I'm looking at you through the glass
Don't know how much time has passed
Oh God it feels like forever.
Stone Sour ► Through the glass

Les rideaux? Il n'y en avait pas. Et les volets entaillés de toute part laissaient la lumière faire son chemin jusqu'au dos marbré de l'albinos. Lentement, les rayons se déplaçaient, main brûlante sur cette peau glacée par la sueur. Gilbert fut lourdement tiré de ses limbes, une fois que le jour eût traversé ses paupières closes, pour frapper ses pupilles aussi écarlates que le blanc de ses yeux. Il tourna la tête vers la droite, là où la pénombre avait encore un semblant de place; mais il ne rencontra que des tâches rouges... Jusqu'à ce qu'elles s'estompent, montrant des tracés fins, précis, géométriques. 11:18.

Il ne comprit pas tout de suite; oh, il n'était même pas certain de comprendre ce qu'il se passait - et ce qu'il s'était passé. Immobile pour un temps, Gilbert eut la force de passer une main dans ses cheveux blancs. Et déglutit avec difficulté. Beaucoup de difficulté.

C'est quoi?
Hey, boy, take a look at me
Let me dirty up your mind
Garbage ► Queer

Quelque chose... lui grattait la nuque. Le regard plongé dans le blanc âcre de son oreiller, il passa un doigt sur sa pomme d'Adam. Du moins, c'est ce qu'il crut, jusqu'à ce que son index rugueux rencontre le métal dur et froid de la boucle... et le cuir, doux et chaud du collier.

Spoiler:

The queerest of the queer
Hide inside your head
The blindest of the blind
The deadest of the dead
Garbage ► Queer

Et il était seul. Seul avec deux corps, et sa tête qui allait bientôt exploser. Niels... Le mec était sobre, il était déjà parti, lui laissant le loisir d'expliquer ce double homicide. Mais Gilbert eut un léger sourire. Ce danois, c'était un sacré bon coup. A refaire... à refaire.

Spoiler:

So fuck you anyway.
Archive - Fuck U

Il mit près d'une heure à se préparer - prendre une douche, s'habiller, dégager les deux corps par la fenêtre, sans ménagement. Il avait retourné toute la chambre pour trouver des antidouleurs, et par chance, il réussit à en avaler toute une plaquette avant de descendre au bar. N'importe qui remarquerait son visage. De grandes cernes, un teint encore plus cadavérique que d'habitude, le regard plus rubis que jamais. Il fit cependant une entrée silencieuse, remarquant que d'autres étaient déjà là. Tripotant lentement le noeud de sa cravate, encore grisé par le collier, qui avait laissé sa marque, il entendit à peine la nouvelle du jour.

Monaco, hein...

Pauvre Darling s'était faite capturer. Eh bien. Il devait plus en rester grand chose. Avec de la chance, elle était morte depuis longtemps. Plutôt la mort que la souillure.
Et elle faisait quoi, la nouvelle patronne? Gilbert ne daigna même pas tourner la tête vers Elizaveta. Mais d'après ce qu'il comprit, le rital était condamné. Il n'arrivait jamais à fermer sa gueule. On le ferait pour lui, alors.

- 'kay, j'vote pareil, murmura l'albinos sans conviction, fixant le verre d'eau que le barman venait de lui servir. Il n'avait pas la tête à faire des hypothèses, savoir qui était avec qui, qui avait un mobile, et tout ça... Autant suivre les autres, vu que le rital était déjà mort.

-J'espère que t'es dans l'vrai, Signorita.

Un verre d'eau...

There's a look on your face I would like to knock out.

De son coté, la nuit s'était déroulée sans anicroches.

Il en avait passé une large partie avec Ludwig, exécutant la macabre tache qu'on lui avait délégué, et que, par transitivité, il avait en partie délégué à l'Allemand. Tout s'était déroulé comme sur des roulettes et a présent, deux corps froids et sans vie pourrissaient dans le canal. Deux pauvres inconnus que personnes ne réclameraient ni ne chercheraient, et si par hasard les autorités découvraient leurs corps, ceux-ci étaient à présent dans un tel état qu'une identification serait, à défaut d'être impossible, terriblement ardu. Par la suite, le Japonais s'était contenté de marcher aux cotés du germanique pour retourner aux lieux qu'ils avaient l'habitude de fréquenter, s'éloignant de plus en plus du trou sordide où ils s'étaient débarrassés des cadavres. Puis au bout d'un moment, ils s'étaient dit bonsoir et s'étaient séparés, rien de plus.

