Spoiler:

Une fois de plus, une étendue blanche à son réveil. Comme chaque matin depuis plusieurs années, St Petersbourg offert à ses yeux. Offert? Non, à la reflexion, c'était plutôt lui qu'il s'était offert à cette belle cage dorée. Faute de réflexion, faute à pas-de-chance, il avait du se soumettre à Ivan pour survivre, puis au Pakhan auquel il devait tout ce qu'il avait. Une sorte de reconnaissance -ou peut être le syndrôme de Stockholm?- lui faisait redouter et respecter cet homme plus que n'importe qui au monde.

Dévoué corps et âme, il se leva, animé d'une joie inhabituelle. Ardeur bien vite rabrouée par la froideur de l'ex capitale glacée. Pas que le temps soit si exécrable - ce n'était pas comme si le climat était particulièrement différent de celui auquel il était habitué- non, le froid mordant n'était pas le fait du vent mais plutôt de ces ombres au coeur glacé qui vagabondait dans les rues.

Plus par habitude que par réel intérêt, il examina chacune d'elle d'un regard acéré, evaluant aussitôt les bénéfices qu'elles pouvaient -ou non- apporter à la communauté. Celui-ci semblait faible et isolé mais pourtant pas sur la paille, pourquoi pas?
Les informations s'emmagasinaient çà et là dans son esprit dans un joyeux bordel ordonné.

Le métal froid contre sa main. Humpty Dumpty est tombé du mur... Il voyait déjà la chute du presque honnête commerçant. Humpty Dumpty s'est cassé la figure...La douleur dans chacun de ses membres bientôt brisés. Tous les chevaux et les soldats du Roi... Le désespoir exprimé aux forces de l'ordre, ses bourreaux sous couverture. N'ont pu l'aider à se remettre droit... La fin "salvatrice".

Sa comptine achevée, un habituel sourire de circonstance sur ses lèvres fines, il poussa la porte du bar. Il n'était pas le premier mais quoi d'étonnant? Il ne l'avait jamais été. Aussi, lorsque la fin pittoresque du brigadier lui était arrivée aux oreilles, cela ne l'avait pas plus touché que cela. Puis ses doigts s'étaient mis à le picotter, il s'ennuyait.

Ara

Voilà de quoi pimenter sa vie, un poste de brigadier. Car après tout, sa vie était si morne que le fait même de se présenter - à défaut d'être élu- suffirait à changer son quotidien.
Laissant sa place au nouvel arrivant dont il avait entendu les pas, il alla s'installer plus loin, ne prêtant aucune intention aux remarques graveleuses de ce rustre de Preußen, jetant un vague regard à Tino, l'un des seuls pour qui il n'avait pas d'antipathie ou d'indifférence.

Son frère ainé avait ce stupide don de s'attirer les ennuis à trop ouvrir sa gueule, et à se pavaner comme un paon. Parfois Ludwig laissait son bruder se débrouiller par ses propres moyens – après tout, c'était lui le plus âgé – mais quand la situation se faisait menaçante, il venait calmer le jeu. Ne jamais agir sous l'impulsion. Si on est en Russie autant user d'un froid aussi calme et imperturbable que la pluie neigeuse au-dehors. L'Allemand salua Lili – pauvre enfant, sans repères depuis la mort de son frère – tout en gardant un oeil sur Gilbert qui avait attiré les quolibets de la Finlande. Avec son visage et ses yeux aussi ronds que des billes, Tino attirait la pitié des femmes qui le prenaient pour un petit garçon perdu dans la cour des grands. Alors qu'elles ne savaient pas que le Finlandais avait la gâchette facile, et pouvait vous dégommer un homme d'une balle dans la tête, alors que la silhouette n'était pas plus grande que son petit doigt. Un tueur au visage d'ange. Il n'y avait aucun enfant de choeur ici. Pas même la petite Lili. Qui sait si son frère ne lui avait pas appris à se défendre en attaquant la première.

- Toi ? Alors que tu ne sais même pas manier correctement un fusil ? Laisse moi rire Weillschmidt, je mérite plus que toi d’être le nouveau bras droit de Крёстный отец .

Les mots fusaient, bientôt suivi des balles. Car frapper se révelait trop salissant, alors que brandir une arme avait plus de panache. Plus de virilité. Si Roderich avait été là, il aurait émis un raisonnement purement psychanalitique sur la compensation par les armes de quelque chose de plus... intime.

D'autres membres du groupe prenaient place dans le bar, mais le vent glacé de la colère flottait entre la Finlande et l'ancienne Prusse. Pas besoin d'être un grand observateur pour le sentir. Il suffisait d'une étincelle pour que le baril explose, et qu'ils soient tous entrainés dans un réglement de compte. Alors que le Parrain leur demandait de l'aide.

Ludwig se leva de son siège, prit le manteau encore humide de neige fondue et avança jusqu'à la table occupée par son frère. Le lourd manteau sombre atterrit sur le visage de l'albinos, tandis qu'une épaisse main allemande se posait sur son crâne.

- Fais pas de conneries, j'ai pas envie de payer les dégâts. Encore une fois.

Les paroles étaient seulement entendues de la part de Gilbert. Pas besoin d'étaler les soucis familiaux en public. Ludwig donna une dernière pichenette à son frère, avant de s'installer à ses côtés. Il fallait le surveiller comme le lait sur le feu, ce petit. Mi-soupirant, mi-maugréant, l'Allemand se mit à jouer avec ces gants. Dans la chaleur du bar, ils étaient plus gênants qu'autre chose... Bon, pas de demoiselle bizarre qui se mettrait à pousser des hauts cris en le voyant faire. L'Allemand avait déjà ôté la moitié de son gant, quand il stoppa momentanément son geste, s'adressant au Parrain.

- Je vote pour Gilbert Weillschmidt.

Les yeux d'acier de l'Allemand se reportèrent sur le Prussien.

- Peut-être qu'avoir des obligations importantes lui mettront du plomb dans la tête...

Et ce saleté de gant qui ne voulait plus s'enlever. Il allait encore devoir s'aider de ses dents. Le mauvais côté des gants en cuir...

Spoiler:

Le Milieu. C'est comme ça que les Autres, ceux qui n'en faisaient pas parti, appelaient son monde.

Le Milieu. La долгопрудненская. Le Letton n'y était pas "vraiment" comme un poisson dans l'eau, il se contentait d'y nager en fait... mais que connaissait-il d'autre ?

Cela lui convenait. Il y était entré alors qu'il était encore tout jeune, les mains fermement agrippées à ses frères,, ils avaient laissé le corps sans vie de leurs parents derrière eux. Toris et Eduard avaient continué. Lui aussi. D'après les rumeurs, Eduard faisait des miracles dans les falsifications de comptes... Quand à Toris, nul n'était meilleur pour "nettoyer" après certaines altercations.

Voilà pourquoi il était présent aujourd'hui. Que ce soit de son choix ou le hasard, il appartenait au Milieu, c'était chez lui ici. Qu'aurait-il pu connaître d'autre ?

Assis dans un coin du bar avec un verre de vodka, il assistait aux arrivées successives. Ludwig... Elizaveta... Gilbert... qui avait été son "professeur" voilà un certain nombre d'années. Mais aussi Tino et Lili... La petite soeur de feu Vash. Pas que ça lui fasse grand chose. On mourrait tous de quelque chose et on mourrait plus vite dans ce monde alors pourquoi s'attarder sur une perte en particulier ? C'est mourir de vieillesse qui retenait l'attention !

Et puis Ivan... Ivan le Russe. Comme l'homme représentait bien son pays ! Glacé, imprévisible... fou. Après le Pakhan, le Russe était l'homme que Raivis craignait le plus.

Ivan avait été son professeur également. Mais de lui il avait surtout appris jusqu'où la cruauté et la violence pouvaient aller, toutes les formes qu'elles pouvaient avoir. Le Letton ne craignait plus de mourir mais la façon dont le Russe pouvait arriver au même résultat.

Un geste lui suffit à avaler le contenu de son verre et se remettre les idées en place sans n'avoir rien montré sur son visage du frisson qui lui était remonté le long de la colonne vertébrale. Ce n'était là qu'une simple conséquence aux leçons reçues du grand blond.

Un jour, tout ça se terminerait.
Un jour, il mourrait aussi.

Mais avant cela, il allait devoir choisir le nouveau Brigadier, participer à la farandole de leur monde.

Qui soutiendrait-il ? Pour le moment, il hésitait. Elizaveta ? Roderich l'Autrichien, bien que pas encore présent n'était pas à dédaigner... pas plus que Ludwig l'Allemand.

C'était là les candidats les plus sérieux. Les autres n'étaient soit pas assez influents... soit n'avaient pas les qualités requises, à son avis, pour faire un bon Brigadier.

Feliciano éternua. En Italie, le froid et surtout la neige n'était pas monnaie courante. Les enfants de son pays étaient tous émerveillés au moindre flocon, c'est pourquoi il ne valait mieux pas les emmener en Russie, au risque de les rendre fous.
L'italien lui, avait aimé la neige. Avait... Jusqu'à ce qu'il découvre ce manteau blanc immaculé de rouge en Russie. Non pas à cause de ce sang qu'il faisait maintenant couler avec le sourire, mais juste à cause des températures qui lui semblaient capables de lui casser le nez.

Qui aurait pu croire à un tel changement de la part de cet ancien lâche ? De plus que sa personnalité avait changé du jour au lendemain durant la fin de la seconde guerre mondiale. Feliciano était maintenant un adepte de la torture gratuite, même si il savait sa victime innocente, le jeune homme faisant semblant de croire à sa culpabilité juste pour faire souffrir, pas vraiment un amour du sang, juste d'un visage pleurant et implorant sa clémence. Ce qui avait pu le rendre ainsi ? Peut être l'exécution inhumaine de Mussolini, sans qu'aucun procès ne soit tenu, avait tué le gentil et naïf petit Feliciano qu'il avait été.

