser de cris et gambader dans la montagne, guidés par la lumière de lampes torches, leur redonnait un peu de courage et de bonne humeur. Cela rappelait vaguement à Vash des souvenirs de course après les chèvres avec sa sœur.





Tout allait bien, jusqu’à ce que, d’un coup, comme si elle s’étaient concertées, les lampes torches faiblissent et s’éteignent.

 « Vash, pourriez vous nous donner des piles de rechange? »

Personne ne doutait qu’il les avait; il n’avait pas une réputation de bon organisateur pour rien. Pourtant, la question soulevée ne reçu aucune réponse.

 « Vash? »

Toujours pas de réponse. Et force était de constater qu’il avait bel et bien disparu.
Quelque part, pendant un silence, une bête hurla, sans que l’écho permette de déterminer d’où venait ce cri. De toute façon, la lune éclairait à peine le paysage, pas assez pour repérer l’approche d’une quelconque créature… Et pour couronner le tout, de la terre plus chaude que l’air commençait à s’échapper une vapeur qui se transformerait bientôt en un brouillard opaque…

Ca pouvait commencer…

Spoiler:

Ayant entendu dire par il ne savait plus lequel des esclaves de Ivan –pour Yao, les pays de l’est de l’Europe se ressemblaient tous- que le communiste se rendait au chalet, invité par la Suisse, il avait décidé de faire de même. Il n’avait pas forcément beaucoup de lien avec Vash – qui en avait hormis Lili ?- mais il ne le détestait pas alors il n’avait aucune raison pour refuser.

Sauf qu’il avait eu un mal fou à trouver le chalet. Il avait bien pris une carte pour se diriger mais apparemment, il ne savait pas la lire puisqu’il tourna en rond un moment. Il était à deux doigts d’abandonner, agacé et rejetant la faute sur Vash. Après tout, c’était de sa faute. Il n’avait pas pu trouver meilleurs endroit ? Il était en train de pester contre le suisse, accroupit devant sa carte posée à même le sol quand il s’était aperçut qu’il y avait un bâtiment au loin… En s’approchant, cela s’était révélé être le chalet et soulagé de ne pas être perdu pour de bon, il décida de ne pas en vouloir à Vash…du moins pour le moment.

Et il eut bien fait puisque le repas fut agréable. Tout le monde le savait, Yao était un amateur de cuisine et pour une fois garda ses remarques pour lui. Il avait bu quelques verres –il ne savait pas trop ce qu’il y avait eu dedans hormis de l’alcool qui réchauffait la gorge. Et il s’était arrêté de boire quand il s’était rendu compte qu’il n’arrivait pas à savoir si devant lui, c’était un verre, deux ou bien un seul qui se dédoublait. Ca se savait bien que l’asiatique de taille relativement moyenne –tendant plus vers la petitesse que la grandeur- qu’il était tenait bien mal l’alcool. Ne voulant pas être aussi rouge que son drapeau, il repoussa son verre au moment où la Suisse prit la parole, plus enjouée que d’ordinaire.

Il avait ensuite donné une explication d’un animal que Yao ne connaissait absolument pas et comme quoi qu’ils allaient chasser la dite bestiole. Le chinois n’était pas sûr qu’il ait la capacité et la volonté de se lever de sa chaise mais finalement, ils furent dehors à appeler le Dahu.

...

« Darrrrruuuuuu ?! » avait-il hurlé pendant un moment car contrairement au Russe, le chinois y croyait dur comme fer à cette histoire d'animal des montagnes et finalement il était bien plus capable qu'il n'avait cru l'être quand il était encore assis à l'intérieur du chalet. Il aimait les animaux étranges, en ayant un bon paquet dans son propre pays alors pourquoi pas en chasser à l'étranger. tout cela pour dire qu'il était enthousiaste quant aux recherches.

Mais l’alcool ingurgité durant la soirée n’aidant pas, Yao reprenait tics et accents de sa langue d’origine. Le H se disant plus R en chinois, il avait du mal à dire le nom de la bestiole et commencé à en être agacé quand les lumières des torches s’éteignit. Là, ils s’étaient retrouvés dans la pénombre alors qu’une sorte de brouillard se formait et Yao n’était pas content du tout. Et quand Lili avait appelé Vash, ce dernier ne répondit pas. Le chinois ne sembla pas penser que ce put être inquiétant pour le suisse et protesta:

« Ah, c’est pas marrant aru yo ! Stupide Suisse, je ne veux pas jouer à cache-cache dans le noir aru ! »

Ainsi, dans la pénombre, il avait fait quelques pas sur le côté pour attraper le bras d’une des nations. Dans le noir, il ne savait pas à qui appartenait le bras mais dans tous les cas, il valait mieux ne pas le perdre de vue…enfin le lâcher parce que Yao n’avait pas l’intention de se perdre, surtout au beau milieu de nulle part en étant pompette.

Il y eut un cri d’animal et Yao en sursauta.

