Elle jaugea encore sa commande du regard et fut prête à rappeler le serveur, et à lui demander un verre de chocolat, mais ... Elle était ici pour découvrir de nouvelle saveur, alors sans plus réfléchir, la jeune femme se saisit de son verre et le vida d'un trait. Grossière erreur. Le liquide, que l'on pouvait aisément apparenter à de l'eau si on était pas un fin connaisseur, lui brûla la gorge et elle toussa, porta une main sur sa poitrine.

Ce siècle démarrait bien trop vite. Il avait été emporté contre son gré dans une danse de problèmes internationaux et alliances foireuses qui s'était tragiquement ponctuée par un massacre sanglant et avait été suivie de progrès sociaux et industriels qui le dépassaient.
Il avait l'impression d'être de partout à la fois sans pourtant parvenir à voir dans son entier l'étrange spectacle qui se déroulait sur la scène mondiale.

Que n’était-elle plus téméraire pour sauter dans un bateau, enfiler une tenue de mousse et partir à l’aventure ? L’évasion, l’ailleurs, l’inconnu, tant de mots aux senteurs exaltantes, tant de voix chantantes, tant de mains qui la tiraient en tout sens, la poussant à franchir sa porte, à poser sa selle sur le dos du cheval, et… La voix de la raison se faisait entendre : n’était-il pas assez confortable ce foyer ? Si. N’était-il pas rassurant ? Si. N’était-elle pas aimée, choyée ? Oh que si. Alors, pourquoi chercher quoi que ce soit ailleurs, alors qu’elle avait tout ici ? Pour rien, pour rien.