Dans la version officielle, donnée au reste du monde, Mussolini et sa femme furent fusillés le 28 avril 1945. Mais des journalistes fouineurs et des témoins ne pouvant pas tenir leur langue avait eu vite fait de raconter les vrais faits. Les dépouilles de Mussolini, de Clara Petacci et de seize autres personnes furent transportées à Milan où les corps subirent des outrages avant d'être pendu par les pieds à la balustrade du distributeur d'essence, place Loreto. Feliciano avait participé à cela, s'amusant à blesser et humilier des corps déjà morts, c'est ici que l'Italien arrêta de penser que l'homme avait forcément un bon fond, car s'était tout l'inverse, l'être humain avait toujours un fond de sadisme qui lui faisait aimer la douleur des autres.

Le jeune homme à la mèche rebelle entra finalement dans le bar à la température plus clémente. Faisant partie maintenant du vor v zakone en tant que Воины, il avait pris connaissance que le Pakhan cherchait un nouveau brigadier. Feliciano salua rapidement les gens déjà arrivés sur les lieux avec son habituel sourire, bien qu'il ne signifie plus la même chose aujourd'hui. En effet, son sourire actuel symbolisait l'imagination de l'Italien, pensant les torturer lentement les uns après les autres.
Enlevant sa veste trempée par la neige glacée, le jeune homme s'installa à proximité du Pakhan, sans craindre son courroux, car ce n'était évidemment pas dans le but de le narguer.

Bien qu'on ne puisse pas le voir, deux étoiles étaient tatouées sur ses genoux, signe qu'il ne se prosternera plus devant personne comme par le passé. Une autre au-dessus de son cœur et une autre en parallèle sur l'épaule droite. Faire partie de ce genre de clan, c'était tout naturel pour lui. Après tout, la mafia venait bien de chez lui.
Entre son frère et lui, contrairement aux apparences, il était bien le moins innocent. Il savait qu'un excès de colère pouvait facilement vous faire loger une balle dans la tête, aussi Lovino n'aurait pas survécu longtemps dans un clan comme celui-ci.

D'un coup d'œil, sans bouger, il regarda les différents membres postulant pour le poste venant de se libérer. Son sourire s'agrandit, et si il postulait lui aussi ? Un poste plus important, des tortures plus inhumaines et fréquentes ; de quoi le faire sourire jusqu'aux oreilles. Feliciano se pencha vers le Pakhan, lui soufflant quelques mots, mais bien assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

"Je vais postuler pour le poste. Je me ferai un plaisir de débusquer les taupes et de les faire amèrement regretter leur geste."

Spoiler:

Il était là depuis un moment déjà. Depuis bien plus longtemps que les autres en fait.

Retiré dans un coin d'ombre du bar malsain aux relents puants la malhonnêteté. En silence, il regardait. En silence, il observais. En silence, il fixait chacun des pitoyables hères qui osaient pointer le nez ici, plongé dans l'ombre, le regard brillant d'une animosité qui ne lui convenait pas.

A chaque fois que l'un entrait, il le fixait discrètement, tentant de cerner le personnage, avant de finalement plonger à nouveau les yeux dans son reflets mordoré qui se tordait sur la surface du verre effroyablement terne. Il écoutait aussi. Il écoutait chacune des phrases prononcées avec un intérêt dérisoire. A chaque minutes, une nouvelle personne semblait pénétrer dans ce monde froid et impitoyable. Il ne put même pas réprimer un sourire cynique quand il aperçut Tino arriver à son tour. Puis Lili. Puis d'autre. Ah, une vraie garderie ma parole. Encore un peu et le Pakhan se verrait contraint d'ordonner aux brutasses ici présentes de jouer à la nounou. Lui était réaliste : Il savais qu'aux yeux des autres, il avait plus l'air de faire parti de la catégorie des "gosses" que de celle des "nounous". Mais il était pourtant amusant de se rendre compte que des types censés devoir se méfier de tout le monde ne réussissaient guère qu'à mépriser -ouvertement ou non- ceux qui avaient l'air inoffensif.

Ils avaient tous l'air si ridicules.

Elizaveta, Gilbert plus quelques autre... Certains qui convoitaient ouvertement le poste de brigadier. Forcement, ils avaient la carrure et l'esprit nécessaire pour un tel rôle mais... Non.

Comme si cela suffisait. Il n'avait pas envie de laisser le Parrain faire l'erreur plus que grossière de faire le mauvais choix. Alors que jusque là il n'avait pas pris la parole une seule fois, pas fait le moindre geste, il se leva en faisant racler le tabouret du bar sur le sol. Le regard droit, il s'avança jusqu'au Pakhan et le salua avec tout le respect qui lui était du, avant de finalement se pencher à son oreille comme tant d'autre l'avaient déjà fait avant lui.

Il chuchota, mais de manière à se faire relativement bien entendre par tout ces pantins possédant des ambitions aussi irréalisables que leurs rêves passés.

- Je les exterminerais jusqu'au dernier sans jamais faillir.

Il se redressa et resta debout non loin du Parrain. Son regard sombre balaya la salle. Il était intimement convaincu qu'il ne suffisait pas d'un peu de charisme et de grande gueule pour servir correctement le maitre de la долгопрудненская. Lui, il avait la discrétion, l'efficacité sereine et perfectionniste, la présence d'esprit, ainsi qu'une loyauté silencieuse qui n'avait rien à voir avec cette admiration aveugle et ridicule que vouait certains ici présent à leurs chef.

« Bonsoir Herr Allemagne, Herr Prusse, Herr Finlande et Fehlen Hongrie. »

Douce petite Lili qui ne semblait pas avoir sa place ici. Et pourtant Dieu seul sais de quoi elle était vraiment capable, peut être des pires crimes inimaginable.
La jeune fille s'assit donc doucement à une chaise à sa table, c'est à ce moment que le grand Ludwig se leva et s'approcha de son frère.

- Je vote pour Gilbert Weillschmidt. Peut-être qu'avoir des obligations importantes lui mettront du plomb dans la tête...

Malgrès ce qu'il avait dit avant, Gilbert était un candidat des plus potentiel. Un peu barge defois sur les bords mais bon, qui ne l'était pas ici ?
Ravelyn fit aussi son entrée dans le bar, et d'un ton moqueur repondit à Ludwig.

-Tu connais suffisamment Gilbert pour savoir qu’il est plutôt irresponsable. Il suit bien les ordres, certes, mais les donner…c’est une autre histoire !
Lady Elizabeta Hédervár a des arguments qui tiennent la route, je trouve.

Ravelyn alla au comptoir se commander une bonne vodka, c'est à ce moment qu'il vit le petit Raivis bien planqué dans un coin. D'ailleurs en parlant de vodka...une aura noire se dégageait du corps d'Ivan.

"Je vais postuler pour le poste. Je me ferai un plaisir de débusquer les taupes et de les faire amèrement regretter leur geste."

Feliciano Vargas, pays dont où était né la mafia. Lui se présenter ? Alors qu'il suppliait Ludwig de l'aider à chaque petit problème pendant WWII ? Juste une mauvaise blague...

- Je les exterminerais jusqu'au dernier sans jamais faillir.

Oh...Kiku non plus il l'avait pas vu dans son coin.
Beaucoup de personnes voulaient ce post...
Mais une question dans son esprit apparue : "Peux tu sacrifier ta famille pour la Pakhan ?" Après réflexion il prit calmement la parole en dirigeant son regard vers sa cousine en lui souriant.

- Mon vote pour Elizaveta. Elle est la personne la plus digne de devenir le nouveau brigadier.

Jamais le Pakhan ne pouvait passer avant sa famille, il ne pouvait donc pas prendre cette responsabilité. Il préférait donc la donner à une personne de confiance.

Ivan ne connaissait que le sang et le travail bien fait. Associés, de préférence, il n'était pas un homme ennuyeux, mais appréciait le calme, la sérénité et abhorrait les empêcheurs de tourner en rond.
Gilbert Weillschmidt en était un. Tout en muscles, l'albinos exhibait ses abdominaux et ses couteaux pour convaincre ses adversaires; souvent, avec succès. Ivan n'appréciait pas ce dangereux personnage: tout reposait sur l'apparence, chez Gilbert. Tout reposait dans la posture. Il eût pu être un espion, oui.
Voter pour quelqu'un. Un poste important. Gilbert était donc éliminé d'office.

Il ne connaissait pas Ravelyn, homme de main discret et charmeur. Appréciable, de part son calme et son comportement sensé. Le Welsh avait l'estime d'Ivan, sans pour autant obtenir sa confiance, qu'il n'offrait qu'a une poignée de malchanceux. Car si vous aviez sa confiance, vous aviez la méfiance du reste de la mafia.
Ravelyn est peut être trop distant pour un tel rôle...

La dame Elizaveta restait un choix envisageable. Loin de l'attitude de Gilbert envers la belle, Ivan lui reconnaissait diverses qualités: téméraire, autoritaire, courageuse, charmante, oui, la hongroise avait l'étoffe d'un véritable chef. Mais n'était-elle pas trop impulsive ? L'instinct d'Ivan lui indiquait qu'avec une telle tigresse à sa tête, le bateau coulerait. Et rencontrerait peut être un iceberg inattendu.
N'était-il pas étrange qu'une femme aussi douée ne joue pas un double jeu ? Oh, il ne fallait pas qu'il devienne paranoïaque à cause de ces taupes, cependant, il s'efforça de garder la tête froide.