« ah…je ne veux pas que le Daru me mange aru… »

Spoiler:

Elle avait prévu son coup quelques jours à l'avance... Enfin prévu... La jeune fille ne prévoyait pas! Elle sentait juste qu'il valait peut-être mieux préparer son frère à l'annonce de la demande. Elle qui n'avait habituellement que la présence amicale d'un frère armé jusqu'aux dents et de quelques chèvres songeait tristement aux fêtes. Elle avait entendu dire que les autres nations les fêtaient entre elles, heureuses de se réunir dans des lieux plus qu'étranges... Ça avait l'air si amusant, mais elle restait cloitrée dans la magnifique 'demeure' suisse.
Alors qu'elle se préparait une nouvelle robe, aussi rouge que les autres puisque ses créations n'avaient pas épuisé les chutes du dernier rideau, elle s'éclaircit la voix et lança dans un ton détaché à son grand frère.
« Grand-frère... Si nous passions la veille de la Toussaint avec les autres nations....
S'il te plait. »
La jeune fille avait déjà inconsciemment baissé la tête, les yeux implorant. Bref, elle affichait parfaite l'expression typique « Tu sais que tu serais le meilleur des grand frères si tu m'obéissais ainsi? ». Sans calcul! Une véritable candeur qui avait su fondre le cœur de pince de Vash.

Aussi, quelques jours plus tard, ils avaient décidé d'organiser une fameuse chasse au Dahu. Vash ne voulait pas que les autres nations aillent se plaindre du manque d'intérêt de sa soirée et de prime, la chasse au Dahu avait le merveilleux avantages d'être... gratuite! Elle se retrouvait donc dans l'entrée d'un agréable chalet prête à accueillir des invités... sans doute perdus dans la montagne.
Ah non, quelqu'un arrivait... Elle ouvrit donc la porte lui souhaitant aimablement la bienvenue, un sourire collé aux lèvres et tandis qu'elle se relevait elle s'aperçut qu'il s'agissait d'un terrifiant russe. Elle écarquilla légèrement les yeux se demanda pourquoi donc son frère avait invité un personnage aussi effrayant, mais bon... Bientôt, un chinois les rejoignit. Son frère avait-il viré communiste?
Enfin, peu importait... L'heure était au repas, et celui-ci se passa dans la décontraction. Son frère avait presque l'air heureux et elle sourit intérieurement, jusqu'à ce qu'il entreprit son discours de fin de repas :

« Maintenant que vous avez bien gasp… »
Non mais c'était pas vrai?! Pourquoi gâcher une soirée qui commençait si bien. Bien qu'elle n'aimait pas vraiment se confronter à son frère tant adoré, elle ne put s'empêcher de lui jeter un regard implorant avec les petits yeux mouillés et tout! Le jeune homme corrigea son tir et entreprit d'expliquer les règles de la chasse. Elle en profita alors de lâcher d'une petite voix tremblante ses soupçons sur le Dahu garou. Soupçons vite rejetés par l'organisateur, mais peut-être pas par ses invités.

« Pour être honnête, je n'y crois pas vraiment, mais je suis d'accord, ça ne peut que être amusant. Et puis...»
Bon raté! Enfin... si l'histoire n'avait pas prise avec le russe psychopathe elle avait avoir eu de l'effet sur le chinois imbibé jusqu'aux os. Elle espérait juste qu'il n'allait pas vomir dans le chalet... Ca s'incrustait et Vash n'allait sûrement pas apprécier. Elle voulait pouvoir encore faire des soirées.

Comme prévu, le blond les mena ensuite dans les bois où aurait lieu l'activité. Yao montra un enthousiasme particulièrement débordant même d'elle même ne savait plus trop quelle bestiole il essayait d'invoquer. Au début, elle était bien tentée de jouer à qui criait le plus fort, mais bien vite, elle se rendit compte que ses cordes vocales n'atteindrait sûrement pas la prouesse de son invité. Et comme prévu, Vash les perdit dans les bois. Le vent souffla et les lanternes s'éteignirent.
 « Vash, pourriez vous nous donner des piles de rechange? »
Pas de réponses. La jeune fille blanchit légèrement et répéta plus fort :
« Vash? »
Pas de réponse. Légèrement agitée, elle se retourna et commença à retourner sur ses pas :
« Grand frère!!! Grand frère!!! »

Crrrrrrr..

La jeune fille sursauta en entendant ceci, puis se rassura. Évidemment, ce n'était qu'une branche. Elle était une fille de la montagne. Pas la peine de s'affoler pour un rien. Elle pourrait toujours les ramener au chalet.. Enfin si toute cette aventure ne virait pas à la débâcle... A peine la pensée avait été formulée qu'un hurlement se fit entendre.

« ah…je ne veux pas que le Daru me mange aru… »
Et voilà que la grande Chine paniquait... Allait-elle pouvoir raccompagner ce petit monde? Il faisait froid, la lune était pleine mais son halo n'atteignait pas le petit groupe. Un vent glacial sifflait entre les arbres, jouant une musique glauque... La jeune fille trembla légèrement :
« Je.. Qu'est-ce qu'on fait... On... continue ou je vous ramène. »
Elle regarda furtivement autour d'elle et espérait pouvoir se souvenir du chemin emprunté.