Après ça, Kiku n'avait aucune idée de ce qu'avait pu faire son compagnon temporaire et était monté directement dans une des nombreuses chambres d'un hôtel où il logeait. Hôtel qu'il avait choisit par hasard. Tant qu'il avait un lit et un toit au-dessus de la tête, tout lui convenait, il n'était pas dérangeant. Alors s'être déshabillé et avoir jeté un coup d'œil à sa montre qui indiquait deux heures du matin, il s'était laissé tomber sur le matelas, le nez dans le coussin, repensant un peu à tout ce qu'il s'était passé au bar. Il avait été à deux doigts de se mettre à hurler sur quelqu'un et ne savait pas s'il devait être soulagé ou pas d'avoir réussit à se contenir. Après tout, lui, il était le type silencieux. Celui qui ne cherchait aucunement à se cacher mais qui ne souhaitait pas se mettre en avant non plus, sauf s'il pouvait en retirer un bénéfice vraiment énorme et qu'il n'avait rien à perdre. Il n'était certainement pas celui qui clamait le fond de ses pensées à tout va, cela lui avait déjà joué bien des tours. Mais à force, son mutisme habituel avait finit par forcer les autres membres de l'organisation à se méfier de lui. Logique en un sens. Après tout, ce n'était pas une colonie de vacances. Mais savoir instaurer un minimum de confiance, même ténue, c'était ça qui pouvait changer la donne en cas de conflit interne.

Il vit une araignée courir sur le plancher de la chambre. Elle alla se réfugier sous le chevet et il se perdit dans la contemplation du petit coin d'ombre qui servait à présent de repaire à l'insecte.

...Puis le réveil sonna.

Il s'était endormi sans même s'en rendre compte. Il était resté dans les bras de Morphée une bonne dizaine d'heure. La lumière qui filtrait à travers les rideaux, quasi-transparent au vu de leurs ancienneté, lui agressait les yeux. Ce repos lui avait semblé terriblement court et il n'avait même pas rêvé. Tant mieux. Il avait mal à la tête. Et la sonnerie de ce fichu réveil qui n'en finissait plus... Mais...? Depuis quand avait-il un réveil d'ailleurs ?

Il se redressa en grommelant. C'était son téléphone. Il décrocha et bafouilla un "m'oui ?" un peu agressif et encore mal réveillé. La nouvelle tomba comme un cheveux sur la soupe. Monaco avait était chopée. Elle était sans doute morte à l'heure qu'il était. Un connard du KGB l'avait eut. Réunion au bar à midi. Voila en gros ce qu'il comprenait. Il raccrocha et... Et meeeeerdeuuuuh... C'était DÉJÀ midi.

Un soupir.

Il se leva. Heureusement que le point de rendez-vous n'était pas à l'autre bout de la ville. Sur le chemin, il réfléchissait. Cette Diana, il la connaissait à peine et c'était tant mieux à son sens. Hier soir, lorsqu'elle était entré avec sa voix stridente et désagréable, il avait eu la rapide envie de lui rabattre le caquet. Elle n'avait été qu'une chose insignifiante, une teigne qu'il aurait écrasé sous son talon avec plaisir s'il en avait eu l'occasion, et si elle avait eu un minimum d'intérêt à ses yeux. Mais c'était juste qu'il ne pouvait pas supporter l'idée d'un traitre dans leur rangs. Mais qui donc était ce traitre ? C'était la question qu'il se posait en entrant dans le bar. Beaucoup était déjà là, tous en plein débats. Beaucoup d'opinions et de votes avaient déjà été donnés. Il traversa la salle sans se soucier des regards qui se portaient sur lui, gratifiant d'un salut une seule personne, Ludwig et alla s'asseoir sur une des chaises hautes du bar, enlevant son écharpe et laissant la chaleur étouffante de l'endroit le réchauffer. Tout en lui servant un café bienvenue, le barman lui susurra un résumé de ce qui avait déjà été dit. Quelques rares avaient votés contre lui apparemment. Mais celui qui semblait le plus en difficulté semblait être l'Italien. Avec déjà plus d'une demi-douzaine de voix contre lui, il semblait bien mal en point le petit Feliciano... Après tout, il se l'était bien cherché. Peut-être que s'il ne s'était pas donné en spectacle la veille, on l'aurait oublié.

Après tout, il n'avait que trop souvent prouvé sa fourberie avec ses voltes-faces fréquentes. Kiku avait été un de ses alliées pendant fort longtemps, au même titre que l'Allemand, et même s'il n'avait pas autant souffert que ce dernier de la trahison mesquine de l'Italien, il ne pouvait pas pardonner.

« - Lili est bien la dernière personne à avoir vu Diana en vie non ? Plus suspect qu'elle, c'est bien difficile. »

Et après tout, quasiment tout le monde hier avait été témoin de la scène, lorsque la petite Liechtenstein s'était approchée de Monaco pour lui souffler une collaboration. Et Kiku doutait que la rousse ai eu assez de liens avec d'autres ici présent pour devenir une cible.

Mais c'était trop facile.

« - Pourtant... Les vieilles blessures reste. Feliciano, je ne crois plus en ton sourire de fiel. Je vote contre toi. »

Le Japonais ne pouvait même plus croire ses histoire de principe de ne jamais toucher les femmes ou autres stupidités du genre. Ce n'était que des excuses pour se faire passer pour un grand. Mais voila, à force de jouer avec le feu, on a tôt fait de se bruler. Il assisterait avec plaisir à la chute de son ancien allié qui ressemblait à présent à un pitoyable Icare. Il avait voulu grimper, grimper, pour toucher le soleil. La cire de ses ailes avait fondue. Et le voila en train de tomber, tout simplement.