Il s'avança, après avoir terminé son verre de vodka -il supportait exceptionnellement bien l'alcool-, vers le petit groupe où dominait la voix insolente de Weilschmidt.

" Weillschmidt, met la en sourrrdine, comment veux-tu boirre corrrectement avec ta voix strridente en arrrière plan ?"

Il marqua une pause avant de déclarer, se tournant vers Elizaveta:

" Le laisse pas te trraiter comme une амазонка, cet imbécile. "

Il ne pouvait pas dire qu'il appréciait vraiment la hongroise, et elle non plus, d'ailleurs ne l'aimait pas.
Mais il l'estimait. Cette femme avait du cran, bien plus que la plupart des hommes présents dans la salle.

" Finalement, qui se prrrésente ? Weilschmidt, Väinämöinen, Hedervary, Honda peut être ? Et oh, j'allais oublier... Varrrgas."

Il sourit légèrement. Il fallait se rendre à l'évidence, le seul qui avait la stature pour ce rôle était Kiku Honda, le japonais. Efficace et discret, secret et respecté. Inquiétant. Trop, peut être.
Il y avait quelqu'un de similaire, à qui Ivan faisait plus confiance. Une bête de travail, un homme droit, loyal et surtout, dangereux.
Quelqu'un qui le détestait, et vice versa. Mais on ne vote pas pour ses amis -Il n'en avait pas, de toute façon- on votre pour un caractère.

" Ludwig, un de ces cherrrs колбасники. Il peut jouer ce rrrôle. Bien plus sencé que son frrrère. "

Spoiler:

Effluves âcres de l’alcool, effluves âcres du tabac. L’atmosphère du bar était noire de pensées glauques et inimaginables. En retard, peut être un peu, comme d’habitude, Roderich en poussa la porte. Quelques regards se posèrent sur lui, d’autres l’ignorèrent tout simplement, la loi de l’humanité.
D’un coup d’œil, il aperçut Ludwig dans un coin, occupé à retirer ses gants. L’Autrichien s’approcha de lui, calme.

- Vous avez oubliez de retirer le bouton…Pas étonnant que vous deviez y aller avec les dents, mon ami.

Le Pakhan voulait un nouveau brigadier, pas vrai ? Pas la peine de s’étendre là-dessus à force de mots et d’adjectifs. Parce que la volonté du pakhan est toute puissante, pas la peine de vouloir l’enjoliver, la critique à mots couverts ou bien d’autres choses.

Non, l’exécuter, voilà tout.

Bien des personnes voulaient pourvoir au poste. Roderich n’accorda qu’un léger regard à Elizaveta. Non, il ne voterait pas pour elle. Cette femme, après tout, il l’avait modelé à sa guise. Lui laisser prendre sin indépendance serait une erreur, pas question de lui accorder un quelconque poste important. Il y avait bien des moyens d’être une ordure. Même en amour. Surtout en amour.

Gilbert, Gilbert évidemment, avec sa soif de pouvoir et de combats. Oui, il se présentait, cela était dans la logique la plus totale de cet être étrange. Roderich avait pu le vérifier au cours du temps, lorsqu’il en prenait la peine et qu’il disposait de conseils avisés, l’albinos était d’un machiavélisme à toute épreuve. Mais là, y aurait-il quelqu’un pour tenir la laisse de ce chien fou ? Pouvait-il voter pour lui ?

La voix rude d’Ivan retentissait, égrenant les noms des candidats comme l’on égrène un chapelet. Ludwig avait voté pour son frère, évidemment. L’Autrichien savait toute la confiances que les deux hommes avaient l’un dans l’autre et, d’une certaine façon, les jalousait. Mais qu’importe ?

Tino, le petit Tino ayant bien plus de ressources que l’on ne voulait bien le croire. Mais élire un schizophrène, était-ce une bonne idée ? Flamme incontrôlable des Bersekers, sur un champ de bataille, elle faisait miracle, mais dans une lutte intestine quelqu’un la soufflerait bien vite. Non, pas Tino…

Ensuite… Feliciano ? Roderich haussa un sourcil circonspect. Ce garçon était d’une faiblesse à toute épreuve, malgré ce qu’il aimerait bien faire croire. Être Brigadier, c’est être une cible de choix… Avec Ludwig, l’Autrichien avait pu le vérifier bien trop souvent, s’il y a sur terre, ne serait-ce qu’une personne pour vendre père et mère face à la torture et aux menaces, c’était cet enfant Vargas.

Honda. Honda l’homme calme et déterminé. Froid comme du papier glacé, aux yeux noirs et impénétrables. L’homme le considéra longuement, songeur. Au fond, que penser de lui ? L’asiatique était cependant la seule personne qui lui semblait capable de tenir ce rôle.

- Honda, à défaut de ma confiance, je vous donne ma voix…

Mais le grand Russe Braginsky se remit à parler, évoquant l’idée que Ludwig puisse se présenter. Roderich avait déjà été sous ses ordres et savait la valeur de l’homme. Mais peut-être était-il trop tard ?

Ivan Braginsky. Celui qui l’avait tatoué. Oui, Elizaveta avait passé pas mal de temps dans les geôles russes. Connues pour son comportement peu coopératif avec les gardiens et autres représentants de la loi.

Ivan Braginsky. Une force de la nature, un colosse avec une face ronde et de grands yeux améthyste innocents. En apparence seulement. Cet homme pouvait être la cruauté même. Elle avait déjà vu certaines choses dans sa vie.

- Le laisse pas te trraiter comme une амазонка, cet imbécile.

La Hongroise se tourna en direction de la voix douce et chantante du Russe. Il était bien plus grand qu’elle. Elle… En dépit de tout, n’était qu’une femme. C’était rare pour une femme d’être à haut poste comme elle et unique qu’une femme convoite le poste de brigadier.

Mais qui connaissait la donzelle savait qu’elle avait, comme certaines personnes comme ce cher Weillschmidt diraient, une « bite dans la tête ». Elle avait été élevée comme un garçon par son père qui rageait de n’avoir pas eu de fils. Et le premier qui la rabaissait parce qu’elle était une femme, en général ne vivait pas longtemps.
Mais là, il y avait le Pakhan. En SA présence, pas de grabuge. Elle le respectait trop pour se permettre ça. Même si ça la démangeait de lui mettre une fois pour toute une balle entre les deux yeux.
Peut-être un jour demanderait-elle à Tino, son jeune cousin, de faire ça pour elle ? Ce petit prodige de la gâchette pouvait viser pile entre les deux yeux d’un homme à cent pas. C’était son grand talent à lui. D’ailleurs, ce brave cousin, la soutenait. Elle le remercia d’un signe de tête. Le Gallois aussi semblait appuyer sa candidature.

Intérieurement, la Hongroise souriait. Si elle avait plus de voix que Weillschmidt, elle serait heureuse. Heureuse de voir de décomposer le visage de cette grande gueule misogyne. Parce que Weillschmidt n’avait que de la gueule.

Elle sentit une présence passer derrière elle. Sans s’arrêter. Pas besoin de se retourner. Elle connaissait cette présence, cette aura par cœur. Dont la voix s’éleva, taisant par une sorte d’autorité naturelle le brouhaha. Dont les paroles disaient qu’il votait pour le Japonais.

Elle en était certaine que Roderich ne voterait pas pour elle. Oh, elle ne prétendait pas décrypter toutes les pensés de l’homme. Mais elle sentait, savait. Intuition féminine ? Pff…

De toute façon, elle s’était présentée. Elle savait que le Pakhan connaissait tout de ses actes et de sa fidélité. Et de son efficacité.

Non, qu’on la confonde pas avec une de ces putes albanaises qu’on envoie à l’autre bout de l’Europe. Elle était des leurs. Et même s’il avait fallu qu’elle en fasse trois fois plus que les autres pour montrer qu’elle était digne d’eux. Et elle leur avait montré. Weillschmidt avait grincé plus d’une fois les dents, éclaté au mur plusieurs bouteilles, de rage et elle, elle avait éclaté de rire.

Et maintenant, elle voulait être brigadier. Parce qu’elle voulait montrer à cette bande de chiens de quel bois elle était faite. Et que rien n’est impossible à une âme fidèle mais efficace. Quel que soit son putain de sexe.

Et pour le Pakhan, elle buterait ces rohadék du KGB. Jusqu’au dernier.

Toujours souriant, Feliciano commanda un verre d’Amarone della Valpolicella de Galtarossa, un vin Vénitien qu’il avait aperçu sur le meuble derrière le bar, où de nombreuses bouteilles d’alcool étaient déposées. Ce n’était pas donné, mais le jeune homme avait rapidement le mal du pays, et c’était la seule chose qui lui rappelait son chez soi.
Il reprit ses rivaux pour le poste de brigadier dans son esprit alors qu’il posa les lèvres sur le verre à pied.

Elizaveta. Contrairement aux apparences, elle avait le caractère et le courage nécessaire pour le rôle mais… C’était une femme. Et les femmes dans ce domaine n’étaient pas vraiment prises au sérieux. Mais en plus de cela, elle était mariée, second problème. Pourquoi ? Parce que son mari, Roderich, pouvait l’influencer, de différentes manières. Premièrement, Roderich pourrait lui donner ses propres directives, faisant d’Elizaveta quelqu’un qui ne dirigerait pas ses affaires seules. Deuxièmement, si l’Autrichien se faisait enlever par le KGB, elle risquerait de ne pas pouvoir garder la tête froide et donner des ordres suicidaires, sacrifiant une dizaine d’hommes rien que pour le sauver lui. Alors, la demoiselle Hongroise, il s’y refusa.