Spoiler:

Katioucha avait suivi son frère pour participer à cette sortie impromptue en Suisse, contrée qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer. Vash était habituellement un ermite préférant la présence de ses chèvres et de sa soeur à celles des autres nations, même ses plus proches voisins. Katioucha ne l'avait jamais vu, elle ne connaissait que sa réputation d'homme irascible, effacé, violent si l'on touchait à sa famille et très très économe.

Arriver jusqu'à la demeure de Vash n'avait pas été une sinécure. Les pentes raides avaient mis à mal la fragilité de l'Ukraine qui dut, bien souvent, stopper sa marche pour reprendre son souffle et calmer son coeur. Ivan ne sembla pas lui en tenir rigueur, attendant à ses côtés, l'aidant même en lui tenant la main. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas été seuls tous deux, sans la présence possessive de Natalia ? Cela semblait être si lointain, d'un âge même originel.

La chaleur prodigué par le feu chatouilla le visage de Katioucha quand la jeune Lili leur ouvrit la porte. Tandis que son frère entrait dans le salon, la jeune femme échangea des civilités avec la soeur de Vash, complimentant sa tenue et sa beauté. L'enfant ne savait plus où se mettre, le visage aux couleurs de sa robe. Et aux couleurs de la tenue de l'ukrainienne qui avait pris une de ses robes traditionnelles, voulant changer de son éternelle tenue d'agricultrice.

Même si Katioucha était une jeune femme renfermée quand elle sortait des anciennes limites soviétiques, elle partagea l'esprit joyeux de la soirée. Pas de violence, pas de haine dissimulée, on s'amusait sans arrière-pensée. La jeune femme se laissait même à rire, son rire éclairant la salle alors que la nuit était déjà tombée. La soirée prit une toute autre tournure quand Vash annonça cette chasse au dahu. Katioucha n'en avait jamais entendu parler. Chasser un animal ne lui plaisait guère, mais il fallait bien se nourrir. S'il fallait le tuer, elle veillerait à ce que le " bourreau " le fasse sans que la bête ne souffre.

Reprenant son manteau bordé de – fausse – fourrure, la jeune femme suivit la silhouette imposante de son frère qui se dessinait grâce à la lumière de la lampe-torche. Tenant le précieux objet dans sa main, Katioucha balayait les environs, calquant ses pas sur ceux du Russe. A ses côtés Yao appelait l'animal, écorchant son nom à cause de son accent.

Soudain l'obscurité. Les faibles lueurs des lampes s'éteignirent en même temps, tels des étoiles arrivées en fin de vie. Lili appela son frère à grands cris, qui n'eurent pour échos que les bruits nocturnes des montagnes. Soudainement quelque chose agrippa le bras de Katioucha qui poussa un cri de surprise et de terreur. çà s'accrochait à elle, elle sentait des griffes se planter dans le tissu. Cela se secouait contre elle, avec un souffle pressant. Quelle créature cherchait à l'emporter loin du groupe ? Katioucha en lacha sa lampe torche, tentant de trouver la main de son frère. La bête hurla à ses oreilles...

« ah…je ne veux pas que le Daru me mange aru… »

Ce n'était que Chine. Dans sa terreur - doublée par l'alcool - l'infortunée nation se collait contre le corps de Katioucha. Comme pour réconforter un enfant, la jeune femme lui tapota l'épaule de sa main libre, l'autre prisonnière de la poigne chinoise.

- Monsieur Vash est peut-être parti en éclaireur. Il reviendra sûrement. Ou il veut nous faire une petite peur...
« Je.. Qu'est-ce qu'on fait... On... continue ou je vous ramène. »

Pauvre enfant, sa voix tremblait telle une feuille sous un vent tumulteux. Katioucha tatonna dans le noir et réussit à saisir la petite nation par la manche. Elle lui fit signe, en tirant par à-coups, de se rapprocher d'elle.

- Déjà veillons à ce que nous soyons tous ensemble. Et ne nous perdons pas de vue.

Un animal cria au loin, son brut se répercutant contre les montagnes. On aurait cru que le sol tremblait en accord comme la peau tendue d'un tambour. Les pans du manteau de Katioucha étaient secoués par le vent qui se levait. La pleine lune - comme les soirs où les loups-garous sortaient de leurs tanières - n'avait pas même la gentilesse de les éclairer. Une main tenant Lili par la manche, Yao accroché à son autre bras, Katioucha tâchait de rassembler les fragments d'un sentiment qu'elle utilisait que rarement dans de telles situations. Le courage.

- Monsieur Vash ne doit pas être loin, n'est-ce pas Ivan ?

Katioucha s'était tourné vers l'endroit où devait se trouver la Russie. Nulle réponse ne fusa, et il lui sembla que l'épaisse obscurité devant ses yeux ne contenait que du vide. La peur s'insinua en elle, et les fragments de courage se dissipèrent comme fragments de lettres au vent. Les larmes lui vinrent aux yeux, perles limpides qui coulèrent sur ses joues alors qu'elle tremblait de terreur. La peur d'être seule à aider deux âmes terrorisées.

- Ivan ?!