Gilbert. Feliciano se retint de rire, Gilbert était certes assez cruel pour faire avouer et tuer ses prisonniers mais il était aussi bien trop impulsif et irresponsable. Il se jetterait à corps perdu dans la bataille sans penser aux conséquences. S’il venait à se faire élire, le Prussien aura vite fait de se retrouver avec une balle dans la tête. Mais son frère Ludwig avait peut être ses chances. Bien plus calme que son ainé, un poste à responsabilité était fait pour lui. Mais l’Italien pensait qu’il serait un peu trop clément, trop gentil. Si le Prussien et l’Allemand partageaient le même corps, il aurait peut être été le brigadier parfait. Mais ce n’était pas le cas.

Il avait pensé un moment que Tino se présentait, mais son vote pour Elizaveta lui fit finalement penser l’inverse. De toute façon, Tino avait la gâchette facile et avait une allure bien trop enfantine pour ce poste.

Kiku. Le japonais semblait rassembler un maximum de voix pour le moment. Mais malgré son air calme et sérieux ; un sang froid nécessaire au poste, Feliciano ne lui aurait pas fait confiance et hésiterait grandement à lui obéir. Pourquoi ? Il n’y avait qu’à voir l’exemple des Kamikazes, ces militaires de l'Empire du Japon qui, durant la Seconde Guerre mondiale, effectuaient des missions-suicides pendant les campagnes du Pacifique. Ils avaient pour objectif d'écraser leurs avions ou leurs sous-marins sur les navires alliés. Et franchement, l’Italien ne voulait pas se faire tuer ou sacrifier ses hommes pour la victoire. Le vrai vainqueur était celui qui remportait la guerre avec le maximum de ses soldats encore vivants.

Lui-même. Apparemment, personne ne lui faisait confiance, surement à cause de sa lâcheté passée, il en était même certain. Mais chez eux, à présent, la Mafia savait faire parler d’elle pour sa qualité et sa discrétion, elle était une organisation criminelle dont les activités étaient soumises à une direction collégiale occulte et qui reposaient sur une stratégie d’infiltration de la société civile et des institutions. Une véritable organisation dans les règles de l’art et qui tenait encore aujourd’hui.

"Vous savez, je ne suis plus celui que vous avez connu autrefois. Si vous voulez me mettre à l’épreuve, aller-y."

Il était maintenant difficile de faire ses preuves face à ce qu’il avait pu voir avant 1945. Mais il était vrai qu’il n’avait plus à subir la torture puisque c’était lui qui la faisait subir à présent. Cependant, c’était faux de dire qu’il ne supportait pas la moindre douleur. Bien qu’elle fût minime, il avait une preuve : ses tatouages et de multiples cicatrices de brulures et de coupures qu’on lui avait faites pour tester sa valeur et entrer dans l’organisation. Ce n’était certes pas une douleur égale à celle d’une jambe qu’on coupe à vif, mais cela montrait tout de même sa conviction.

- La bêtise est quelque chose dont on ne peut pas se débarrasser, vous en êtes le parfait exemple, Feliciano

L’homme avait à peine eu un léger ricanement. Il avait demandé à ce qu’on lui serve de l’alcool. Pas un très fort, il aurait besoin de toutes ses capacités mentales après, pour retrouver sa maison, et dieu sait que ce n’était pas gagné. A présent, le verre à la main, il regardait froidement l’Italien.
Monsieur voulait se donner de grands airs ? Hé bien qu’il aille donc se couper les ailes. Roderich n’avait pas de grands faits d’armes flamboyants comme sa femme ou comme tant d’autre, son domaine à lui était bien plus hypocrite. Débrouillard dans le domaine de la manipulation, il savait placer où il fallait et quand il fallait, ses éminences grises, ainsi que couvrir un assez grand terrain de manœuvre.
Comme tout le monde, il avait put satisfaire le pakhan, comme tout le monde il l’avait déçu également, au cours des années, avant de tenter de retrouver un semblant de splendeur.
Les aléas de l’existence.

- Vous n’êtes qu’un bouffon. Qui donc ici peut vous faire confiance ? Dois-je vous rappeler toutes ces situations où vous avez vendu Ludwig ? Pitoyable… Gilbert a beau avoir envie de me planter un couteau entre les omoplates, je sais que je lui fais bien plus confiance qu’à vous. Vous êtes un traître, un rat… Mon vote reste à Honda.

Se taire. Boire une gorgée. A quoi servent les mots ? Il regarda Elizaveta et se permit de lui sourire. Simplement. Il regarda Ludwig essayant d’oublier également que ses yeux s’étaient posés l’espace d’une seconde, sur le Prussien.
Et puis, caché, il y avait un autre visage qu’il connaissait bien, celui de Lili. L’enfant semblait boire du regard toutes les conversations pour mieux comprendre et réfléchir comme il fallait. Une bonne petite.

- Ludwig, auriez –vous du feu, s’il vous plait ?

Il n’avait pas l’habitude de fumer, mais de temps en temps, l’homme s’adonnait à ce plaisir vicieux.

- Retournez donc vous asseoir, Feliciano, vous vous êtes assez donné en spectacle.

L'atmosphère était lourde et empreinte d'une hostilité quasiment palpable. Chacun y allait de son petit commentaire. Chacun exposait ses arguments ou déblatérait ses piques. Personne après lui n'avait trouvé bon de se proposer pour le poste de brigadier. Ah, quoique... L'allemand fut proposé par ce soviet bien trop complaisant pour pouvoir accorder un quelconque crédit à ses paroles.

L'Autrichien ne porta pas son vote à sa femme. Logique, cela aurait été une grossière erreur de jugement de sa part. Et puis... Franchement... Elizaveta... Non, elle était très qualifiée en effet, mais trop impulsive. Et puis, sa façon d'étendre ses exploits devant le Pakhan tout à l'heure avait été la preuve qu'elle ne savait pas tenir sa langue. Une femme comme elle avait sa place dans un bordel, en tant qu'espionne. Pas comme бригадир. Une femme devait se taire et regarder. Pas la ramener. Point barre. Pourtant, Kiku ne s'attendait pas à ce que le mari de celle-ci lui donne sa voix. Il l'aurait plutôt vue du coté de Ludwig. Il n'allait pourtant pas s'en plaindre.

- Honda, à défaut de ma confiance, je vous donne ma voix…

Parfait. Il n'était pas là pour récolter la confiance des gens comme des gamins cherchant des bonbons à Halloween.

Il réfléchit. S'il n'avait pas eu l'idée de vouloir les épaulettes, sans doute aurait-il voté pour Ludwig. Il lui semblait être la personne la plus qualifier... Si seulement il avait pu lui faire confiance. Car voila, il de fallait faire confiance à personne. Pas même à cette petite blonde discrète et silencieuse au visage d'enfant. Pas même à cet Italien stupide qui se prenait pour un grand. "Si vous voulez me mettre à l’épreuve, allez-y." ? Ah, quel ingénu. S'il pensait qu'il lui était nécessaire de faire ses preuves, c'était bien là la confirmation qu'il n'avait absolument rien à faire ici. Il se garda cependant bien de le dire. Semer encore plus l'hostilité et la discorde ne lui serait pas bénéfique. Et puis, Roderich s'en chargeât à sa place.

Peu lui importait après si Feliciano allait se mettre en colère ou non, même s'il ferait mieux de ne pas trop la ramener. Ce n'était pas la cours de récréation ici.

Ses lèvre s'étirèrent en un léger sourire sans aucune signification, les bras croisés. Il lui semblait étonnant que ni le Russe, ni Tino, ne se soient proposés, bien qu'à ses yeux aucuns des deux n'étaient digne d'être choisit par le Parrain. Il devait d'ailleurs bien s'amuser celui-ci, à observer ses hommes se chamailler et se titiller comme des chiens de rues se battants pour un cadavre de chat.

En un soupir imperceptible et faussement amusé, il s'avança d'un pas, et malgré qu'il excecrait le fait de s'adresser directement à tout ses "collègues", il prit la parole.

- Certains ici présent n'ont pas encore daignés donner leurs opinions. Et si vous arrêtiez un moment de jouer le remake de Twelve Angry Men et que vous les laissiez s'exprimer ?

Il ne visait personne en particulier, mais à force de se mettre martel en tête, ils n'allaient jamais avancer.

Assis à sa table, Raivis regardait tous les prétendants au trône... ou leurs supporters se provoquer, plus ou moins avec subtilité. Certains arrivaient à passer outre leurs inimités, les autres fonçaient droit au but, insultant autant qu'ils le pouvaient sans pour autant montrer d'irrespect pour leur chef présent.

Ah quels hommes ! - et quelle femme, il n'était pas assez idiot pour sous-estimé quelqu'un pour son sexe, il avait vu l'efficacité de Natalya après tout. Tous si sûrs d'eux, si charismatiques. Le Letton n'était pas charismatique. Il était effacé, discret et savait se faire oublier, c'était là son plus bel atout, son manque de "carrure" pour le job. Qui irait soupçonné un petit maigrichon comme lui après tout... Bien sur, celui lui enlevait toute possibilité d'accéder à des postes clés, importants, mais là n'était pas son but.

On survivait aussi en sachant quelle était la place de chaque chose.

Et la nature n'était pas si éloigné de leur "monde". Certains, les plus forts, survivaient en en rajoutant toujours un peu face aux autres, rugir toujours plus fort, montrer le plus les crocs. D'autres jouaient plus dans la subtilité. Cela ne les empêchaient pas d'être mortels. Lui, était de ceux-là.

De toute façon il n'avait pas sa place dans les têtes pensantes. Il n'avait ni l'ambition, ni le caractère pour cela... comme l'indiquait l'as de coeur tatoué au creux de ses reins.

Mais il avait quand même sa place ici. Aussi, lorsque le Japonais fit remarquer que tout le monde n'avait pas donner son avis, il se décida enfin.

Il avait trois "préférence". Elizaveta, Ludwig ou Roderich. Et soyons sincère, la Hongroise ne serait jamais élue, même si il votait pour elle. Alors autant donner sa voix à quelqu'un à qui elle servirait.

Le problème était que ni Ludwig, ni l'Autrichien, n'avait l'air intéressé par le poste.

Voter pour Kiku ? Pas question. Il était incapable d'évaluer l'asiatique alors il n'allait pas s'amuser à voter pour lui !

Il reposa le verre qu'il triturait distraitement sur la table, frôla son poignet et le tatouage de serpent qui s'y enroulait, et se leva. Son regard fit le tour de tous les présents pour fixer son choix, inclinant juste un peu la tête lorsqu'il passa sur leur Pakhan.

Chacun ici, étaient tatoué. Chaque tatouage représentant... en partie... leur porteur. L'un porterait les étoiles, d'autres un crane, une rose ou un tigre voir une Vierge. Lui avait son as de coeur... son serpent... et d'autres, plus... personnels.

-"Mon vote va à Ludwig."

A choisir, il préférait encore voter pour la sobriété et l'efficacité de l'Allemand.

Au milieu de la tension et des voix qui se faisait de plus en plus fortes, le Pakhan leva lentement son verre de vodka et le vida d’un trait. Le verre fut ensuite déposé avec force sur le bar BLAM … Le silence tomba immédiatement dans la salle. Lentement l’homme se tourna, dévisageant chacun des membres. Un par un. Toujours avec une lenteur lourde de menace, le parrain posa sa main sur l’épaule de Sveinn qui c’était assis à côté de lui. Sa voix, grave marqué d’un profond accent russe était basse, mais tous pouvait l’entendre. On aurait pu entendre une mouche voler.

- Mon cherrr Sveinn. Mes sympaties pourrrr ton frrrrèrrr. C’était un excellent Brrrigadierrr…

Car malgré l’importance de choisir un remplaçant, la famille passait avant tout. Le parrain s’était assuré que l’ancien membre au poste reçoive des funérailles dignes… Le boss se leva ensuite de sa chaise. Il posa une main sur l’épaule de Kiku.

- Honda, toujourrrrs aussi rrrésonable…

Il dona deux petites tapes affective sur la joue de l’Asiatique avant d’avancer vers Ivan. Il leva les mains, attrapa le visage du Soviet et le força à descendre. Un baiser fut posé sur son front. Petit sourire. Sans vouloir l’admettre, Ivan avait une place spéciale. Comme un second fils pour lui. Délaissé par la suite au profit d’Elizaveta, le parrain prit la main de la dame, la leva au niveau de son visage et déposa délicatement ses lèvres, les yeux dans ceux de la Hongroise.

- Je suis sûrrrr, que ma cherrrr damoiselle, saurrra se défrendrrre contrre les mesquins… commentairrres…

La main fût relâchée. Le parain se tourna vers le coin plus sombre de la pièce. Un signe de main fût envoyé en direction de Raivis.

- Rrraprrrochez-vous Rrraivis… ne soyez pas effrrrayer….

Le Pakhan continua son inspection. Ont pouvait lire plusieurs choses dans son regard. De la fierté, de la colère, de la haine, de l’affection. Chacun des membres ici avait tant fait pour lui. Oui, mais il y avait des traîtres… ces vipères…

Le KGB ne viendrait pas à bout de lui. Jamais.

Lili eut le même traitement que Elizaveta. Le parrain salua chacun des membres, serrant la main ou embrassant les joues à la mode Russe. Enfin, le boss se dirigea à la table des Germain. Il tira une chaise et s’y asseya.

- Gilberrrt…

Un petit sourire se dessina sur les lèvres du puissant homme. Il fit signe aux autres de vaquer à leurs occupations. Lentement le brouhaha remplaça le silence de mort qui avait plané ces dernières minutes.

- Ludwig…

Petit signe de tête. Un verre de vodka fût posé devant le Pakhan. Remercîment au barman. Le boss prit une gorgée, observant l’Allemand.

Spoiler:

Russie, chère Russie. Froide et impartiale, à l’image de son monde, de son entourage et de l’enfer où il comptait sombrer, alors que ses pieds s’évertuaient à aller contre la neige, manteau blanc et cotonneux auquel il était très peu habitué. Que faisait-il là, lui qui n’était censé connaitre que le soleil collant de son pays ? Il avait suffit que le Parrain parle de la mort du précédent Brigadier et de l’élection d’un nouveau pour qu’il court vers lui, avec un semblant d’obéissance aveugle.

On ne s’étonnait pas de sa loyauté envers le Pakhan. Alexander avait toujours été certes discret et fermé, ne se mêlant jamais complètement aux autres mais n’était-ce pas là l’attitude parfaite à adopter ? Etre là sans l’être vraiment. Avoir de l’importance en restant dans l’ombre. Malgré ces belles paroles, lorsqu’il entra dans le grand bar, le tunisien se retrouva parmi les retardataires. D’autres étaient déjà là à se battre à coups de sarcasmes. Dans ces cas-là, il lui arrivait de préférer ne pas être là, vraiment, réellement. Matériellement. N’était-ce pas joliment puéril que se quereller ainsi. Il salua discrètement le Parain, comme à son habitude.

Au milieu de cette pièce que la présence de tels énergumènes ne rendait que plus sombre encore, il esquissa un petit rictus à peine visible.

Que faire, que faire ? Se proposer ? Pas question. Ce rôle-là demandait bien trop de responsabilités et rapportait énormément de jalousie et d’envie. C’était là tout ce qu’il voulait éviter. L’atmosphère était assez tendue comme ça et il savait bien qu’aucun d’eux ne lui donnait assez d’importance pour voter pour lui. Se présenter était semblable à se jeter dans la gueule du loup, s’offrir en pâturage à ces rustres de première. Une humiliation, rien de plus.

Il lui suffit d’un coup d’œil circulaire pour deviner les choix proposés. Kiku Honda. Il avait la tête froide, du réalisme et semblait capable de prendre des décisions rapidement mais son arrogance ne plaisait guère à Alexander. Feliciano aussi mais il aurait fallu être insouciant pour choisir ce jeunot aux airs faussement méchants. Qui d’autre… Gilbert. Alexander soupira. Trop… impétueux, l’organisation irait à sa perte avec un lionceau de son espèce. Il était certain que ce garçon manqué d’Elizaveta s’était aussi présenté. N’allait-elle jamais cesser de croire qu’il lui était possible d’aller contre la nature ? C’était une femme. Certes forte mais n’importe quel homme – même lui – pourrait la battre ; elle n’était pas digne d’avoir « leurs vies entre ses mains ». Pourtant, c’était le candidat qui lui paraissait le plus apte à avoir ce rôle.

« Je vote pour Elizaveta. En espérant que cette expérience lui donnera plus de confiance en elle... »

Le pensait-il vraiment ? Peut-être pas. En tout cas, c’était aussi celle qui le connaissait le moins – ignorance qui était mutuelle – et qui lui permettait de se méfier en toutes circonstances, sans jamais lui faire confiance.

L'ambiance tournait au vinaigre. Les nations, incapables de s'entendre sur ce point s'insultaient de bon train. Ce n'était déjà pas des enfants de coeur, mais quand l'ambition et le pouvoir s'y mêlait, rien ne pouvait plus arrêter l'engrenage des hostilités. Rien, mais pas personne. Le Pakhan aurait pu arrêter à n'importe quel moment la discussion mais laissa faire. Le fixant, elle se demandait qu'est-ce qui pouvait passer par la tête de cet homme insaisissable. S'amusait-il? Voulait-il observer lui aussi ses hommes? Elle l'ignorait et détourna ses grands yeux verts du géant d'acier, se concentrant sur les individus présents. Jusqu'alors s'étaient présentés Mr Japon, Mlle Hongrie, Mr Finlande, Mr Prusse et Mr Italie. Un étranger, une femme, un nordique, un albinos et un exhibitionniste. L'affaire semblait bien compliquée.

Traçant doucement le contour de son verre de bière avec son doigts elle réfléchissait. Elle n'avait pas fait l'affront aux autres de commander un thé ou une autre boisson non alcoolisée, la bière, elle aimait et supportait bien. Elle ne voulait pas rouler sous la table, et même si certaines nations semblaient avoir la langue déliée par la boisson et attisée par l'envie. Qui, qui, qui?
Sur le coup, elle était tentée de voter pour la seule femme de la bande. Par solidarité féminine? Peut-être il y avait de ça... Et puis... Lili était plus proche de cette dernière que les nations occidentales et les nations asiatiques... La jeune femme avec beaucoup de force, de classe, de charisme. Elle aurait du être le choix idéal. Aurait du... Lili hésitait. Elle avait peur de ce que son choix pouvait entrainer. Il y avait des traitres dans la salle, leur sang devait couler. Qui? Elle n'en avait aucune idée, mais elle était certaine d'une chose. Mlle Hongrie n'aimait pas la Russie. Elle avait vécu des années et l'avait fuit cinq ans plus tôt. Ce n'était pas suffisant pour faire d'elle un suspect. Elle savait après tout qu'il y avait la Russie et le Pakhan. C'était pourtant assez pour empêcher l'adolescente de voter pour elle.
Elle ne songea même pas de voter pour l'Italie. Bon représentant de son pays, il était certainement bavard... grande gueule, même si après tout ce n'était pas ce qui l'avait décidé. Peut-être ne voulait-elle pas que Vash ne se retournât dans sa tombe. Le Suisse avait bien du mal à supporter cet individu autrefois bien tapageur et de nombreuses fois, l'Italien s'était retrouvé au bout de l'arme de son frère. Et puis, il avait déjà perdu sa crédibilité. Regardant son verre, elle ne put s'empêcher de murmurer d'un ton pensif...

« Voter pour cet exhibitionniste? Non... pas crédible... »

Continuant de marmonner, elle passa en revue les derniers prétendants au poste. Mr Prusse... Sur ce point, Lili était perplexe. Elle savait qu'il avait été autrefois une grande nation mais ne risquait-il pas de semer le trouble? Sans pour autant penser qu'il ait vendu quiconque dans la salle, Lili se doutait que son élection ne se ferait pas en douceur. Il y aurait des cris, des insultes alors que le moment n'était pas à la guerre intestine. Il n'y avait pas de place pour les petites mesquineries. Finlande? Japon? Mais c'était... des étrangers! Elle ne pouvait pas leur faire confiance. S'il y avait bien une chose qu'elle avait apprise, c'était : méfie toi des étrangers! Et si sur le moment l'étranger en question ressemblait plus à Roderich que personne d'autre, pour elle, les étrangers étaient encore ailleurs. Elle n'était guerre plus avancée...

BAM.

Sursautant, Lili releva les yeux et vit le Parrain rétablir l'ordre et adresser ses condoléances à l'islandais. Lui aussi avait perdu quelqu'un dans la mafia. Son frère. C'était malheureux et Lili compatissait, imaginant la douleur ressentie. Fixant alors le garçon, elle lui sourit doucement, d'un sourire bien plus vrai et compatissant que ceux qu'elle avait jusqu'alors portés. Il ne resta pas longtemps et bientôt, c'était ce même air candide qui avait remplacé la compassion, ses pensées reprenant leur cours.
Aucun des prétendants ne la satisfaisait vraiment, elle choisit donc d'opter pour la voie de garage. Tout comme Raivis, elle voyait en l'Allemand plus un leader que quiconque. Il était calme, posé, intelligent et certainement plus fort que la moitié des gens attablés. Mieux encore, ils partageaient des racines communes, une langue. Ce n'était pas un étranger. Elle prit donc la parole, d'une voix angélique qui ne trompait plus grand monde.

« Je vote aussi pour Herr Allemagne. »

Spoiler:

Non, la neige, il la connaissait, il ne pouvait pas dire le contraire, le Danemark n'était pas le pays le plus enneigé, mais il avait suffisamment fait d'aller retours chez ses frères pour savoir ce qui se passait là bas, voir cette neige poudreuse, qui vous glaçait jusqu'aux os... Mais il n'y avait rien qui geler plus les gens que la peur et la tristesse et en ce moment, la tristesse était bien au rendez-vous, la peur n'avait plus sa place lorsque l'on rentrait dans долгопрудненская, sa vie et ses croyances n'étaient plus valables, on vivait pour le Pakhan ou on mourrait.

Niels resserra sa veste autour de lui, il était gelé et rien ne pouvait le réchauffer, il avait peur... si Il était tombé, qu'allait-il advenir de lui ? Il n'était pas invincible, il n'était pas immortel, il n'avait jamais pensé à la mort et surtout pas qu'il allait mourir, mais maintenant cette idée lui hantait l'esprit et lui rongeait son cœur habituellement si joyeux, il n'avait plus envie de rire, plus envie de témoigner sa fausse joie au monde. Il avait été là quand Il était mort, juste à côté de son frère, de son petit frère... Et il s'en voulait de n'avoir rien pu faire pour lui, ni le peu de connaissance médicales, ni ses armes, ni ses cris n'avaient rien pu faire pour arrêter l'hémorragie qui avait enlevée Lukas.

La vie dans la долгопрудненская était dangereuse et cela n'importe quel idiot pouvait le savoir, les morts se retrouvaient à chaque coins de rues si l'on savait où regarder, la survie n'était dictée que par un instinct de survie pour sa propre personne et il fallait pouvoir évincer sa propre famille pour pouvoir survivre, c'était là la loi de la jungle, mais les lois du 'Milieu' étaient bien plus subtiles que cela, la Famille et la famille devenaient des choses bien distinctes et ceux qui ne pouvaient faire la différence étaient bien vite noyés dans la mélasse de leur propre décrépitude. Combien de personnes étaient mortes comme cela ? Il avait cessé de compter quand il avait faillit se noyer lui aussi...

Les embuscades, les flingues, les coups bas étaient courants, mais on ne pouvait penser qu'ils pouvaient toucher le Brigadier et encore moins le Pakhan... Ils étaient sensés être intouchables, la crème de la crème ! Il était même là, il aurait dû pouvoir le sauver, il aurait dû être la cible du moment, être devant Lukas comme il le faisait toujours, nej, ce soir là il n'avait pas pu, trop ivre. Qu'avaient-ils fêtés cette fois-ci ? Il avait enfoui ce souvenir dans le plus profond de ses souvenirs, ils n'auraient rien dû fêter, ils auraient dû rester chez eux. Thor, que Niels s'en voulait. Les balles avaient fait tressauté le corps de son frère et il l'avait vu mourir dans ses bras... SON PROPRE FRERE ! Il leur ferait la peau à ces abrutis, ces *******, ces ********* du KGB, ils regretteraient le moment où ils étaient venus sur terre et de ne pas être resté près de leur bonnes femmes ce soir là.

Il poussa la porte du barre où le Pakhan avait donné rendez-vous, tant de monde réunit dans ce bar, pourquoi n'avaient pas t-ils étés là ce soir là ? Pourquoi ces idiots ne faisaient que se battre pour remplacer celui qui venait de tomber avec tant d'ardeur en sachant qu'ils faisaient du mal autour d'eux. Lukas était à peine enterré qu'ils commençaient déjà à se cracher dessus et par la même occasion sur lui sans s'en rendre compte. Bien sûr, Niels était trop respectueux du Pakhan pour semer le trouble ce jour là, surtout dans le pays d'Ivan, mais il ne pouvait s'empêcher de sentir son cœur se glacer....

Collant sur son visage le grand sourire qu'il avait l'habitude d'utiliser, il secoua la neige de ses épaules et rentra dans la pièce, sourire était hypocrite, sourire était son état d'esprit. On faisait plus souvent confiance à un sourire qu'à une grimace et cela certains l'avaient compris, mais il ne fallait pas en abuser ou montrer ce que l'on pensait vraiment, car un sourire peut donner beaucoup, mais il ne peut ni se prendre ni se voler contrairement à tous ce que l'on peut trouver partout... Le grand blond se dirigea immédiatement vers le Pakhan et le salua avec déférence avant de s'éloigner du comptoir, il n'avait pas touché à l'alcool depuis la mort du précèdent Brigadier, il n'y toucherait plus, pas tant que ses frères auraient besoin de lui.

... en parlant de frère, il se dirigea vers Sveinn et mit ses mains sur ses épaules en se penchant à l'oreille de son cadet, il était l'un des dernier et sûrement l'un des plus proches de l'originaire de la Norvège, il avait été principalement élevé par celui-ci et surtout protégé, maintenant ce serait son tour de le protéger, et surtout ne pas faire de conneries comme devenir une cible de choix. S'il avait eu des gens derrière lui, il l'aurait propulsé vers le haut mais Honda ou Ludwig. Se penchant vers son oreille de manière que seul lui l'entende, il lui chuchota :

Je ne voterais pas pour toi, lillebror, et tu sais pourquoi, mais ne fait pas de choses insensées.

Il lui tapota sur l'épaule et s'éloigna du petit nordique, il ne voterait pour personne ce soir, personne, absolument personne. Il ne connaissait pas suffisamment Honda pour dire quoi que ce soit sur lui, Ludwig... une trop vieille rancune basée sur une promesse que l'allemand n'avait pas tenu, la Hongroise... certes, elle était forte, connue, mais... nej, il ne pouvait pas, pas ce soir, bordel. Il s'assit sur une chaise le long du mur, croisa les bras, allongea ses jambes et dévisagea chaque personnes avec le même grand sourire qui lui ornait toujours la face.

Spoiler:

Une Vodka. Puis une autre. Puis une autre. Cela lui faisait un bien fou. Une bonne Absolut à 40%. Le bonheur. La chaleur envahissait son visage qui reprenait le très peu de couleur qu'il avait, il se sentait... détendu, et en oubliait presque la gravité de la situation. Après s'être essuyé la bouche d'un revers de la main, il observa Tino, tireur d'élite derrière une gueule d'ange. Une gueule d'ange qu'il aurait bien aimé littéralement défoncer. Ce petit con ne devait pas avoir grand chose à secouer de sa vie, en tout cas le Prussien se serait fait une joie de la lui ôter. Mais c'était un Frère avant tout. Il avait beau être un sale gosse, il était d'abord comme lui. Tripotant le noeud de sa cravate d'un air négligent, il se contenta d'ignorer le finlandais en commandant une quatrième vodka.

- Suce-moi, finlandais d'mes deux, susurra-t-il à lui-même, portant la divine Absolut à ses lèvres assoiffées. Putain, fit-il en se retournant vers le nouveau venu, ou plutôt la nouvelle, Lili. Ferme moi c'te saloperie d'porte!

Gilbert savait que le Parrain avait convoqué tout le monde, mais même... Lili. Pauvre chose. Teintée de sang alors qu'elle venait de traverser la neige immaculée. La petiote avait sûrement suivi les traces de son frère. Warum nicht. Mais il était évident qu'elle était en danger. Quoique, il s'en foutait... royalement. C'était pas la garderie, ici, il fallait autre chose que des gamins pour assurer la longévité de la Dolgoprudnenskaya. Bon, il disait ça, mais Raivis était dans le coup... Pourtant Gilbert classait le Letton comme... la première de ses priorités. Après lui-même et son frère.

♪ When you came in, the air went out

Aaah... Ivan. Celui-là lui faisait toujours un drôle d'effet. Peut-être ses yeux. Peut-être son accent. Aucune idée. Mais sa présence avait quelque chose de presque... anormal.

♪ And every shadow filled up with doubt

Comme une ombre, une ombre noire, gigantesque, qu'on n'arrive pas à prévenir. Mais ça n'empêchait pas les deux hommes de se vouer... non pas de la haine, mais une sorte d'animosité s'exprimait à chaque fois qu'ils se faisaient face.

- Weillschmidt, met la en sourrrdine, comment veux-tu boirre corrrectement avec ta voix strridente en arrrière plan ?

- Daaa, mon petit tourrrnesol, murmura Gilbert, puis il finit son dernier verre. Ou son avant dernier.

Voir le russe chercher à "protéger" la hongroise avait quelque chose de tout à fait drôle et inhabituel aux yeux du prussien qui, sous l'effet de l'alcool sans doute, commença à glousser doucement dans son coin, ignorant les paroles de son frère, les paroles de sagesse, peut-être pas, mais de raison tout du moins. Elizaveta pouvait dire ce qu'elle voulait, elle devra en baver plus que les autres pour parvenir aux mêmes résultats. Tant pis pour toi, ma belle.
Quoiqu'il en soit, le reste de la conversation lui échappa. Après avoir vidé son sixième verre, c'est le visage rose qu'il écouta, à demi, ce qui se passait autour de lui. Le Pakhan n'avait pas bougé d'un pouce, remuant simplement son verre en y observant conscienseusement le fond, avant de le vider d'un trait et de retourner à l'immobilisme le plus total. Entre Roderich et ses phrases trop longues pour être enregistrées en entier dans son cerveau, les gants ô combien... libidineux de son frère, la fierté non dissimulée de la Hongroise... Il n'en fallait pas plus pour que Gilbert se déconnecte. Si ce n'est l'intervention de l'Italien qui le tira, pour un temps, de ses limbes embuées de vodka.

- Toi... T'aurais pas b'soin d'faire t'preuves s'on savait d'jà c'qu'tu valais. Lâche l'affaire vieux, ç'vaudra mieux pour toi.

Et d'éclater de rire en écoutant Roderich. Même avec la moitié des phrases en tête, il trouvait que l'Autrichien avait foutrement raison.

- Ludwig, auriez–vous du feu, s’il vous plait ?

Dans un élan de générosité désintéressée -évidemment-, Gilbert sortit alors un petit paquet de cigarettes rangées dans sa poche intérieure. Ouvrant soigneusement l'écrin, il en sortit une, longue et noire.

- Elles sont allemandes... murmura l'albinos à l'intention de l'autrichien.

Déposant la Belle entre ses lèvres anesthésiées par la Divine, il sortit un briquet métallique et une flamme vint se refléter dans le regard écarlate du Prussien. Après avoir tiré une fois sur sa cigarette, il fit signe à l'Autrichien de s'approcher. Gilbert prit Roderich par la nuque et le rapprocha près de lui, si près que le bout de l'autrichienne s'embrasa, minuscule et flamboyante braise. Le Prussien ricana et tira une nouvelle fois sur sa clope préférée.

- Voilà pour vous, mon cher, susurra-t-il dans un français approximatif.

En tout cas, il se serait bien donné la peine de lancer son verre vide dans la tête du japonais, voir les éclats de verre, voir la liqueur rouge remplir le fond encore intact, mais le Parrain figea soudainement l'atmosphère. Comme de glace, tous les membres de la Famille se raidirent sur place, attendant que le Pakhan fasse un tour d'inspection. Gilbert n'avait même pas eu le temps de s'approcher de Raivis pour pouvoir l'embêter, le cajoler et l'embrasser, comme il avait l'habitude de le faire quand... quand...

- Gilberrrt…
- Monsieur...

L'albinos baissa légèrement les yeux mais arrivait tout de même à fixer le Pakhan dans les yeux, pendant un très court instant peut-être, mais suffisamment pour lui montrer qu'il en avait dans les tripes. Alors que Ludwig devait affronter le regard du boss, Gilbert entendait les conversations alentours, et savait qu'il n'avait que peu de chances d'être élu Brigadier... Scheiße. Lui qui aurait voulu fermer sa belle gueule, à Elizaveta... Mais rien n'était encore joué. Les retardataires commençaient à se faire attendre, et qui sait s'il n'y avait rien de pire que de faire attendre le Parrain.
Ne dissimulant que très mal le sourire étalé sur son visage, Gilbert commanda sa septième vodka. Il eut du mal à attraper le verre posé juste devant lui. La soirée qui s'avançait, silencieuse comme la plus douce des meurtrières, s'annonçait... Rock'n'roll.

Il fallait savoir quelque chose. Wang Yao détestait la neige. En fait, il ne la supportait pas, alors certes, il n’avait rien contre Ivan et son fichu pays, bien au contraire, mais il aurait préféré qu’il neige moins dans le coin. S’il y a bien quelque chose qu’il regrettait de son pays de jaune, c’était bien le manque de neige.

Et il n’y avait rien de plus casse-pied qu’un chinois de mauvaise humeur. Si dans le coin on n’était pas aussi puissant, il aurait fait allégeance à une mafia qui se trouvait au soleil. Mais de toute façon, c’était trop tard, quand on avait le chengyu à propos de la fidélité sur le corps, on tenait à le respecter. Et s’il avait finit par préférer la Dolgoprudnenskaya à la mafia chinoise, c’est qu’il avait une bonne raison. Ce fut certes difficile de se faire accepter, surtout quand on était un bridé avec une tête de gonzesse mais tous avaient du faire leurs preuve. Ce fut aussi le cas pour l’ancien « Bâton rouge », c'est-à-dire l’expert du coup de pied bien placé pour régler les différents internes de la mafia chinoise. Mafia qu’il avait quittée après le meurtre de sa vietnamienne enceinte. Il n’avait pas réellement apprécié.

Il entra dans le bar, lieu de rendez vous, où il en poussa la porte d’entrée en poussant un soupire d’agacement. Oui, il était en retard. Et alors ? Quand on avait de la neige jusqu’aux genoux, on mettait plus de temps que les autres qui en avaient jusqu’aux chevilles. Manteau jeté sur le portemanteau, signe humble et regard baissé au Pakhan et léger glissement de doigts dans les cheveux avant de s’enfoncer dans le bar sans un mot pour les autres. Il sentit quelques regards, n’y fit pas attention.

On devait en être déjà au vote. Il se rapprocha du barman qui lui fit un bref topo et le remercia en lui commandant une boisson peu alcoolisé. Il buvait peu.

« 太好了！Nous avons de la chance, tout une brochette de vaillant soldat se présentant. » dit-il plus pour lui-même qu’autre chose après avoir bu une gorgée du verre que venait de lui tendre le barman.

Non, lui, il était en retard, il s’en fichait, il n’était pas là pour jouer au chef. Son rôle, c’était de suivre les ordres et de castagner. Ça lui convenait suffisamment et tous le savait. Il était un homme de main, se battre avec les poings, les armes blanches ou à feu, c’est ce qui le branchait. Et non pas joué au petit chef.

Alors il fallait choisir et il était hors de question qu’il vote pour le japonais. Sérieusement, il avait une belle cicatrice dans son dos qui lui disait que non, ce n’était pas possible. S’il le fallait, il était bien capable de sauter sur la table la plus proche pour la faire admirer à l’assistance. Avec un peu de chance, ça donnerait à réfléchir. Même si de tous, c’était le seul jaune, presque un compatriote, il avait la rancune légèrement tenace. S’il l’avait découpé dans le dos, il pouvait tout à fait le refaire. L’élire aurait été lui tendre l’autre joue pour se faire violenter. Et malgré ce qu’on pouvait croire, Yao n’était pas tant masochiste que ça.

En vérité, le reste, c’était tous des gens avec qui il n’avait pas forcément de lien. Si le russe s’était présenté, il aurait sûrement voté pour lui mais ce n’était pas le cas. Restait donc peu de monde.

Elizaveta…c’était une femme. Joyeuse perspicacité. Le gros problème c’était que le chinois était un brin sexiste. Certes, ça aurait sûrement fait rire la moitié de la salle si ça se savait réellement avec sa taille de guêpe et ses longs cheveux.

Gilbert faisait trop de bruit, c’en était indécent. Et quand on arrivait en entendant « suce-moi, finlandais de mes deux » ça annonçait bien le tableau. Non, Yao ne comprenait pas l’argot, il y aurait sûrement trop de problème de communication.

Restait Ludwig …qui était juste un gars calme. Trop calme ? En avait-il vraiment là où il fallait ? Il ne le savait parce qu’à vrai dire, il ne le connaissait pas. Triste réalité.

« On est obligé de voter ? Ce n’est pas trop dans mes habitudes » …Vous savez ; chinois, communisme, dictature, ce genre de cliché. « Et ceux qui se proposent se vendent assez mal, non ? » œillade à Kiku.

Il finit son verre qu’il posa doucement sur le comptoir avant de pousser un long soupire.

« Je vote pour le danois, on est plus motivé quand on a déjà perdu quelqu’un. »

Sérieusement, il se doutait bien que son vote ne changerait pas grand-chose mais il votait ce qu’il pensait être le mieux et non pas en suivant la majorité. Le grand blond, il était du genre à être fidèle et à venger sa petite famille.

Spoiler:

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

Le vin, délice des délices pour les dandys éclairés. Ce que Gilbert n’était pas. Non, le Prussien fonctionnait à l’alcool dort, à la vodka. Et son haleine exhalait toujours l’odeur rance des hommes aux yeux fatigués et à la peau trop dure pour y cacher une âme.

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes
Allonge l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au-delà de sa capacité.

Et lui, son opium à lui, son plaisir de dilettante c’était la nicotine. Une fois, un jour, comme ça, par envie, peut-être pour l’esthétique, peut être pour rien, et il aimait ça. Une cigarette au coin des lèvres, Roderich vit Gilbert s’avancer vers lui.
Il acquiesça aux paroles de l’albinos, approuvant son bon goût en matière de cigarettes. Des allemandes. Avant de le servir, le prussien s’en alluma une. Il se pencha. Là, maintenant il la sentait, lui, cette haleine âcre et virile. Cette haleine auquel au fond, on pouvait s’habituer bien facilement. Cela, plus la fumée de la cigarette. La cigarette allemande. Oui, il aimait ça.
Roderich sourit et exhala un nuage de fumée.
Dans un français un peu moins approximatif que son vis-à-vis, mais tout aussi rocailleux, il murmura.

-Et ça, c’est Autrichien…

Le jeu du chat et de la sourit. Ils y jouaient souvent ensemble, parfois, et Roderich ne comptait plus toutes ces parties qu’il avait partie, Gilbert se révélant un maître en cet art, chien fou indomptable toujours prêt à avoir ce qu’il voulait.
Mais là, là c’était le brun qui tenait son menton entre ses doigts. C’était lui qui se penchait, qui l’embrassait. Oui, elle avait bon goût cette haleine d’alcoolique fumeur

- Merci ?

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Rouge sont les yeux de Gilbert, aube sanglante, promesses lyriques et morbides, couleur d’un long memento mori, couleur d’un requiem ? Et Roderich le regarde en souriant, lui et ses humeurs. Qui est-il, ce monstre albinos ? Ami, ennemi ? Bah, cela faisait une bonne main pour mourir.

Roderich n’avait bu que du vin, mais sur ses lèvres restaient des perles de vodka, juste assez pour le griser. Voilà, malgré ses bonnes résolutions, il allait être ivre quand même.


Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort !

Feliciano regardait Roderich avait son habituel sourire. Mais en réalité il fulminait, ses remarques humiliantes lui avait donné une envie plus que palpable de lui trancher la gorge. Celui qu’il avait considéré comme un père par le passé avait bien changé depuis qu’il l’avait quitté. De nombreuses fois, l’Autrichien avait essayé de le récupérer. En vain.

"Et bien signor Roderich, cela vous fait tant de peine que je vous ai quitté ? Ou alors vous vous sentez honteux de ne pas avoir eu la force de me récupérer ?"

L’Italien but son verre d’une traite. Les insultes que lui offrait Roderich n’étaient que pour se donner en spectacle. Qui était réellement l’idiot ici ? Le jour où ce type qu’il avait considéré comme un père sévère mais aimant se retournera, il se fera un plaisir de lui faire rejoindre ses ancêtres.

"Vous semblez déjà soul signor Roderich, je suis déjà assis."

En effet, le jeune homme était installé sur une chaise haute du bar, les coudes posés sur la table en marbre gris et une main portant son verre à pied à présent vide.
Aucune personne ne le soutenait dans son entreprise, pas vraiment étonnant, il avait changé que depuis peu. Il lui faudrait surement au minimum un siècle pour faire ses preuves et changer son image. Tant pis, c’était compréhensible.
Kiku fit sa propre remarque sur le venin que se lançaient les membres de l’organisation. Il était d’accord, mais il ne voulait pas se laisser insulter sans rien dire.

Le Pakhan ne l’avait pas approché pour le saluer, se méfiait-il également de lui ? Non, impossible, il n’aurait pas pu entrer dans l’organisation sinon. Il le prenait peut être pour un traître ? Feliciano secoua doucement la tête pour se remettre les idées en place, pourquoi se faire des frayeurs pareils, il n’avait rien à cacher.

« Voter pour cet exhibitionniste? Non... pas crédible... »

En entendant la voix de la petite Lili prononcé ses mots, ses nerfs flanchèrent bien assez pour briser le verre que l’Italien avait dans la main sous l’effet de la colère. Il regarda alors la paume de celle-ci, sanguinolente et aux multiples bouts de verre enfoncés dans la peau. Feliciano fronça les sourcils et souffla entre ses dents.

"Tssss…"

Lili avait bien de la chance d’être une jeune fille, il ne lui fera aucun mal. C’était un principe chez lui, même si elle vous torture à mort, Feliciano ne touchera jamais une femme dans le but de la faire souffrir.
Retirant les morceaux de verre un à un, le jeune homme soupira avant de reprendre la parole.

"Bien, puisque personne ne semble avoir ne serait-ce qu’un peu confiance en moi, je vais voter pour quelqu’un qui ne me fera pas d’insulte gratuite. Signor Ludwig, vous êtes parfais pour ce rôle. Mais ne vous laissez pas influencer par votre… frère."

L’Italien avait hésité à appeler le Prussien ainsi. Pour cause, Gilbert semblait avoir un coup dans le nez, et l’identifier comme son frère lui aurait plutôt fait honte dans l'état actuel des choses.

Spoiler:

« Qu'est-ce que je fiche au milieu de tout ces boulets ? »

Seule pensée à peu prés polie qui lui traversa l'esprit.

« Ils m'énervent. Tous. Pas fichus de prendre une décision. »

Sérieusement, c'était trop leurs demander de voter dans le calme, sans avoir besoin d'humilier son voisin juste pour le plaisir de faire le malin ? Il commençait à perdre légèrement son calme, ainsi que sa patience pourtant reconnue. Les dents serrées, il se retenait pour éviter de laisser un commentaire désobligeant fuser.

Alors qu'il ruminait, il aperçut vaguement du coin de l'œil d'autres personnes qu'il n'avait même pas remarqué auparavant. Mais bon, l'un comme l'autre, il les connaissaient à peine, leur avaient adressait la parole genre... Deux fois à tous casser et puis rien. De toute façon, ils n'avaient pas l'air intéressants et se tenaient tout deux à l'écart des autres énergumènes. Grands bien leurs fasse d'ailleurs. Le seul qui semblait à peu prés valoir le coup à ses yeux, le Danois, s'était planté dans un coin en souriant, hors de toute dispute puérile. En voila un pour lequel Kiku aurait bien voté aussi. Mais trop tard : Il s'était proposé lui-même et ne ferait pas marche arrière.

« Si seulement le Pakhan n'était pas là... »

Et bien quoi ? Si seulement le Pakhan n'était pas là, que ferait-il ? Et bien il aurait déjà déjà vidé le contenu de son verre de Borovicka sur ce joli-cœur de Gilbert. Cela n'aurait certes pas arrangé l'état d'ébriété évidente du Prusse mais vu comment ce dernier semblait perdre tout sens des réalités, cela lui rappellerait peut-être qu'il y avait une limite à ne pas franchir, surtout en présence du Parrain. Et l'Autrichien semblait s'amuser à encourager cette masse de muscles sans cervelle pour parachever le tout. Kiku se contenta pourtant de finir son verre et, tendit qu'il allait le reposer sur le comptoir, de lancer une remarque d'un ton neutre.

- Par pitié, épargnez-nous ce spectacle navrant vous deux.

Un grand bruit sourd se fit entendre. Le Boss venait de se lever et les fixait un à un. L'autorité naturelle avait fait taire tout le monde et même une mouche n'aurait osée voler.

- Honda, toujourrrrs aussi rrrésonable…

Le Japonais ferma un court instant les yeux et baissa le visage à ces paroles en un signe muet d'obéissance. Le Pakhan se décida à allé voir les autres. Kiku soupira. La pression que pouvait dégager cet homme était sans conteste écrasante. L'homme alla s'asseoir avec Ludwig et la cohue sembla revenir.

« On est obligé de voter ? Ce n’est pas trop dans mes habitudes »

Ah, cette voix... Super, il ne manquait plus que LUI. Franchement, il n'aurait pas pu rester parmi ses pandas celui-là ? Pourquoi avait-il fallu que la seule personne qui pouvait vraiment lui faire péter un câble se montre maintenant, alors qu'il avait les nerfs plus tendus que des cordes de piano ?!

« Et ceux qui se proposent se vendent assez mal, non ? »

Réponse silencieuse et mentale du japonais à l'adresse de la tique qui lui était manifestement directement destinée :

« Cause toujours, tu m'intéresse... »

En gros : « Va te faire foutre. »

Mais ça aussi il s'était gardé de la dire à haute voix.

Il commanda un autre verre du liquide transparent et s'approcha de la table où se trouvait la jeune fille qui lui avait donné son appui pour le poste de Brigadier. Il posa le verre devant la gamine sans un mot et s'en retourna vers la bar sans un regard sur les autres. Qu'ils aillent au diable. Il ne put cependant pas s'empêcher de répondre au Chinois sur un ton plus agressif que d'ordinaire.

- Tu ferais mieux de te casser d'ici en emportant tes remarques vaseuses avec toi.

Il ne cherchait pas spécialement la bagarre mais malgré son calme apparent, sa seule envie était de frapper le premier qui continuerait de le saouler. Il avait les nerfs en pelote derrière son visage imperturbable. La situation l'agaçait, il voulait en finir vite mais la plupart de ces crétins semblaient déterminés à vouloir envenimer la situation. Ils allaient y passer toute la nuit et malgré son désir de faire bonne figure face au Pakhan, il ne lui en faudrait plus beaucoup pour laisser tomber sa politesse et sa complaisance de surface.